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Robot
21/7/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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J'ai aimé la manière dont cette passion se déclare.
"Des voiles opalins qu’un souffle lucifère" Un néologisme expressif ce verbe luciférer Moins séduit par "Voilà mon univers, qu’il devienne le tien." plus commun mais on ne peut pas toujours être sur les sommets de l'inventivité pour les images. "Et les cernes bleutés des iris effeuillés" belle observation. Un texte qui emporte. Et oralement, il autorise toute la gamme des modulations: Susurrement, chuchotement, envolée, supplique, un texte à dire autant qu'à lire. |
Lulu
23/7/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un poème en alexandrins qui a le mérite d'être clair, ce que j'apprécie fortement.
J'aime particulièrement les derniers vers : "Il faudra que je vole, au mépris des reproches, Quelques baisers de plus à ta bouche-velours Et les fasse glisser tout au fond de ma poche, Comme un gage d’amour, pour que j’y croie toujours." C'est en effet une bien belle image que de rendre concrets ces baisers. Indépendamment de cela, le poème est beau dans son ensemble. Bravo de l'avoir écrit d'une façon aussi fluide. |
Anonyme
25/7/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Et des images qui font rêver, coup de cœur pour: "Et les cernes bleutés des iris effeuillés" et aussi: "Pare furtivement d’ondoiements argentins" Sur la forme je trouve les ponctuations assez aléatoires, je trouve que leur placement, qui me semble hasardeux, fait défaut au rythme, à la mélodie et au ton. Je trouve que ces ponctuations offrent un côté froid à votre poème ce qui n'est pas idéal pour un poème d'amour. Je ne comprends pas ce point d'exclamation sur ce passage: "J'ai tant rêvé de toi, mes nuits d’horizons noirs !" Ce point-là est sensé transmettre un étonnement, un cri, une colère, une grande joie. Mais là je ne ressens aucune de ses émotions qui justifie ce point d'exclamation. "mes nuits d'horizons noirs" me fait plutôt penser à un souffle ou un murmure, donc pour la simplicité des sentiments un simple point suffit. Dans ce cas je pense que vous devrez supprimer toutes les ponctuations pour garder la qualité des émotions. Heureusement que vos sublimes images m'offrent de jolies vibrations et savent me transmettre cette passion. |
margueritec
27/7/2014
a aimé ce texte
Bien ↓
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Poème qui traite d'un sujet déjà rabattu aux images parfois convenues. Mais, revisitées elles prennent une force nouvelle et me bercent particulièrement dans les deux premières strophes :
" étoiles bruissant dans les yeux" "regard de lumière qui se trouble d 'un rien" "Le souvenir lascif des soupirs éployés." "Et de traines mouillées au seuil des fondrières ;" Le rythme fluide et régulier résonne mélodieusement à mes oreilles de cette mélancolie dont se teinte le poème dans son final (sans espoir, tu es loin de moi, que je vole quelques baisers) alors que le début évoque un amour partage possible (apprends-moi les étoiles, moi je te donnerai mon regard de lumière). |
Anonyme
11/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Alors là Myndie, attention. Si tu viens chasser sur les terres du romantisme, tu vas trouver en face de toi un grand sentimental.
Ce qui me plaît dans les histoires d’amour, c’est qu’on apprend toujours de l’autre : « Apprends-moi les étoiles bruissant dans les yeux »… Déjà, je suis là, les cils papillonnant d’une intense clarté… C’est un texte de femme (un homme serait déjà au lit à la deuxième strophe), et pourtant rien ne permet d’en être sûr. Bravo pour le doute, tu prolonges celui d’Aragon. Merci pour lui de ne pas être descendu de l’universel vers l’identitaire féminin. Il existe forcément un pays, là-bas au bout du monde, où une femme a reçu cette lettre de son amant. Je respire ton poème comme pris dans une tornade amoureuse. Les sentiments s’entrechoquent, emportés dans cette ronde infernale. On y trouve des objets familiers (Les étoiles dans les yeux – des voiles opalins – on n’était déjà qu’un – j’ai tant rêvé de toi – je me perde avec toi – quand tu es loin de moi – ta bouche velours - ), mais il faut ça pour avoir les pieds bien calés, pour mieux sentir souffler les autres. On verra les dégâts après son passage. Ma femme me reproche de ne plus lui dire des mots doux. Si tu permets, je vais lamentablement te plagier, et lui glisser tes vers sous l’oreiller. J’ai peur de finir en charpie. Je ne te remercie pas, Myndie. Ludi Le corps en capilotade |
Anonyme
11/8/2014
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Bonjour Myndie
Quand on cite un des plus beaux poèmes d'Aragon, faut assurer Je n'irai pas jusqu'à dire que vous jouez dans la même cour, mais sur un thème aussi fréquenté , vous sortez élégamment votre épingle du jeu. Ici amour ne rime pas avec topinambour, mais lumières avec lucifère, très chouette néologisme à l'étymologie... lumineuse. J'aime bien aussi "... le soir qui s’effiloche, ... au mépris des reproches ... tout au fond de ma poche" et plein d'autres vers que n'auraient pas reniés Jean Ferrat Merci Myndie et bravo |
Uranie76
11/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Même quand je ne vibre pour ce genre, que si ultime créativité pour me rapter loin des images sur-battues, je me suis laissée prendre par les premiers mots, parce qu'au fond, je me sais apprendre souvent auprès de ceux qui se pensent/disent réceptacles quand ils sont en réalité sources.
Tout n'est que sensualité exacerbée depuis la noir des horizons de ses nuits sans cette passion, jusqu'à l'avènement des couleurs à travers le prisme du sentiment amoureux, de sa présence à lui, du matin après la nuit . Les couleurs se déclinent dans des tonalités gorgées de lumières, translucides, opalines, argentines, ombrées, irisées comme le bleu des pétales d'iris effeuillées. Nous sommes captifs de ce déploiement comme si nous assistions à la plus subtile des roues. Captifs d'un mouvement, lascif, nous ne sommes plus passifs, mais nous subissons des éclaboussures de charme. J'y lis d'autant plus une trace de cette approche du plaisir judéo-chrétienne qui teinte le plaisir de culpabilité : "lucifère..le Malin..les fondrières..et cette perdition à la fois crainte mais souhaitée" ce monde qui s'oppose à celui de la lumière, des couleurs que l'amour lui a ouvert. Elle lui offre son univers à elle, et embrasse le sien. Les baisers viennent sceller de manière tangible cette offrande. Comme si finalement dans "(Ap)prends-moi" il y'a un 'prends-moi' * qui sourde quelque-part. *Au delà du sens charnel. |
Anonyme
11/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour myndie... Très belle déclaration d'amour jalonnée de superbes métaphores servies par un vocabulaire choisi...
J'ai de plus découvert "décours", assez peu courant il est vrai. La chute est de toute beauté... Il faudra que je vole, au mépris des reproches, Quelques baisers de plus à ta bouche-velours Et les fasse glisser tout au fond de ma poche, Comme un gage d’amour, pour que j’y croie toujours. Un très joli poème, merci ! |
widjet
11/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Oui, Messieurs Mesdames, on peut écrire de la romance qui ne soit pas neuneu ! Mais Dieu que c’est très difficile car les pièges de la mièvrerie et des facilités sont nombreux !
Il faut beaucoup de délicatesse, de doigté, et un sens aigu de l’harmonie. A quelques vers plus convenus ("J’ai tant rêvé de toi", "je me perde avec toi", "on n’était déjà qu’un"...) encore qu’ils ne portent jamais préjudice à l’ensemble tant ils se marient bien avec le reste. Je pioche deux très beaux vers presque au hasard : « Il faudra que je vole, au mépris des reproches, Quelques baisers de plus à ta bouche-velours » Myndie relève avec brio ce tour de force et, une fois encore, j’apprécie comme il se doit ce beau challenge relevé ; ce n’est pas une mince performance tant la fenêtre de tir est très mince. Beau jeu d’équilibriste raffiné. Je dis bravo. W. |
Louis
11/8/2014
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« Apprends-moi les étoiles bruissant dans les yeux »
Le poème commence par une supplique, qui est le titre même du poème : « apprends-moi ». Tout le texte porte donc la marque de cette demande. Apprends-moi : la locutrice se place dans une situation d'ignorance, il me faut apprendre, il y a des choses que je ne connais pas, je désire les apprendre auprès de toi. L'allocutaire, lui, est placé dans une situation de connaissance. Lui sait, lui peut apprendre, lui peut transmettre un savoir, une connaissance. Quel savoir la locutrice demande-t-elle ? Pas un savoir théorique, bien sûr. Pas une science. Apprends-moi les étoiles... ce qui brille en éclat, ce qui empêche la nuit noire, les étoiles « dans les yeux » plus que celles dans les cieux. Apprends-moi les étoiles bruissantes. Pas celles silencieuses et muettes, et peut-être ne sont-elles jamais, les étoiles, silencieuses et muettes. Il faut savoir les écouter, comme le savait Rimbaud : "Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou » ( Ma bohème ). Ici elles semblent bruissantes de mots, de signes, parlantes de mille nuances de lumières au cœur amoureux. Apprendre encore « les cernes bleutés des iris effeuillés », lumières et couleurs, des fleurs et d'un regard. Apprendre surtout d'un regard : « les ailes d'un regard encore émerveillé ». Apprendre, c'est prendre avec soi, c'est demander la possibilité de ce regard en soi, émerveillé, étoilé, marqué des traces colorées du plaisir et de l'envol ; apprendre, c'est faire co-naître, c'est naître avec lui, à partir de lui, à ce regard d'émerveillement ; c'est demander que l'allocutaire, peut-être réel, plus probablement imaginaire et idéalisé, soit cause et origine d'un tel regard. Un regard et une écoute : écoute des étoiles, écoute du silence qui n'est pas toujours muet, qui, lui aussi, peut être signe lisible, compréhensible, silence « qui sème à tous les cieux le soupir lascif des souvenirs éployés » Écoute, regard qui portent la trace des plaisirs sensuels. C'est un échange qui est souhaité. Un don mutuel de regards : « Moi je te donnerai mon regard de lumière » Un don mutuel de lumière. C'est un regard sensible qui est à donner, toute une vision sensible du monde : « qui se trouble d'un rien », avec cette sensibilité particulière à la lumière aux effets de lumière, comme l'étaient les impressionnistes. Le lumineux n'est pas rattaché à l'angélique, au spitituel pur, mais à l'être porteur de lumière, lucifer, mais à la sensualité, mais aux plaisirs du corps autant qu'à ceux de l'âme. Un don mutuel d'univers : « Voilà mon univers, qu'il devienne le tien » ; un don qui doit permettre, selon une constante de l'amour-passion, une union, une fusion entre les amants. Deux univers à fondre ensemble ; deux mondes à joindre, à conjoindre, à réunir dans une unité qui met fin à la séparation par laquelle chacun est un être, non pas isolé, mais solitaire ; une extinction dans une fusion de lumière de la solitude et du manque. Une union comme une ré-union : « Avant de se connaître, on n'était déjà qu'un » L'union est première, la séparation seconde. De nouveau, se revit dans l'imaginaire de la passion, le mythe des androgynes, tel que le raconte le poète Aristophane dans le Banquet de Platon. Deux moitiés se cherchent d'une unité première perdue. Cette union se manifestait déjà dans les rêves : « J'ai tant rêvé de toi, mes nuits d'horizons noirs ». L'absence , la séparation sont associées aux ténèbres ( « horizons noirs »), alors que l'union est associée à la lumière. L'amant est ce monde idéal, imaginaire, complément de son monde, étoile, astre diffuseur de lumière, objet de son désir. Le mot « désir » a une étymologie latine poétique intéressante et significative : la recherche d'un astre perdu. Désirer, c'est être en quête d'une étoile, d'un univers manquant. Se confirme que « se connaître », on le voit, c'est s'apprendre l'un l'autre, c'est se prendre ensemble, c'est naître ensemble dans une unité sans séparation, sans solitude. Le poème se poursuit par une déclaration enfiévrée : « Mon âme, sans remords, je la laisse au Malin » Son âme, on la laisserait bien au diable, son âme individuelle, son âme séparée de l'être aimé. Une déclaration faustienne : Faust vendait son âme au diable pour acquérir en échange toute « connaisance », mais ici, il s'agit de co-naissance. « Pourvu que je me perde avec toi ». Se perdre, c'est renoncer au soi individuel dans l'autre ; c'est se laisser « ravir » par lui ; c'est se laisser absorber par lui, c'est s'abîmer en lui, Tristan s'écriait : « Dans ton âme sublime, immense, immensité, je me plonge et m'abîme, sans conscience, ô volupté ! » Cette perte n'est pas sans connotation morale. « Se perdre » dans la volupté, c'est ce que condamne la morale chrétienne qui a diabolisé le corps et ses plaisirs. Un désir de transgression de cette morale, mais aussi une concession à sa croyance. Une très belle dernière strophe, où l'on retrouve la sensualité, « ta bouche-velours », les sonorités en « ou », « velours ; amour ; toujours » de la douceur, avec le petit raclement final en « r » de la transgression. Où l'on retrouve l'idée que tout cela n'est peut-être qu'un rêve d'amour idéal, une aspiration à un tel amour, il y faut, ce qui l'atteste, des « baisers » que l'on porte partout avec soi, « tout au fond de ma poche », des baisers pour « que j'y croie toujours », à cet amour passionnel, à cet amour fusion. Un beau poème, Myndie, qui retrouve les thèmes classiques de l'amour-passion, mais dans un langage renouvelé, et de très beaux vers. |
Myndie
13/8/2014
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Michel64
13/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Myndie
"Il faudra que je vole, au mépris des reproches, Quelques baisers de plus à ta bouche-velours Et les fasse glisser tout au fond de ma poche, Comme un gage d’amour, pour que j’y croie toujours." J'ai adoré ces 4 vers et beaucoup aimé l'ensemble de ce poème. Comme quoi, les poèmes d'amour qui doivent exister depuis les débuts de l'écriture paraîssent toujours neufs lorsqu'ils rencontrent de belles plumes comme la vôtre. "...qu'un souffle lucifère" m'a un peu gêné toutefois, et je rejoins Diva-Luna pour les ponctuations (à ôter pour plus de liberté au lecteur). |
Francis
13/8/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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J'ai particulièrement aimé les quatre derniers vers ! Un poème qui offre une flamme fragile et belle dans un monde aux horizons noirs ! De ces vers, jailliront toujours des lectures émerveillées.
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Lotier
31/8/2014
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Bonjour myndie
Ce qui m'émeut dans cette poésie, c'est la fragilité, l'entre-deux, l'équilibre instable des sentiments, la recherche désespérée des instants fusionnels. Le temps des verbes (présent, futur, passé puis présent et futur) y contribue. Il me semble qu'on peut aussi percevoir d'autres dimensions, d'autres trames : ● Le savoir, la sagesse, la connaissance se manifestent : « Apprends-moi » « lucifère » la lumière en tant que connaissance « Avant de se connaître » « ma sagesse » « sur le fil du rasoir » : lien possible avec le rasoir d'Ockham, la recherche de simplicité de clarté dans la relation ● L'échange « donnant/donnant » : « Apprends-moi [...] Moi je te donnerai» « Mon âme, sans remords, je la laisse au Malin [...] pourvu que demain je me perde avec toi » « Quelques baisers [...] comme un gage d'amour » ● L'amour possessif et/ou fusionnel : « Voilà mon univers, qu'il devienne le tien » « On était déjà qu'un » « Je me perde avec toi » « Il faudra que je vole [...] quelques baisers [...] Et les fasse glisser tout au fond de ma poche » Toutes ces dimensions renforcent le sentiment d'une angoisse qui cherche à se rassurer sur bien des plans. Une angoisse très proche du désespoir. La poésie est déclinée de telle manière qu'on ne puisse pas l'attribuer à un homme ou à une femme (désolé, Ludi...). Cela donne encore davantage de subtilité aux sentiments qu'elle suscite, à cette exploration des lisières. Je terminerai en notant combien les vers sont ciselés, par la forme mais aussi par les images qui s'enchaînent, virevoltantes, sous le vent des sentiments. Merci myndie et à bientôt Lotier |