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Poésie libre
Orange : L'asile des perles
 Publié le 26/08/11  -  6 commentaires  -  2065 caractères  -  115 lectures    Autres textes du même auteur

Un tableau surréaliste qui nous emporte de l'autre côté du miroir, dans un monde parallèle où la différence fait la norme. Un regard tendre et complice sur les "égarés", esprits en quête de socle...


L'asile des perles



Tout commença par une glissade,
Sur ton regard hibou,
Fixé comme deux lunes,
Aux murs noirs du dernier étage.

Un bipède s’affalait sur une chaise longue,
Vide de lui
Entre les morceaux de son âme,
Balayait des souvenirs tranchants
À grands coups d’équerre, maladroits
Ses angles collés sur le bout des doigts.
Il survivait au tourbillon
Paré contre le troupeau
Se réfugiait tout contre lui-même
En pelote de sueur.

Un singe épanoui dansait comme un boulanger
Baguette du chef entre les oreilles,
D’un orchestre croustillant
Sorti du fourneau de son enfer.

Sur un banc dans le parc à part
Une femme bambou
Prenait l’eau,
Poussait en toute simplicité
En fumant des gauloises.

Parfois les yeux se croisaient aux yeux,
Les mondes se chevauchaient comme des toits d’ardoises,
Et le professeur écrivait des phrases au tableau :

« Aujourd’hui il fait beau ».
« Pourquoi ? » demandait une table.
« Parce que faire le beau est inévitable. »

La table s’encastrait rougissante dans les acajous d’un sourire, refermait ses tiroirs et réfléchissait…
C’était l’heure du petit-déjeuner,
Des miettes affamées la dévoraient des yeux,
Elle prenait, alors, un air détaché
Et se ratatinait en douce contre un mur de silence.

Les pièces de l’échiquier
Flottaient entre des tonnes d’angoisse
Et coupaient l’air au couteau suisse.

Un ours polaire se déshabillait
Pour mieux sentir la banquise
De l’indifférence qui régnait en ces lieux.

Un ange passa dans sa navette en carton
Et se mit à compter les perles de ses dents.

Rien ne venait troubler ce merveilleux chaos,
Pas même l’intelligence,
La conscience avait déménagé au sous-sol des exigences
Et bégayait la vanité des choses...

Dehors le vent soufflait
Comme un air de flûteau,
Et marquait le chemin
De mondes parallèles.


 
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   Anonyme   
4/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien bien ce petit coté Alice aux pays des merveilles où parfois les objets prennent vie.
Une série de tableaux particulièrement visuels malgré leurs aspects fantasmagoriques.
Tout s'enchaine sans cohérence comme dans un rêve. Et en ce sens je trouve cela plutôt bien retransmit.

Et tout ça grâce à un regard probablement magique/hypnotique.
Mais où va tu nous emmener pour le premier baiser ? : )

Bref, j'aime quand ça déborde un peu comme ça dans la poésie.

   bulle   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un surréalisme non seulement élégant, mais ludique, comme il se doit.

Il y a autant de gravité que de légèreté. Certains vers "tombent à côté", jonglent sur l'absurde, tout en consolidant l'image.
"Un bipède s’affalait sur une chaise longue,
Vide de lui".

De jolies trouvailles dansantes et aguichantes (aguicheuses, aussi), qui procurent du plaisir.

Un texte plein de vie, tout en mouvements, où chaque élément a son temps de parole et de sensation, dans son espace.

   Raoul   
20/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'idée de cette balade mentale est assez jolie et ambitieuse. C'est un sujet difficile à aborder en raison du risque de condescendance, et votre texte échappe à cet écueil.
Beaucoup de recherches dans les images et les "mondes" évoqués, peut être même un peu trop, du coup certaines sont plus fortes que d'autres, peut être faudrait il rééquilibrer un peu ? À peine.
Certaines choses m'ont gênées à la lecture comme par exemple l'avant dernière strophe pas du tout dans le même style que les autres en raison de la distance analytique qu'elle prend dans le contexte général du texte, mais soit…
Je me suis également posé la question de l'emploi du passé simple et de l'imparfait qui, je trouve, "romance" un peu trop.
Les deux premières strophes sont très réussies, on entre de plein pied dans les visions de l'auteur (pour moi le "noir" de l'étage est en trop, de même le "en" de la "pelote de sueur"…)
J'ai un peu plus de mal avec la strophe trois en raison de l'image du "singe" qui me gêne aux entournures vu le contexte, celle du boulanger -en général ;-)- est finement exploitée pour éviter le Napo. de tradition en revanche
J'aime beaucoup la strophe quatre, fine, sensible, (moins chargée que la précédente) juste cet "en" de dernier vers qui…
Les deux strophes suivantes pour moi auraient été plus expressives en une seule.
Dans la strophe sept, "l'acajou" me parait trop maniéré. J'ai du mal avec ces "miettes" qui "dévorent des yeux…" l'expression toute faite ne passe pas.
Dans la strophe neuf, c'est l'expression "banquise de l'indifférence" qui me grince à l'oreille (lieu trop commun).
J'aime beaucoup la dernière strophe. Elle m'a invitée à relire et à reprendre la balade dans une sorte d'enfermement…
Beaucoup de choses fines, qui ont du sens -des jeux internes en tous cas- , j'ai bien aimé cette lecture (malgré mes airs ronchons).
Merci à vous.

   Anonyme   
26/8/2011
"Rien ne venait troubler ce merveilleux chaos,
Pas même l’intelligence,
La conscience avait déménagé au sous-sol des exigences"

En trois vers vous vous auto-commentez. lol

Ce doit être très sympa dans votre subconscient. Un vrai subconscient de vrai poète.

J'ai adoré ce texte, à mi-chemin entre Lewis Caroll et Jacques Prévert. Excusez du peu.

Merci.
J'espère qu'il y aura des petits frères ( ou des petites soeurs puisqu'il s'agit de perles )

   Anonyme   
26/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème agréable qui sait donner une note personnelle et ça, c'est important. Le clin d'œil au surréalisme est vrai. Dans l'ensemble, le charme opère.

Je trouve particulièrement joli et poétique le dialogue. Le choix assumé par l'auteur des temps du passé est moins heureux à ma lecture. Tant pis. Cela donne toutefois une allure surannée plaisante.

"Un ange passa dans sa navette en carton"

   fugace   
17/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Un regard tendre et complice sur les "égarés", esprits en quête d'un socle".
J'ai pensé à "vol au dessus d'un nid de coucou", sans les barreaux, ni le corps médical, ni toute la violence qui est contenue.
C'est beau, avec un symbolisme direct et simple.
"La conscience avait déménagé au sous-sol des exigences"; et voilà que l'anormal se normalise dans une sphère où tout est différence.
Bien sûr, ceci est mon ressenti personnel. Mais quel talent pour écrire un texte pareil, détaché,empli d'une forme de bonheur hors normes, inaccessible.
J'ai beaucoup aimé.


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