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Poésie contemporaine
Meaban : Les ombles chevalier
 Publié le 22/01/13  -  9 commentaires  -  835 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

Le compresseur du foehn écrête la vallée, assourdissant hiver colmatant les vallées où se terrent en vain des peuplades geignardes. Un suroît cévenol enroule des congères et la glace du lac oscille sous le gel. Le verso d’un amour glissant dans les eaux noires, où dorment entre les eaux deux ombles chevalier.


Les ombles chevalier



Les ombles chevalier languissent sous la glace
D’un lac sourcilleux à l’infinie surface
Ils se terrent dans le froid au ventre d’un hiver
Rêvant dans le tombeau de cet ancien cratère.

Je m’en vais sur l’entour de l’antre circulaire
Avec pour couvre-chef un sombre imaginaire
Hors le suaire des neiges s’engloutissent les traces
D’un passage soudain qui pour toujours efface.

Il y a longtemps déjà je passais contre toi
Avant que ne s’en viennent les brisures du temps
Il fut question d’enfants qui n’arrivèrent pas
Un amour transitoire déporté par le vent.

Des hivers ont passé sur nos destins figés
Nous n’eûmes pour avril que ces gels tardifs
Qui brisaient les bourgeons d’existences altérées
Dans un petit cimetière ombrageux sous les ifs.


 
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   Pimpette   
9/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
je crois que c'est un texte de bonne qualité...et fort triste......ces enfants qui n'arrivèrent pas... ces destins figés...plus le petit cimetière...

ce qui me gêne c'est de ne pas faire le joint avec les deux poissons sous la glace....disons que ce n'est pas 'raccord' dans ma tête!

Je sens tout de même que le poème est bon...

   rosebud   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Pas
Pas trop compris cette histoire emberlificotée. Et pour une fois, cela m'a gêné parce que, du coup, c'est le style qui m'a heurté.
Passe encore "le lac sourcilleux" - on peut imaginer des rides prises dans la glace à sa surface
Passe aussi: "Avec pour couvre chef un sombre imaginaire", ça fait quand même un drôle de galure.
Passe toujours:
"Hors le suaire des neiges s’engloutissent les traces
D’un passage soudain qui pour toujours efface" - là je deviens perplexe: le passage soudain des traces efface? efface quoi? Par définition les traces tracent plutôt qu'elles n'effacent ?!
Mais ne passe plus le "petit cimetière ombrageux" - petit cimetière méfiant? Inquiet? Farouche?

   Mona79   
22/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce n'est pas un poème facile : le lac où dorment les ombles chevalier est aussi une sorte de tombeau qui se compare au cimetière où dorment des enfants mort-nés ; ils sont passés soudain, mais leurs traces, pour toujours effacées, se sont figées pour toujours, comme dans les glaces de ce lac où dorment les ombles chevalier.
C'est ainsi que je ressens dans ce poème très nostalgique. Le cimetière "ombrageux" m'a un peu gênée, j'aurais plutôt vu "ombragé", mais c'est peut-être un effet voulu ?

   Anonyme   
23/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Meaban. Bien que, pour moi, tout ne soit pas très clair dans ce poème, je sors de cette lecture avec un sentiment de grande tristesse. La comparaison des ombles pris sous les glaces et des enfants qui n'arrivèrent pas, ensevelis dans ce petit cimetière, ne peut pas nous laisser de marbre...
Définitivement conditionné par la recherche d'alexandrins dans mes lectures, j'ai un peu de mal avec certains vers mais c'est ici une toute autre discipline que je ne juge pas.
J'ai tout de même une préférence pour le premier quatrain pour lequel j'aurais carrément supprimé le "Ils" du troisième vers... Simple suggestion !
J'ai apprécié l'ambiance générale du texte sans toutefois en comprendre certains passages et c'est là mon seul regret.

   brabant   
22/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Meaban,


S'il est un texte auquel je puisse appliquer l'adjectif "impeccable" c'est bien celui-là. Il avance d'un pas martial et hiératique tout à fait propre à s'accorder à ces amours bien vite et désespérément froides.

Une malédiction pèse sur cette scène avec le poids de la légende dans les quatrains qui mettent en scène ces "ombles chevalier" prisonniers sous la glace, languissant et que l'on voit comme au travers d'un suaire de givre. ça m'a renvoyé à ce roman d'Ellis Peters "La vierge dans la glace" adapté pour la télévision britannique avec la série des "Cadfael" avec le prodigieux Derek Jacobi (anobli à l'occasion - ? - que je recommande chaleureusement à qui ne l'a pas vue) ; "ombles" est ici tellement voisin d' "ombres" et "chevalier" de... "chevalier", on peut penser à des amants maudits figés et prisonniers à jamais ou à des âmes errantes. C'est tout un imaginaire qui s'ébranle avec cette image. Qui sait si celui qui a nommé ces poissons n'a pas voulu cela, pour le moins c'était un poète !... et qui mettent aussi en scène (lol, je reprends le fil... mais non pas le fil à pêche. Ah la la) le désespoir d'un vécu malheureux, d'un destin brisé, d'une amour morte dans les tercets.

Par tout ça le poème se met à palpiter et devient émouvant et poignant. C'est un grand cri déchirant dans le silence d'un paysage de cristal où souffle un vent de glace emprisonnant deux coeurs à la fois unis et séparés, irrémédiabilité du malheur à jamais scellée.

Saisissant de maîtrise sombre !

TB++


p s :
Je salue le soin apporté à l'incipit.
Une étude sémantique avec développement sur les métaphores serait fastueuse ici :
"Avec pour couvre-chef un sombre imaginaire (romantisme à la Chateaubriand)
"les brisures du temps" (sur ce cratère brisé en strates)
etc... etc... etc...
Un florilège !

Merci Meaban !


:)))

   Cristale   
23/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
De belles métaphores qui habillent pudiquement le destin tragique de ces enfants. Ombles chevaliers, ombres adorées mais
prisonnières comme ces nobles poissons sous la glace, un liquide amniotique figé à jamais dans la froidure de l'hiver, des larmes versées gelées sur des tombes fermées à jamais.

"Avec pour couvre-chef un sombre imaginaire"

Le chagrin s'exprime ainsi bellement et dignement.

"D’un passage soudain qui pour toujours efface."

Venus et partis trop vite comme un hologramme fugitif.

"Avant que ne s’en viennent les brisures du temps
Il fut question d’enfants qui n’arrivèrent pas"

Ces vers sont très tristes mais toujours très joliment écrits.


Si j'ai bien compris et interprété ce texte dont j'admire l'écriture à la fois simple, riche, et profonde, je ne peux que ressentir la tristesse de drames inoubliables et si traumatisants pour des parents.

Un beau texte soigné qui exprime l'inexprimable avec beaucoup
de pudeur.

J'ai apprécié, merci Maeban.

Cordialement
Cristale

   Edelweiss07   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Meaban,

J'ai lu et relu... une écriture que j'apprécie beaucoup, où un passé mêlé à une nostalgie se dégage de ces vers bien ciselés. Les mots sont recherchés, l'émotion est présente. La lecture est fluide, bref, c'est pour moi un ensemble de belle facture.
Merci pour cette lecture.

Edelweiss07

   croquejocrisse   
28/1/2013
Commentaire modéré

   kano   
13/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Meaban,

Quel magnifique poème !
L'image initiale du chevalier est saisissante, dans sa langueur et sa mélancolie, puis le narrateur rentre en scène, portant pour "couvre chef un sombre imaginaire", cette image est superbe.
Enfin arrive le drame, issu des "brisures du temps" , le vers sur les enfants qui n'arrivèrent pas m'a ému, dans sa simplicité et sa force évocatrice.
Et la fin arrive comme un soleil venant sublimer un ciel déjà parfait, "nous n'eumes pour avril que ces gels tardifs", ce vers est parfait. Jusqu'au dénouement, résigné, mélancolique, inacceptable.

Les deux vers "Hors le suaire des neiges s’engloutissent les traces
D’un passage soudain qui pour toujours efface" sont a mon avis la seule faiblesse du poème (peut être ce qui m'a retenu de mettre TB+ au lieu d'exceptionnel ?), car oui, le passage efface quoi ? On y comprend plus rien.

Bravo donc, ce poème est superbe, riche, évocateur et je reviendrais le relire de temps a autre avec plaisir.

   troupi   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
De belles images, surprenantes parfois, des poissons qui se terrent ? J’ai bien aimé.
Nostalgie ... Tristesse ... Souvenirs ... Tout cela est bien évoqué.
"Nous n’eûmes pour avril que ces gels tardifs". Dommage pour ce vers auquel il manque un pied.
"Cimetière ombrageux" ??? bizarre non?
Ombragé peut-être...


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