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Anonyme
24/7/2011
a aimé ce texte
Bien ↑
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J'aime bien que le rythme de dodécasyllabes et hexasyllabes parlés soit parfois rompu, cela correspond, pour moi, aux premiers signes d'un dérèglement mortel dans la vie de l'aïeule : le cœur qui ne bat plus en rythme, le corps qui lâche...
Sinon, l'évocation me paraît expressive ; des images un peu trop classiques à mon goût (les sarments noueux comme les mains, le visage sépia, l'antique pendule), d'autres plus insolites et fortes (l'émail écaillé qui témoigne de l'argile – je trouve l'usage du verbe "témoigner" pas optimal, mais l'idée est belle –, les objets pieux qui ont perdu leur pouvoir). L'ensemble, pour moi, est plutôt réussi, le propos net. |
Anonyme
25/7/2011
a aimé ce texte
Bien ↑
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Tout y est, sauf, je crois, une odeur, (des herbes séchées? une odeur de patine?), et je pense aussi, en tout cas pour moi, une couleur des yeux ou une traduction de leur éclat. Mais pour le reste, il faut reconnaitre que l'affaire est bien pensée (que l'auteur a bien pris le temps de la visualisation), donc bien dite, même si toute l'évocation des mots va dans le même sens.(séché, noueux, effrite, au-delà, écaillé, antique, affaibli, rouille etc...)
Bon titre et bonne question en ouverture (qui a le mérite d'aller droit au but). |
Arielle
26/7/2011
a aimé ce texte
Bien ↑
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Tableau plein de mélancolie d'une vie qui s'achève dans la solitude. Le rythme d'hexasyllabes presque constant illustre bien la monotonie du propos.
De jolies images ont retenu mon attention par leur justesse : L’ombre mange les murs autant que le salpêtre Quand l'antique pendule ajuste sa comptine à la ronde des heures. Dans l’osier du fauteuil, charrette aux souvenirs, grince un écho affaibli contre l’essieu du temps. (pour ce dernier vers j'aurais plutôt écrit pour une question de rythme :grince, affaibli, l'écho contre l’essieu du temps) Le lit n’a plus de ciel et le rêve s’épuise est un vers magnifique que j'aurais bien vu clore le poème Même si le sujet n'a rien de révolutionnaire il évoque avec sensibilité et respect un moment de la vie qui nous concerne tous d'une manière où d'une autre. |
Marite
2/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Magnifique ce portrait et si évocateur. Les images se succèdent avec des mots jetés sur le papier comme un peintre le ferait avec son pinceau: l'âtre, le coussin, le chat, le vaisselier, le cadre, la pendule, le crucifix accompagnent la solitude, la détresse, l'indifférence.
" ... les serrures sans mémoire ..." " L'ombre ... qui efface les jours ... " ... la charrette aux souvenirs, ... l’essieu du temps." Ces expressions sont très belles et poétiques. Une poésie libre comme je les aime. Merci Mona. |
Charivari
2/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'ai beaucoup aimé. On voit aussitôt le tableau, depuis le premier vers (il y en a peut-êre un petit peu trop : la cheminée, le petit chat, la photo sépia avec son cadre ovale, la pendule, etc... C'est quand même un peu cliché tout ce décor)
J'ai particulièrement apprécié la description de tous les objets qui s'effritent, s'effilochent, se rouillent et s'assèchent, alors que l'aïeule elle-même n'est pas décrite physiquement. Un très bon angle d'attaque. Le vers "l’émail écaillé témoigne de l’argile" est très original. |
Anonyme
2/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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Hello Mona ! Je savais que tu avais plusieurs cordes à ton arc de poétesse et, s'il en était besoin, ces vers libres le prouvent...
On y trouve de très belles images, certes un tantinet surannées mais n'est-ce pas le sujet qui le veut ? J'aime tout particulièrement ce qui suit : Quand l’âtre presque éteint a soufflé sa fumée au visage du soir, elle tisonne encore quelques sarments séchés noueux comme ses mains. Le coussin s’effiloche sous le chat qui s’étire, ronronne et se rendort. Des paroles sans suite, murmurées doucement, Meublent la solitude. -Un petit bémol pour ce vers : grince un écho affaibli contre l’essieu du temps. ... sans trop savoir pourquoi, peut-être le "contre l'essieu". Bref, ne pinaillons pas, tout ceci est fort plaisant, y compris la chute, Le lit n’a plus de ciel et le rêve s’épuise Contre la joue glacée de son indifférence. Bravissimo chère amie ! |
Gerwal
2/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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Déjà absente, l'aïeule... presque morte, ou (pire ?) bientôt dans une "résidence"...
Déjà absente... seuls, quelques objets familiers (lui) rappellent quelques souvenirs... et nous la font découvrir, avec pudeur... Quelques objets futiles, mais choisis et décrits avec une grande économie de moyens... comme si, eux aussi, bientôt... dans quelques temps... à leur tour, ne seront plus rien, brûlés ou (pire) vendus sur quelque brocante d'un dimanche prochain... |
macaron
2/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un portrait mélancolique, juste et touchant. Je ne sais pas grand chose de la poésie pour ce qui se rapporte à l'analyse de ses codes mais j'aime beaucoup la fin de votre poème.
"Un rosaire de bois, un crucifix de plâtre On perdu le pouvoir sur la miséricorde." Je suis tout à fait d'accord avec vous. |
Cyrielle
2/8/2011
a aimé ce texte
Bien ↑
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A première vue, ce poème me semble banal : la description d’une vieille femme et de son décor (celui d’une salle à manger ?) qui constitue son quotidien. Cette poésie possède pourtant son charme, l’auteur ayant su extraire de cette banalité toute l’essence poétique.
Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que la forme respecte le sujet traité : l’écriture se fait aussi humble que le sujet qu’elle dépeint. Cette humilité est présente à travers la description de cette femme dont on ne perçoit la vieillesse qu’au travers des éléments qui l’entourent : « l’âtre [souffle] sa fumée au visage du soir », « le coussin s’effiloche », « le vaisselier s’appuie sur l’éclat des faïences », « l’ombre mange les murs », « l’écho affaibli », etc. Là où la poésie prend, me semble-t-il toute son ampleur, c’est dans la richesse des images. D’une part, elles prennent avec élégance le relais des éléments décrits : ainsi, les paroles ne sont pas que murmurées, elles meublent la solitude ; le salpêtre ne fait pas qu’effriter la pierre, il efface les jours ; le lit n’ayant plus de ciel, le rêve s’épuise… D’autre part, ce subtil mariage du concret et de l’abstrait n’est pas seulement gratuit ; il est mis au service du thème traité puisqu’il permet de suggérer avec beaucoup d’habileté le passage du temps. J’ai apprécié ce poème pour le charme qu’il retient du temps qui passe. Une évocation à la fois juste et toute en retenue. |
wancyrs
2/8/2011
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Bien triste tableau que celui-ci, mais je n'aime pas trop. J'ai d'abord cru à une vieille dame abandonnée, mais le vers :
"Dans l’osier du fauteuil, charrette aux souvenirs, grince un écho affaibli contre l’essieu du temps." m'a fait comprendre que c'était encore une complainte contre l'état de vieillesse. Pourquoi vivre ou survivre ? la vieillesse est-elle la maladie qui nous fait rabâcher les souvenir et rager contre le temps ? Là où je viens, vieillir est noble et tous les chapeaux s’ôtent lorsque passe la chevelure blanche. C'est donc un tableau désuet d'une période qu'on m'a appris à aduler que je vois là, et je n'aime pas... Reste que l'écriture est belle. Désolé, j'ai pas aimé les images, même si le style est bon. Je ne note pas. à une prochaine, Wan |
Meleagre
3/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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Quand Mona se lance dans la poésie libre, cette liberté se nourrit de poésie versifiée. J'aime beaucoup ce rythme, composé essentiellement d'une succession de dodécasyllabes (puisque apparemment on appelle ainsi les faux alexandrins, ne respectant pas les règles des e muets) et d'hexasyllabes. La première strophe est remarquable en la matière : un premier vers de 18 syllabes superbement scandé 6/6/6, un bel alexandrin, et un hexasyllabes. Comme si le rythme s'essoufflait dès le début du poème, ou plutôt comme si, après un envol poétique évoquant de belle manière le moment de l'action, on allait vers l'essentiel, vers un repos induit par l'arrivée du soir.
Dans ce domaine, je trouve que les vers de 14 syllabes ("Sa détresse ricoche aux flancs des portes verrouillées / où des serrures sans mémoire ont bloqué toutes ses clés") cassent trop le rythme, et déparent dans ces vers aux multiples de 6 (surtout que "sa détresse ricoche" ferait un bel hémistiche de 6 syllabes) ; j'aurais bien vu ici, à nouveau, des vers de 18 syllabes. Au niveau de la présentation, je pense qu'il n'était pas nécessaire de mettre certains débuts de vers en retrait ("Dans l'ovale d'un cadre", "ajuste sa comptine..."). Ce qui me marque, à la relecture, c'est l'effacement, l'absence presque de cette aïeule. "Elle" n'est présente qu'au vers 2, où elle accomplit une seule action. Ensuite, elle est évoquée à travers l'expression "des paroles sans suite" et "la solitude" (sans possessif, comme si on ne savait pas qui parle, qui est seule), les possessifs "sa détresse" et peut-être "son indifférence" (mais j'ai du mal à comprendre ce dernier vers). Donc cette aïeule parle peut-être, mais toute seule et sans but, elle agit à peine. Et elle s'efface derrière son environnement, le décor de sa maison, qui prend toute la place, au premier plan. Ils dénotent admirablement les éléments d'une vie rustique, surannée et simple, avec un mobilier digne des maisons de nos aïeux (vaisselier, faïences, fauteuil grinçant, crucifix...). Cet environnement semble vivre de façon autonome. Vivre, ou survivre (pour reprendre la présentation), perdre petit à petit ce qui leur reste de vie, et sombrer peu à peu dans le silence. Ainsi, "le coussin s'effiloche", l'émail des faïences est écaillé, "l'ombre mange les murs", le salpêtre "effrite la pierre" et "efface les jours", l'écho du fauteuil est "affaibli", le rosaire et le crucifix "ont perdu tout pouvoir sur la miséricorde". Et, pour comble, "Le lit n’a plus de ciel et le rêve s’épuise". Bien sûr, cette expression évoque le ciel de lit, le baldaquin disparu de nos literies modernes. Mais, en guise de conclusion de ce poème où tout s'effiloche, et avec l'écho de "le rêve s'épuise", on peut croire aussi que le personnage lui-même a perdu son ciel, a perdu toute lumière et tout espoir. Par contre, le dernier vers ("Contre la joue glacée de son indifférence") me reste énigmatique. Faut-il prendre la "joue" au sens propre, comme la joue de l'aïeule endormie ? Qui est le possesseur de "son indifférence" : l'aïeule, le rêve ? Si la joue est glacée, est-ce parce que l'aïeule est morte ? Bravo Mona, et merci pour ce beau poème. |
Orange
4/8/2011
a aimé ce texte
Bien ↑
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un chapelet d'images très fortes, l'usure, le désespoir du temps qui passe, la mémoire jaunie, l'indifférence et plus qu'un semblant de vie.
Une belle cohérence dans ce tableau peint avec beaucoup de tendresse, de délicatesse. Une profondeur de style qui ne nous laisse pas indifférent. |
Menvussa
3/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour,
Très beau poème, tendre et nostalgique. Manque d'espoir, peut-être, mais la vie est ainsi faite. J'ai vraiment aimé ces deux derniers vers qui résument si bien tout ce qui se dit avant. "Le lit n’a plus de ciel et le rêve s’épuise Contre la joue glacée de son indifférence." |
Anonyme
7/8/2011
a aimé ce texte
Bien
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Mona79 réussit aussi dans le vers libre. L'ensemble est très beau, très doux et très poignant. J'y ai trouvé de superbes images et cette atmosphère particulière des très vieilles maisons habitées par de très vieilles personnes.
Cependant, n'y a-t-il pas un piège, en quelque sorte, dans cette approche du vers libre qui, bien souvent, redevient de l'alexandrin, de l'hexasyllabique ou autre forme appartenant au... classique ou, à tout le moins, au néo-classique ? N'est-il pas possible de s'affranchir totalement de ces contraintes, puisque l'on est en "vers libres" ? |
Pascal31
7/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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On a plus l'habitude de voir Mona79 dans le registre "classique", et ce poème dit "libre" est encore, je trouve, pas mal enchaîné à des règles rigoureuses... Mais je ne boude pas mon plaisir !
Ce portrait d'aïeule est très réussi. Passons rapidement sur la présentation, les vers décalés ne présentant pas un grand intérêt (ou alors je n'ai pas su le voir). Ce qui est étonnant, ici, c'est d'avoir su créer en peu de mots un décor, une ambiance qui prennent même le pas sur le personnage principal, comme si cette aïeule "s'effaçait" dans l'univers qui l'entoure... Certains vers sont superbes, avec une mention spéciale pour cette "ombre (qui) mange les murs autant que le salpêtre". Bref, vous avez su, une nouvelle fois, m'embarquer dans l'une de vos peintures poétiques... |
melancolique
23/8/2011
a aimé ce texte
Beaucoup
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Salut Mona,
Ce poème est tellement beau. Un point de vue orignal qui fait une description de l'aïeule sans se pencher directement sur elle, on voit les objets autours d'elle, "l’âtre presque éteint ", "Le coussin ", "l'ovale d'un cadre", "l'antique pendule"...et elle semble tout simplement trouver sa place , tout au sein de ce décor... Mes parties préférées: "Dans l'ovale d'un cadre, Un visage sépia contemple l’au-delà." "des portes verrouillées où des serrures sans mémoire ont bloqué toutes ses clés." "Un rosaire de bois, un crucifix de plâtre, Ont perdu tout pouvoir sur la miséricorde." Au plaisir de te relire. |
Anonyme
1/9/2011
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je trouve ce texte d'une grande beauté qui traduit bien la solitude de la vieillesse et les objets dont le silence évoque l'envol du temps.
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fugace
13/11/2012
a aimé ce texte
Beaucoup
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Magnifique album photo de la vieillesse, la solitude, le silence, seuls "l'antique pendule ajuste sa comptine à la ronde des heures",et "dans l'osier du fauteuil grince un écho affaibli".
C'est pudique, sans grandiloquence, juste. C'est beau. Merci Mona. |
Pouet
27/12/2022
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Slt,
l'effritement. C'est l'effritement qui me parvient en écho à la lecture de ces mots. Nous sommes des effrités, la vieillesse en marqueur de l'âme plus que de l'âge. Ici, comme une femme de mur. Il ne reste que bien peu de choses... en avions-nous avant? La solitude a ses rites, son odeur ; l'approche de la fin ses costumes célestes. Demeure le quotidien et son épuisement, son épaisse tristesse. La folie se refait une beauté. La vie se raccroche à l'instant, à une vision, un focus, un balancement entre deux états. De l'objet familier n'entrevoir que la poussière. Reste alors l'inconscience, là où s'entreposent les souvenirs éteints. Et ce présent diaphane. Cet espace de vide, ce pré carré béni où tout se fane. Sans yeux. |