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Poésie néo-classique
Octave-Bleue : Le collier bleu
 Publié le 21/10/12  -  12 commentaires  -  818 caractères  -  353 lectures    Autres textes du même auteur

Ce n'est pas un collier comme les autres.


Le collier bleu



Elle portait au cou un large collier bleu,
Un collier trop serré qui collait à la peau,
Un collier de valeur au fermoir douloureux,
Qu’elle gardait pourtant, sans pouvoir dire un mot.

Son dernier joaillier c’était moi son amant.
Quand un jour son époux vint muni d’un écrin
Demander un collier tout serti de diamants,
Je lui fis ce bijou pour sceller nos destins.

Elle portait au cou un large collier bleu.
Ce collier meurtrier lui avait fait la peau.
Ainsi partait la peur que son cœur amoureux
Batte un jour au-dehors de mon pauvre cachot.

Son dernier joaillier c’était moi son amant,
Moi son ancien ami son nouvel assassin.
Moi, « l’autre, le jaloux », qui crevait en l’aimant,
Je laissai à son cou la marque de mes mains.


 
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   Miguel   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Brrr ! Un collier de la même couleur que la barbe d'un autre célèbre assassin de femmes. Une métaphore saisissante (c'est le cas de le dire), une image violente et expressive et une tension admirablement entretenue par les répétitions de vers qui rapprochent un peu ce poème du pantoum (des vers forts, qui plus est).
On visualise non seulement la morte, réduite à son cou, comme dans un gros plan, mais aussi l'assassin obsessionnel et crispé, et plus pitoyable, peut-être, dans ce contexte, que sa victime figée dans son éternité avec cette ultime preuve d'amour... fou.
Petite réserve : je trouve faible et incongru l'hémistiche "sans pouvoir dire un mot".

   brabant   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Octave-Bleue,


Il flotte autour de ce poème un air de "Sidonie a plus d'un amant", c'est en tout cas l'impression que ça me fait. J'aime cette cette ambiance fin de siècle, ou Belle Epoque dans la continuité, Brigades du tigre en quelque sorte.

Je ne l'avais pas très bien compris à la première lecture, mais plus je le lis et le relis et plus je l'apprécie malgré sa cruauté (qu'il faut prendre au second degré ainsi que dans quelque absurde vaudeville) en raison de son charme et de sa musique désuets.

- en fait j'avais mal interprété "large" (j'avais compris que le collier était large comme un vêtement est large ; j'avais confondu "large" et "long", c'est la maille - en l'occuRRence les doigts de la main - qui est large). Un "profond" collier serait peut-être trop parlant ?... "un amour de collier" pourrait être amusant, à reprendre au vers 9 ; on sait depuis le titre que le collier est bleu.

- il est rare aussi que ce soit l'amant qui soit jaloux du mari. L'image du cocu apporte toujours un peu de gaieté.


J'aurais de plus soigné l'incipit : " Le coeur sur la main"... A vous de voir !


Je vous relirai avec gourmandise.

Bravo !

   rosebud   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne jugerai pas la prosodie: je suis incompétent et je m'en moque (je note quand même une diérèse manquée sur di-amant qui fait que le vers à 13 pieds - excusez-moi, on est en néo-classique et on peut rire un peu).
J'aime beaucoup, beaucoup. J'aime le ton un peu désabusé, amer. J'aime l'idée acrobatique du joaillier-amant-meurtrier. J'aime surtout le premier quatrain ("un collier de valeur au fermoir douloureux"). Et j'aime la performance du poème ramassé dont l'issue se dénoue vraiment sur le dernier vers seulement. Cette manière étrange de nous entraîner dans une histoire incompréhensible dans les deux premiers quatrains - c'est-à-dire dans toute la première moitié du poème, c'est presque virtuose!
Ah si, une seule chose que je n'aime pas: "ainsi partait la peur..."
ce "partait" est disgracieux, voire balourd.
Mais merci vraiment, ça fait du bien.

   fredericprunier   
21/10/2012
ça c'est un poème !
une histoire, un roman,
j'aime bien

je ne vais pas relire, ni étudier le fond la forme la métrique ou je ne sais quoi de technique
j'ai bien aimé le lire
c'est tout

   domi   
22/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
j'aime beaucoup... une écriture "libératrice" et jouissive je trouve de faire un poème très beau, autour du bijou, pour évoquer l'envie de meurtre! :) et la forme, avec ses reprises, et ses surprises qui alimentent le suspens, est géniale aussi, bravo !

   Blacksad   
22/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a toute une histoire dans ces quelques vers et ça me plaît énormément.
J'aime la simplicité du ton, la fausse légereté du propos, j'aime la chute qui scelle l'aventure dans ce qu'on n'osait lire entre les lignes.
Les mots sont fluides et même si les rimes ne sont pas forcément très riches, c'est très bien écrit.
Très bon texte

   Fortesque   
23/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Est-il vraiment bleu ce collier, au fait ? En ce qui me concerne, après cette lecture, je dois me rendre à l'évidence que non. L'auteur nous dira peut-être si je divague, mais à mon sens il ne peut être que noir. Noir comme les combinaisons de latex et les accessoires de cuir sado-maso. Ouille ! C'est tiré par les cheveux, me direz-vous ? Pas si sûr. Si on lit ce poème à travers le prisme de ce postulat alors le texte prend une autre couleur lui-aussi. On a affaire à une séance de SM avec la femme, le mari et l'amant.

Les détails sont importants : on a un collier large ( en cuir ? ), trop serré ( pour faire mal ? ), que la femme garde sans pouvoir dire un mot ( elle est bâillonnée ? ), et qui lui fait la peau ( des marques ? ), avec un fermoir douloureux ( là c'est explicite ). Whaouw !

Mais ce n'est pas fini, il y a d'autres ambiguïtés : son amant dit être son "dernier" joaillier ( donc avant, il y en a eu d'autres qui lui auraient fabriqué des "accessoires" ? ), le mari vient un jour avec un écrin et demande un collier serti de diamants que l'amant lui fera pour sceller leurs destins ( les destins de qui ? De la femme et de l'amant ou des trois personnages ? ), l'amant dit être son "nouvel" assassin ( on l'aurait tuée plusieurs fois, la pauvre ? ), il dit aussi être "l'autre", "le jaloux", "son ancien ami" ( celui qui jusque-là devait laisser la place au mari pendant les jeux SM et à qui maintenant il permet de s'impliquer vraiment ? ) Clairement, on parle d'autre chose. SM, SM es-tu là ? Pour ma part, je n'essaime que mon interprétation.

Pour en finir, on a un groupe de mots qui évoquent tout de même l'univers sado-maso : collier, douloureux, cachot, sceller, sans pouvoir dire un mot, laisser des marques.

Alors effectivement, la couleur du collier est déterminante. Pourquoi est-il bleu et pas vert ou mauve ? Le bleu est-il la couleur de la mort ? C'est pourtant le thème du texte. L'auteur devait camoufler cela pour ne pas donner explicitement la clé de lecture. A lui de nous répondre.

En tous cas, si l'auteur à volontairement masqué le vrai visage de son texte, j'aurai décroché le pompon ! Il a de toute manière écrit un poème très très bien ficelé.

   Arduinna   
22/10/2012
Pas transportée, en ce qui me concerne.

Trop de "colliers" un peu partout.

Ce "sans pouvoir dire un mot" qui ne me convainc pas.

Ce vers : "son dernier joaillier c'était moi son amant" qui, à mon goût, souffre d'un manque de ponctuation (une, voire deux virgules, auraient laissé souffler la phrase)

Cet autre : "ce collier meurtrier lui avait fait la peau" --> l'expression n'est pas heureuse, "faire la peau"... même si elle est parlante, elle me déplaît.

Ce "partait la peur" un peu faiblard... "partir" est un verbe trop banal, trop vague pour qualifier cette exorcisme malsain.

Bref, un poème sympathique, honnêtement écrit, mais qui ne porte aucune émotion, et ça pour moi, ça manque.

Désolée

   Charivari   
23/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour. Je trouve l'idée du texte vraiment très intéressante, j'aurais adoré la lire en nouvelle. Hélas, je ne suis pas du tout emballé par le poème.

Combien de fois le mot "colliers" ? Je comprends bien que la répétition soit ici un effet de style, mais à la longue, ça lasse. Idem pour la rime "amant"-"aimant" que je trouve assez faible. De plus, je n'arrive toujours pas à comprendre que le collier soit large et en même temps colle à la peau. la dernière phrase "la marque de mes mains" ne m'a pas trop convaincu non plus, elle l'étrangle, certes, mais paas avec les mains, ou alors c'est une ellipse un peu trop marquée pour que je la trouve naturelle... Bref, j'ai l'impression qu'à l'instar de ce collier décrit dans le poème, la structure que vous vous êtes imposé étouffe un peu la fluidité du style et aussi l'émotion.

réédit : oups, suite à un mp que vous m'avez envoyé, je comprends maintenant ce que je n'avais pas saisi lors d'une première lecture. Je croyais que le collier était un vrai collier, mais un collier "étrangleur", impossible à retirer, et qui étouffe peu à peu en se refermant (si si j'ai vu ça au musée de l'inquisition, il y a peu). de là, je trouvais l'idée très bonne pour un récit, un conte terrifiant...

En fait, il se trouve que ce collier bleu, c'est tout simplement les mains du gars, et les marques sur le cou... Ça y est, j'ai compris, mais j'ai eu du mal... Merci de m'avoir aiguillé. Et très franchement, c'est beaucoup plus logique comme ça... bon, du coup, j'ai revu à la hausse mon appréciation. Désolé si j'ai la comprenette difficile.

   stellamaris   
24/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Waouh ! Quelle histoire, et quelle progression vers la chute ! J'aime énormément cette manière de dire tout dès le début, mais de manière cachée, et de n'en dévoiler le sens qu'à la fin... La progression dramatique est parfaite, et parfaitement ponctuée par les reprises !

Juste deux réserves, sur quelques vers un peu lourds et qui alourdissent l'ensemble :
"Son dernier joailler c'était moi son amant" ; l'inversion est pesante, et d'autant plus en l'absence de ponctuation. J'aurais plutôt écrit "J'étais son joailler, moi, son cruel amant" (ou dernier, ou tout autre adjectif à ta convenance)
"Ainsi partait la peur que son coeur amoureux" : "Ainsi je n'avais peur que son coeur amoureux" ?
"Moi son ancien ami son nouvel assassin." : Ce vers aurait été parfait avec deux virgules ; ainsi, il est laborieux...

Avec toute mon amitié.

   melancolique   
24/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Octave-Bleue,

J'ai aimé ce collier bleu et j'ai adoré l'idée de ce poème, quelques répétitions qui ne me dérangent pas trop, je retiens surtout le dernier vers révélateur du sens du poème:

"Je laissai à son cou la marque de mes mains"

Merci pour cette lecture.
Au plaisir de vous relire.

   Anonyme   
8/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est histoire contée avec brio.

Un poème fort bien mené, qui permet plusieurs interprétations,
sur l'authentique existence de ce "collier bleu".
Quelle est sa vraie raison d'être ?

Un poème fluide, rythmé, les répétitions ne m'ont pas dérangé,
elles sont là pour donner toute son importance à ce fameux
"collier", qui bien étrangement à un côté "violent", d'ordinaire
ce n'est pas le but d'un bijou de "meurtrir".

Cette phrase résonne "Ce collier meurtrier lui avait fait la peau",
récit qui fait froid dans le dos, il y a tant de détermination, dans cet "l'autre, le jaloux", "qui crevait en l'aimant", pour finir par ces mots insupportables "Je laissai à son cou la marque de mes mains".

Je vous ai lu et relu, avec plaisir, le sujet est original, très bien écrit, très subtilement mené, votre écrit à ce côté captivant et dérangeant.


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