Irrésistibles lueurs matinales,
Où frétillent quelques silhouettes.
Dans cette orée hivernale,
Le vent glace ses girouettes.
Les carreaux tristes pleurent sous l’effort.
En ce mince réconfort.
Les herbes se courbent sous le poids,
De cette fraîcheur de nuits sans toit.
Autour d’un village isolé,
Dort encor le vert tapis,
Aux mille perles éclaboussées,
Déposées en une nuit.
Le brouillard au voile diffus
Déchiré par la pierre,
Se glisse dans chaque rue,
Recouvrant les rêves de mystère.

Mais en ces lueurs matinales,
L’horizon pointe déjà l’espoir.
Et dans l’artère principale
Quelques mouvements sortent du noir.
L’indolence de la scène perturbée
Par le chant d’un coq zélé,
Accroché à son cantique,
Dominant son tas de briques
Dans un jardin où les clôtures
Se fondent dans la nature.

Soudain la cloche réveille.
Tinte dans les sommeils.
Sachant prendre au dépourvu ;
En habitués les inconnus.
Puis les foyers s’illuminent,
Dans un concert de chiens en ruines.
Exhortés par les sifflets célestes,
Discourant sans aucun geste
Sur les branches dénudées,
De bois anémiés.
Le voile maintenant se retire.
Avec les merveilles invisibles
Qui s’excusent aux premiers soupirs
D’une aube aux assauts pénibles.
Attendrissante de fragilité,
Elle se voit comme l’éphémère.
À chaque instant transformée.
Écrasant son adversaire,
Elle s’étend, se déploie
Pour enfin faire sa loi.

La fraîcheur commence à prendre couleur.
Mais dans les cœurs déjà le labeur
Se dessine au fond des bols
Une volonté que l’on prospecte
Dans ces vapeurs qui nous affectent.
Ces premières heures avant l’école
Où l’alchimie de cet instant,
Permet juste quelques regrets :
Sur la douceur de nids douillets,
Du foyer, de nos parents…

Dans la rue déambulent
Des paysans aux dos courbés.
Des artisans aux voix rayées
Vers un destin circulent
Sans pour autant hésiter
Sur la route à emprunter.
Cette petite foule se bouscule,
Même si certains reculent,

La cordialité se peint sur les murs,
Jusque sur le visage des plus durs.
Mais la liberté se glisse
Dans le cœur des enfants,
Sur le chemin, chantant,
D’affreux vers complices.
Et de petits rires aigus
Traversent le brouillard diffus,
Où la cloche de l’école, telle un phare,
Guide ses joyeux en retard.
Dans la moiteur d’un rendez-vous,
Les bouquets de rire en garde-fou
Pourvoient innocemment l’euphorie,
Sur ce sentier de l’infini.

S’ouvrent les corolles,
Sous le soleil.
Puis tout s’envole
Quand tout s’éveille.