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Poésie classique
Mokhtar : Idylle au Louvre [Sélection GL]
 Publié le 24/07/23  -  11 commentaires  -  1814 caractères  -  201 lectures    Autres textes du même auteur

Le tableau : La Donna velata, Raphaël, 1515


Idylle au Louvre [Sélection GL]



Aux frimas de janvier, la belle Florentine
Au centre de Paris avait pris ses quartiers
Où sa délicatesse, émouvante et mutine,
Aux regards éblouis se prêtait volontiers.

Sous la pointe de verre, à la foule ravie,
S’affirmait le constat que Maître Raphaël
Au sommet de son art emprisonnait la vie
En brossant ses portraits sublimes de réel.

Cette fille du peuple, en Madone il l’a peinte,
En vierge radieuse, en chaste majesté,
Belle muse lascive aux allures de Sainte,
Mais tant femme de chair en toute sa beauté.

Expression d’artiste ou fraîcheur naturelle,
Perfection des traits ou tendre pureté ?
Quand c’est l’âme qu’on peint, la présence est réelle,
Illuminant la toile avec la vérité.

Car ainsi sublimée, il fallait être aimée,
Au-delà du modèle être sa passion,
Souvent tient le génie à la grâce enflammée
Et se doit le chef-d’œuvre à l’exaltation.

Quand bouillonne et s’épand l’étoffe de sa manche,
Que sa gracile main cherche à calmer son cœur,
Quand transparaît le sang sur sa douce peau blanche,
C’est l’amante adorée offerte avec langueur.

Et je fus tant séduit par l’aguicheuse mèche
Qui lui vrille la tempe en feignant la candeur
Que tel un poisson fou se ruant sur son esche
Je fus bientôt ferré par son accroche-cœur.

Figé par cet appel de la dive enjôleuse,
Il me fallut céder à son envoûtement,
Contraint, m’assujettir à cette ensorceleuse,
Du charme de son charme être en enchantement.

Quand je crus percevoir à sa bouche un murmure,
Que ses yeux vers les miens vinrent se diriger,
Je me rapprochai d’elle et sentis, je le jure,
Son eau de violette et son souffle léger.


 
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   Lebarde   
8/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
De la poésie classique « à l’ancienne » sans faute de prosodie, prenant pour thème, à l’occasion d’un prêt au Louvre de Paris discrètement évoqué qui m’a échappé, l’une des plus célèbres œuvres du peintre Raphaël que l’auteur en extase, tombé amoureux de « La donna Velata » décrit d’une plume subjuguée et envoûtée , avec moults détails et précisions.
Un peu trop longuement à mon goût cependant mais il fallait bien rendre cet hommage appuyé au fameux peintre italien…et vous l’avez fait.

La technique est évidemment parfaite mais je ne retrouve pas la poésie et l’émotion que l’auteur a sans doute voulu faire passer, tant est que la lecture me paraît monotone pour ne pas dire fastidieuse sur la longueur.
Mais je fais la fine bouche ( la poésie classique est si rarement à l’honneur), car vous avez proposé une évocation élégante et fine que certains pourtant trouveront trop bien léchée…

« Je fus bientôt ferré par son accroche-cœur « , l’image est joliment parlante et me plait bien, pour ne citer que celle-là.

Du bel ouvrage en tous cas qui ne peut que me séduire.
Bravo.

En EL

Lebarde

   Cristale   
11/7/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Bonjour,

L'ensemble se lit facilement, les alexandrins sont corrects pourtant je regrette de faire un peu d'ombre au tableau à cause de quelques maladresses.
Je remarque l'emploi redondant des prépositions "en" dont quatre dans le même quatrain, ainsi que les nombreux "au-aux".
Les troisième et cinquième quatrain sont maladroits, d'autres maladresses me gênent également : "Quand c’est l’âme qu’on peint"
"être en enchantement." "Que ses yeux vers les miens vinrent se diriger".

Je comprends la démarche du narrateur quant à sa fascination devant cette toile magnifique, les images sont bien présentes, la technique du vers classique est bonne, il suffirait d'un petit peu plus de soin quant à la syntaxe et ce sera parfait.

Le dernier vers est très beau.

   fanny   
12/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Cette femme et cette liaison firent couler de l'encre et des pinceaux, un très bel hommage à cette œuvre est à nouveau rendu ici dans ce beau poème qui plonge au cœur du tableau et exprime au plus près la transmission du sentiment amoureux du peintre.

   Edgard   
15/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est très bien écrit. Bravo. Vous maîtrisez si bien l'art de décrire ce tableau et la fin est charmante, qui voit le spectateur tomber en amour devant ce portrait.
Cependant, votre poème évoque plus pour moi un tableau comme la Vénus" de Botticelli... Comme quoi les regards et les amours sont tous différents. La donna Velata est magnifique. Elégante et mutine...C'est drôle. J'y vois une noblesse distante...

   papipoete   
24/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Mokhtar
La belle florentine, comme ôtée à la vie palpable, semble prisonnière de bon gré sous sa toile que Raphaêl aurait sublime, embastillée.
Et l'on vient de partout pour la contempler, non point dans une geôle mais aux cimaises d'un salon du Louvre. Elle resplendit ; à tel point que l'auteur s'en approchant, put lui voler un baiser, croit humer son " eau de violette "
NB comment ne pas tomber en amour, devant telle femme que le grand maître florentin, sut à merveille rendre vivante, sous un pinceau magique...
Je manque de mots pour flatter l'auteur, tant ses vers semblent animés, malgré la pause du modèle, jusque dans les moindres traits.
Toute phrase rutile, et des vers surbrillent comme " quand c'est l'âme qu'on peint, la présence est réelle " et la dernière strophe est si touchante de vérité !
( je tombai dans cet état, voici quelques centaines de lunes au château de Blois , devant ce tableau une veuve éplorée devant son mari défunt... ne me souviens pas du nom de l'oeuvre... magnifique ! )
Vos alexandrins coulent comme l'eau vive, sans le moindre estoc en son cours.

   jfmoods   
24/7/2023
Ce poème de 9 quatrains en alexandrins se décompose en 3 parties d'égale longueur.

Dans la première (vers 1 à 12), la découverte d'un tableau célèbre dans un cadre grandiose ("Sous la pointe de verre") ouvre un questionnement sur le charme mystérieux exercé par la toile sur son spectateur ("emprisonnait la vie", "fille du peuple"/"madone", "vierge radieuse"/"femme de chair", "Belle muse lascive aux allures de sainte").

Au fil de la seconde partie du texte (vers 13 à 24), le poète éclaire ce sortilège par la relation privilégiée que le peintre entretenait alors avec son modèle ("Quand c'est l'âme qu'on peint, la présence est réelle", "il fallait être aimée.../être sa passion", "se doit le chef-d’œuvre à l'exaltation", "C'est l'amante adorée offerte avec langueur.").

Dans la dernière partie (vers 25 à 36) se développe une atmosphère fantastique qui n'est pas sans rappeler certains récits de Théophile Gautier. Ce n'est plus seulement la vue du poète, mais ses autres sens qui se trouvent soudain incendiés par le charme puissant de la toile ("à sa bouche un murmure", "sentis.../Son eau de toilette et son souffle léger").

Le titre du poème, un brin bucolique ("Idylle au Louvre"), ne laissait en rien présager un tel développement narratif.

Merci pour ce partage !

   Corto   
24/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
On trouve un bel enchantement dans ce poème.
L'auteur sait nous faire partager son transport, sa fascination, et de curieux l'on devient vite passionné. Autant dire que l'objectif est atteint.

Pour quelques formules de tel acabit, je reviendrai volontiers à cette lecture:
"Quand c’est l’âme qu’on peint, la présence est réelle,
Illuminant la toile avec la vérité."

ou bien sûr:
"Quand je crus percevoir à sa bouche un murmure,
Que ses yeux vers les miens vinrent se diriger,
Je me rapprochai d’elle et sentis, je le jure,
Son eau de violette et son souffle léger."


Grand bravo.

   Provencao   
25/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Mokhtar,


"Expression d’artiste ou fraîcheur naturelle,
Perfection des traits ou tendre pureté ?
Quand c’est l’âme qu’on peint, la présence est réelle,
Illuminant la toile avec la vérité."

Mon passage préféré où vous exprimez fort bien cette vérité de l'art pictural qui n'est pas coercible à l'énergie d'un contenu idéel dont l'allégorie artistique ne serait que l'image. Mais bien au contraire, "illuminer la toile de vérité "avec cette vérité de la figuration qui exprime l'art d'apparaître absolu dans le sublime de son apparaître.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Quidonc   
26/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"Idylle au Louvre" est un poème passionné qui capture l'émotion et la fascination ressenties devant le tableau "La Donna velata" de Raphaël. Les deux premières strophes plantent le décor et introduisent le personnage central, la "belle Florentine", dont la délicatesse et la beauté captivent les regards des visiteurs du Louvre.
Le poème explore ensuite l'essence du tableau de Raphaël, décrivant la manière dont le peintre a réussi à capturer la vie et la vérité dans ses portraits. Le contraste entre la Madone radieuse et la femme de chair renforce la dualité et la complexité du personnage féminin.
La troisième strophe dévoile le sentiment personnel du narrateur face à la peinture, exprimant une fascination et une séduction intenses envers la "belle Florentine". Les métaphores liées à la pêche et à l'accroche-cœur renforcent l'idée de la captivation et de l'attirance irrésistible.
Enfin, la dernière strophe ajoute une touche de mystère et de romantisme en évoquant une possible communication entre le narrateur et la figure peinte dans le tableau. L'utilisation des sens, avec l'eau de violette et le souffle léger, ajoute une dimension sensorielle supplémentaire à cette rencontre imaginaire.
Cependant, certaines expressions pourraient être affinées pour éviter une certaine répétition et rendre le rythme du poème encore plus harmonieux. Quelques images pourraient également être renforcées pour intensifier l'impact émotionnel du poème.
Dans l'ensemble, "Idylle au Louvre" est un poème bien écrit et évocateur qui captive l'attention du lecteur et lui offre une expérience enchanteresse face à l'œuvre d'art. A mon avis, avec quelques ajustements, il pourrait atteindre un niveau de raffinement encore plus élevé.

   Miguel   
27/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Beaucoup de belles choses, dans ce poème, mais, parfois, un tour de phrase, une syntaxe qui sans être fautive manque un peu de naturel. J'admire particulièrement la strophe sept, une petite merveille. Le "je le jure" de la fin est un peu prosaïque, même si j'en comprends le sens.

   Mokhtar   
31/7/2023
Mes remerciements sont (en principe) visibles ici
http://www.oniris.be/forum/apres-l-idylle-les-remerciements-t31306s0.html


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