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Poésie libre
Myndie : L'aïeule
 Publié le 16/03/14  -  10 commentaires  -  840 caractères  -  266 lectures    Autres textes du même auteur

"Mourir, cela n'est rien, mourir la belle affaire !
Mais vieillir…" Jacques Brel


L'aïeule



Au tocsin qui s'égaille
midi de rue et de fumet
midi se rue dans l'air frileux
qui brouillasse comme vapeur de daubière
mais que midi fleure bon !
ça sent le cuir et la culotte courte
et le galop des garnements engalochés
qui doguent le pavé
ça sent la joie criarde et l'appétit pétillant
ça sent le bois encaustiqué
œil de pupitre en violette
ça sent la bousculade et le chahut
et l'algarade même pas peur
ça sent ça sent toujours plus vite toujours plus près
pense l'aïeule
et des ris ensoleillent ses vieilles rides
la mémoire à l'envers
souvenirs en prière
annales volatiles d'un présent éphémère
cadeau de la vie
et pour en finir avec les âges
un pas vers le bonheur originel
avant le pas des morts dans un jardin de feuilles


 
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   Robot   
23/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une vision me semble-t-il apaisée de l'âge traduite dans une poésie pleine de saveurs et de sensations.
"l'appétit pétillant"
là, j'ai apprécié
"l'air frileux qui brouillasse comme vapeur de daubière"
Quelle belle image.
"un pas vers le bonheur originel
avant le pas des morts dans un jardin de feuilles"
Superbes vers de conclusion.

   Lunar-K   
3/3/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Je ne suis pas vraiment convaincu par ce poème qui présente néanmoins quelques très bonnes choses.

Certains passages me semblent ainsi fort intéressants et réussis. Notamment vers le milieu du texte et cette répétition de "ça sent..." que je trouve plutôt efficace. Les deux derniers vers sont assez sympas eux aussi, même si le "bonheur originel" (qui serait apparemment "sans âge") ne m'évoque finalement pas grand-chose...

L'ensemble cependant, malgré ces quelques bons éléments, me paraît trop dispersé et confus. J'ai du mal à saisir véritablement ce que vous essayez de transmettre. Un regard tendre sur la vieillesse ? Le bien-être de cette aïeule qui paraîtrait presque revalorisé par l'imminence du trépas ? Mais alors, à nouveau, pourquoi "en finir avec les âges" quand l'âge semble jouer un rôle si important dans son bonheur... ? Tout ça n'est pas clair pour moi.

Je relève enfin quelques maladresses plutôt rebutantes à la lecture :
- "qui brouillasse" : Pas très élégant je trouve.
- "l'algarade même pas peur" : Une tournure plutôt étrange, qui ne prend pas.
- "ça sent toujours plus vite toujours plus près" : Un rien trop prosaïque.

Bonne continuation !

   LeopoldPartisan   
6/3/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
ouah que voilà un texte qui réveille... J'aime vraiment cette approche où la vie galope, galope et ne regrette rien.

Il y a comme la naissance d'une âme pure qui s'éveille vers ailleurs (marrant pour l'agnostique que je suis), cette dimension spirituelle simplement humaine m'a subjugué et laissé sans voix.

Bravo, j'ai adoré

   Anonyme   
11/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Une rétrospective intéressante, qu'il m'a fallu malgré tout relire plusieurs fois pour en apprécier le rythme.
Je sais que c'est une poésie libre mais cela n’empêche pas, bien au contraire, un attachement pour la fluidité des vers et des sons.
J'aurai aimé être plus touchée, plus émue par ces souvenirs.
Malgré tout, je vous met " bien " car le sujet est bon.

   Marite   
16/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
" ça sent ça sent toujours plus vite toujours plus près
pense l'aïeule ... "
Est-ce à dire que plus l'on avance en âge plus les souvenirs remontent des profondeurs de la mémoire ? Peut-être ... sans doute ...

"et des ris ensoleillent ses vieilles rides
la mémoire à l'envers
souvenirs en prière
annales volatiles d'un présent éphémère
cadeau de la vie ..."
Ce passage me séduit surtout les "annales volatiles d'un présent éphémère".

Serait-ce ainsi à l'approche du l'échéance ? Ma foi cela me convient tout à fait. Merci pour cette vision qui rassure. Si au début, quelques mots qui ne me sont pas familiers ont un peu ralenti ma perception (brouillasse, daubière, qui doguent ...), à mi-chemin j'étais conquise par cette poésie libre.

   Arielle   
16/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est dans "la mémoire à l'envers" que cette aïeule trouve un remède aux morosités de sa vieillesse.
On ne peut que la remercier de nous faire partager ainsi ses galops engalochés et cet "œil de pupitre en violette"
Beaucoup aimé la conclusion des trois derniers vers qui semble abolir la barrière des âges

Si j'avais une seule critique à faire elle concernerait l'expression "même pas peur" qui me semble anachronique et trop actuelle dans ce contexte.

   Anonyme   
17/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ouah c'est vrai que ça dépote, ça galope et c'est libre.
De très belles images, en fait il faudrait tout citer.
J'ai beaucoup aimé les derniers verres, heu pardon vers.
Merci pour cette mémoire à l'envers.

   Anonyme   
21/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai lu cela avec le souvenir de ma grand-mère Marguerite, qui nous préparait (nous étions 5 enfants affamés et voraces), les jours d'école, des déjeuners (dîners en Belgique...) savoureux, riches, bien embeurrés -viande - légumes et pommes de terre !- avec ensuite de bons petits desserts comme des tartes au sucre, des crêpes (parfois flambées...) souvent fourrées aux pommes.

Je trouve donc ce texte une magnifique évocation de ce qui n'existe sans doute plus ou de moins en moins à l'époque des cantines.
Et ces odeurs tout au long du chemin entre l'école et sa maison comme des présages de régalades imminentes...

La grand-mère qui savoure les instants qu'elle vit avec ceux dont la vie commence alors qu'elle sait qu'elle va bientôt quitter la sienne.

Quelques mots "vieux jeu" accentuent l'effet de souvenance, un choix de l'auteur qu'en ces circonstances on ne peut qu'approuver.

   newman   
11/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
un poème court,bien envoyé et des vers qui reflètent de bien belles images.
j'aurais bien entendu Brassens nous chanter cela avec quelques retouches tout de même.

merci Myndie.

   Dimou   
13/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Après une énième lecture, je revois ma position - celle visant à soulager ma crampe neuronale, pas concernant ma notation.

Bien qu’avenante et agréable à converser, une fois penchée sur le grain, le sang couplé au pigment, la poétesse ne parvient plus vraiment à estomper sa férocité ; cette dernière est tapie, latente, ne se montre pas frontalement, mais se dessine en contours dans maintes pièces de l’écrivaine, et notamment sur celle-ci.

Ce poème ( de jeunesse ? À peine croyable. ) recèle tout à la fois le champêtre et l’implacable, peut-être est-ce un ressenti dû au vocabulaire employé ; ou à la tenue des vers, desquels la posture virile des mots qui jaillissent du cuir de l’auteure font naître un voyage brutal - je n'en fais pas trop, ce poème paye de mine, et c'était l'occasion de le dire.

La saveur est floue, donc, mais le gout n’est pas amer. Le charme opère.

Merci du partage Myndie, à bientôt.

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Illustration du poème :

http://www.oniris.be/modules/myalbum/photo.php?lid=1718&cid=9


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