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Poésie libre
Nomenoe : Morbleu
 Publié le 05/10/22  -  12 commentaires  -  800 caractères  -  188 lectures    Autres textes du même auteur

Jours noirs dans les cimetières.


Morbleu



J’ai enfoui mes jours noirs dans un pré de verdure
caressé par la chute des feuilles de l’automne
Pitoyable illusion
Les corps raidis et froids couchés dans des cercueils
disparaissent muets au cœur des cimetières
recueils de dates et de noms, entre des fleurs fanées
Philippe 13 octobre
Annick 15 octobre
Paul 28 août
Erwan 5 nivôse An IV
Didier 22 septembre 3.839
Suivis par des vivants tout de noir habillés
et qui, un jour prochain,
leurs corps raidis et froids couchés dans des cercueils
………….
suivis par des vivants
………….
Les morts meurent tous les jours et les vivants aussi
aujourd’hui, après-demain, hier, demain et avant-hier.

aaaaaaaaaaaaaaaaaMorbleu


 
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   Anonyme   
21/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Si je soupçonne qu'en 3839 plus grand-monde ne s'appellera Didier et que les rites funéraires se passeront ailleurs que dans des cimetières (mais après tout qu'en sais-je !), je trouve intéressant l'angle que vous avez adopté pour faire ressentir le poids de la mort dans la condition humaine, pour toujours et à jamais. Et, à mes yeux, le mot final exprime bien, par sa désuétude, à quel point la révolte qu'on peut éprouver devant ce fait est elle aussi éternelle et dérisoire, comme le sont, depuis l'aube des temps, les pleurs des bébés avant de s'endormir.

Une chose qui m'a étonnée : dans les inscriptions que j'imagine gravées sur des pierres tombales
Philippe 13 octobre
Annick 15 octobre
Paul 28 août
pourquoi l'année n'est-elle pas précisée ?

   Jemabi   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème qui nous plonge au cœur du cycle de la mort, intrasèquement lié à celui de la vie. Succession d'enterrements dans les cimetières, défilement de tombes, multitude de corps enfouis sous la terre et incessante procession des vivants qui savent que leur tour viendra un jour ou l'autre. Tout cela n'est pas gai (difficile de l'être) mais c'est dit d'une manière forte qui nous fait bien sentir le caractère inéluctable de toute destinée humaine. Pas moyen d'y échapper, Morbleu !

   papipoete   
5/10/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
bonjour Nomenoe
Les corps raidis des morts disparaissent, muets couchés dans des cercueils, suivis par des vivants tout de noir habillés... qui un beau jour iront au cimetière couchés, rejoindre cette partie de la boucle de la vie...
NB " juste avant de mourir, il était en bonne santé ", et voilà qu'on l'accompagne au royaume des allongés...
Qu'il est terrible par contre de côtoyer un malade, qui parle couché lui aussi sur un lit de souffrance !
Quand la bible évoque la vie éternelle, heureusement que c'est dans " l'au-delà ) sinon où mettrions-nous tous ces " nés à perpèt' ? "
Ce texte me semble naïf et sans envolée poétique ( bien que les 3 premiers vers annonçaient le contraire )
Désolé pour cette fois

   Donaldo75   
5/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Nomenoe,

Eh bien, outre le thème de ce poème qui n'est pas des plus gais, c'est sa tonalité que j'ai trouvé intéressante. Le début avec cette première personne du singulier prend de l'ampleur à la rupture du troisième vers puis le décor devient la scène et le lecteur voit les tombes dans ce cimetière éternel - la mort n'est ce pas la promesse de l'Eternité ? - et les endeuillés presque morts mais encore supposés vivants. Les vers de fin sonnent comme une épitaphe - est-ce voulu ? en tout cas c'est bien vu - et la boucle est bouclée, comme si l'univers lui-même se comportait de cette manière et que la poésie n'en était que le récit dans notre langue de Terrien, d'homo sapiens en train de lui-même tuer le creuset de sa propre vie.

   JohanSchneider   
5/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup les cimetières, leur fréquentation est toujours profitable, ne serait-ce que pour nous rappeler au sentiment de notre propre finitude.

Raison pour laquelle j'ai beaucoup aimé ce poème qui a su saisir, en peu de mots mais si justement placés, notre vulnérabilité face au scandale silencieux de la mort.

   poldutor   
5/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Nomenoe
Oui, il y a les morts, il y a les vivants, qui seront un jour les morts...
c'est le processus inéluctable de la vie : les "animés" meurent un jour, les plantes aussi, même les étoiles meurent...
La plus grande partie de votre poésie est écrite en alexandrins, dommage que le reste ne le soit pas, mais c'est votre parti pris.
Cordialement.
poldutor

   Lotier   
5/10/2022
Le titre et le mot de la fin, outre la coloration vieillotte du juron, me semblent en adéquation avec le thème, par l'étymologie : la mort de Dieu. Ce qui me rappelle le mot de Woody Allen : « L'éternité, c'est long, surtout vers la fin ».
Je suppose que dans 3.839, le . est le séparateur des milliers, utilisé en Belgique ?
Quand il m'arrive d'être devant une stèle, un monument aux morts, ou devant les plaques commémoratives dans une église, je lis les noms et les dates, sans penser une seconde qu'il s'agisse de poèmes.
Je reconnais que la mort est pleinement un sujet poétique, que les listes sont des formes poétiques, mais là, non, je n'accroche pas.
C'est peut-être la focale (on ne sait rien de leur vie), la perspective (entrée en matière), je ne sais pas.
La date futuriste n'y change rien…

   Raoul   
5/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Un poème étrange tant il semble fait de briques et brocs biens assemblés pourtant et qui construisent une stèle, effectivement, funéraire.
J'aime bien le ton général avec cet exclamation finale de révolte.
Je trouve la liste des noms des défunts équilibrée, signifiante, prenante et, oui, poétique.
Pour chipoter, en vers 6, j'aurais éludé le second "de" pour plus de musicalité.
En tous cas, merci pour cette lecture.

   Anonyme   
6/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Les jours noirs ? Pourquoi pas sous nos latitudes !

La mort inéluctable serait-elle plus joyeuse en blanc comme le deuil porté au Japon et dans les sociétés bouddhiques, ou encore en rouge comme en Chine ? On est libre de le croire tant la couleur noire est assimilée aux ténèbres et à la Bible qui l'associe au diable et au péché l'opposant constamment à la lumière source salvatrice de l'espoir d'être heureux.

C'est le poids de cette tristesse imprégnée par des siècles de religion et dans laquelle nous baignons tous en Occident sans en avoir vraiment conscience que l'on retrouve dans votre poème.

Savoir qu'au Néolithique le noir était associé à la fécondité, au passage vers l'au-delà, comme une promesse de renaissance nous conduirait-il à penser la mort moins sombre que votre Morbleu ?

La question reste ouverte et votre poème réussi !

   Cyrill   
6/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Nomenoe,

Ainsi vont vont vont les mortels de tout temps.
Un poème à la fois lugubre et drôle, avec ces prénoms et ce vocabulaire tantôt empruntés au passé, tantôt au contemporain, avec une excursion dans le futur bien lointain, peut-être trop lointain pour un Didier ou même pour n'importe quel prénom, au train où ça va. Mais c'est un détail.
Une bonne lecture pour moi, merci.

   Atom   
7/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème assez étrange qui semble avoir été griffonné entre deux tombes.
Ce genre de réflexion plus ou moins métaphysique que l'on se fait inévitablement dès que l'on déambule dans les allées d'un cimetière.

Les vivants succèdent aux morts qui succèdent aux vivants...
Rien de neuf sous le soleil mais j'apprécie la singularité du point de vue.

   Yannblev   
9/10/2022
Bonjour Nomenoé,

La balade dans les cimetières a toujours quelque chose à évoquer. Nos morts qui étaient vivant, nous vivant qui serons un jour mort. Hier, aujourd’hui, demain, tous dans le même champ ou peu s’en faut.

C’est encore une fois s’interroger sur le mystère de la vie que de penser à la mort. Et où mieux y penser que dans le cimetière.
Mort Noire ou bleue ? qu’elle importance là où règne la pierre.

Votre façon singulière de décrire l’introspection qui prend parfois en vagabondant entre les tombes est particulière et convient assez bien au sentiment qu’elle veut sans doute inspirer.

Merci pour cette promenade funèbre.


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