|
|
Corto
23/11/2019
a aimé ce texte
Bien
|
Après un premier poème plutôt audacieux (LJM') l'auteur nous propose un nouveau texte bien mystérieux.
Je dirai tout de go que ce sont les deux derniers vers qui m'ont séduit: "Étant Soleil de tous les plumiers La Lune est l'encrier d'argent de l'écrivain". Il y a là une bien belle image qui devrait séduire tous ceux qui jettent quelques mots sur un écran. Que dire du reste du poème si ce n'est qu'il me semble y voir le comportement troublé de l'écrivain arrivé au bout (ou à une étape décisive) de son oeuvre "Après un convenable travail à table Je me garde pour ami du répit..." Les formulations qui suivent sont déroutantes mais non dépourvues d'une provocation à l'imaginaire, au rêve, au lointain, à l'inconnu. Mais comme dit le narrateur (l'auteur ?): "Cette explosion cause des lésions !" Il n'y a pas de raison de le contredire... |
hersen
23/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Un poème très original que j'aime beaucoup : l'illusion suivie aussi sec de la désillusion !
Un travail sur les sons (explosion/lésions, par ex) sans compter l'inénarrable "mon moi mou", est une si excellente cerise sur le gâteau ! Un poème qui à mon avis a réellement demandé un travail convenable à table... et bien plus ! Ce poème très humoristique a quelque chose de réel : combien d'auteurs pensent-ils si facilement vivre de leur plume, à écrire de si géniaux textes, alors que dans un aveu (enfin) si poétique, "La lune est l'encrier des écrivains" lit-on en fin de poème. lucide. Un grand merci pour cette lecture ! |
Davide
24/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour NicoNico,
J'ai lu dans ce poème un narrateur en souffrance, intériorisant sa colère contre un monde qui l'asservit, mais cette colère longtemps réprimée par l' "Ordre" explose pour devenir "Horde" (belle image au passage !). Un burn out peut-être ? Un besoin de changer d'air ? De respirer ? En tout cas, le temps du répit est bienvenu. La métaphore culinaire dans la première strophe ("table", "dîne", "chère"...) est amusante et donne au texte une lueur surréaliste qui va nous accompagner. Pour preuve, un Gaston Lagaffe, fatigué du travail, se dessine derrière la belle allitération "mon moi mou...", originale comme un sarrussophone. Mais cette rupture de contrat, cette ingestion de non patates engendre des effets secondaires, une "chute" obligée et l'imminence de "lésions". Le chômage en pantoufle a l'apparence d'un somnambule, la tête dans la lune ("j'alunis"). Une vie nocturne qui s'ouvre aux chuchotements des muses, la plume du poète se nielle d'argent - mais d'un argent qui n'a peut-être pas de valeur marchande - pour (r)éveiller enfin l'âme endormie du narrateur... Après l'explosion, il semble que le somnifère n'apporte pas le sommeil, mais le repos d'une âme, repos préalable et propice à l'inspiration. Un texte que je trouve splendide, une très belle écriture, cisaillée, riche en nuances et en images. Bravo ! |
Robot
24/11/2019
a aimé ce texte
Un peu ↑
|
Je n'ai pas été vraiment séduit par la qualité littéraire, esthétique et sonore de ce poème.
Ce que je n'aime pas du point de vue esthétique d'écriture, d'imagerie et de sonorité: Je me garde pour ami du répit… pour mon moi mou… et crains décadence… un cauchemar se décrit Et ce vers imprononçable à l'oral: Après Ordre voici Horde : Cette explosion cause des lésions (De quelle explosion il s'agit ? J'aime bien les deux vers de fin ou la poésie s'exprime plus que dans le reste. Et si je me réfère après coup à l'intro, je ne lis pas la recherche d'un répit après la gloire, mais plutôt le constat que le narrateur pense avoir perdu son inspiration et qu'il regrette une décadence dans l'exercice de son art. |
Lariviere
28/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour NicoNico,
J'ai beaucoup aimé votre texte. Ici pour moi il y a tous les ingrédients d'un bon texte "surréaliste", c'est à dire non pas un texte qui montre une réalité déformée comme je le lis encore trop souvent, mais un texte qui regarde au delà de la réalité descriptible par la seule raison (il y a d'autres sens, d'autres influx qui l'a modèle bien évidemment...). Pour ça et vu la syntaxe déconstruite et les jeux sur la musicalité des mots au détriment du sens usuel, je serais curieux de savoir si l'auteur de ce texte a utilisé l'écriture automatique, ou si c'est simplement une écriture très libre et providentiellement inspirée. Inspiration très débridée ou écriture automatique, en tous cas, j'aime beaucoup le rendu : "Je dîne avec de la chère et rends la sève, Signe par mon sang mon arrêt d'élan Aux mages l'inventif, je veux le chômage :" .... "Après un convenable travail à table, Je me situe dans ma chute La culbute en vrac diminue Car j'ai largué le bon parlé Après Ordre voici Horde :" On trouve aussi dans le ton, l'esprit rageur et provocateur qui donnent l'élan, le rythme, le fond et qui construit la forme. "Juste un peu de magie pour mon écrit Puis des sous pour mes acquis, pour mon moi mou... Dans une somnolence en approche J'empoche gain et crains décadence... Cette explosion cause des lésions !" Enfin les images sont complètement incongrues mais certaines sont pourvues de vrai poésie. Je trouve la strophe de fin assez belle et vraiment réussi : "Le noctambulisme se réveille, Étant Soleil de tous les plumiers La Lune est l'encrier d'argent de l'écrivain" Peut être que ce texte est encore perfectible sur la strophe d'entame par exemple et aussi sur le distique préparant le final, mais il est plutôt très bien vu dans son style. Il y a l'audace du traitement déconstruit sur la forme et j'y lis sur le fond quelque chose de cohérent sur le lâcher prise qui dépasse de loin le cadre de la poésie brute. Il y a un sens (pas forcément rationnel) malgré tout à ce texte. L'expression (non pas le discours) est directe et spontanée. C'est un choix de traitement qui permet plus de liberté à l'inconscient, mais ca reste "réfléchi" et construit. Ainsi malgré l'apparent chaos, ca exprime une "logique" profonde et bien affirmée. Sur le fond, je pense que le narrateur exprime sa résignation un peu cynique sur l'art et sur l'expression poétique ("Juste un peu de magie pour mon écrit/ Puis des sous pour mes acquis, pour mon moi mou..."), sur l'ambivalence lucide et la torpeur du poète et sur leurs conséquences néfastes malgré tout. ("Dans une somnolence en approche/J'empoche gain et crains décadence.../Cette explosion cause des lésions !") Le narrateur continue ensuite en expliquant vouloir "larguer le bon parler" (probablement dans un souci de retour aux "sources"), comme on largue des amarres ou le lest d'une montgolfière ("Car j'ai largué le bon parlé"), rejetant "l'ordre" pour ses multiples faussetés, place à la horde ("Après Ordre/voici Horde"), plus archaïque, mais aussi plus authentique (toujours dans cette optique de revenir ou de retrouver une nature initiale en apparence peut être plus sauvage, mais qui l'est moins en réalité que notre modernité). Je lis un texte qui m'évoque en filigrane le lâcher prise résigné, parfois propice aux rêveries, parfois porteur d'insomnies, du poète et de l'individu sur la société et sur lui même, et je trouve qu'en ce sens, ce poème est très cohérent, musical et complètement raccord sur fond et forme. Voilà ce que j'ai cru comprendre. Je ne sais pas si ca colle plus ou moins avec les intentions de l'auteur, mais c'est comme ça, qu'avec ma part de lecteur, j'ai perçu ce poème. Merci beaucoup pour ce bon moment de lecture et bonne continuation. |