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Poésie contemporaine
Mokhtar : Cornus à plumes
 Publié le 31/10/22  -  13 commentaires  -  4673 caractères  -  157 lectures    Autres textes du même auteur

Saurez-vous les reconnaître ?


Cornus à plumes



I
Mahloneste ribaulde, ay de la desplaisance
Quant faire la chosette et fretin ferrailler
Brisent povre cuer. Oyez ceste meschance !
Qu’avecque diable vast rataconniculer !

II
Quand le vent a tourné viennent les temps moroses ;
La romance se meurt dans le chant de l’oiseau,
Et Mignonne s’enfuit, m’envoyant sur les roses
Pour faire la coquette au bras d’un damoiseau.

III
Adieu, belle Caliste, il me faut dans la peine
M’enfuir et me morfondre, avec pour souvenir,
Votre légèreté, qui sans honte vous mène
À prêter des serments, et ne les point tenir.

IV
Dois-je du suborneur supporter cet outrage ?
Il faut que dans le sang se lave mon honneur,
Qu’on présente les fers, qu’il montre son courage,
Si de sa fine lame il use avec bonheur.

V
Un saint homme de chat aimait une lapine
Mais fut bientôt lassé de rendre les honneurs.
Un lièvre aventureux sut combler la gredine :
Amour ne peut suffire à faire tous bonheurs.

VI
Madame, je fais fi des femmes malhonnêtes,
Rejoignez ces amants qui guignent vos appas ;
À ces petits marquis, offrez vos galipettes,
Ce monde est trop impur, je m’enfuis à grands pas.

VII
Les chauds plaisirs d’amour sont de ces ritournelles
Dont les enivrements ne durent qu’un moment.
Les grands chagrins d’amour sont neiges éternelles
Glaçant toute la vie un long ressentiment.

VIII
Tous me parlent de toi, ma douce au cœur fidèle :
Le cygne qui revêt la blancheur de ton cou,
Le zéphire au parfum de ta peau tendre et frêle,
L’oiseau gris tout là-haut, chantant « coucou,coucou ».

IX
De son vil camouflet, je flétris la bassesse,
Qui ne peut altérer ma stoïque fierté.
Seul le mépris est grand, tout le reste est faiblesse,
Et sans pleurs je bénis ma neuve liberté.

X
Demain dès l’aube morne, éperdu de tristesse
Je partirai. Trahi, pleurant, comme un enfant.
Personne ne m’attend. Je maudis la traîtresse
Qui vers Onan me pousse au matin triomphant.

XI
Je suis le délaissé – l’exclu –, l’indésirable,
Le vieux prince déchu, privé de son blason ;
À mon cœur qui se meurt ma lyre inconsolable
Soupire les accords de la morte-saison.

XII
Si tu reviens un jour pour assécher mes larmes,
Ô toi ma douce Aurore, objet de mon malheur,
Je trouverai les vers dont les sublimes charmes
Mieux qu’une polonaise iront quérir ton cœur.

XIII
Dis, cruelle Aphrodite, ô toi dont l’inconstance
M’ôte des bras d’Éros et m’offre à Thanatos,
Ai-je bien mérité l’horreur de ta sentence
Qui me fait partager le sort d’Héphaïstos ?

XIV
Je n’offre aucun sanglot à sa coquetterie !
Sois sage, ô ma douleur, souffrir serait déchoir !
Je ne suis pas de ceux, malgré la raillerie,
Qui chérissent l’amer ou sortent le mouchoir !

XV
La chair est triste, hélas ! sans toi je ne puis vivre…
Ô si chère, je meurs, incurable abandon,
Et de mes blancs sanglots, je referme le livre,
Sans force pour haïr ou songer au pardon.

XVI
Riez sans vous priver, libérez votre bile,
Moquez ces andouillers qui fleurissent mon front,
Dites de ces branchus, dont se gausse la ville,
Qu’il suffirait de peu qu’ils rayent le plafond.

XVII
Du profond de tes yeux, il fallut qu’il s’éprenne,
Pour que cessent nos cœurs de battre à l’unisson,
Et que j’aille chercher dans les grâces d’Irène,
L’oubli de ton regard et le sens du frisson.


XVIII
Ce fut le vent du Nord qui t’emporta, ma belle,
Et loin de moi, tu t’envolas, à tout jamais ;
Souvenirs et regrets que cet air me rappelle,
Triste chanson, toi qui partais, moi qui t’aimais.

XIX
Quand le vent des oublis rage la mélopée
De la désespérance et du fiel de l’orgueil…
Quand je rentre mes pleurs auprès de ma Pépée…
Je désapprends ses yeux pour pisser sur mon deuil.

XX
– L’on fait bien peu de cas de la vertu des femmes,
Du beau sexe se tient mauvais procès ici ;
Ces poètes contrits, n’écoutez pas Mesdames :
La faute se partage, et l’infortune aussi.


_______________________________________
– Ne mettez de réponses dans vos commentaires.
– Envoyez-les-moi en MP..
– Vous aurez votre score et les solutions plus tard dans « Discussions sur les récits » Les Cornus : corrigé.


 
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   fanny   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ho, quel attrayant jeux de société, si bien mis en forme, témoin du regard et de l'intérêt portés à autrui.
Étant nouvelle, connaissant peu le site et ses habitants, je suis déçue de ne pouvoir ni jouer, ni juger pleinement, même si j'ai bien de petites idées deci-delà.
J'attends avec impatience les solutions pour des relectures plus approfondies et je vous souhaite de nombreux participants.
Bonne journée.

   wancyrs   
31/10/2022
Salut Mokhtar,

à priori il s'agit d'un jeu ; j'aime bien le concept, mais je ne suis pas assez qualifié pour en jouer. Mes connaissances en auteurs du classique ne s'étendent pas plus qu'à Molière, Corneille et Racine. Je n'ai connu Lafontaine que par une seule fable ; Voilà. Ces vers sont joliment tournés, et je leur trouve une certaine préciosité, comme des objets de musée, mais comme je l'ai dit plus haut, je n'ai pas la compétence pour apprécier pleinement.

Merci pour le partage !

Wan

   Lotier   
31/10/2022
Grâce à wancyrs, je viens de comprendre que chaque strophe est un pastiche d'auteur.
Parce que l'exergue « Saurez-vous les reconnaître ? » m'avait semblé totalement abscons, obtus que je suis.
Enfin, le « Vous aurez votre score » combiné à « plumes » me fait fuir aussi vite que le permettent mes gambettes…
C'est dommage parce que j'aime beaucoup les pastiches.

   Mintaka   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Mokhtar,
Au-delà de saisir chaque auteur, je félicite la performance poétique de ce florilège impressionnant de nos grands poètes.
Outre l'idée il fallait concevoir la chose et travailler et retravailler chaque strophe à la façon des plus purs de nos parnassiens.
De surcroît les vers sont fluides et bien cambrés.
Felicitations

   archibald   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ah ! Mokhtar, c'était donc toi...
Intrigué par le titre, que je n'ai pas compris tout de suite, je suis allé voir ça en EL. J'adore le pastiche (deux glaçons, très peu d'eau) et m'y essaie parfois. Bravo pour ce joli travail.
Je suis resté sec sur six quatrains, si avec ça j'obtiens la moyenne, je serai satisfait. Je t'envoie mes propositions en mp.
PS : je sais que tu boudais Oniris ces derniers temps, je suis heureux que tu fasses ton retour.

   Cristale   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Même s'ils n'étaient pas des pastiches de grands auteurs, ces quatrains méritent des applaudissements bien nourris.

Tenir 80 alexandrins avec la même force, aussi bien technique que poétique, est une belle preuve du talent de l'auteur.

Les rimes des vers 2 et 4 du premier quatrain jouent un peu les filles de l'air mais tellement pardonnées tant l'emploi du "vieux françois" est difficile. Ça ne passe pas non plus en néo : yé-lé.
Bien sûr que la rime plafond-font du seizième quatrain est correcte étant donné que les consonnes finales respectent l'équivalence.
De plus l'auteur nous surprend avec deux trimètres magnifiques aux vers 2 et 4 de l'avant-dernier quatrain (XVIII)

Quel travail ! J'en suis toute esbaudie.
J'ai fait quelques rapprochements avec les vers d'auteurs célèbres mais je ne suis pas très douée à ce jeu là.

Bravo et merci Mokhtar pour la qualité de cette publication.
Cristale

P.S.; J'aime, et j'apprécie énormément, la passion ici n'a rien de littéraire d'où ma note plus terre à terre ^^

   GiL   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo, Mokhtar, pour l’invention de ce nouveau jeu poétique : la devinette-pastiche ! Et pour l’avoir mis en œuvre de si belle manière : vingt quatrains en alexandrins, faut le faire !
En ce qui concerne la déclinaison d’un même thème, ça me fait penser à Exercices de style de Queneau. Et puis, ça met un peu d’animation dans notre Landerneau ! Un grand merci.
PS : Il y en a une demi-douzaine qui sont coton, j’espère tout de même avoir la moyenne…

   Raoul   
1/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
J'aime bien l'idée de jouer avec des quatrains en pastiches à mots et tournures clés.
Peut-être est-ce parce-que j'ai des trous dans la raquette de ma culture G., mais je me suis ennuyée assez vite – non pas que ce soit mal fait, où pas maîtrisé – mais parce-que j'ai trouvé l'exercice très répétitif et trop long ( désolé, j'ai lâché l'affaire à Victor H. ).
Ou, peut être, que je suis mauvais perdant, joueur, et n'ayant aucun esprit de compétition...
Mais rien que pour le succulent "rataconniculer", merci !

   inconnu1   
1/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Bravo pour le travail. Ce n'est pas un pastiche, mais une recomposition et avec beaucoup de talent. Je serai modeste sur mon score, à peine 4 sur 20 mais avec au moins mes deux poèmes classiques préférés, celui d'Hugo (demain dès l'aube) et celui de De Nerval. On voit que dans le classique, les rapports amoureux prennent une place énorme, trop peut être, vu tout ce qu'il y a à dire sur notre existence.

Bien à vous

   Lebarde   
1/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Merci Mokhtar pour ce jeu quiz poétique, original et réussi qui m'a invité à rechercher et ressortir ma collection "Lagarde et Michard" poussiéreuse, mais je n'ai pas retrouvé le volume du XXème siècle ! Peut être n'a t-il pas été édité à mon époque?

J'ai trouvé certaines réponses, en ai inventé certaines autres, on verra bien à la correction, car j'ai osé envoyer ma copie en MP, même si ma culture littéraire est nulle et en plus très ancienne.

Sinon joli poème presque classique qui me plais bien sûr!

Merci pour cette belle idée.

   senglar   
10/11/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Mokhtar,


Que l'apprenti poète est petit quand on le contemple du haut de la verve de Mokhtar !
Vous avez trouvé bien sûr :)

A mon tour de vous poser une question. J'ai reconnu tout de suite le XI que je ne résiste pas à l'envie de recopier :
"Je suis le délaissé - l'exclu -, l'indésirable,
Le vieux prince déchu, privé de son blason,
A mon coeur qui se meurt ma lyre inconsolable
Soupire les accords de la morte saison."
(dans la réalité ce cher poète était cornu aussi pas vrai)
Saurez-vous deviner pourquoi ma réactivité sur ces quatre vers-là ?

Joli titre... Pourquoi ai-je l'impression que le lecteur fait partie des cornus ? En tout cas pour plus du quart des quatrains je me retrouve gros jean comme devant. J'ai raté les poètes comiques. Et pourtant on peut être l'un et l'autre, poète et comique. Vous êtes abominable qui, dans une certaine mesure, rabaissez notre fierté.

Euh à la parution je n'avais pas vu que vous nous proposiez de jouer m'étant arrêté, comme, Raoul, à mi-chemin. Je n'aurais pas osé affronter nombre de poètes du site. Bravo Lebarde !

Un bon tour à jouer eût été de placer parmi ces quatrains-là quatre vers alignés de votre propre composition, je veux dire en vous auto-pastichant :) Mais peut-être l'avez-vous fait ?

Je vous envoie ceux que j'ai trouvés après trois lectures, vous me donnerez les autres par retour de courrier. Je meurs d'impatience maintenant que j'ai réparé l'injustice de ne pas vous avoir lu en temps et en heure eu égard à ce très long et original travail de recomposition.

19. Ferré (pour du beurre :) )

   Mokhtar   
10/11/2022
Vous trouverez mes remerciements ici :


http://www.oniris.be/forum/les-cornus-vous-remercient-t30712s0.html

(en principe)

   Mokhtar   
10/11/2022
et les solutions du jeu ici


http://www.oniris.be/forum/les-cornus-corrige-t30700s0.html



(si tout va bien)


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