|
|
Anonyme
17/2/2021
a aimé ce texte
Bien
|
D'ordinaire, je trouve sans grand intérêt les textes ayant pour objet l'acte d'écrire et le plus souvent m'abstiens de les commenter. Je ne goûte guère non plus, en général, les reprises insistantes de vers. Mais là, pour moi, ce poème dégage quelque chose, de l'émotion, une musique qui me touche.
Je crois que ce vers pour geindre mon amour solitaire m'indique un recul du narrateur ou de la narratrice, une perception de la vanité d'écrire, qui me parle. L'autodérision me rend d'emblée le propos sympathique. Les fleuves d'encre circulent, pénètrent le narrateur ou la narratrice ou en sont expulsés, il ou elle les triture de toutes les manières imaginables ou impossibles (leur martèlement me rappelle le geste superbement absurde de Xerxès qui avait fait fouetter la mer), et tout cela pour quoi, finalement ? Pour qu'ils finissent asséchés, pour que leur omniprésence liquide laisse place au minéral qui, en son cœur, abrite une pépite. Je lis un parcours assez désespérant : après l'épanchement ne demeure qu'un désert, la fin de tout sentiment. Je trouve élégante cette manière de dire... Peut-être aussi suis-je très loin de vos intentions d'auteur ou d'autrice ! Pour finir, je trouve aussi que votre poème gagnerait peut-être à un léger resserrement ; le tercet où on répand les fleuves d'encre m'apparaît en dessous des autres, l'action un poil convenue : répandre des fleuves d'encre, à mon avis, c'est plus facile que les marteler. EDIT : En rerelisant, je me rends compte que le narrateur ou la narratrice ne martèle pas des fleuves, mais des heures d'encre, heures qu'il ou elle, également, transpire ou psalmodie. Les fleuves m'avaient obnubilée. Je ne rectifie pas mon commentaire qui correspond à mes première et deuxième impressions, car je préfère avoir l'air super con que vous raconter des bobards sur ce qui m'a frappée à la lecture ; vous savez ainsi que, dans votre poème, les fleuves peuvent tout emporter pour un échantillon de votre lectorat... |
Myo
19/2/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Une formule répétée comme une prière, une incantation destinée à conjurer le mauvais sort.
Mais l'issue de cette introspection semble positive. Quand tout est dit, quand toute l'encre a coulé, ne reste que l'essentiel mis à nu. Pour le dernier vers, je n'aime pas trop le terme "dénicher" , je lui aurais préféré "délivrer" ... si c'est bien le sens voulu. Merci du partage En EL Myo |
papipoete
1/3/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
|
bonjour MissNode
Bien sûr que ces tercets n'évoquent pas un dîner bucolique sur l'herbe, où les yeux se parleraient en regards attendris... Ici, chaque ligne à travers son encre, n'est que tristesse, espoir déçu et cet immense regret de n'avoir pas su découvrir " la pépite incrustée dans ce coeur de pierre " NB ces faux haïkus ont le positif de montrer une âme en peine, ne sombrant point dans l'alcool, mais dans des puits d'encre intarissables, qui ne laissent pas de stigmates au corps et au coeur, mais des pâtés, des ratures... Au premier tercet, le verbe GEINDRE me semble inapproprié, ( il me fait songer à CHOUINER ) " t'es toujours à te plaindre ! " ; pourquoi pas tout simplement PLEURER ? Cela n'a rien à voir avec le thème du poème, mais j'ai vu une lavandière éplorée, taper, taper encore avec son battoir sur ce linge sale, toujours sale ! ( l'image de ces ouvrières chantant gaiement est quelque peu enjolivé... ) j'ai bien aimé cette complainte ( j'en ai compris tout le sens ! ) |
Corto
1/3/2021
a aimé ce texte
Un peu
|
J'ai le sentiment ici d'un quiproquo littéraire.
Le narrateur montre sa recherche difficile d'un amour, un bonheur. Il veut au moins "exister en souvenirs". Cette démarche retient volontiers l'attention. Mais l'utilisation de "fleuves d’encre" pour arriver à ce but apparaît ici exagérée, presque répulsive. Ce n'est que mon ressenti. |
Provencao
2/3/2021
a aimé ce texte
Bien ↑
|
" j’ai psalmodié
des heures d’encre pour ensorceler l’espoir en prières " J'ai bien aimé cette perception dans le passé, elle s'anime dans la dimension du présent. J' y ai lu le souvenir, lui, a évidemment dépendance assujettie au passé. Or, en décortiquant votre poème, hier qui est l'apparence du souvenir, n’est pas une division au présent de la perception. Ce passé qui offre l’horizon du souvenir est un moment personnel, un instant fondateur de la succession. Au plaisir de vous lire Cordialement |
BlaseSaintLuc
1/3/2021
a aimé ce texte
Un peu ↑
|
peine perdue ,à pleurer des rivières, ne touche pas mon cœur de pierre .
traque , sans doute celui que l'on as lorsque l'on "vogue" en seine ! le texte se noie dans son encre de pluie . je casse ,casse, mais la peine passe , passe. |
Capry
1/3/2021
a aimé ce texte
Bien ↑
|
J'aime ce genre de récit où l'on ne sait pas à quoi s'attendre. Votre lecture est suspens, on est tenu en haleine et dérouté du chemin traditionnel. Cela est très appréciable. Le rythme est présent et les répétitions plaisantes. Je trouve ce texte réussi.
Je regrette le choix du thème qui lui en revanche manque d'originalité. |
Anonyme
1/3/2021
|
Ce -j'ai- répétitif, m'empêche d'apprécier ce texte. Je veux bien y voir le coeur de -pierre de jais- mais la litanie d'autres termes -fleuve, encre, heure- a fini par me peser.
Désolé, un autre texte me conviendra plus, peut-être. |
Anonyme
3/3/2021
a aimé ce texte
Un peu
|
L'anaphore en général fait son effet mais vous en abusez du fait que les mots répétés sont trop proches les uns des autres. Pour moi, ce procédé est un accélérateur, un moteur qu'il faut utiliser pour aller très loin.
|
MissNode
4/3/2021
|
Rendez-vous pour discussion et remerciements ICI : http://www.oniris.be/forum/traque-discussions-et-remerciements-t29019s0.html#forumpost402093
|
Louis
5/3/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
|
Le poème est le récit d’une expérience de vie et d’écriture, présenté dans le parcours sinueux d’un fleuve d’encre, qui cherche dans la vie son estuaire, une embouchure dans une vie réussie, mais qui ne trouve un trésor, une pépite aurifère, que dans les alluvions fluviales, dans le sable asséché du fleuve, enfoui dans un « cœur de pierre ».
Chacun des tercets qui composent le poème énonce un rapport à l’écriture, et une finalité différente qui, à chaque méandre de la vie, est accordée à l’acte d’écrire. Dans les deuxièmes vers de chaque strophe, alternent : « fleuves d’encre » et « heures d’encre ». Ainsi le temps s’écoule en encre d’écriture sur de longues durées ; « heures » et « fleuve » se substituent l’un l’autre, renvoient l’un à l’autre, se confondent l’un avec l’autre. Flot d’encre dont le locuteur se reconnaît la source : « j’ai ruisselé », dans le flux d’un épanchement, comme liquéfaction de soi, sa déliquescence dans une chute en pluie continue, sur des pages inondées. Temps d’encre amère Pour « geindre » un « amour solitaire » Dans une effusion de larmes déversées à geindre des vers, en longues plaintes, longs sanglots, douloureuses complaintes et tristes mélopées qui se déploient dans un lamento, en lequel chante toujours le même refrain : ‘’aimer, être aimé ! ‘’, l’écriture s’écoule au temps de l’amour « solitaire » ; quand manque un partage, au défaut d’une réciprocité. Lorsque la vie est blessure d’un amour passionnel brisé, l’encre s’écoule de cette plaie ouverte qui n’est pas cicatrisée. L’écriture se veut, en cet amont du fleuve, une suture. Ainsi elle n’est pas à elle-même sa propre fin, elle vise à recoudre dans la vie les déchirures d’une plaie ; à refermer le sol fissuré d’où elle prend sa source ; à libérer dans une catharsis les humeurs nocives, malignes, distillées par les souffrances d’une vive passion. Le fleuve ne voudrait plus être ce cours fluant qui sépare deux rives, il voudrait laisser le paysage du cœur et de l’âme, autant que celui des corps, dans une unité continue, cessant à cette fin de s’écouler, de creuser quand il faudrait consolider ce qui joint et conjoint. Il voudrait se taire, et tarir la source de son écoulement. L’écriture vise à se nier pour laisser place au silence de la vie dans sa spontanéité sereine. Pas facile pourtant de refermer la faille d’où jaillit la source d’encre, et le fleuve poursuit longtemps son cours. Le deuxième tercet évoque un long temps qui s’écoule en suées d’encre, long temps à vaincre une sensibilité pudique, pour « oser » enfin « un aveu mythique ». Hydrorrhée où s’épandent, de circonvolutions en circonlocutions, de paraphrases en longues ambages, les mots qui peinent à ouvrir un cœur. L’aveu s’étire en confessions intimes et se réalise sur l’archétype du mythe, sans cesse réécrit, reformulé, en des figures allégoriques. L’écriture se fait moyen d’une révélation, pour soi-même, et à la face du monde, d’une intimité voilée, étouffée peut-être, dans une conscience claire de ce qui s’éprouve au fond de soi. Autant de mots dans un épanchement pour révéler « sa flamme », autant dans une retenue pour « délaisser la flamme aux oubliettes ». Aux mots vains d’un rapprochement à cœur ouvert, suivent les écrits d’un écart, d’un éloignement, d’un oubli volontaire. Des écrits où s’oublient le feu de la passion, sa fièvre et ses brûlures, quand elles ne trouvent pas l’autre à éclairer, à mettre au jour, à embraser de leur amour. Ainsi, quand malgré ses ardeurs et ses aveux, l’amour ne trouve pas la réciprocité souhaitée, l’autre qui s’incarne pour le recevoir et le refléter ( et l’objet de l’amour est sans doute, pour une part, un être fictif, idéalisé), il transmet son énergie dans le courant des mots vers les rives d’un ailleurs, qui masque et révèle à la fois ses origines. Impossible oubli. Débute par l’écriture un exil, un exode hors d’une vie trop brûlante, où l’on se consume. L’oubli ne s’avère pas un renoncement. « Psalmodiées », sont les heures, pour que les espérances deviennent « prières », dans une quête de la magie des mots, des formules d’un prodige qui mutent instantanément les vœux en réalités ; dans la recherche des paroles incantatoires, chargées de transfigurer les espoirs en réalité tangible. L’écriture se voudrait, au détour d’un méandre du fleuve, toute-puissance, en mesure d’enchanter le monde et le cours des choses, de « l’ensorceler » par une soumission à son pouvoir symbolique. L’impossible oubli du désir de l’autre, de l’amour partagé avec cet autre fictif ou réel, s’accompagne d’un oubli réussi de soi : « J’ai répandu des fleuves d’encre pour exister en souvenirs » Vivre vraiment n’est possible qu’au présent, mais le cours du fleuve remonte le temps, traverse les terres de l’enfance, charrie les souvenirs. Le présent est délaissé, et l’écriture ainsi nie la vie, se substitue à cette vie, qui n’est plus qu’au passé. On n’écrit plus alors pour vivre, mais on survit pour écrire. L’écriture aboutit à un effacement de soi. Elle devient une perte, une dépense, une infinie négativité. L’écriture comme un exil, hors de soi, hors du présent. « J’ai martelé Des heures d’encre Pour graver les secrets de la vie » La vie en général, mise à distance, devient l’objet d’un examen écrit, d’une découverte de ses « secrets » ; « elle » ou « il », errant entre « je » et personne, entre le « je » et tout un chacun, écrit pour sonder l’existence, pour l’observer et la penser. On voit mieux avec le recul. Heures d’encre pour écrire la vie, quand celle-ci s’est éloignée, qu’elle ne colle plus au corps et à l’esprit. Entre l’écriture et la vie, le choix semble tranché. Pourtant le dernier tercet bouleverse la perspective dans laquelle le poème s’était engagé. Mais qu'i il est ambigu, ce dernier tercet. Une « pépite » est « dénichée » dans un « cœur de pierre ». Quel est ce cœur ? Celui de la locutrice ? Celui de l’autre aimé passionnément ? Il semble que ce soit celui de la locutrice, ce qui est confirmé par les explications de l’auteure, que je viens de lire. « j’ai asséché l’encre » : affirme le premier vers. On peut comprendre que la découverte s’est faite hors de l’écriture, quand son encre a cessé de s’écouler, mais aussi que cette découverte s’est faite par le moyen de l’écriture, en épuisant le contenu de son encrier. Quel est ce trésor niché dans un « cœur de pierre » ? Un cœur, dit « de pierre », est celui qui possède les propriétés du minéral : dur, froid, insensible. La pépite et la gangue minérale qui l’enferme ne sont pas de même nature, leurs propriétés sont distinctes, voire même opposées. Ce qui est découvert sous le cœur apparent d’une insensibilité minérale, c’est un cœur qui bat, vivant toujours, un "cœur d’or", au sens d’une vive sensibilité, d’une chaleur, d’une grande humanité, d’une force d’âme aussi. C’est l’écriture, semble-t-il, qui a permis la découverte de ce précieux trésor. L'écriture se présente bien ici comme une « expérience », au sens d’une épreuve qui engage tout l'être, dans un effacement d’abord, une perte, un exil, mais pour mieux se retrouver. Le poème manifeste, en effet, une tension entre un effacement de soi dans l’acte d’écrire, et une affirmation de soi, « martelée » tout le long des tercets, qui tous débutent par « j’ai » ; tous reprenant en flots répétés un sujet personnel d’une action toujours la même, écrire, et signifiant tout autant une existence, une réaffirmation de soi, un « je suis ». Le titre du poème « Traque » indique le mouvement d’une quête par l’écriture. Quelque chose est recherché. Sans savoir ce que l’on cherche exactement. L’écriture reçoit diverses fonctions, poursuit diverses fins, mais toutes se ramènent à celle d’une expression et d’une découverte de soi. Les flots d’encre, en une boucle, partent de soi, s’éloignent de soi, pour revenir à soi, à cette source essentielle, de son être, de sa vie, de ses écrits, qui jaillit d’un foyer précieux, d’un "cœur d’or". |