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Poésie contemporaine
papipoete : Pêche en mon coin secret [Sélection GL]
 Publié le 04/09/23  -  16 commentaires  -  1101 caractères  -  257 lectures    Autres textes du même auteur

Je devais être le seul à avoir découvert qu'ici nageaient des poissons.


Pêche en mon coin secret [Sélection GL]



La ronce interdit toute approche
De ce ruisseau nommé Serein,
Quand soudain j’aperçois tout proche,
Défriché, un accès restreint.

Cet endroit me semble propice ;
Comme un serpent sans aucun bruit,
Au plus près de l’eau je me glisse
Quand un gobage se produit !

Dans ce ru, une belle tanche
Puis une autre a sauté là-bas !
Une traque aussitôt s’enclenche
Je prépare le branle-bas !

À peine ma ligne en surface
Qu’un poisson sur elle bondit,
De mon flotteur faisant main basse
Dans les profondeurs se perdit.

Quelques plongées plus tard je ferre,
Accroche l’hôte de l’endroit
Qui, remuant veut se défaire,
Ainsi remporter le tournoi.

Alors que je hisse ma prise
S’approche curieux un luron,
Dit « ça mord ? » avec convoitise :
« Non rien, même pas un vairon ! »

Mais le quidam ne fut point dupe…

Lorsque je revins chaque jour,
Il était là l’indésirable,
Traquant toute proie ce vautour
Même fretin, guère mangeable…


 
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   Robot   
20/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
A malin, malin et demi !!!
Notre narrateur voulait se réserver un coin de pêche secret et par un mensonge essaie d'éloigner un importun. Mais l'autre ne s'en laissant pas conter lui chipe la place à la première occasion.
La séquence de pêche des cinq premiers quatrains est décrite de telle manière qu'on a l'impression d'y participer. Le final m'a fait sourire. On sent le dépit.
Tout comme le ramasseur de champignons qui se fait piquer son coin de cueillette, notre pêcheur peu partageux connaît une belle désillusion.

   Ornicar   
20/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Il en va de la pêche en eau douce comme de la cueillette aux champignons : chacun a ses coins, jalousement conservés dans le secret de sa mémoire. Un "coin", ça ne se dit pas, ça ne se divulgue pas.

Comme le poisson de l'histoire, j'ai mordu tout de suite à ce récit halieutique. Car récit, il y a. C'est vivant, amusant, on y est véritablement, et surtout, on ne s'ennuie pas. C'est inspiré, il y a un sens indéniable de la formule qui croque la scène se déroulant sous nos yeux. C'est la grande qualité de ce poème en octosyllabes, un mètre, ni trop long, ni trop court qui, sur Oniris, a ses aficionados de longue date, je crois savoir...

Les rimes sont variées, l'éciture globalement de qualité. Je dis "globalement" parce que c'est irrégulier. A certains moments, c'est bon et même très bon, à d'autres, l'expression pourrait être davantage polie comme les galets de ce cours d'eau.
Démonstration par l'exemple.

La première strophe est parfaite, elle accroche le lecteur. Bonne idée d'avoir utilisé le mot "ronce" au singulier; "La" ronce, c'est tout de même autre chose que "les"ronces. Ca vous pose un décor.

- vers 5 et 6 "Cet endroit me semble propice / comme un serpent sans aucun bruit," - le vers 5 me paraît un peu plat. Le lecteur pourrait davantage ressentir l'attrait puissant qu'exerce sur le narrateur, un tel endroit. Il en va de "cet" endroit comme de "la" ronce plus haut. Ce n'est pas n'importe lequel, mais un endroit qui ouvre la porte sur un monde merveilleux et plein d'aventures.
Le vers 6 pourrait être, quant à lui, encore plus fluide. Au plan sonore, "aucun" ne se fond pas assez dans le décor et le rythme du vers qui doit, ici, épouser le mouvement reptilien, à la fois souple, silencieux, sans accroc.
Je chipote vraiment, oui ! Mais si j'avais eu telle inspiration, voici comment j'aurai vu ces deux vers : "Or l'endroit me semble propice / Comme un serpent sans faire un bruit..."

- troisième strophe, la formulation impersonnelle ("Une traque aussitôt s'enclenche") fait mouche, si j'ose dire, et tape juste. Je n'ai qu'une seule interrogation : ces tanches sont au moins deux ; "ont" sauté plutôt que "a" sauté ? Je ne sais...

- quatrième strophe, deux derniers vers "De mon flotteur faisant main basse / dans les profondeurs se perdit" : "se" renvoie au "poisson" plus haut dans la strophe. Il me semble qu'il aurait été plus judicieux d'employer "le" renvoyant au "flotteur", moins éloigné, d'autant plus qu'à la strophe suivante, le bouchon n'arrête pas de monter et descendre ("Quelques plongées plus tard...) Il me semble important de préserver l'aspect cinématographique de la scène, comme ceci par exemple : "Et du flotteur faisant main basse / Dans les profondeurs le perdit."

- cinquième strophe : rien à dire sur les trois premiers vers. Les deux premiers sont très bons et font preuve d'esprit. Après ces "quelques plongées plus tard", image du floteur qui monte, qui descend, qui remonte et redescend, on sourit à l'évocation de "l'hôte de l'endroit" désignant le poisson ferré.
Mais le dernier vers "Ainsi remporter le tournoi" accroche à l'oreille, me paraît bancal et ne me satisfait pas vraiment. "Qui, remuant, veut se défaire / Et même emporter le tournoi" sonnerait-il mieux par hasard la fin de ce combat ?

- sixième strophe : les deux premiers vers sont fluides et on sourit encore à ce "luron", de l'espèce "fâcheux", mais les deux derniers vers le sont moins. "... pas même un vairon" me semble mieux couler que "... même pas un vairon". De plus, au vers précédent, l'apostrophe ("Dit "ça mord ?" avec convoitise) me semble mal amenée. Suggestion pour ces deux vers, raccourcir et concentrer le dialogue sur le dernier vers comme ceci : "S'approche, curieux, un luron / Qui demande avec convoitise : / Ca mord ? - Non, pas même un vairon !"

- septiéme et dernière strophe : même remarque pour les deux derniers vers "Traquant toute proie ce vautour / Même fretin, guère mangeable..." où la syntaxe me paraît bien malmenée. C'est vraiment dommage pour la chute. Pourquoi pas : "Traquant ses proies comme un vautour / Jusqu'au fretin, guère mangeable..." ?

Pour l'écriture, je fais donc une moyenne, une cote mal taillée, entre "perfectible" et "aboutie". Il ne manque vraiment pas grand chose pour me convaincre totalement et que je morde benoîtement à l'hameçon que vous me tendez. Mais vous l'aurez compris : dans les eaux troubles d'Oniris, je suis du genre chevesne plutôt que vairon.

   Geigei   
20/8/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
J'ai vu des rimes mais le récit, selon moi, manque de transpositions, de métaphores, d'images évocatrices.

Je relis. Oui, il ya la comparaison avec le serpent au début, et l'indésirable est comparé à un vautour.

   Lebarde   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Tiens donc, une histoire de pécheur qui fleure bon la campagne, je ne peux être que conquis moi, qui en son temps, passais mes vacances à taquiner le vairon pour ensuite tenter d'attraper le brochet.

On y retrouve tout dans ce joli poème très réaliste: le coin de pêche qu'on a découvert et qu'on veut garder secret, l'approche silencieuse et le geste sûr du pêcheur, la lutte brève et incertaine mais tellement jouissive avec le poisson qui a mordu...et puis l'inévitable quidam importun et curieux, qui n'y connait rien, mais questionne (« ça mord ?») et voudrait bien savoir!!!

Une remarque de ma part cependant: ce ne serait pas la truite plutôt que la tanche qui "gobe", "saute" et fréquente "ce genre de ru?
A ma connaissance la tanche est un poisson de rivière calme ou d'étang à fond vaseux qui ne se hasarde guère à la surface.
( je dis cela c'est pour causer entre connaisseurs et je ferme la parenthèse)

Sinon ce poème en octosyllabes presque parfaits est d'une belle fraicheur et vivacité d'écriture.
J'aime bien.
Il eut fallu si peu de chose: une petite rime fautive par ci, une diérèse faisant boiter un vers par là, sans doute évitables, pour en faire une jolie et élégante poésie classique que d'ailleurs vous ne revendiquez pas, pour me combler totalement.

En EL

Lebarde

Ps: je reviens pour une faute qui me faisait saigner 🩸 les yeux.

   Zeste   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Sérénité absolue, force émotion de l'homme devant une nature dans ce qu'il y a de plus généreux ( le paradis pour un pêcheur) et qui finit par prendre la mouche...
On s'y croirait!

   Cristale   
4/9/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Heureux comme un poisson dans l'eau ? C'est vite dit à condition qu'il n'y ait pas un papipoète-pêcheur dans le coin pour exciter le petit monde à nageoires. Quant au quidam pêchetout, c'est un malotru, pareil que le coucou qui chasse les autres pour leur prendre leur nid.
La versification me laisse sur ma faim, mais l'auteur connaît mes goûts dans ce domaine.
Sans prise...de tête, une petite histoire fraîche et bucolique qui fait du bien en ces temps de canicule.

   Provencao   
4/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Bel ami papipoete,


"Alors que je hisse ma prise
S’approche curieux un luron,
Dit « ça mord ? » avec convoitise :
« Non rien, même pas un vairon ! "


S’agit-il d’ironie, d’humour, d émotion, de pessimisme ou de la joie des purs, je ne sais, mais d’espoir, sans doute, et surtout d’une immense tendresse et de bonheur. Là est le bucolique qui pourrait exister au-delà de la ronce qui interdit.....

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eki   
4/9/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Silence, on pêche ici
Et on écrit de la poésie entre deux prises...
Ben, oui, il faut choisir..Il y a les points de comparaison : les vers et la ligne...
Papipoète, vous taquinez la mouche et le gardon...

Avec vous, j'ai appris ce qu'était un "gobage"...

Bucolique poème dans la source claire d'un encrier...

En évoquant ce souvenir de pêche, vous me ramenez à un livre d'Ota Pavel "Comment j'ai rencontré les poissons"...une histoire qui parle beaucoup de pêche, de poissons, de vie, de survie,de mémoire...On y parle aussi d'ombres...

Eki attend que ça mord...

   Miguel   
5/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Petit poème plaisant, en forme de récit, avec une ou deux tournures peut-être un peu alambiquées (strophe 4), mais aussi pas mal de petites trouvailles drolatiques. La pêche y est décrite de manière vivante et légère, et l'importun de la fin apporte aussi une belle dimension humoristique.

   Mokhtar   
6/9/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
"Les petits contes de papipoète"...voila un titre d'ouvrage qui pourrait rassembler ce genre d'histoires-anecdotes teintées d'humour et de poésie.
Je confirme que la tanche ne saute pas, mais que, comme sa cousine la carpe, elle fréquente plutôt les bas-fonds. Là où on la tente avec des vers (des vers... de terre).
Malgré quelques améliorations possibles déjà évoquées par mes prédécesseurs, ce texte se lit avec bonheur et amusement.
Merci pour cet agréable délassement.

   Vincent   
6/9/2023
Je déteste la pêche et la chasse alors je passe mon tour

   poldutor   
6/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour ami papy
Comme le cueilleur de champignon, le pêcheur n'aime pas dévoiler le coin, "son coin" de pêche, et il va par toutes sortes de mauvaises astuces, essayer de dissuader le (trop) curieux !
Tel le" vieil homme et la mer" il s'acharne à ferrer le poisson quand un importun se présente et le pêcheur de jouer la comédie...
Les différentes phases de la pêche, sont bien rendues et nous vivons le "combat" à mort de l'homme et de la tanche...
Bravo pour cette histoire-fable qui m'a bien amusé.
P.S j'ai appris le mot gobage0

   Lo   
6/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
En voilà un poisson qui ferraille énergiquement, la tanche ! et d'une beauté ! Reflets ocre et bronze.

Il est secret le pêcheur ; et se voir ainsi envahi par un intrus ne l'enchante guère. C'est bien rendu.

(Bon, ici, c'est un ru mais en étang, se voir subtiliser "sa" place alors qu'on a amorcé la veille...)

Merci pour cette session.

   Damy   
6/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Merveilleuse fable ! Vous ne savez combien, cher papipoète, elle m'émeut, faisant sortir de l'eau mes souvenirs les plus tendres de mon enfance qui s'est passée dans mon petit coin dit "du moulin" (mon grand-père était meunier). le ruisseau s'appelait "le Martinet" et l'étang "l'étang du moulin".
Combien de goujons, de tanches, de chevesnes, de brochets et même d'anguilles ont pu régaler la tablée familiale !
Mon seul concurrent était mon propre frère : il fallait être le 1° pour s'emparer de la barque.

Merci donc pour cette fraicheur qui m'a fait rajeunir de plus de 55 ans.

   Malitorne   
14/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce n'est pas parce qu'on me commente en termes élogieux que je rends la pareille. Si je n'avais pas aimé ce poème, je vous l'aurais dit franchement. Or je l'apprécie, de par son caractère léger, sans esbroufe, sa fluidité comme l'eau d'une rivière, son contexte au plus près de la réalité. Une scène de la vie quotidienne, versifiée, qui m'est d'emblée accessible et ne m'embrouille pas le cerveau. Oserais-je dire que c'est de la poésie rurale ? N'y voyez aucun dénigrement, bien au contraire. Il n'est pas évident de retranscrire avec justesse les petites choses de la vie.

   Vincendix   
17/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Papipoete,
Né entre deux rivières, j'ai connu de telles mésaventures.
Un texte bien brossé, sans fioritures, j'ai mordu à l'hameçon à chaque ligne.


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