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Poésie contemporaine
Mintaka : Le Bois de la Grille [Sélection GL]
 Publié le 26/08/23  -  8 commentaires  -  1910 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

Ce texte poétique est le récit véridique versifié d’une bataille qui se déroula le 17 avril 1917, au Bois de la Grille près du mont Cornillet en Champagne.
Le poilu en question s’appelait Georges Finaud (1896-1976), écrivain et poète, lauréat du grand prix international de littérature en 1927 pour son roman « Le Choc ». Il fut blessé à la cuisse par une balle explosive.


Le Bois de la Grille [Sélection GL]



Hagard dans sa tranchée, pareil aux camarades,
Il attend le signal de la grande estocade.
La tête sous la pluie, les pieds dans la gadoue,
Vivra-t-il aujourd’hui la journée jusqu'au bout ?
Le sifflet retentit, le cauchemar commence,
Et l'assaut de finir d’effacer toute chance.
Courant vers l'ennemi, inutile de fuir,
Il ignore où il est, ni d'où viennent les tirs.
Plié sur ses genoux, le dos courbé, il fonce,
Éviter de penser est la seule réponse.
Un poilu, son ami, tombe à côté de lui,
Il ne réagit pas, c'est impossible ici
Où toute humanité n’est plus qu'un souvenir,
Seul l'animal en nous a le droit de sévir.
Il sent un choc violent, sa jambe se dérobe,
Il chute sur le dos dans le frimas de l'aube,
Il cherche du regard un trou pour se couvrir
Et s'y plonge dedans, souffrir mais pas mourir.
Le froid cloaque brun pénètre dans sa plaie,
Il hurle sa douleur par la boue décuplée,
Les combattants du trou agonisent, se meurent,
Il ne reste que lui aux vespérales heures.

Il rampe tel un ver sous les bombardements,
Si l'ennemi le voit même brièvement
C'en est fini de lui. C’est en faisant le mort
Pour duper l'ennemi que peut-être le sort
Lui donnera l’espoir d'un lendemain possible.
Il lui faut se cacher, ne pas être une cible.
Juste à côté de lui se trouvent deux soldats,
Ils sont morts tous les deux, il ne les connaît pas,
Il en soulève un puis il déplace l'autre,
Et se glisse au-dessous des malheureux apôtres.

Le soir tombe… la nuit… et le matin qui suit…
Puis le jour finissant, toujours rien ne s'ensuit.

Paralysé de froid, le regard vers les cieux,
Il ne sait qui prier des hommes ou de Dieu,
Il n’espère plus rien sinon que s'illumine
Sa part d'humanité dans les Lueurs divines.


 
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   poldutor   
11/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Formidable description de ce que furent ces batailles souvent inutiles pendant la Guerre de 14. Vous avez décrit avec infiniment de justesse le désespoir, la douleur et probablement l'agonie de ce malheureux "pioupiou", quel nom charmant pour un désigner une" chair à canon".
on saigne avec lui, on tremble de froid et de peur...
Je ne connaissais pas ce héros, ô que la France a eu de belles personnes courageuses !
J'aimerai sincèrement citer quelques uns de vos vers, mais réellement tout serait à citer
Le dernier quatrain met un point d'orgue magistral à votre si beau poème.

"Paralysé de froid, le regard vers les cieux,
Il ne sait qui prier des hommes ou de Dieu,
Il n’espère plus rien sinon que s'illumine
Sa part d'humanité dans les Lueurs divines."

N'oublions pas les soldats de 14, et merci à vous de rappeler de tels actes d'héroïsme.

Cordialement.
poldutor en E.L

(cf mon poème Verdun")

   Lebarde   
14/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce « récit poétique « qui ressemble à s’y tromper à un poème contemporain rend un vibrant hommage à ces combattants héroïques de la Grande Guerre au courage exceptionnel, qui méritent bien qu’on se souvienne d’eux.
L’évocation réaliste et cruelle est puissante et émouvante,
Les dodécasyllabes qui ressemble souvent à de beaux alexandrins et les rimes presque toujours correctes donnent le rythme et la poésie à ce texte très séduisant dans la forme.

Merci pour cet écrit remarquable, plein de force et d’efficacité évocatrice.
J’aime beaucoup.
En EL
Lebarde touché et séduit.

   Gemini   
18/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
L'exergue incite au respect. Comment ne pas saluer un poète poilu primé (pour un roman) ?
Difficile.
Les majuscules du titre interpellent. Bois ? Grille ? (rien ne vient dans le récit justifier ces noms) En quoi sont-ils propres ?
Ensuite, versifier une histoire n'est pas forcément poétique. C'est souvent une suite de vers. Une histoire comme Hugo fait avec " La mort du chien", ou "Sur une barricade" (je trouve la même tonalité). Ici on sent la volonté de l'auteur de donner de la chair et de l'âme au récit. Le soldat vit un calvaire enrobé d'un champ lexical conforme à la (sa ?) douleur : ("hagard, cauchemard, ennemi, animal, souffrir, cloaque, boue, rampe, mort, cible, paralysé."..)
Je finis le texte en me demandant en quoi le récit aurait été différent pour une autre poilu.
Mais le récit m'a convaincu dans le sens où j'ai été emporté par son déroulé. J'aurais appris l'existence de ce Georges Finaud qui a combattu pour défendre sa famille, sa patrie, et au bout du compte, qui sait ? pour que j'existe.

   papipoete   
26/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Mintaka
Une autre scène de l'horreur dans les tranchées, une de plus mais dans ce registre-là, nous en lirons toujours tant que la guerre existera, c'est-à-dire tout le temps !
le coup de sifflet lançant l'assaut vient d'être donné, il faut foncer à travers cadavres et barbelés, vers l'ennemi invisible qui tire les soldats comme mouches au plafond. Aïe ma jambe !
Il faut faire le mort parmi les morts pour espérer survivre...
NB un récit palpitant, dont on devine chaque détail à venir ; ramper sans la moindre oscillation tel un ver, et se cacher sous les morts ou agonisants ; souffrir le martyr sans bruit, et espérer que le calme enfin revenu, pouvoir sortir du trou d'obus, et rejoindre son camp !
Mais affreux détail : combien de piou-piou dégringolés vivants au fond de ces tombes, ne purent malgré tant de tentatives, se hisser jusqu'au bord, comme rattrapés par une pieuvre tapie dans l'eau croupie...
Je revois bien des scènes de film ( cheval de guerre, retour à Cold Mountain, Stalingrad... ) où nous connûmes tels horribles moments !
la fin de la première strophe fait si mal et la conclusion achève ce fait de guerre, avant maintenant et demain, hélas !
techniquement " il en soulève un, puis il déplace l'autre "
ne mesure que 11 pieds ; dommage, car vos dodécasyllabes malgré hiatus, singuliers/pluriels, rime fausse à " gadoue/bout ", semblaient vouloir viser la forme néo-classique !
mais cela ne gêne en rien la lecture de ce haut-fait de guerre.

   Provencao   
26/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Mintaka,

Merci pour cette sublime poésie aux accents de tranchée, de poilus, d'ennemis et de morts...

C'est à chacun de nous d'accueillir le relais de cet héroïsme pour être, de ce "Il n’espère plus rien sinon que s'illumine
Sa part d'humanité dans les Lueurs divines.", de cette force incoercible d'être...
Que tout un chacun puisse élever cette gratitude vis à vis de ces hommes et de ces douloureux moments de guerre.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Quidonc   
28/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Ce texte poétique évoque de manière intense et poignante les horreurs et les épreuves vécues par le poilu Georges Finaud lors de la bataille au Bois de la Grille en 1917. Il retranscrit avec émotion et réalisme les sensations et les pensées du protagoniste, plongé dans un environnement de guerre implacable. Le poème fait preuve d'un réalisme cru. Il parvient à capturer la brutalité et l'absurdité de la guerre, en exposant les détails physiques et émotionnels des événements. Il offre une vision sans fard de la souffrance et de la désolation vécues sur le champ de bataille.

Néanmoins, le texte me semble quelque peu prosaïque en raison de sa narration descriptive et réaliste. Le poème est relativement long, et bien qu'il cherche à transmettre le réalisme, certains détails pourraient être réduits ou réorganisés pour maintenir l'attention du lecteur tout au long du texte.

Si l'objectif était de créer une atmosphère réaliste et de capturer le vécu concret du personnage dans un contexte de guerre, alors la description détaillée des événements était appropriée. Cela permet au lecteur de ressentir l'impact émotionnel de la situation et d'avoir une compréhension claire de ce que le protagoniste traverse. Par contre, si on cherchait à ajouter une dimension plus poétique au texte, on aurait pu envisager d'incorporer des éléments plus métaphoriques, symboliques ou lui donner une envolée lyrique pour évoquer les émotions et les thèmes d'une manière plus abstraite et artistique.

Je retiendrai le dernier quatrain
« Paralysé de froid, le regard vers les cieux,
Il ne sait qui prier des hommes ou de Dieu,
Il n’espère plus rien sinon que s'illumine
Sa part d'humanité dans les Lueurs divines. »

Merci pour ce partage

   Cyrill   
28/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
L’histoire est certes poignante et réaliste, mais hélas servi par des vers dont les rimes plates entachent d’équanimité un propos qui pourrait être palpitant.
Les deux premières strophes se contentent de narrer l’épisode mais à la technique manque la dimension plus allégorique de la poésie telle que je l’aime et qui commence à poindre seulement dans la dernière strophe. Dommage.
J'apprécie néanmoins de découvrir cet épisode très détaillé.

   Mokhtar   
29/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Ce texte évoque pour moi le souvenir d’œuvres littéraires. Tout d’abord, « Le Colonel Chabert », héros balzacien laissé pour mort sous un tas de cadavres. Et puis les récits dramatiques de Maurice Genevoix sur la Grande guerre.

Le poème semble uniquement au service de l’excellent quatrain final. Il prend une forme versifiée un peu « hugolienne », mais le récit s’oriente vers le reportage (dramatique certes) mais sans vraiment prendre une dimension épique. Il y avait pourtant l’atout tenant à la personnalité du héros qui aurait pu conférer plus d’influence poétique à ce texte.
Mais cela est resté inexploité. Confronter l’épouvantable au poète était un bon axe de poésie. Apollinaire, Péguy, Alain-Fournier…que de ressources possibles pour ce thème.

Ce poème est loin de laisser indifférent, ce qui est déjà estimable. Mais je pense qu’il a en lui un potentiel un peu sous-exploité, dans l’écriture et dans le ton.

Merci pour cette lecture intéressante


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