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Poésie en prose
Nector93 : Station Basilique
 Publié le 19/12/21  -  6 commentaires  -  2316 caractères  -  61 lectures    Autres textes du même auteur

Rêveries autour d'un monument célèbre.


Station Basilique



Jérusalem céleste bâtie sur ce territoire par la grâce de tes saints martyrs, ta silhouette échevelée découpe le ciel dionysien d’est en ouest. Le regard inquisiteur de ton christ impressionne au seuil de ton monumental portail où folie et sagesse s’entremêlent avant de s’élancer gracieusement vers ton unique tour qui de son autorité incontestable domine tout Saint-Denis. À tes pieds, les fidèles accourent vers ton cœur aussi brûlant qu’accueillant comme au tout début de ta légendaire histoire dont il se dit qu’un roi solitaire et apeuré trouva refuge en ton sein. Premier parmi tant d’autres, tes portes se sont souvent ouvertes aux réprouvés, aux bannis, à ceux qui n’ont pas de papiers pour asseoir leur être, à ceux qui n’ont pas de murs pour coucher leurs rêves. Généreuse, tu offres l’asile à l’enfant qui fuit le tumulte de la ville pour s’émerveiller de la magnificence de tes gisants et de cette tentative désespérée de retenir la vie par-delà les ombres. Des gouttes d’éternité coulent sur la nuque du promeneur avide de tes secrets les plus intimes et dont la jeunesse immanquablement s’étiolera alors que tes solides murs envelopperont à tout jamais nos sombres mélancolies. Les tombes royales sont là omniprésentes pour nous rappeler tes siècles de compagnonnage avec le pouvoir. Par les privilèges et les richesses accordés, la royauté a fait Saint-Denis, mais en retour, de Pépin le Bref à Henri IV, Saint-Denis a fait des rois. Avant que la colère des hommes, attisée par l’injustice et la faim, te fasse payer au centuple tes coupables amitiés. Symbole de l’idolâtrie et de l’absolutisme, on te pilla, on déterra tes morts, on mit ton ciel à nu. Certains pourtant virent dans ton histoire le reflet de passions terriblement humaines et se battirent pour te préserver des fureurs de l’époque. Blessée, on pansa longuement tes plaies avec plus ou moins d’habilité. Aujourd’hui tes grandes ailes vertes continuent de se déployer au-dessus de ta bonne ville de Saint-Denis, à un détail près toutefois. Un voisin encombrant est venu se nicher dans tes entours, une cathédrale de béton autour d’un rectangle de gazon. Deux ogres rivaux semblent alors se toiser dans un duel des plus étranges, chacun faisant étalage de ses attributs : histoire et religion pour l’un, sport et publicité pour l’autre.


 
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   Marite   
9/12/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
L'ensemble de ce texte est trop compact et cela n'en facilite pas la lecture. Il serait nécessaire de le retravailler je pense et pourquoi pas, dans un premier temps, le fractionner en paragraphes en fonction de la nature des services rendus aux populations qui se sont succédé auprès de cette construction ?

   Robot   
10/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
La prose est bien écrite mais je lis plus un reportage qu'une poésie. Dommage que la présentation ne soit pas visuellement trés agréable. Quelques renvoi à la ligne aurait permis d'aérer le texte.
Reste une prose intéressante sur cette banlieue qui diffère de ce qu'on lit habituelle sur le 9-3 et j'apprécie ce regard. Le contraste avec le stade de France et l'abbaye est une belle idée. celle qui me semble relever la fin du récit.

   Corto   
19/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne trouve pas vraiment la majesté et le positionnement central de la basilique Saint Denis dans ce texte. Je crois que l'auteur a approché le sujet de façon un peu désordonnée. Le style aussi est parfois un peu trop emphatique et cela dès la première phrase.
Autre exemple "À tes pieds, les fidèles accourent vers ton cœur aussi brûlant qu’accueillant": n'est-ce pas un peu 'trop' ?

Ceci dit le rappel de l'importance historique de ce lieu est bienvenu, l'émotion que l'on peut ressentir devant la magnificence des gisants royaux également. De même le rappel d'événements furieux qui risquèrent de détruire la beauté de ce monument: "se battirent pour te préserver des fureurs de l’époque"
Puis vint l'évolution moderne du secteur avec cette "cathédrale de béton" mais peut-on vraiment parler de "Deux ogres rivaux" ?

J'ai aimé me plonger dans ce thème pour moi assez familier. Les choix du rédacteur me laissent dubitatif, évaluation qui ne doit pas être prise dans un sens trop catégorique. Un meilleur travail sur la construction du texte, les évocations, la manière de les présenter pourrait aboutir à un récit plus convaincant.

Au plaisir de vous lire à nouveau.

   papipoete   
19/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Nector
Saint Denis à faire rêver historiens et amoureux des sépultures royales, dont je suis ; Saint Denis dont la rue au même nom, fait penser aux filles de joie ; Saint Denis où la cité effraye qui devrait y venir habiter.
NB bien des sens évoque ce nom, mais la basilique où l'on inhuma les grandes et grands de France, abrite à l'occasion le " sans abri ", recueille la pauvre fille de joie si triste, se fait la " maison pour tous ", oubliant les sacrilèges des tombeaux profanés...
Il y a bien cette cathédrale de béton, qui put lui faire offense, mais rien ne peut ébranler la fameuse basilique !
J'ai bien aimée cette visite, non organisée...

   Donaldo75   
20/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien ce poème en prose; le découpage et la mise en page me plaisent bien, on dirait un mur sur lequel je lis ce que le poète me raconte sur l'impression que lui laisse cette basilique, un peu comme une signature dessinée. Il raconte en même temps qu'il décrit, laissant l'analyse envahir la page sans pour autant la rendre trop intellectuelle. En cela, je trouve la forme intéressante, subliminale, envahissante, déroutante même à certains égards.

Je suis curieux d'avoir des explications en forum.

   Lariviere   
29/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Nector93,

J'ai beaucoup aimé votre prose. Vous décrivez avec brio et hauteur d'âme cette basilique de saint denis...

"Premier parmi tant d’autres, tes portes se sont souvent ouvertes aux réprouvés, aux bannis, à ceux qui n’ont pas de papiers pour asseoir leur être, à ceux qui n’ont pas de murs pour coucher leurs rêves."

C'est cruellement vrai et c'est joliment dit...

La fin est excellente, ce combat entre deux monstres issus de religion bien différente...

Merci pour cette lecture et bonne continuation !


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