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Anonyme
2/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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J'ai du mal à me représenter mentalement un paysage abritant à la fois des oliviers et des sapins dans les frimas, ou le crachin sur des rochers trop cuits. Je ne dis pas que cela n'existe pas, surtout dans une région montagneuse, mais que le fait de découvrir ces éléments simplement juxtaposés, sans une liaison conceptuelle qui les introduirait dans une progression, est trop déroutant pour moi. (Oui, cela représente une insuffisance de ma part, mais telle est ma réaction.)
Du coup je reste posée sur mon canapé, je n'arrive pas à me promener sous le crachin qui doit embrumer les amandiers et, n'étant pas projetée dans le décor, je ne suis guère touchée par l'évocation finale de l'absence de l'Autre, même si je me rends bien compte intellectuellement du caractère abouti (un peu facile dans ses images toutefois), de la beauté, de la dernière strophe. Non, là où je reçois, bien qu'amorti, l'impact de votre poème, c'est dans ses rares moments de rupture, de bousculade, notamment dans ce passage : le chant constant de la fontaine c'était comme un soupir que la brise forçait un sanglot de cristal ou la géhenne d'un chat écorché. En d'autres termes, je trouve votre poème bien fait, mais il ne m'emporte pas ailleurs. |
Miguel
2/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Ce n'est pas mon style de prédilection, mais j'ai su ressentir un souffle dans cette écriture, j'y ai trouvé de belles images, et l'expression d'une nostalgie à laquelle mon vécu ne me rend que trop sensible. La récurrence de Bowie ne gâte rien: c'est toute une époque, tout un style de vie, toute une esthétique.
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Marite
3/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Une seconde lecture à voix haute de ce poème a confirmé pour moi le charme et la mélodie qui émanaient de ces vers. Le rythme est pleinement équilibré et les quatre syllabes clôturant chacune des premières strophes permettent de se poser avant de découvrir une nouvelle étape de ce voyage apaisé dans les souvenirs.
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Eskisse
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Myndie,
Un poème bien conçu dans lequel les descriptions très précises s'allient aux adresses à l'être aimé comme pour conjurer l'absence. Je suis sensible au rythme et au sort du narrateur car il est des endroits fréquentés à deux qui vous fendent le coeur lorsque vous y revenez seul. Je regrette peut-être quelques moments de surprise dans l'écriture qui ne me sont pas apparus dans ces vers. Peut-être parce que tout doit y être paisible. |
Catelena
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Une aura de brumes étranges, dans ce '' jour qui filait sa lumière mouillée'', baigne l'atmosphère de ce paradis perdu (ou bientôt trouvé).
Votre poème se lit comme une marche lente sur un chemin cabossé. Le chemin d'une vie. Et quelle vie ! Il y a du précieux et de l'élégance dans cette manière d'évoquer les souvenirs, du tendre aussi et beaucoup de charme. Ce qui semble normal, puisqu'il y a surtout, omniprésent, le clip des adieux du Prince aux yeux vairons et son fameux ''Levez les yeux, je suis au paradis'' que vous reprenez en exergue. Bel hommage à Bowie ! Il doit être heureux de se retrouver dans votre poésie. Merci Myndie, pour votre belle manière de raviver les souvenirs. Elena, and the bluebird with Mr Jones forever |
Corto
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Voici une belle nostalgie, riche de souvenirs précis.
On y découvre dans le chaud du passé les paysages qui ont assisté à des moments précieux. Cette nostalgie n'est pas statique. Elle s'avance chez "les oliviers tordus", face à "la falaise encorsetée" , dans le chuintement "de la fontaine" et "Et Bowie qui demand a better future" (Bien vu !) La nostalgie n'en finit plus, jusqu'à ce dernier beau vers: "Mon rêve est en jachère et rien n'y pousse plus". Emouvant et très bien rendu. |
Donaldo75
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Myndie,
La première fois que j’ai lu ce poème je me suis immédiatement dit qu’il y avait quelque chose même si parfois il tangentait l’artifice. Ma seconde lecture ne me permet toujours pas de mettre un mot un seul sur le quelque chose en question ; il y a un mélange de tonalité – ce qui parfois ressemble à de l’artificiel mais qui finalement fonctionne en seconde lecture, comme ce vers entre parenthèses – et de « drive » lié à la manière de s’adresser au lecteur. Je ne vais pas me lancer dans un long commentaire composé – because j’en serais bien incapable et que ça me saoule d’office – mais juste livrer des bouts de ressenti issus de mon cerveau droit plus que de l’hémisphère gauche. J’aime les images, le champ lexical me semble coller à ce que ces images veulent véhiculer – c’est ma perception – et tout ceci fonctionne bien quand je lis et relis et rerelis l’ensemble, alors tout va bien. Merci pour le partage. |
papipoete
15/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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bonsoir Myndie
Tout n'est que nostalgie, quand on se retourne sur nos pas, lorsqu'on ouvre les tiroirs de l'abondance, des rires d'enfants, des saisons qui se faisaient... et Bowie qui demand a better furure et les loulous chantaient un air qui sonne encore et encore... NB tous ces paysages étaient si beaux, si harmonieux... quand nous les contemplions ensemble aujourd'hui, ils le sont sûrement toujours magnifiques, mais je les contemple... sans toi J'essaie de ne pas regarder derrière moi ( pas facile ) mais ces chemins parcourus se sont lassés de nous voir passer, et certains même ont, comme toi, disparu... |
Myo
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Un souffle de douce nostalgie glisse sur vos mots et les souvenirs de ces paysages partagés avec l'être aimé sont animés d'une tendre évocation.
Il y a de très belles images quant au dernier paragraphe qui porte tout le poids de la solitude, il me touche beaucoup. Merci Myndie |
poldutor
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Myndie
Une poésie libre, ce n'est pas trop mon genre, mais vos mots m'ont touché, il en émane une poésie dont je suis sensible ; et la répétition de "te souviens-tu" est très parlante pour moi qui suis un vieux bonhomme. Ah les souvenirs, c'est un peu ce qui reste quand le temps a passé... Je ne suis pas amer, mais nostalgique... De beaux vers pratiquement à toutes les lignes " ces vieillards amers amandiers séculaires" "Te souviens-tu de la falaise encorsetée dans la soie blanche ?" "on devinait le chant constant de la fontaine c'était comme un soupir que la brise forçait un sanglot de cristal..." très beau! "On dirait bien que les chemins se sont lassés de nous avoir vus tant et tant de fois passe" Et les derniers quatre vers, mes préférés : "Le voyage est fini je suis ici pour toi et pour me souvenir de nos belles années le voyage est fini je suis ici pas toi. Mon rêve est en jachère et rien n'y pousse plus." Bravo. Cordialement. poldutor |
Pouet
15/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Slt,
Evangile selon Jean, chapitre 11, versets 1 à 441 : « Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur. C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade ». ... sera ma citation pour peut-être illustrer un sentiment diffus, une impression ou un regard. Le style est évidemment abouti, selon ma conception évidemment. C'est un poème ayant du souffle, coulant et "poétique" comme y parait qu'on dit. J'y vois comme un adieu en un double langage. Un peu "d'ici" peut-être, un voyage immobile. Un souvenir ou un espoir, une colère, de l'incompréhension. C'est un poème triste, très bien écrit. |
Raoul
1/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Bonjour,
Un poème ambitieux et libre (quoi que...). J'aime beaucoup les deux premières strophes, amples et précises, arides – superbes rochers cuits, par exemple – et s'attardant sur des contreforts. Les injections en refrain et parenthèses de Bowie également. La suite me convainc moins, tout d'abord avec les relents bibliques de "géhenne", et l'"'aquilon et ses frimas" qui sont d'un registre de vocabulaire trop éloigné – ou désuet – du reste du texte. Idem pour la nostalgie sentimentale de fin de poème qui me semble plaquée, et un peu artificielle. Dommage. Déçu par la deuxième partie, malgré le style maitrisé et prenant maintenu tout au long du texte. |
Lotier
16/1/2023
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Je suis entré par une porte dérobée, pas celle au fronton duquel était une citation dans une langue que je comprends si peu, d'un auteur que je connais si peu. Non, je suis entré dans le paysage méditerranéen et m'y suis senti bien, comme dans les Georgiques, de Virgile, où la nature s'humanise, s'incarne comme ces amandiers. Voilà pour cette page du carnet (la première strophe, « on ») puis le sollicitation commence (deuxième strophe, « tu ») , interpelle à propos des souvenirs qui montent comme la marée au pied de la falaise. Les images sont sensuelles et peuvent évoquer une acmé amoureuse…Et mon imaginaire est séduit, parce que la force poétique n'est pas seulement d'ouvrir une porte mais de donner confiance au lecteur pour la franchir. C'est chose faite.
Ces deux strophes sont liée à la terre. Après la page de carnet et les souvenirs qui suivent, cette évocation de Bowie qui brouille ma vision, comme évoqué plus haut. Je sens que ma porte dérobée ne l'est pas tant que ça. La deuxième page (« Dans le jour qui filait sa lumière mouillée… ») raconte un autre paysage, fait de ciels, de pluie, de vents, tout est centré sur une fontaine, lieu sacré s'il en est. La sollicitation (« Te souviens-tu de ces hivers… ») évoque le dieu Aquilon et sa colère, la fontaine a éveillé des souvenirs de vents mauvais. Ce deuxième tableau ne vient pas par hasard, comme si cette description de nature avait une portée ontologique, la résonance d'un destin. La troisième partie (« On dirait bien que les chemins se sont lassés… ») semble être un carnet qu'on feuillette plus rapidement, un peu comme le paysage qui défile derrière les vitres d'un train. L'histoire se distend, le cœur se serre : l'oiseau bleu, symbole à la fois de liberté et d'espèce disparue ? La dernière strophe est une vague de souvenir qui frappe le lecteur comme des embruns de peine (« je suis ici pour toi » / « je suis ici pas toi »). Le carnet est refermé. Le rideau tombe. Le silence tombe.(« Mon rêve est en jachère et rien n'y pousse plus. »). Étrange comme certains poèmes peuvent générer des silences, à la fin. Eh oui, il faut refranchir la porte. Je n'en reviens pas le même… |
Ramana
16/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Les souvenirs ne sont que rêves du passé, l'esprit les embellit, les craint ou les efface ; ce sont des cailloux que l'on a semé pour retrouver son chemin à reculons, à partir de quoi nous recréons sans cesse notre personne en y ajoutant notre présent et nos rêves d'avenir. Ben oui, on est bien peu de choses, mais c'est dans ce flou, cette impermanence, ce questionnement, que peut s'insérer la poésie qui, par une certaine fulgurance, transcende notre condition et nous fait revenir l'oiseau bleu dans notre jardin.
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gino
16/1/2023
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Entre l'annonce d'un voyage, Lazare, David Bowie, les souvenirs, les rêves dégoupillés, une écriture tantôt sophistique tantôt simple je ne suis pas rentré dans cette noria
Je reste en dehors Dommage j'aurais bien suivi Bowaie dans son Space Odity. |
saintsorlin
16/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Bonjour Myndie,
Bowie c'est plutôt une de mes références, mais où est passé Ziggy? je le cherche entre les lignes, little China girl. Est-il parti en Station to station, Heroe androgine avec Jean Geni pour une Space Oddity. Alors Let's Dance. This is the end my only friend(the Doors) ;-)) Le passé est un présent archivé, les rêves en jachère des puits sans fond.(attention à la marche) |
Edgard
16/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Mydie
Assis sur le vinyle de Lazarus, on tourne avec le disque et ça défile...peut-être un peu trop vite, mais que de belles images. Un petit grincement: vous commencez par "On regardait", c'est simple, c'est beau, c'est intime, c'est pure nostalgie, alors gehenne et aquilon, c'est peut-être un peu précieux, classico dans ce décor. A la relecture on se laisse aller, on laisse venir les paysages, les images et c'est bon. Le passage que je préfère: On dirait bien que les chemins... Une belle lecture. |
Myndie
17/1/2023
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Louis
22/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Ces « Carnets de voyage », écrits au passé, se présentent comme des carnets de mémoire.
On y passe par des lieux de souvenir, que le poème égrène dans des paysages états d’âme ; et c’est presque un carnet d’images. La chronologie n’est pas faite de dates, de jours ou d’années, mais s’établit par un enchaînement de tableaux qui compose un itinéraire suivi par les souvenirs le long d’une émotion, tout un passé fortement teinté par l’affliction du présent au bout du voyage. Les carnets, en effet, ne sont pas écrits pendant le trajet, mais au terme du parcours vécu. Le voyage est ainsi reconstitué à partir du présent, et tout prend donc une teinte rétrospective. Le terme du voyage colore tout le contenu de mémoire, sélectionne dans le vaste champ des souvenirs ceux qui constituent des étapes qui ont abouti là, à cette perte, et à cette solitude en bout de chemin. La première strophe, ainsi que les trois suivantes, constituent un souvenir commun, celui d’un commun regard dans un être-ensemble. Tout l’itinéraire sera celui d’un couple : « On regardait… » avec un « on » équivalent à un « nous ». Le couple était uni dans une même contemplation, quand les regards convergeaient, fusionnaient pour se poser sur les mêmes objets ; quand leurs yeux encore se mariaient, avant, bien avant ce présent d’où peut se dire avec Paul Eluard : « Mes yeux se sont séparés de tes yeux » Un même regard se portait donc, dans le premier tableau du souvenir, sur les arbres dans les « vergers », dont la forme et la longévité retenaient l’attention du couple, à la fois ému et méditatif dans ce qui se donnait à leur vue, et par le sens que prenaient ces objets élus dans leur perception sélective. Ainsi les oliviers apparaissent « tordus » comme sous l’effet d’une douleur, et les amandiers « centenaires ». Ils souffrent, ces arbres, rudoyés par toutes les intempéries qu’ils subissent, mais ils résistent. Ils offrent l’image de la résistance, de la force vitale qui l’emporte sur toutes les calamités ; celle de la persévérance qui permet de surmonter toute adversité, de lutter contre tous les vents mauvais comme négations de la vie. Ils offrent l’image d’un « défi », d’un défi au temps qui passe, ces «amandiers séculaires ». Les arbres : « lançaient au soleil leurs grands bras amaigris Comme un défi » Défi au temps du vieillissement ; défi à la maladie, à la souffrance, à la séparation. Nous tiendrons, signifient-ils par leur bravade en direction de l’astre, symbole de vie ; nous ne succomberons pas. La mort ne l’emportera pas. Ce souvenir des arbres dans le verger, combattants pour la vie, exprime encore le désir du couple : celui de vieillir ensemble ; celui de se battre contre la maladie ( la référence à D. Bowie laisse penser que c’est d’elle qu’il s’agit). Désir commun et solidaire projeté sur l’extériorité naturelle des arbres. Pour emprunter de nouveau ses mots à Eluard, s’exprime dans le regard du couple : le « dur désir de durer » Durer, résister contre une nécessité inexorable, un destin fatal, celui de la mort individuelle à l’horizon. La deuxième strophe présente pour tableau une image du souvenir qui correspond encore à un temps de résistance, à une période de résilience. Elle est introduite par une adresse personnelle, à un proche, « tu », celui avec lequel il y a avait un « on ». Celui avec lequel le locuteur, ou la locutrice, constituait une union. « tu » est convoqué : il faut qu’il soit là, pour une présence ensemble dans l’image du souvenir. Pour ne plus se limiter à un «on», trop impersonnel. Il faut faire revivre « Lazarus » dans le temps du souvenir. Témoigne de cette période encore de résistance, l’image des montagnes dans ce nouveau tableau, représentation de ce qui se dresse, et toujours se tient debout, malgré les forces d’érosion, malgré un mal qui ronge, érode peu à peu, et décolore : « crachin qui délavait / la croûte brune des rochers un peu trop cuits ». Une pureté subsiste dans la blancheur : « falaise encorsetée / dans la soie blanche ». La montagne paraît affectée d’une maladie, d’une blessure, mais en une affection passagère : « Éphémère balafre au flanc de la montagne ». L’espoir de guérison n’est pas perdu. Dans les troisième et quatrième strophes, on passe à un autre temps, marqué par ce qui s’entend en d’autres lieux, où plus rien ne s’élève, ne se dresse, ne se tient debout, mais au contraire chute, tombe, s’écoule et s’en va. Ainsi du « chant constant de la fontaine». Les images présentent cette fois une nature endolorie, un monde souffrant, et des forces déclinantes. Temps des pleurs et lamentations. En lequel ne se perçoivent plus que « soupir », « sanglot » ou « géhenne ». Les voyageurs semblent s’être figés dans leur douleur. En leur place l’eau s’écoule. Un autre chant se fait entendre, à partir de ces strophes douloureuses : celui de David Bowie. La voix du souvenir dans les strophes, et, en contrepoint, le souvenir d’une voix, qui retentit dans les silences de leurs enchaînements, pour en appeler, non au passé, mais à un avenir meilleur. La quatrième strophe est celle de la morte saison, celle du froid et de l’hiver, celle d’un temps de détresse. Saison blafarde : « hiver aux ombres pâles ». Tout est figé, « givré ». Plus de cheminement. Plus de mouvement ; plus de traversée. Dans cette dernière saison de la vie, pouvait s’observer un « masque de clown blanc flottant au ciel crémeux ». Le ciel se donnait les apparences d’un grand spectacle macabre. Tragi-comédie de l’existence, dans cette avancée vers l’inéluctable. Dans les dernières strophes, écrites au présent, quand « tout est fini», est dressé un amer bilan, une sombre conclusion. Mélancolique constat : la nature semble s’être lassée de « nous » : « … les chemins se sont lassés / de nous avoir vus tant et tant de fois passer » Le couple semble expulsé de la nature, qui refuse désormais de le voir et d’être vue, et repousse sa présence, n’accepte plus de l’accueillir. Autant dire que « nous » n’avons pas quitté les chemins du voyage, mais que ces chemins ont rejeté ce « nous », comme s’il était en trop. Comme s’il avait trop usé du ‘passage’ et qu’il lui fallait demeurer désormais hors de toute traversée, hors de toute présence sur les chemins, dans une sédentarité hors de tout lieu. Aux passagers de l’existence, il faut donc quitter le chemin. Et tous ces paysages dans lesquels ils se fondaient. Ils ne pourront plus habiter ensemble le monde. Autre hypothèse, tout aussi douloureuse, la cause du tragique voyage incombe au « temps qui ne respecte rien. ». Le temps et notre destin fatal en lui. Ce temps qui ne « respecte » pas même ce qu’il y a de plus précieux figuré par « l’oiseau bleu ». Couleur céleste, couleur de ce qui donc pour nos yeux est le plus élevé, « l’oiseau » ne chante plus. Son chant « s’est éteint ». Figure allégorique, source d’enchantement du monde, de féerie, de calme, de sérénité et de poésie, le « prince des nuées » n’est plus. Ne reste que « je ». Solitaire. « je suis ici pas toi » Mais « je suis ici pour toi » : pour une résurrection. Pour Toi : «Lazare ». « Tu » ressuscité le temps d’un voyage de mémoire, dans le temps retrouvé de « nos belles années ». La dernière strophe est très belle, et ses accents émouvants. Merci Myndie. |