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Poésie en prose
Palimpseste : Douleurs d'amour (version femme)
 Publié le 04/04/12  -  11 commentaires  -  3787 caractères  -  131 lectures    Autres textes du même auteur

Après que la porte claque pour une fois qu'on sait la dernière…


Douleurs d'amour (version femme)



Prenez… Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Le sang d'une alliance plus nouvelle et trop éternelle… Prenez cette carcasse inutile irriguée de veines refroidies de votre absence, ce cadavre gémissant toutes les nuits aux humeurs figées dans un cœur arrêté…

Prenez… Ceci est ma nuit, celles-ci sont mes mains… Combien de nœuds ont-elles coulés autour de vos poignets, de vos chevilles et de votre gorge ? Elles avaient découvert des trésors de douceurs, apprivoisé les érotismes les plus variés. Elles gèlent cette nuit dans un sombre hiver, les nerfs brûlés d'une glace sans pitié. Vous étiez leur raison, désormais la raison les ignore.

Prenez… Ceci est mon esprit, ceux-ci sont mes pieds. Leur course parmi les nuages s'est finie dans un éternel ennui… Leurs ailes brisées, ils gisent comme des tourterelles écrasées. Souvent, vous embrassiez mes orteils. Ils ne sont plus qu'un peu d'os et d'ongles que même les chiens ne voudront pas ronger !

Prenez… Ceci est mon cri, celles-ci sont mes hanches… Elles ne seront jamais fécondes de vous ni n'accueilleront de vie… Le centre de mon être s'est effondré en un vide sidéral où se perdent toutes les énergies, les lumières et jusqu'aux rires des enfants. Vos mains ont creusé une tombe dans mon ventre, tandis que vos promesses s'ajustaient à ce caveau percé dans les entrailles à coup de mensonges.

Prenez… Ceci est ma peau, ceux-ci sont mes seins. Pétris de vos mains, ils étaient tout… Loin de vos paumes, ils me gênent. La moindre étoffe est insupportable, leur nudité me l'est plus encore. Je les arracherais volontiers tant ils vous réclament. Priveriez-vous un chaton orphelin d'un peu de lait, des oisillons abandonnés de leur subsistance ? Non n'est-ce pas : vous les nourririez avec compassion… Alors pourquoi laissez-vous mes seins mourir de faim ?

Prenez… Ceci est ma joie, celles-ci sont mes cuisses… Ce livre prompt à s'ouvrir dont vous arrachez les plus douces pages. N'importe quel feuillet évoque une de nos histoires, les explosions que j'ai connues, les morts petites aux vertiges de paradis. Ces papiers ne sont plus que des chiffons dont les textes s'évanouissent comme des paroles trop vite prononcées.

Prenez… Ceci est mon rêve, ceux-ci sont mes reins… J'ai bu le mélange de nos étreintes, la coupe amère de vos maîtresses, le champagne de vos venues, les nectars salés par nos sueurs… Ces reins rendaient à la terre la miction de nos désirs et de nos regrets. Obstruez mes reins ou tendez-moi une lame pour les extraire moi-même et les jeter à qui en voudra…

Prenez… Ceci est mon souffle, celles-ci sont mes respirations… Maintenant que seul l'air me pénètre, je n'ai plus goût à l'être… Le monde ne vient plus dans mes poumons que pour s'y débarrasser de rêves totalement décomposés, dédaignés même des corbeaux… Mes inspirations sont mortes, seules mes expirations survivent…

Prenez… Ceci était ma fièvre, cela est ma lèpre… Donnez-moi une crécelle, que je prévienne les prochains hommes que je suis le Malheur, la Dévastation, le lac des pleurs et la montagne aux chagrins… Qu'ils me fuient et me rejettent sur ces moignons au creux desquels vous aimiez vous nicher.

Prenez… Ceci est ma chair, cela est mon être… Évidez-moi jusqu'aux viscères… Grattez les parois… Essuyez ce creux, cette fosse, ce néant… Épuisez ces larmes rétives à se déverser sur la terre aride de ces étendues désolées après vous !

Prenez… Ceci est mon tourment, cela est ma consolation… Je vous ai déjà tout donné… tout… et me voici encore encombrée de tout ce que vous laissez en souffrance…

Prenez…

Pour la dernière fois, prenez…

Qu'il reste à la fin encore moins du rien que je suis devenue…


 
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   Anonyme   
27/3/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Je n'ai vraiment pas aimé ce texte que je ne trouve pas poétique du tout.

Il n'y a rien dans ce texte qui me renvoi à une quelconque poésie, non que le choix des mots me dérange, après tout le banal peut être beau, mais là il y a une telle absence d'image ou de suggestions que je me retrouve totalement dépourvu.

J'ai apprécie par contre l'idée biblique du "Prenez" , l'abandon de soi à l'autre plus fort encore que la vie.
Mais a l'arrivée je suis déçu parce que rien ne vient soutenir cette intention.
De phrases comme: "Le monde ne vient plus dans mes poumons que pour s'y débarrasser de rêves totalement décomposés, dédaignés même des corbeaux..." sont trop ou pas assez ! Je m'explique: soit il y a une volonté de marquer l'abandon, le désespoir le plus total, et dans ce cas il faut aller plus loin dans le vocabulaire, il faut quelque chose de plus dur; soit il y a une volonté d'atténuer un peu tout ça parce que c'est une prière, une supplique, et il faut laisser une note d'espoir, une touche de couleur dans cette phrase.

Je n'ai pas été convaincu, il manque pour moi de la poésie, pas de la beauté, de la poésie (!) dans ce texte.

   irisdenuit   
27/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Un texte pour le moins intense et assez bien écrit.
Je ne sais pas si c'est vécu mais beaucoup de sincérité s'en dégage, beaucoup de douleur également.

Dans ce genre de texte je me serais sentie plus à l'aise avec l'emploi du "tu".

La répétition du "prenez" ne nuit pas à la lecture et à la fluidité.

Bref, un très bon moment de poésie.

Amicalement,

Iris

   Anonyme   
4/4/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé ce texte très poétique, certes d'une poésie crue, dure, à vif, mais d'une poésie qui prend aux tripes et qui exprime bien ce qu'elle veut exprimer: la douleur de ce qui fut et n'est plus.
Je signale en toute sympathie une faute d'orthographe: "combien de noeuds ont-elles coulés..."
Je suivrai vos prochaines parutions.

   Fattorius   
4/4/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Intense, en effet, et pas mal construit - l'idée des parties du corps qui reviennent dans le deuxième "ceci" est par exemple une belle trouvaille, qui crée un bon rythme.

Le vousoiement me paraît pertinent: une femme parle, apparemment vaincue, promise à tout homme, même un parfait inconnu, auquel elle se donne tout entière. Un tutoiement n'aurait pas eu lamême force évocatrice de l'abandon: on ne tutoie que ceux dont on est complice, ou avec lesquels on a un lien, voulu ou imposé.

En revanche, je commence à trouver un peu cliché cette association religion chrétienne/sexe qui prétend provoquer et subvertir, dès les premières lignes: ça ne marche plus avec moi... trop vu ça, trop facile d'exploiter le christianisme à des fins de provocation, désolé.

Merci, cependant, pour l'instant de lecture!

   nombrilc   
4/4/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
les femmes, et le sexe, même l'homme a plus de décence mais pour un texte poétique la femme est trop plongée dans ses phrases aux plis de son lit.

Pour moi, cela tourne trop autour du sexe, pas de quoi sortir tant de douleur si ce n'est pour faire sortir un mensonge.

Même si cela fait du bien à tout lecteur de lire des textes qui enragent les coeurs. Pour cela et pour avoir garder la fin comme mobile avec conviction, j'aime. Et il en ressort quelque chose de fort poétique et de moins sentimental.

   Anonyme   
4/4/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une détresse amoureuse bien rendue je trouve, particulièrement forte et évocatrice. Pour un homme il fallait oser aller aussi loin dans l'intimité d'une femme, dans ses émotions les plus profondes.
On ressent bien le côté tragique d'une séparation et la ruine de l'amour-propre qui s'ensuit. Quand l'être aimé s'en va, la blessure est d'abord narcissique, c'est bien retranscrit dans cette femme qui répudie toutes les parties de son corps, qui les rejettent parce qu'elles ne sont plus désirées.

Quelques images un peu mièvres néanmoins ("des tourterelles écrasées", "Priveriez-vous un chaton orphelin d'un peu de lait") et une dernière phrase pour le moins alambiquée !

   wancyrs   
4/4/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une espèce d'eucharistie d'amour, de passion et de déception... La formule qui est leitmotiv ici rappelle le sacrifice du Christ, mais seulement, ce sacrifice était porteur d'espoir, et non de chagrin comme laisse voir ce texte. Il y a de belles formulations tout le long du poème, mais j'aurais aimé que ce "prenez" soit mis en facteur, et que la prose, la vraie, prenne le dessus ; dommage...

   funambule   
7/4/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'ai du mal à "prendre"... même si l'idée me plait assez. J'ai le sentiment qu'un raccourci (condenser l'ensemble) aurait rendu l'envoi plus efficace. Tout en "suivant" je me suis un peu "dilué" entre les mots... et peut-être un certain lyrisme qui me semble exagéré, desservant l'aspect poétique .

   Palimpseste   
17/4/2012
Bonjour et merci de vos commentaires. Bienveillants ou critiques, ils sont tous les bienvenus.

Un fil d'explication de texte a été ouvert ici: http://www.oniris.be/forum/prenez-encore-un-peu-de-douleur-t15421s0.html#forumpost203323

Au plaisir de vous y retrouver...

   Anonyme   
27/4/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte est emprunt d'un lyrisme que l'on pourrait juger excessif, mais qui correspond selon moi très bien et très précisément à l'excès dont nous sommes capables au paroxysme des blessures narcissiques.
Ce lyrisme est servi par une écriture agréable et une bonne musicalité, raison pour laquelle je regrette quelques formulations (que je juge personnellement) plus faibles et qui, de ce fait, le contrarie.
Il n'y en a pas des tonnes, mais en voici les principales :

"les érotismes les plus variés" : "les plus variés" me parait faible

"comme des tourterelles écrasées" : gnangnan

"Priveriez-vous un chaton orphelin d'un peu de lait, des oisillons abandonnés de leur subsistance ?" : gnangnan également

"N'importe quel feuillet évoque une de nos histoires" : Je ne trouve pas le "N'importe quel feuillet" très élégant. J'aurais davantage apprécié "Chacun des feuillets" ou "Chaque feuillet", mais je comprends bien sûr la notion d'aléatoire que vous avez voulu mettre dans l'expression "N'importe lequel" et qui donne plus de poids au sens (c'est-à-dire que l'ex-conjoint est partout où l'on porte le regard ou l'esprit, si je comprend bien).

"pour s'y débarrasser de rêves totalement décomposés" : "totalement" affecte tragiquement l'élégance de la suite sans apporter quelque chose de véritablement utile.
Je vais tenter d'expliquer ce que j'entends par "affecte tragiquement l'élégance".
Prenons la suite raccourcie : "pour s"y débarrasser de rêves décomposés"
Si l'on prononce cette phrase à voix haute et sans prononcer le "e" de "rêves", nous plaçons les toniques aux endroits mis en majuscule :

pour s'Y débArrassER de rÊves décOMposÉs

Le rythme est parfait, un véritable métronome. De plus, nous trouvons une rime phonétique entre les 3ème et 6ème temps.
La présence de l'adverbe "totalement" casse cette mécanique pourtant si parfaite. Quel dommage !

Je cesse de chipoter pour relever cette fois quelques formulations que j'apprécie particulièrement :

"refroidies de votre absence"

"Vous étiez leur raison, désormais la raison les ignore."

"les morts petites aux vertiges de paradis"

"Le monde ne vient plus dans mes poumons que pour s'y débarrasser de rêves totalement décomposés, dédaignés même des corbeaux" (en supprimant le "totalement"; cfr plus haut)

"Donnez-moi une crécelle, que je prévienne les prochains hommes que je suis le Malheur, la Dévastation, le lac des pleurs et la montagne aux chagrins"

"Qu'il reste à la fin encore moins du rien que je suis devenue"

La simulation liturgique imprime au texte un rythme plaisant et une structure naturelle.

Je regrette peut-être un peu que l'accent soit à ce point mis sur cette notion de corps offert en sacrifice par une femme à son homme. Derrière le sacrifice proposé post-rupture, on sent presque le "sacrifice" précédant et cela me gêne. Selon moi, il s'agit là davantage d'une illusion sociétale, convenue et entretenue, dommageable à la fois aux femmes et aux hommes, que d'une réalité. Je ne juge pas ici l'intention de l'auteur, mais uniquement l'impression que j'ai eue.

Je conserve de l'ensemble un bon moment de lecture.

   zenobi   
27/4/2012
Pas été emballé... Le côté trop plaintif de ce rôle féminin ? Quelques tournures moins heureuses...


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