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Poésie libre
Mona79 : Dans l’ombre du soir
 Publié le 23/11/11  -  12 commentaires  -  3291 caractères  -  200 lectures    Autres textes du même auteur

Réflexions oniriques
quand tarde le sommeil...


Dans l’ombre du soir



L'homme grave sa mémoire
sur le caillou brûlé des songes
avant de l'enclore
dans le parchemin du silence.

Stèle muette
où l'incise trébuche
sur la souvenance d'un nom
quand les chiffres s'emmêlent
aux replis des années.

Aux doigts de l'immuable
les saisons s'enroulent.
Spectateurs impavides
nous suivons leurs convulsions
avec la feinte résignation
de notre impuissance.

La terre crache son feu
renverse ses fardeaux
lâche les chiens de ses cyclones
peu avare de cataclysmes
contre les fourmis humaines.
Nos bouches crient
mais nos regards se taisent.
Qu'en est-il de nos douleurs
dans le désert des solitudes ?

Le photophore éteint
enveloppe le mausolée
de son linceul de nuit.
L'œil cogne contre la crainte
de voir se dresser
quelque ombre expiatoire
qui ferait rendre gorge
à notre inconstance
ou qui viendrait trancher
cette racine usée
qui nous retient encore
à nos restants de vie.

Les banderilles des remords
sont les échardes qui ricochent
sur les boucliers de nos illusions.
Des empreintes chimériques
brouillent les pistes ;
dans nos sentiers déserts
les ténèbres profondes
répercutent nos craintes.

Au royaume de la peur
l'exil est sans retour.
Toutes les ombres mortes
s'apprêtent pour un bal
où valsent des fantômes.
Nous sommes de connivence
et allons de concert
vers l'instant immobile
qui va nous réunir.

La vendange s'approche
quand les soleils éteints
ne dorent plus nos fruits
ni les épis de nos moissons.

Tout est dit.
Les territoires en jachère
seront remembrés
avec les parcelles en friches
où s'activent quelques réminiscences
dans le vain labour
des souvenirs enfouis.

La main du temps
tisse l'attente
au fronton de notre âge.

Sur la lumière du seuil
tombe le crépuscule.
Pierre liminale initiatrice
dans la coulée des présages.
Entre terre et eau
nous regardons planer
les oiseaux erratiques
aux appels dissonants.
Comme eux
nous sommes des migrants.

Quand le printemps frissonne
de ses ultimes gels
notre mémoire hiémale
se révulse en silence
à la montée des sèves.
Sur notre finalité
la pluie inconsolée ruisselle.

À l'écoute du silence
- poètes de l'aube -
nous sommes des veilleurs
au guet de notre absence.

Le vent éparpille nos voix
vers un souffle de pollen
qui tente une germination
dans l'embrun d'une source
unie à la glèbe.
Nos chimères s'y lovent
loin de la turbulence
des passés révolus.

Limon du repos
trêve octroyée
à la douceur des mousses
et la fragrance émeraude
des menthes assoupies.

Vertige de l'absence
engluée à l'espoir
des impensables retrouvailles.

Le ciment de la nuit
a scellé nos révoltes.
L'heure exauce nos plaintes
et vient accorder
la patience de l'étoile
à la mélopée de nos songes.


 
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   Lunar-K   
13/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un poème assez difficile et, somme toute, plutôt déprimant... Il y a de fort belles images et, globalement, c'est vraiment bien écrit. Je n'ai en tout cas relevé aucun accroc, ce qui n'est pas rien, surtout pour un texte aussi long.

Mais, le gros problème, selon moi, c'est que ce texte est beaucoup trop plat, le rythme terriblement monotone... et ça non plus, ce n'est pas rien pour un texte aussi long... Ça n'aide en tout cas pas du tout à rentrer dedans. Pourtant, il y a largement moyen, il me semble, de faire varier davantage vos tournures et la disposition de vos vers, d'apporter un peu plus de liberté et de relief. Ça aiderait beaucoup, je pense, le lecteur que je suis à pénétrer les pensées que vous voulez exprimer et, surtout, à en ressentir les affects.

Autre obstacle à la bonne compréhension de cette "complainte nocturne" : son vocabulaire. Certes, c'est très relevé et il y a une véritable maîtrise du lexique. Ce n'est évidemment pas une mauvaise chose en soi. Malheureusement, j'ai l'impression que ce texte cherche plus à jouer sur la corde sensible que sur l'intellect et l'abstraction. Or, j'y décèle davantage un langage froid et abstrait, et non le langage concret et "à fleur de peau" qu'on serait en droit d'attendre face à un tel sujet.

Bref, d'une façon générale j'ai trouvé ce texte beaucoup trop monolithique et froid par rapport aux douleurs psychologiques qu'il se propose de traduire. A ce propos, je trouve que vous en faites peut-être un peu trop aussi. Le tout est bien exprimé, c'est vrai, mais bon... vous passez quand même par toute la gamme des sentiments morbides que l'on ressent généralement lors des nuits sans sommeil... : remord, peur de vieillir, solitude, etc. Ça fait un peu trop condensé, je trouve, malgré la longueur du texte qui permet heureusement d'élaguer un peu le tout.

Il s'en dégage cependant quelque chose de fort intéressant. De ce "condensé", je veux dire. C'est que, en lisant ce textes et les divagations qui s'y succèdent, j'ai vraiment ressenti cet éparpillement de la pensée qui, selon moi, caractérise effectivement les rêveries de l'insomniaque. Tout n'est donc pas à revoir à ce niveau-là non plus.

En conclusion, un texte techniquement irréprochable. Malheureusement, je n'ai pas vraiment été saisi, je n'ai pas été sensible aux craintes et remords exprimés. La faute, je pense, à ce langage trop abstrait, trop détaché, et à ce rythme vraiment trop monotone à mon goût. De même, l'éparpillement des sujets traités ne favorise pas l'immersion, même si cet éparpillement, précisément, renferme une certaine réalité qui, personnellement, me plaît bien (j'espère que vous me pardonnerez cette contradiction...).

Au final, une impression assez mitigée...

   LeopoldPartisan   
14/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien
peut être un peu long du fait que le thème est pour ainsi dire unique "l'ombre du soir".

Il y a de très bonnes idées qui sont servies par des images fortes, comme si dans l'esprit de l'auteur, la clarté du propos allait de père avec une certaine perfection de l'assemblage des mots.

"Limon du repos
trêve octroyée
à la douceur des mousses
et la fragrance émeraude
des menthes assoupies"

Vertige de l'absence
engluée à l'espoir
des impensables retrouvailles.

Le ciment de la nuit
a scellé nos révoltes.
L'heure exauce nos plaintes
et vient accorder
la patience de l'étoile
à la mélopée de nos songes

Par contre il y a des passages très lourd et qui sont un rien trop heroïc fantasy.

Par contre

   Anonyme   
24/11/2011
Mona, délaissant pour un temps le sonnet classique, tu nous proposes ici un poème "libre", long et austère.

Mais si tu t'affranchis de la prosodie, tu conserves cette élégance de plume que chacun te reconnait. Ce qui permet tout de même au lecteur un peu décontenancé de s'accrocher aux branches.

Il y a dans ce texte des passages magnifiques, où l'on retrouve la Mona qu'on aime:

"Au royaume de la peur
l'exil est sans retour.
Toutes les ombres mortes
s'apprêtent pour un bal
où valsent des fantômes.
Nous sommes de connivence
et allons de concert
vers l'instant immobile
qui va nous réunir."

"Entre terre et eau
nous regardons planer
les oiseaux erratiques
aux appels dissonants.
Comme eux
nous sommes des migrants."

Cependant le texte est trop long à mon goût et de ce fait laisse un sentiment de lassitude. Peut-être as-tu voulu transmettre ainsi la morosité des nuits de demi sommeil hantées par tes monstres familiers ?

Franchement Mona, je te préfère en sonnets.

   Anonyme   
23/11/2011
Ah ma très chère Mona, pourquoi ne pas l'avouer ? Je te préfère dans l'alexandrin que dans le libre ! Si je puis me permettre, je trouve ce poème un tantinet trop long... On s'y perd un peu avant d'arriver à la conclusion. Ce n'est pas qu'il n'y ait point de jolis vers, comme pour exemple :
Au royaume de la peur
l'exil est sans retour.
Toutes les ombres mortes
s'apprêtent pour un bal
où valsent des fantômes.
Nous sommes de connivence
et allons de concert
vers l'instant immobile
qui va nous réunir.

Comme je ne suis pas bon juge dans l'exercice que tu nous proposes aujourd'hui, je me garderai bien d'y coller une appréciation !
Amicalement, Alex

   brabant   
23/11/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Mona,



Que d’images dans l’ombre de ce soir quand l’esprit chemine et divague (mais, s’il se permet des chemins de traverse, la main de la narratrice n’est jamais loin qui le ramène dans le droit fil de la réflexion) aux portes de la mort, se retournant sur son vécu (sa condition aussi) qui est fait d’abandons et de disparitions, et allant à la rencontre de son propre anéantissement (anéantissement ou fusion avec l’étoile qui attend patiemment) et de la solitude.

Le fil est là qui comporte autant de nœuds que d’errances mais qui conduit.

Le propre de l’être humain c’est de ne pas vouloir mourir, c’est sa révolte contre un destin qui le chahute, jusqu’à :
« Tout est dit. »

Il n’est qu’un migrant.

Que laissera le poète qui veille alors que la nuit a scellé l’inanité même de sa révolte ?

Peut-être le chant de l’étoile qui patiente là-haut est-il sa mélopée ?



Poème aux multiples tableaux, regrets, peur(s), blessures, dont certains sont des voies ouvertes, plénitude.
Religion de la terre et de l’étoile.
Le soleil n’a plus lieu d’être ici, et l’aube ne vient plus que pour signaler la nuit.

« Ecce homo »


Ah, c’est qu’il ne se traverse pas au pas de course, ce poème !
Dont les strophes sont des pièces où s’arrêter, réfléchir, s’interroger, des stances où se révolter.
Que de bonheurs d’expressions ! Que de formules !
« caillou brûlé des songes/où l’incise trébuche/photophore éteint/banderilles-échardes/les ténèbres… répercutent /… /…/…/la pluie inconsolée ruisselle»
J’ai adoré : « La vendange s’approche… »
Mon passage vraiment, vraiment préféré à moi :
« Entre terre et eau
Nous regardons planer
Les oiseaux erratiques
Aux appels dissonants.
Comme eux
Nous sommes des migrants. » Sublime !
Très, très bon aussi :
« nous sommes des veilleurs
Au guet de notre absence »
Bon, je cesse de relever…

Evidemment, cette abondance de métaphores peut parfois s’emballer, mais je n’ai noté que deux désunissements, à mon humble avis : « les boucliers de nos illusions » et les « réminiscences/vains labours », faciles à rectifier, toujours à mon humble avis, chère Mona. C’est peu, très peu pour un texte de cette importance, si impeccablement travaillé et pesé tout au long.


Quelle maîtrise de la langue, des mots et des tournures ! Tout est là pour DIRE, et tu DIS, Mona !

Le silence ne doit-il se dire que par le silence des mots ?
La douleur ne doit-elle se dire que par l’onomatopée des mots ?
L’absence ne doit-elle se dire que par l’absence de vocabulaire ?
La richesse des tournures syntaxiques et du vocabulaire masque et/ou exacerbe les sentiments. Elle EST pudeur.
Tous ces mots qui font qu’une pensée progresse, qui ont dépassé le cadre du « miam !miam ! » pour dire la faim, du « ouille ! ouille ! » pour dire la douleur, du « … … » pour dire le silence ou l’absence, n’aurait-on pas le droit de les employer ?

Quel effet cela doit-il faire au menuisier qui a fabriqué un meuble Boule de s’entendre dire : « Je préfère Ikéa ! » à la livraison ?

Je te préfère en bois de rose, chère Mona, bien plus qu’en aggloméré.

Bravo à toi !


Ps : ça n’est pas souvent qu’on doit te comparer à un meuble, hein ! eh bien, j’ai réussi !

:D

   wancyrs   
23/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Réflexions oniriques ? Pourquoi n'avoir pas proposé le texte en Réflexions/dissertations ? Je trouve que la mise en libre détruit le peu d'émotion que pouvait créer une ambiance de prose... en plus, le langage très recherché laisse peu de place au laissé aller de l'imagination et en appelle un peu trop à l'intellect ; si on y ajoute la longueur du texte, cela donne un cocktail difficile à digérer...

Je préfère l'alexandrin...

   Charivari   
24/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Mona.

Pour moi il y a du bon, même du très bon, et du moins bon.
Une ambiance angoissante, apocalyptique, qui parvient à toucher. Les images sont surréalistes, mais on les comprend. Certaines sont magnifiques, comme : L'homme grave sa mémoire - sur le caillou brûlé des songes / Aux doigts de l'immuable - les saisons s'enroulent. /La terre crache son feu - renverse ses fardeaux - lâche les chiens de ses cyclones / nos regards se taisent. / les ombres mortes / Le ciment de la nuit - a scellé nos révoltes...

Vous remarquerez que toutes les images que je cite ont un point commun : elles sont dites avec des mots simples. Lorsque vous utilisez des mots "savants" comme "photophore", le texte perd de sa spontanéité, et le ton devient plus intellectualisant, moins émouvant. C'est le plus gros reproche que je ferais à ce texte : trop cérébral, pas assez émotif.

Votre poème fonctionne à base de "sentences" (ou, pour reprendre le jargon des linguistes, d'"asssertions"), et du coup, on perd un peu le ressenti personnel. Le côté positif, c'est que cela donne un ton très froid, très figé qui correspond bien au fond : la description d'un destin immuable et terrifiant ; cependant, il nous manque le côté nerveux, elliptique, émotionnel qui correspondrait aux rêves. En alternant ces deux styles, vous auriez pu gagner du rythme et de l'intensité pour votre texte, hélas il est un peu monocorde, et du coup, il semble longuet. Dommage, mais sans aucun doute, remanié, ce texte pourrait être excellent.

En tout cas, il y a une vraie force, et c'est déjà pas mal.

Réédit : je viens de lire le commentaire de Lnar K, et je me demande pourquoi j'ai rédigé le mien ^^

   melancolique   
25/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Mona,

C poème est trop long, trop condensé aussi, difficile par moments...j'ai aimé certains passages, certaines images sont sublimes, mais elles se perdent dans tout ce vacarme d'images parfois étranges. Peut-être en supprimant certaines parties, et en gardant une seule idée, ce poème deviendrait beaucoup mieux.

J'ai beaucoup aimé:
"Entre terre et eau
nous regardons planer
les oiseaux erratiques
aux appels dissonants.
Comme eux
nous sommes des migrants."

"Le ciment de la nuit
a scellé nos révoltes."

Par contre je n'ai pas aimé:

"La terre crache son feu
renverse ses fardeaux
lâche les chiens de ses cyclones
peu avare de cataclysmes
contre les fourmis humaines."

Au plaisir de vous relire.

   rmfl   
25/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime les trois premières strophes, c'est bien dit et originalement rythmé, toujours un vers de plus...et puis on perd le fil, je trouve et certains mots heurtent, non par leur sens mais par leur consonance.
Mais par contre ces vers sont un délice:
"mais nos regards se taisent.
Qu'en est-il de nos douleurs
dans le désert des solitudes ?"
Quand même à la fin je me suis demandée de quoi exactement cela parlait au juste! de la fin du monde?

   Meleagre   
26/11/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Mona en poésie libre. On ne s'y attendait pas (même si elle avait laissé entrevoir une surprise sur le forum consacré à son dernier poème...). Je ne suis pas vraiment habitué à commenter la poésie libre, comme Mona à l'écrire, mais je vais faire un effort et une exception comme elle.
J'ai lu, j'ai relu, j'ai lu à haute voix. Comme disait Chari, il y a du bon, du très bon. Et des passages qui me laissent perplexe.

A haute voix, ce poème passe assez bien ; je l'imagine avec une voix grave et rauque, presque prophétique. Pour tout dire, je l'imagine avec la voix du narrateur au début de The Tree of Life de Terrence Malik, avec lequel ce texte a certaines similitudes (j'y reviendrai peut-être).
Il n'y a pas de "je" dans ce poème. Juste un "nous". Le poète se fait l'observateur et le porte-parole d'une humanité dont il décrit la condition : ce n'est pas pour rien que le premier mot est "l'homme". Et cet homme se retrouve confronté au temps, aux éléments, à la mort.

Les deux premières strophes ont une force poétique impressionnante.
"L'homme grave sa mémoire / sur le caillou brûlé des songes / avant de l'enclore / dans le parchemin du silence." A première lecture, on pense que ce poème retrace un moment important de l'histoire de l'humanité, à savoir l'invention de l'écriture, ou plutôt le passage de l'écriture sur pierre à l'écriture sur parchemin. L'écriture comme trace de la mémoire, qui donnerait vie à la pierre, alors que le papier la recueille en silence.
Dans la 2e strophe, c'est la stèle qui est muette. "Stèle muette / où l'incise trébuche / sur la souvenance d'un nom / quand les chiffres s'emmêlent / aux replis des années." Cette stèle semble bien être la stèle où un inscrit le nom d'un défunt (la souvenance d'un nom), ainsi que les dates de sa naissance et de sa mort (quand les chiffres s'emmêlent / aux replis des années) sur une pierre tombale. L'incise, ce serait le moment même où on grave ces mots, ce qui permettra de se souvenir de ce nom. Mais la stèle reste muette. On se demande alors si la 1e strophe n'évoquait pas ce même geste : l'homme grave sa mémoire sur une stèle. Quoi qu'il en soit, un thème central du poème est posé : la mort.

Puis vient la réaction des vivants face à la mort. "Aux doigts de l'immuable / les saisons s'enroulent. / Spectateurs impavides / nous suivons leurs convulsions / avec la feinte résignation / de notre impuissance." Devant la marche inexorablement du temps (les saisons s'enroulent), nous savons qu'elles nous entraînent vers la mort (d'où notre impuissance), et nous ne pouvons que nous y résigner, sans y arriver vraiment (la feinte résignation).
La 4e strophe évoque des catastrophes naturelles qui peuvent entraîner la mort des hommes : volcans, tremblements de terre, cyclones. Le combat de la terre contre les hommes, contre les "fourmis humaines" (normal, en se mettant à l'échelle cosmique).

D'autres passages me déroutent un peu plus. Par la suite, je retrouve certaines évocations de la crainte de la mort :
- "la crainte / de voir se dresser / quelque ombre expiatoire (...) / qui viendrait trancher / cette racine usée / qui nous retient encore / à nos restants de vie."
- "Comme eux / nous sommes des migrants."

La mort est irrémédiable : "Au royaume de la peur / l'exil est sans retour." (ce royaume = sur terre, où on a peur de la mort ?).
Mais il y a peut-être aussi dans ce poème une évocation de l'Apocalypse. "Toutes les ombres mortes / s'apprêtent pour un bal / où valsent des fantômes. / Nous sommes de connivence / et allons de concert / vers l'instant immobile / qui va nous réunir. / La vendange s'approche / quand les soleils éteints / ne dorent plus nos fruits / ni les épis de nos moissons." Les soleils éteints, les morts qui sortent de leurs tombeaux, la vendange des âmes, l'instant immobile qui fait penser à l'éternité, la réunion des hommes ; oui, il y a peut-être quelque chose d'apocalyptique ici.
"Tout est dit" : accomplissement lapidaire de la mort, ou de l'apocalypse ?

Face au temps et à la mort, notre vie est un silence et une absence. "À l'écoute du silence / - poètes de l'aube - / nous sommes des veilleurs / au guet de notre absence." Et même si nous essayons de nous révolter, la mort a le dessus : "Le ciment de la nuit / a scellé nos révoltes."

Tous les passages que j'ai cités, je les trouve très beaux, très forts, dotés d'une puissance poétique rare, riches de sens. Le reste me touche moins, pour l'écriture et pour le sens que j'ai du mal à percevoir. Le texte est peut-être un peu trop long. Personnellement, pour laisser résonner le silence et l'absence, je le verrais bien s'achever par ces mots :
"À l'écoute du silence
- poètes de l'aube -
nous sommes des veilleurs
au guet de notre absence."

   leni   
24/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La main du temps Tisse l'attente Au fronton de l'âge Je reçois ces vers comme l'articulation du texte : un feu d'artifice de"la nuit des songes" Ainsi se succèdent des pensées qui ne sont pas articulées entre elles C'est une succession de tableaux qui désorientent un peu
le lecteurIl m'a été nécessaire de maquer des pauses de lectures Et alors tout devient plus clair et riche en images Et la monotonie initialement perçue disparait C'est un texte à apprivoiser pour en découvrir la richesse La main de mon temps a tissé l'attente...Merci Mona Leni

   Lariviere   
27/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Mona,

Et merci à Léni d'avoir remonté ce petit bijoux des profondeurs du catalogue onirien...

Habituellement j'aime beaucoup vos sonnets, et j'avoue que je suis agréablement surpris de vous lire en vers libre. J'ai l'impression que votre écriture, déjà très belle, ainsi libérée des carcans réducteurs de la métrique se dégage pour déployer toute l'étendue de vote imagination et surtout, de votre réflexion...

Car il ne s'agit pas d'aligner des mots ou d'inverser les possibilités sémantiques d'un texte pour faire de la poésie.. Il faut que le mélange des champs lexicaux soient volontaires et rendent compte de l'état d'esprit du poète et de sa thématique. Je trouve ce travail particulièrement accompli et je vous félicite !...

En revanche, quel dommage que ce texte soit aussi long et que le rythme ne soit pas, par moment, coupé dans sa monotonie par quelques fantaisies rythmiques pour relancer la lecture.

Car l'écriture, comme toujours, est fluide et remarquablement maitrisée, mais elle aurait peut être été plus agréable et plus profitable avec quelques changements de rythme ici ou là...

En l'état, et vue la longueur du texte, l'ensemble dégage insidieusement un caractère artificiel qui nuit à la bonne appréciation du poème et c'est vraiment dommage...

Peut ête aussi pourriez vous scinder votre texte en deux et faire avec ce poème, une pierre deux coups ?...

Dans tous les cas, les deux possibilités (et les autres) sont certainement dans vos cordes !

Je vous souhaite une bonne continuation et vous dis ;

Au plaisir de vous lire !


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