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Poésie classique
Mona79 : Aurore
 Publié le 08/12/12  -  21 commentaires  -  699 caractères  -  416 lectures    Autres textes du même auteur

Sonnet pour Vincent.


Aurore



Au frileux matin gris la nuit cède le pas :
Le satin de sa robe à son épaule glisse,
L'étoile sur son front s'efface, un peu complice,
Une brume subtile a voilé ses appas.

Des oiseaux querelleurs picorent un repas,
Somnolent le renard déroule sa pelisse,
Guette le lapereau qui fera son délice ;
Le chasseur va venir : ils ne le savent pas…

L'abeille pour la rose abandonne sa ruche,
Cosette à la fontaine emplit sa lourde cruche,
Le pain rond, sur la table, attend le pot de miel.

Nuancé d'améthyste un nuage chemine,
La nacre et l'émeraude ont festonné le ciel,
Dans un frisson d'or pur le soleil s'illumine.


 
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   Anonyme   
22/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Du très classique, en effet, aussi bien par le sujet que par la forme qui me paraît des plus maîtrisées...
On passe par les figures obligées, vue générale sur la nuit qui va se coucher, un peu débraillée, on plonge sur la nature qui s'éveille, la maisonnée de même, puis la "caméra" recule et le poème clôt sur l'apparition du soleil.

Tout cela aurait tendance à me lasser : trop attendu, trop vu. Mais : qu'est-ce que c'est bien fait ! Je trouve les rimes extrêmement bien venues, le mouvement net, l'ensemble du poème souple et naturel malgré sa grande rigueur.
Alors, je dois reconnaître une chose qui m'agace un peu : il est encore possible de concilier respect scrupuleux de la forme et simplicité d'une expression presque sans raideur (deux ou trois bémols sur des associations quand même quelque peu usées à mes yeux : les oiseaux querelleurs, le retour de Cosette, le frisson d'or pur, le pot de miel).

   macaron   
25/11/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Beaucoup de délicatesse et de très belles images. J'aime les matins, et le vôtre est optimiste et prometteur. La vie se ressource à l'aurore et ses couleurs n'en sont que plus éclatantes. Dommage alors pour le lapereau!

   Miguel   
25/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Toute la poésie bucolique héritée d'Hésiode et de Théocrite, passant par la forme et l'esprit du sonnet parnassien à la manière d'Hérédia. Un sonnet formellement parfait, des images classiques et charmantes, des vers harmonieux, une atmosphère où la paix apparente et le charme de l'ancien temps sont chargés d'une menace ignorée, un style orné d'épithètes homériques, quelques lieux communs bienvenus dans une telle évocation... Bref le classicisme le plus pur, dans toute sa splendeur, et tel que j'en suis friand.

   Labrisse   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Mona,

Bon, je parcours d’une lecture de blasé mon petit poème matinal et me voici tout vibrant en deux coup (de cuillère à pot de miel) d’avoir un petit morceau d’automne en plein hiver ; Alors pour cela un grand merci sincère et amical.

Cette pièce est délicieuse de désuétude, exquise de laisser-aller, florissante et pastorale, champêtre et immense…

Et je trouve chez vous quelques coquineries de satin qui glissent d’une épaule, des bijoux étoilés au front de la belle dame nature… non vraiment vous suscitez des images d’une tendresse et d’un amour délicat et doucement extatique que je ne peux pas ne pas souligner… Et c’est là que je désire vivre…

En beauté !

Amitiés,
Labrisse.

Ps : j’ai adoré votre frisson d’or pur d’un soleil illumine. Même si j’en trouverais quelque source… mais… encore merci à vous.

   Pimpette   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette aurore est pleine de charme, et, à voix haute, chaque vers tombe avec la sonorité exacte requise!

J'admire sans restriction aucune ce travail sur la langue qui caractérise toujours votre travail...

"Le pain rond, sur la table, attend le pot de miel"
J'aime!

Je reviens pour dire:
J'aurais écrit...le pain rond, sur la table, attend son pot de miel'
Pimp'

   Anonyme   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour chère Mona. Une aurore sans fausse note tant pour la forme que pour le fond, de la bel ouvrage avec quelques jolies trouvailles comme la mise en scène de Cosette que je n'attendais pas si tôt levée. Un seul bémol, le vers qui suit :
Somnolent le renard déroule sa pelisse.
A la première lecture on a tendance à voir dans somnolent un verbe conjugué plutôt qu'un adjectif. L'inversion telle... "le renard somnolent" éviterait sans doute ce léger écueil à moins qu'une virgule après somnolent fasse tout simplement l'affaire. Un simple détail de vieux pinailleur !
J'ai tout de même une préférence pour les tercets que je trouve vraiment magifiques... Que dire de plus si ce n'est que c'est un très bon sonnet bâti d'une très belle plume. Bravo et merci pour cet interlude ô combien bucolique.

   KIE   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une idée simple servie par une écriture élégante. Ça paraît si facile et d’une telle évidence !
Tiens ! J’entends le guilleri des ziozios, z’ont sans doute fini de jaffer.
Si c’est parfait, faut mettre « exceptionnel », non ?
Auriez-vous peur des ans ? Mona79 ? Je veux dire du son « an » ?
Vers 6 : « Somnolent le renard déroule sa pelisse
Vers 7 : « Guette le lapereau qui fera son délice ; »
Le sens voudrait soit « déroulant », soit « guettant », me semble-t-il. De plus, l’oreille qui n’a cure du sens, espère au vers 7 un son qui harmonise les deux vers.
« olanleureu » « êtanleula » les sons « anleu » se renverraient l’un à l’autre., ce que ne permet pas «êteuleula » un rien… pas assez.
Puisque attendu à la fois par le sens et par l’oreille, ne fallait-il pas préférer « guettant » à « guette » ?
Mais peut-être ne s’agit-il que d’une erreur de copie.
Un chouïa gêné au vers onze, pas des masses, mais un peu, par « ajeucheu ». Comment ça, je chipote ? Quand je vois une belle mécanique, je ne peux m’empêcher de la décortiquer. Un côté faussaire, sans doute, en vue de la reproduire en série à moindre coût.
Le jeu des coupes sur le premier tercet est une pure merveille. Qu’il est bien amené, « Le pain rond, sur la table… » !

   pieralun   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très léger, et je rejoins socque, la contrainte de la prosodie est oubliée dans ce sonnet.
Je découvre "appas" sans le "t", j'apprécie "oiseaux querelleurs".
J'ai un problème avec "somnolent", c'est "somnolant" non? C'est bien le renard qui est somnolant...
Magnifique premier tercet...rien à dire.
Un dernier tercet plus riche en couleurs, plus exalté: j'aime moins, mais il faut tout de même annoncer l'arrivée du roi soleil.
Un très beau sonnet dans l'ensemble où les images respirent.
J'ai pensé à un passage de "La fête chez Thérèse " de Hugo
Sacrée référence Mona

   brabant   
9/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Mona,


"Le pain rond, sur la table, attend le pot de miel." Est-ce ce vers qui m'a fait souvenir de Verlaine ?
"Le bon coin où se coupe et se trempe la soupe !" ("La Belle au bois dormait").
Je retrouve dans cette miniature toute la quiétude qu'il y a dans le poème du maître.
Il y évoque Cendrillon, Peau d'Ane, Riquet à la houppe, l'Oiseau couleur-du-temps ; tu évoques l'oiseau, le renard, le lapereau, l'abeille et Cosette sans oublier le méchant chasseur.
Verlaine comme toi évoque une nature enchantée : les fleurs des champs (qui ne sont pas les fleurs des gens), les blés encore verts, les seigles, l'hirondelle, un tas de voix d'oiseaux.

Je me suis laissé prendre à ton ravissant sonnet et bercer.

Magie du verbe quand il ouvre les chemins du rêve !


Merci Mona !

   Mona79   
9/12/2012

   wancyrs   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Mona !

L'aurore est un instant magique, et ici vous le capturez bien ! On dirait tant de choses devant la magnificence de cet instant de la journée, mais tisser un tableau pour le présenter, c'est là tout l'art de le décrire : vous le réussissez si bien !

Des oiseaux querelleurs picorent un repas,
Somnolent le renard déroule sa pelisse,
Guette le lapereau qui fera son délice ;
Le chasseur va venir : ils ne le savent pas…

J'aime !

   Arielle   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le charme de cette aube tient essentiellement dans la fluidité avec laquelle se développent ses images, rien n'accroche, rien ne semble placé là de manière artificielle pour la rime ou pour la métrique.
Le choix du vocabulaire (j'ai lu qu'il s'adresse à un enfant)est d'une grande simplicité ce qui, pour moi, est la véritable élégance.
Tout vit, tout s'anime dans ce tableau. Entre le conte et la fable, la part d'enfance qui reste en nous y trouve ses repères.
Merci Vincent puisque c'est grâce à toi que nous nous régalons de ce miel !

   Ioledane   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un excellent sonnet que je découvre avec ravissement.

Une aurore parée de superbes couleurs, foisonnant de vie : la peinture en est très réussie. Les tournures sont fluides et gracieuses ; l'apparition de Cosette est un joli clin d'oeil inattendu.

Je relève juste un léger heurt de lecture à "Somnolent", qui tombe d'abord comme un verbe au pluriel succédant à "picorent" avec le sujet "oiseaux querelleurs" ; il faut relire après l'apparition du renard pour comprendre et apprécier ce passage.

J'avais buté aussi sur "le soleil s'illumine" car pour moi le soleil est lumière et c'est plutôt le ciel qui s'illumine, mais à la réflexion le soleil pouvait être voilé par le nuage "nuancé d'améthyste" et c'est seulement maintenant qu'il peut laisser éclater toute sa lumière.

Une très belle réalisation, bravo !

   Lariviere   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Mona,

Je suis bien loin, et de loin, d'avoir l'érudition de certains commentateurs, mais je tenais juste à vous dire que j'avais apprécié ce texte pourtant écrit dans une catégorie classique qui ne me satisfait (au niveau plaisir personnel) que très rarement...

Je trouve ce poème, qui n'est pas votre meilleur (il faut que je retrouve celui qui m'a plu le plus plu le plus bref ; il faut que je le retrouve...), très bien écrit, les images sont très belles et ne s'amenuisent pas dans les contraintes métriques, ce qui est, il me semble, quasiment exceptionnel...

A ce propos, j'aime beaucoup la première strophe et la dernière est très réussi aussi. La note globale ne reflète pas uniquement mon évaluation concernant la dextérité de la versification (je viens juste de me rendre compte que c'est un sonnet !...) qui m'oblige à vous applaudir sincèrement, mais plutôt un ressenti d'ensemble sur un thème assez usité, et déjà porteur en lui même d'une grande valeur poétique... En réalité, la nature dans sa splendide neutralité, a exagérément mâché le travail du poète...

Merci pour ce bon moment de lecture et encore toutes mes félicitations pour le travail accompli et très bien abouti !

   Anonyme   
11/12/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
J'apprécie d'habitude vos poésies Mona79, toujours pleines de grâce et de beauté, et reste admiratif devant votre maitrise de la prosodie classique. J'ai depuis longtemps abandonné tout espoir de parvenir à un tel niveau de versification.

Ici je n'accroche pas tant le propos est d'un académisme rébarbatif sans qu'on ne puisse deviner la moindre once de votre personnalité. J'ai l'impression d'avoir sous les yeux un exercice de style, un devoir scolaire, certes impeccable dans son formalisme mais désespérement vide, sans âme, comme si vous aviez perdu en route votre originalité au service des exigences du classicisme.

   Fanch   
11/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bien sûr, c'est parfaitement léché et dans le respect d'un classique que, à mon grand regret, je ne suis pas prêt d'atteindre (ponctuation, etc.)

Bien sûr c'est simple et évident et la poésie doit l'être mais j'avoue que le sujet et la façon dont il est traité sur le fond ne me parle pas.

j'aime cependant cette phrase "nuancé d'améthyste, un nuage chemine, la nacre et l'émeraude on festonné le ciel"

   Mona79   
11/12/2012

   leni   
12/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'avais lu votre sonnet sans le commenter C'est un diaporama d'images qui se succèdent Le chasseur va venir:ils ne le savent pas
Et oui voilà une belle leçon de vie!Et le pain rond qui attend le miel Et la nacre et l'émeraude ont festonné le ciel Superbe!Et sous votre plume tout cela semble facile Admiratif Leni

   Anonyme   
1/1/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Je trouve ce poème tout à fait excellent. J'apprécie particulièrement les rimes.
Cependant, je m'attendais à une gradation, une progression tout le long du poème et non pas seulement dans le premier quatrain.
Avis personnel, d'ailleurs ce poème en l'ensemble est vraiment bon.

   Laroche   
23/2/2013
Bonjour. Un grief, minuscule, à cette évocation qui en effet, mêle Les travaux et les jours à Farrebique: au vers 2 du deuxième quatrain, j'aurais mis une virgule après "somnolent", pour deux raisons complémentaires; d'abord parce que la pause après l'adjectif me semble indispensable à une bonne lecture, ensuite parce que la virgule empêche absolument que l'on se demande si c'est l'adjectif ou le verbe somnoler au présent de l'indicatif, troisième personne du pluriel.
Cordialement.
Marc Laroche

   TheDreamer   
13/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli petit sonnet où se dévoile en chaque vers un pan du tableau de la Nature.

C'est doux, tendre et gentiment cruel dans le dévoilement du renard guettant le lapereau sans savoir que lui, le roux chasseur est mêmement chassé...


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