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Poésie classique
Myo : Au hasard de la route
 Publié le 22/06/21  -  11 commentaires  -  801 caractères  -  238 lectures    Autres textes du même auteur

« Le désir est la moitié de la vie, l'indifférence est la moitié de la mort. »
Gibran Khalil Gibran


Au hasard de la route



Pour le peu qu’il nous reste au hasard de la route,
De doux et de charnel à cueillir en nos bras,
Je laisserai l’instant s’évader de tout doute
Et damnerai mon âme aux enfers de tes draps,
Sous le joug d’un péché n’implorant nulle absoute.

Dans ce désir volé, libres des apparats,
Dépouillés de toute ombre où la raison se glisse,
Nous toucherons l’acmé, l’éclat de ses carats,
Par le mystère humain d’une étreinte complice.

L’estampe de la chair imprime en souvenir
Notre premier frisson, notre premier délice,
Mais nul ne sait, hélas, escompter l’avenir.

Si le glas doit sonner l’érotique déroute,
Ma peau contre ta peau, je veux t’appartenir,

Pour le peu qu’il nous reste au hasard de la route.


 
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   Cyrill   
11/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour.

Je suis saisi par le découpage de ce poème, très intéressant. Il met en valeur le dépouillement progressif de tout superflu, indiqué par :
"libres des apparats,
Dépouillés de toute ombre où la raison se glisse,"
et aussi ce :
"peu qu’il nous reste au hasard de la route,"
Peu de désir, peu de temps, car
"nul ne sait, hélas, escompter l’avenir."
Le poème se referme sur la répétition du premier vers, on voudrait le recommencer.
Un thème classique, mais l'angle d'approche me plait beaucoup.
Dommage, et c'est le seul bémol, pour tant de rimes en -oute, qui me sont moyennement agréables.
Je chipote, la composition est parfaite !
Merci, Cyrill

   Queribus   
11/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Je salue tout d'abord la perfection de l'écriture dans une prosodie parfaite avec un respect absolu de l'orthographe et de la ponctuation tout à votre honneur. Vous avez choisi en outre une forme poétique originale dont j'ai oublié le nom et qui témoigne d'une grande virtuosité.

Par contre, j'ai trouvé à votre écrit un côté "précieux" et suranné et d'un autre âge qui est, très souvent, le défaut des classiques et qui me semble un peu dépassé en 2020 avec des vers comme:"Je laisserai l'instant s'évader de tout doute" "Et damnerai mon âme aux enfers de tes draps", "Sous le joug d'un péché n'implorant. nulle absoute,... Bien entendu cela n'implique que moi et n'est pas parole d’Évangile et je suis certain que d'autres apprécieront beaucoup.

Quoi qu'il en soit, j'ai quand même apprécié votre belle écriture qui détonne dans un monde où l'on dénigre tout et je vous dis bravo.

Bien à vous.

   papipoete   
11/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
classique
D'emblée je vous lis, car en 2014 je fus un des rares à proposer une " gérardine ", votre texte ainsi composé ce jour.
Pour le peu qu'il nous reste... profitons, profitons encore de ce que nous fîmes sans compter, jouir de nous-deux jusqu'à en mourir... de plaisir ! Que vienne à sonner le glas de nos élans érotiques, souvenons-nous-en... c'était hier !
NB surtout, tant que la forme et l'ardeur nous tiennent, ne laissons passer aucun moment de s'étreindre... et quand bien sages, les draps resteront infroissés, on se souviendra qu'ils furent souvent " champ de bataille pacifique ! "
Techniquement, votre poème suit à la lettre la " notice de montage ", avec l'agencement intransigeant de son architecture.
Des alexandrins au classique sans faute !
au 3e vers, pourtant la sonorité " tout/dou " est mignonne, mais chiffonne mes oreilles
le tercet fort imagé, me plaît particulièrement
j'aimais beaucoup cet exercice classique, mais 2020 fut pour moi le signal des lecteurs, me disant d'abandonner le " vers à pieds "
papipoète

   Cristale   
14/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une gérardine de bonne structure qui s'ouvre sur le désir de profiter encore des plaisirs de l'amour. Comment résister à ces mots torrides ?
"Et damnerai mon âme aux enfers de tes draps,
Sous le joug d’un péché n’implorant nulle absoute."

Mais rien n'est vraiment acquis et j'aime bien ce tercet très explicite :
"L’estampe de la chair imprime en souvenir
Notre premier frisson, notre premier délice,
Mais nul ne sait, hélas, escompter l’avenir."

L'ensemble est charmant mais je sens les efforts pour respecter la trame, ainsi qu'un désir de "faire" sensuel un peu trop appuyé et qui manque de fluidité.
Les sonorités de "de tout doute" me gênent un peu, l'expression se retrouve au féminin quatre vers plus loin mais d'assonance plus douce : "de toute ombre"

Le quatrain est la strophe qui me plaît le moins, ainsi que ce vers :
"Si le glas doit sonner l’érotique déroute," que je trouve un peu maladroit.
Par contre j'aime beaucoup les deux derniers vers qui finalisent joliment ce poème :

"Ma peau contre ta peau, je veux t’appartenir,

Pour le peu qu’il nous reste au hasard de la route."

Finalement, un récit chaud et sympathique qu'il m'a plu de lire et commenter. Un petit + pour la forme travaillée.

Bravo à l'auteur(e).
Cristale

   Miguel   
22/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une petite remarque un peu cuistre : les enfers ne sont pas le lieu de la damnation, ils sont, dans la mythologie antique, le séjour des morts, partagé entre le Tartare (notre enfer) et les Champs Elysées (notre paradis). Pour notre culture, le lieu de la damnation, c'est l'enfer. Ce singulier ne change rien à la mesure du vers, et ne gâte pas, à mon sens, sa sonorité.
Pour le reste, très beau poème, plein d'un lyrisme frémissant et sensuel, avec sa part de mélancolie et de détresse face à la fuite du temps et à ses conséquences. De beaux vers, sonores et mélodieux, et de belles images ; un poème très émouvant.

   GiL   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

De ces vers qui célèbrent la sensualité sur fond de temps qui passe, j’ai surtout apprécié les deux premiers et la fin, à partir du tercet ; les sept vers intermédiaires m’ont moins touché, ils sont trop sophistiqués à mon goût, d’une préciosité qui confine parfois à l’artificiel.
Mais la perfection formelle de cette jolie gérardine force l’admiration et j’ai savouré le plaisir de scander ces alexandrins harmonieux et ces rimes riches (avec, tout de même, un petit bémol pour « tout doute »).
Merci, Myo, du partage

   Provencao   
23/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
" L’estampe de la chair imprime en souvenir
Notre premier frisson, notre premier délice,
Mais nul ne sait, hélas, escompter l’avenir. "

J'ai beaucoup aimé cet extraordinaire souvenir pour qui sait voir, sentir, appréhender les frissons qui entourent l'estampe de la chair.

Merveilleux souvenir qui convie nos sens d’abord, puis notre imagination, peut-être enfin notre esprit, qui perçoit en eux un signe de l’éternel qui nous échappe...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   ferrandeix   
23/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'idée générale du poème, bien mise en valeur par le premier vers, réitéré en finale, pourrait se définir par la célèbre citation d'Horace "carpe diem", ce qui est a priori très séduisant.

Les doute, la peur de l'avenir sont bien évoqués dans le développement, et la dissipation de ces pensées dans le désir charnel.

Quelques cacophonies tout de même:

"... route
De doux

Double cacophonie sur les dentales

"notre premier" : cacophonie consonantique en r

"de tes draps" cacophonie sur les dentales d et t

   emilia   
26/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Doute, péché, raison, sont à bannir pour profiter de la vie et « cueillir » même le peu qu’elle offrira, « un désir volé », une « étreinte complice » et « libre des apparats » …, sans « escompter l’avenir », ni « le glas de l’érotisme », mais en se fiant « au hasard de la route » … ; cette gérardine met bien en valeur la pensée exprimée dans ce quinzain décroissant…

   Anonyme   
28/6/2021
Deux jolis derniers vers à mon sens, dont le dernier est semblable à celui ouvrant le poème, large, puissant, engageant.
Dans son ensemble, et je devine mal l'intention de l'auteur, le poème m'a manqué de montrer, de faire sentir, et si une poignée de tournures didactiques ne me paraît pas à même d'empêcher l'expression lyrique de prendre quelque envol, c'est ici le ton général des vers que de se présenter avec certaine distance. En outre, nombre des mots déployés par ce poème ne me sont évocateurs que de choses fort éloignées du désir et de la sensualité — et je n'ai aucune idée du degré volontaire de ce détachement vis-à-vis du réel.

   EtienneNorvins   
19/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Myo,
L'urgence d'un Carpe Diem, qui se fait sentir d'autant plus vivement que le temps est compté.
Je ne tâtillonnerai que sur le premier vers (pourquoi "qu'il", alors que "qui" est plus direct, et évite la virgule finale), et sur le vocabulaire parfois trop maniériste à mon goût, ce qui donne aux strophes centrales un genre un peu désuet, et nuit à "l'urgence" ici et maintenant du propos.
Respectueusement.


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