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papipoete
1/3/2018
a aimé ce texte
Passionnément
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contemporain
les forçats de la batellerie foulaient ces lés de hallage, où roulent pépères aujourd'hui des pelotons de cycliste ; s'il fallait se rappeler ce qui s'y passait, ( je ne suis pas certain que chacun sache ce qu'était cette besogne de forçat ) nous pourrions diffuser votre poème dans les écoles ! Mais ici, c'est la " tête " d'une péniche, échouée sur un rond-point qui évoque le temps " d'avant " ... NB je ne relève pas de passage particulier, tant l'ensemble en recèle, et la fin du texte me fait songer à mes 3 épicéas malades, qui purent servir de pauvres planches, alors cette strophe fut la mienne ici ; " et s'il te faut périr pour apaiser ton âme / j'offrirai le tison pour allumer ta flamme " magnifique ! papipoète |
troupi
2/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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C'est peu de dire que l'auteur n'apprécie pas l'hommage qui est rendu à la batellerie fluviale par le biais de cette "tête" de péniche vue comme une tête de poisson mort, hideuse et pathétique.
Et il le dit de façon magistrale, violente dans ces dix premiers vers. La deuxième strophe rend plutôt hommage aux forçats des chemins de halage. Pour être aussi blessé, révolté, l'auteur a peut-être eu dans sa famille des "ramasseurs de persil" ce qui expliquerait cette véhémence à l'égard des responsables de cette "œuvre"soumise au regard de tous et que l'auteur voit comme une humiliation. "Et s’il te faut périr pour apaiser ton âme, J’offrirai le tison pour allumer la flamme" Au vu de ce qui précède j'aurais terminé le poème sur ces deux vers pour rester dans le ton alors qu'avec : "En passant près de toi, quand la honte me guette, Mon regard se détourne, et je baisse la tête." Toute la tension retombe et cette résignation (baisse la tête) ne va pas du tout avec le reste du texte selon moi. troupi. |
Anonyme
12/3/2018
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour,
J'ai tout aimé dans votre poème que ce soit le fond, la forme et l'écriture maitrisée. J'ai adoré le final , une morale realiste que je partage. Merci pour cette lecture. |
Anonyme
12/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour
Comme souvent chez l'auteur, les premiers vers plantent le décors. Et l'on n' est pas déçu par les comparaisons. Ah mes canaux nivernais, entre le canal latéral à la Loire et le canal du Nivernais, nous n'en manquons pas de canaux ! Un très beau texte, qui après une belle présentation, se tourne vers le passé et pour finir l'envie de détruire ce vestige. C'est vrai que l'endroit pourrait être aménagé pour mettre mieux en valeur cette péniche d'antan. Il est ici comme un bateau qui aurait fini dans un arbre. Oui, un très beau texte contemporain. |
Damy
12/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Je n'ai pas de culture sur la batellerie ce qui m'empêche probablement de partager pleinement votre colère et votre honte in fine. Mais j'imagine un rond-point avec un pot de résine géant laissé à l'abandon et à la ruine, alors je m'insurgerais et j'aurais honte aussi si ce n'est que je ne sais pas du tout si j'aurais su l'exprimer aussi bien que vous.
À la relecture j'aime beaucoup "L'étrave" car je trouve que vous vous impliquez beaucoup personnellement, beaucoup plus que dans d'autres poèmes que j'ai commentés où il me semblait que vous restiez extérieur, observateur du sujet traité. Ici, j'éprouve des frissons. |
Anonyme
12/3/2018
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Ce poème ressort la même rengaine passé/présent, un peu violent ce que je dis mais en adéquation avec le poème. Les memes mots qui disent que c'était mieux avant, que c'était plus dur avant... Deux "pensées" paradoxales qui en disent long... L'éternel conflit des générations. Conflit attisé par chaque camp. Et on est surpris que notre société vacille ? Et qui c'est qui trinque de la mascarade ? Les anciens qui sont morts et les enfants encore à naître. Un poème comptant pour rien, accordez moi la franchise, au moins en ce qui concerne ce point là, c'est une pierre de plus dans la bataille.
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Anonyme
12/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Deux vers résument parfaitement le fond de ce poème et une façon d'analyser le fait :
" Mourir en dignité mais sans être oublié Vaut mieux que déshonneur de survivre humilié " L'auteur défend bien sa position sur le sujet. On adhère ou pas à cet avis ; là n'est pas la question. Quant à moi j'ai apprécié ce texte même si empreint de nostalgie pour le passé de cette péniche. |
Vincendix
13/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Mokhtar,
Cette manie d’exposer des vieilleries sur les ronds-points est bien française, parfois ce sont des œuvres d’art mais trop souvent des objets ringards. Dans mon coin, ce sont des berlines de minerai de fer, des locomotives et autres funiculaires, l’automobiliste qui n’a pas envie de faire le tour du giratoire s’en souvient… ou pas. J’imagine ce vestige de péniche à l’allure de poisson mort posé sur ce tertre imbécile, la description est sans appel. Admettons tout de même que ces « cadavres » dépassent la vision d’un morceau de ferraille ou de bois, il faut se souvenir du travail pénible des hommes qui les faisaient fonctionner, qu’ils soient « ramasseurs de persil », « gueules noires », « gueules rouges » ou « cul-terreux». Une pensée aussi pour les chevaux, précieux auxiliaires dans ces métiers de forçats et forçats eux aussi. Un texte bien mené et même si je le trouve un peu grandiloquent, je l’apprécie. Vincent |
jfmoods
13/3/2018
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Ce poème en alexandrins est composé d'un dizain, d'un huitain, d'un sizain, d'un quatrain et d'un distique. On remarque un glissement assonantique aux vers 11-12 et 27-28. Pour le reste, les rimes sont suivies, pauvres, suffisantes et riches, majoritairement féminines.
Le propos développé dans la première strophe est clairement polémique (guillemets de l'entête : "décoratif", participe présent : "Racolant", comparaison : "planté comme une pute", métaphore : "Tête de poisson mort sectionné sur l’étal", adjectifs qualificatifs : "Mutilation obscène", "Vestiges profanés", "ce tertre imbécile"). Le poète révolté, s'insurge contre le choix, à la fois contestable et absurde, d'une municipalité. Au fil de la seconde strophe, par le biais d'une question fermée ("Honorons-nous... ?"), il prend le lecteur à témoin de l'esclavagisme auquel l'étrave de péniche renvoie implicitement ("ces forçats d’un autre âge", "Aux bustes entaillés par le cuir du harnais", "Se ployaient en traînant leur charge et leur misère", "Des rosses décharnées", "Gueux martyrs du courant"). S'adressant à elle comme à un mort ("ta dépouille"), le poète rappelle ses titres de gloire ("à fendre les flots tu mettais ton ardeur", "Traînant... un pavillon bien haut", "ton bachot de bois qui te suivait fiérot"). Passablement mal à l'aise ("quand la honte me guette, / Mon regard se détourne, et je baisse la tête"), il pointe l'avilissement suprême d'un encalminage terrestre ("déshonneur de survivre humilié"), proposant, par bravade, d'y remédier par le feu ("J’offrirai le tison pour allumer la flamme"). Merci pour ce partage ! |
Melusine
13/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Très belle évocation, à la fois, drôle et mordante sur "l'art" sensé "embellir" nos routes.
et un bel hommage aux métiers de la batellerie dont certains ont disparus. J'ai également une petite pensée pour quelques "chevaliers cathares" de bord d'autoroute. |
Mokhtar
14/3/2018
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En principe, vous devriez trouver mes remerciements pour vos commentaires ici :
http://www.oniris.be/forum/remerciements-pour-vos-avis-sur-l-etrave-t25415s0.html#forumpost339960 |
vb
15/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Merci, Mokhtar, pour ce beau poème. Je l'ai beaucoup aimé. Dois-je me justifier? Je dirai simplement que la forme et le fond étaient suffisamment simples pour que je les comprenne bien.
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Louis
15/3/2018
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Le poème dénonce une forme de barbarie contemporaine, qui suscite chez l’auteur honte, colère et révolte.
Cette barbarie se manifeste dans un rapport irrespectueux au passé, à notre histoire collective, à ceux qui ne sont plus. En témoigne dans le poème un « morceau de péniche », vestige du passé, si peu considéré, exposé sans égards. La péniche, ancien bateau fluvial, n’est pas un simple objet de consommation ; porteuse d’histoire, elle a reçu, des hommes qui ont vécu par elle et avec elle, une part de leur âme, une part de leur humanité. Personnifiée, elle a un corps, elle a une âme. Les hommes ont acquis leur « humanité » dans le cours de l’histoire, celle que leur donne la «civilisation », lorsqu’ils ont pris soin de leurs morts, lorsqu’ils ont organisé des rites funéraires, et consacré des sépultures. Il y a donc une part de barbarie à négliger les cadavres, à laisser des morts sans sépulture, à ne pas honorer leur âme. Le morceau de péniche subit cette barbarie. La première strophe détaille le sort indigne auquel on l’a destiné. Le lieu de son emplacement ne lui rend pas hommage. « Perché sur la butte », au milieu ou près d’un rond-point, carrefour de voies, non pas fluviales mais routières, « arraché hors de l’eau par un destin fatal », il se trouve exilé, déporté hors du pays de l’eau où il a "vécu", peiné, travaillé. Mis dans la posture d’une « pute », « racolant au rond-point », on l’a placé dans une situation avilissante. Mais aussi, le corps de la péniche a été « mutilé », morcelé, déchiqueté, corps auquel on a fait subir des sévices honteux, le «crâne décapité juché sur une pique », comme un trophée dressé par les tribus modernes et barbares des coupeurs de tête. Cette mutilation est ressentie comme un véritable sacrilège : «vestiges profanés sur ce tertre imbécile ». Le corps traditionnellement sacralisé, comme lieu de contact et de passage entre l’ici-bas et l’au-delà, n’a pas reçu les égards qui lui sont dus. On manque ainsi de respect à tout un passé, en désacralisant ses « vestiges ». La vieille péniche n’est plus qu’un « vaisseau fantôme éperdu de tristesse », vaisseau hanté par une âme errante, sans paix, faute d’avoir reçu hommages et célébrations convenables. La deuxième strophe, par une question rhétorique, déplore qu’à travers le traitement irrespectueux de l’étrave, c’est notre passé, et les hommes qui l’ont fait, qui sont indignement considérés, «Honorons-nous ici ces forçats d’un autre âge ?» Des hommes ont peiné, ont souffert, « Ramasseurs de persil des chemins de halage » ; le dos courbé, fourbus, harassés par leur travail de forçat, ils « Se ployaient en traînant leur charge et leur misère ». Ils ont payé un lourd tribut de souffrances, ces « gueux martyrs », à la construction du monde moderne. Et ce monde leur en est si peu reconnaissant. Dans la troisième strophe, l’auteur rend personnellement hommage au bateau-péniche, et rappelle le monde contemporain à ses devoirs. Devoir de mémoire en premier lieu : « Gardons le souvenir au vu de ta dépouille… ». Souvenir et gratitude. Reconnaissance pour celles et ceux dont nous sommes les héritiers. Nous qui avons reçu du passé le meilleur, et le pire aussi, ne l’oublions pas. La quatrième strophe énonce une sentence : « Mourir en dignité mais sans être oublié / Vaut mieux que déshonneur de survivre humilié » qui rappelle les idéaux classiques sur l’honneur. Le locuteur se dit prêt à immoler l’étrave, crémation cérémonielle pour qu’elle continue à vivre dans la seule mémoire. Mais ce qui l’emporte sur le geste du sacrifice sur l’autel de la mémoire, c’est un sentiment de honte et une attitude de résignation, « Mon regard se détourne, et je baisse la tête ». Non pas une complète résignation, comme en témoigne ce poème qui rend publique une indignation, et relève la tête dans un rappel à la conscience civilisée. Merci Mokhtar |
Vanessa
15/7/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Au travers de l'histoire de ce bateau, que vous personnifiez...mérite t-il cet abandon après une vie de services rendus aux hommes?, vous nous faites passer l'idée que le monde et l'environnement d'aujourd'hui ne vous sied pas. Vous utilisez des termes forts pour faire passer votre colère, comme" pute", mais sans excès. Votre texte est très bien écrit et puissant . Merci. :-) |
Tychillios
12/8/2018
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un texte splendide introduit avec adresse et qui se conclut superbement. Avec leurs mots précieux, les poèmes racontent des histoires et celle de ces forçats d’un autre âge est touchante. Les termes choisis font revivre cette époque révolue du transport fluvial.
G.I. |