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Poésie libre
Meaban : Train cévenol
 Publié le 10/02/16  -  11 commentaires  -  614 caractères  -  284 lectures    Autres textes du même auteur

Stevenson l’évoquait déjà dans voyage avec un âne au travers des Cévennes, cette voie ferrée qui traverse la Cévenne avec ses gares aux noms exotiques : Chamborigaud, Sainte-Cécile-d’Andorge, La Bastide - Saint-Laurent-les-Bains, Villefort, Laval-Atger, Langeac. Ses express de nuit aux douceurs estivales, où la solitude se met à trembler sous le chant du convoi.
Derrière les fenêtres des voitures à boggies ça sent le tabac froid, décor en formica dans lumière jaune et au dehors :


Train cévenol



Une pelure de Lune transite via les nuages et les rails scintillent d’un livide aciéreux

De ces nuits langeadoises où s’entame le Sud à l’ombre silencieuse d’obscures Margerides

Le crissement d’un grillon
Mes pas sur le ballast
La fragrance des traverses

Un express de nuit à l’assaut des tunnels débouche les vallées d’une onde chromatique

La rage d’un diesel
Malmenant l’attelage
De voitures anciennes

L’œil rouge des fanaux accompagne les « clacs » d’essieux sur les éclisses
Une rumeur qui s’étiole dans le dais des étoiles


 
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   Anonyme   
17/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Très furtive apparition, l'atmosphère est bien posée, je me suis laissée embarquer, je regrette un peu que ce texte soit si court. J'ai trouvé la forme avec cette alternance de court et de long, intéressante.

   Raoul   
25/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà ! Quand je "tombe" sur un tel texte paysage, j'apprécie !
Pas d'images surannées pour décrire par le menu un ciel, pas, non plus, pour parler une odeur et pourtant on la sent; "les vallées d'une onde chromatique", que dire de mieux, on est au cœur d'un St. Victoire de Matisse en quelques mots… Ils sont ici d'une grande justesse, d'une belle et rare précision : c'est ça la poésie dire le plus qu'exacte.
Simple, évident, lumineux.
Maintenant pour faire le chafouin aigris, et parce que je suis grassement rétribué pour cela ;-), je dirais que j'ai tiqué sur "fragrance" qui me semble un peu trop nez - alors que nous ne sommes pas à Grasse - …
Emporté par le mouvement, j'ai remplacé le "transite" par transige, ce qui m'a bien plu… Mais c'est un autre poème.
Merci pour cette lecture extrêmement stimulante.

   Anonyme   
10/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
En lisant le titre je pensais qu'il s'agirait du petit train à vapeur (originaire de Montpellier-Palavas Les Flots) qui serpente un circuit touristique. Mais non : " un diesel
Malmenant l’attelage
De voitures anciennes "
Après " La fragrance des traverses " l'odeur de gas oil...

   Pouet   
10/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'entame est superbe, j'aime la "pelure de lune" et les "rails scintillent d'un livide aciéreux", j'aime aussi beaucoup "un express de nuit à l'assaut des tunnels débouche les vallées d'une onde chromatique." ainsi que "les clacs d'essieux sur les éclisses" pour sa musicalité. J'ai été un peu moins sensible au reste.
Toutefois, comme habituellement chez l'auteur, une belle écriture inventive et imagée que j'apprécie de découvrir à chaque fois.

Au plaisir

   luciole   
10/2/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Je ne suis pas convaincue par ce poème qui ne trouve pas sa musique. Quant aux images, parler d'une "pelure de lune" (ou d'une rognure d'ongle d'ailleurs ), de l'oeil d'un fanal me paraît bien pauvre.
Désolée.

   jfmoods   
10/2/2016
Que dessine ce poème sinon l'horizon d'attente (vers 1 à 5) et la présentation (vers 6 à 11) d'un spectacle musical ? Un spectacle où, hormis le goût, tous les sens sont d'abord convoqués... avant que l'ouïe ne prenne un relais obligé ? Qu'y a-t-il de plus normal, pour un musicien, que d'écrire... avec ses oreilles ?

"Un express de nuit à l’assaut des tunnels débouche les vallées d’une onde chromatique"

… constitue bien le centre névralgique du poème.

Déboucher quelque chose de quelque chose ? Évidemment, l'expression semble grammaticalement inadéquate. Cependant, et pour rester dans le domaine de l'ouïe, il ne m'apparaît pas tout à fait hors de propos de dire que l'on peut déboucher une oreille de son excès de cérumen.

Le spectacle qui se déroule ici résulte de circonstances atmosphériques (air), motrices (train et wagons), techniques (rails, tunnels) et topographiques (vallées) bien particulières. Cette réflexion m'a soudain ouvert des perspectives inattendues. La clarinette est un instrument à vent. Un instrument à embouchure. Embouchure. Débouche. Et si, en fin de compte, le clarinettiste avait construit là, souterrainement, une analogie avec son propre instrument, comme un écho à son propre vécu dans la construction si particulière, si personnelle, de ce moment ?

Un express de nuit (le souffle) à l’assaut des tunnels (bec, baril, corps supérieur, corps inférieur, pavillon de la clarinette) débouche (utilisation des doigts et des clefs de l'instrument) les vallées (les trous de la clarinette) d’une onde chromatique (notes qui forment une mélodie)

Cette première lecture est d'ordre descriptif. Nous assistons au simple travail descriptif d'un phénomène en analogie avec un autre.

La seconde lecture (qui admettrait, elle, la présence d'un complément du nom), se présente en superposition à la première...

Un express de nuit (le souffle) à l’assaut des tunnels (bec, baril, corps supérieur, corps inférieur, pavillon de la clarinette) débouche (utilisation des doigts et des clefs de l'instrument) les vallées d’une onde chromatique

Ce qui se joue là, toujours dans le même jeu d'analogie, c'est plutôt le rapport entre le sens propre, apparemment évident, transparent, de l'enclenchement d'un phénomène et le sens figuré, complexe, fascinant, déroutant, de son aboutissement.

Merci pour ce partage !

   Arielle   
11/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup cette pelure de lune qui met à vif cet univers toujours aussi particulier qui baigne ta poésie.
L'odeur du métal et du diesel, les reflets sur la route ou les voies ferrées ont leur barde !
ça crisse et ça claque avec toujours un peu de rage et de morosité mais je me laisse avec bonheur embarquer dans tes voyages si dé-routants

   Anonyme   
11/2/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour

j’ai un peu de mal à accrocher mon wagon à ce train-là que je trouve pourtant un peu poussif.
Certaines images me semblent obscures, d’abord je ne les comprends pas, mais ça, avec les images c’est assez courant de ne pas comprendre (en tout cas pour moi), mais elles n’arrivent pas non plus à résonner vraiment. C’est comme si ce poème était inachevé.
Et les longs vers, me semble-t-il, s’essoufflent un peu, De plus les groupes de 3 vers plus courts pourraient (gagneraient ?) à être présentés aussi comme de longs vers avec virgules éventuelles.
A mon sens ça donnerait plus d'énergie à l'ensemble car si c'est un express pourquoi ralentir le pas...

À vous relire.

   Coline-Dé   
12/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne me lasse pas de ces voyages où les mots "techniques" ( moins ici que dans d'autres textes...) prennent un parfum poétique si particulier
"les rails scintillent d’un livide aciéreux"
et cet empilement d'images qui créent le paysage par strates et tout à coup :

"Un express de nuit à l’assaut des tunnels débouche les vallées d’une onde chromatique"
qui déboule d'une traite après l'énumération :
une pelure
le crissement
mes pas

qui reprend :
la rage
l'œil rouge
une rumeur
comme le calme revient après les hurlements du train...
J'aime beaucoup

   Anonyme   
12/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

Le titre m'a attirée .....je suis Cévenole , c'est dire si je connais toutes ces petits villages ( ou villes ) cités !
Cependant j'ai été déçu par ce voyage , certainement que j'ai pris le mauvais wagon ...j'attendais plus !
Peut-être m'attarder au viaduc du Luech et aux contreforts des vallées Cévenoles! Certains mots m'ont paru plus techniques que poétiques ...dommage

Une prochaine fois sans doute !

   Anonyme   
16/5/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Meaban,

(ravie de vous avoir entraperçu, ici, il y a peu)
Un exergue sous forme de poème à lui tout seul;
Alors je monte dans ce train et le pars pour la balade guidée.
Si la construction est ancienne-moderne, avec majuscule à chaque vers mais pas de paragraphes réguliers, le poème date de 2016, il me semble et qui sait quand il a été écrit.
Je ne peux que tomber sous le charme de cette écriture si particulière, le style Meaban, le style Loïc le Meur (trouvé sur ton profil, le chemin de ton blog, que j'avais déjà)).
Ce poème sait si bien mêler la technologie et la poésie, l'herbe folle au bord de la voie de chemin de fer et le reflet de la lune ainsi que l'humain au cœur de tout ça.

Je ne lis pas ou peu de poésie éditée par les grands groupes d'éditeurs, mais je te verrai bien sur Poezibao, ou dans un recueil de "Gallimard-Poésie-Nrf".

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