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Poésie néo-classique
papipoete : Retour arrière
 Publié le 27/12/24  -  14 commentaires  -  1195 caractères  -  154 lectures    Autres textes du même auteur

Six ans en 1955.


Retour arrière



Jadis, sur le chemin d’école
Je voyais tant d’animation
Qui me faisait traîner la grolle
M’emplissait de contemplation.

Le maçon élevait de terre
Un nouveau quartier de villas.
Auprès d’un rougeoyant cratère,
Le forgeron frappait le La.

Deux maigres vaches à l’étable
Donnant quelques litres de lait.
Le marbrier infatigable
Rendait sublime un beau galet.

Quel personnage que « la Pipe »
Menant son rouleau compresseur !
Tout près, du cambouis plein la fripe
Se démenait le ferrailleur.

À vélo les sœurs en cornette
S’en allaient prodiguer leurs soins,
Quand attablés à la buvette
Face au cloître on faisait l’appoint.

Le bétail cernant la fontaine
S’attroupait le museau fumant,
Lorsqu’au lavoir à perdre haleine
Tapaient les femmes en chantant.

Dans la cour aux garçons aux filles,
Sous l’œil de l’instituteur
On jouait à la corde, aux billes,
Aux gendarmes et aux voleurs.

Un coup de sifflet énergique
Groupait en rangs les écoliers ;
L’École de la République
Ouvrait notre premier cahier…


 
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   Lebarde   
17/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Evocation de tous ces métiers d'avant qui animaient nos villages et participaient à l'éducation tout autant que " l’École de la République".

Tout y est: le maçon, le forgeron, le marbrier, le ferrailleur, le cantonnier débonnaire sur son "rouleau-compresseur", les hommes attablés à la buvette de la place, les lavandieres , " À vélo les sœurs en cornette" et le bétail autour de l'abreuvoir et puis les gamins et gamines qui jouent à la corde à sauter, aux billes et aux gendarmes et aux voleurs, "Sous l’œil de l’instituteur"...

Je me reconnais tellement dans l'atmosphère des scènes décrites qui pourraient être ( non qui sont par le détail) celles de mon enfance à la campagne.

Certains, les plus jeunes des lecteurs diront que ce poème sent la naphtaline et ne verront que des clichés sans intérêt d'un autre âge, mais qui sont les souvenirs indélébiles de la jeunesse rurale de tous les gens des années 50.

Merci de les avoir rappelés avec autant de vérité, de sincérité et de vivacité.
Ces octosyllabes, simples, bon-enfant, terriblement humains, trahissent son auteur et me mettent la larme à l'œil.

Bravo cher poète, j'espère que vous toucherez les lecteurs de tous âges, comme vous avez su me toucher une fois de plus.

En EL

Lebarde nostalgique.

   Ornicar   
18/12/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Souvenir, souvenir, quand tu nous tiens !
Je suis partagé sur ce texte. Je n'ai rien à priori contre la nostalgie et l'évocation de souvenirs anciens. Ou même, les souvenirs "des" anciens. Ce qui me gêne, ici, c'est que j'ai l'impression d'avoir une compilation de souvenirs disparates. Je cherche en vain une unité dans ces strophes qui manquent de "liant" à mes yeux ; une colonne vertébrale, une idée centrale que servirait cette évocation. Je n'en vois pas. Mais peut-être la mémoire procède-t-elle ainsi, après tout. Pour moi, simple lecteur, il me manque néanmoins "quelque chose", sans que je puisse le définir précisément.

Il y a bien sûr ces deux derniers vers ("L'Ecole de la République / Ouvrait notre premier cahier"), que je trouve plutôt réussis. Mais c'est un peu court, un peu tardif aussi. Plus développés, ils pourraient constituer, dans la "sacralisation" faite de cette fameuse "Ecole" par l'emploi de la majuscule, l'aboutissement et la justification suprême de tout ce qui précéde. Comme une espérance de progrès, une foi en un avenir meilleur, une chance offerte aux jeunes générations après les années de guerre et de privations que n'auront pas manqué de connaître le "maçon", le "marbrier", et le préposé à l'entretien de la voierie, "la Pipe". Une espérance rendue possible grâce en partie à l'école républicaine justement, au dévouement de ses maîtres, aux possibilités de promotion sociale dont pouvaient se saisir les enfants de milieux modestes.

Car j'ai le sentiment intime, (je peux toutefois me tromper) que c'est bien cette idée là que poursuit l'auteur à travers ce poème. Dommage que le "lien" ne se fasse pas. Il ne manque pas grand chose en définitive. Juste un peu de "liant" car les ingrédients sont là.

   poldutor   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Pierre
Charmant petit poème en vers octosyllabiques célébrants des métiers aujourd'hui moins pénibles, mais toujours indispensables. Ah les sœurs à cornette de notre enfance dont la coiffe faisait concurrence à nos alsaciennes et avait une belle prise au vent !
Et les lavandières, (étant de la ville, je n'ai pas connu cela) se gerçant les doigts en hiver, je n'ai pas connu l'école primaire "mixte" nous étions séparés, cela devait être utile à la discipline (les garçons ne faisant pas les "zigotos !)
La nostalgie me prend au souvenir de ces temps-là.
Merci pour ce moment.
Cordialement.

   Robot   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Images d'autrefois, nostalgie du passé. Le poème nous donne une vision rurale du milieu du 20ème siècle aprés la période de la seconde guerre mondiale et les reconstructions qui iront s'accélérant jusqu'aux années soixante.
Probablement les plus âgés des oniriens (comme moi) ont pu connaître la dualité de cette époque. C'était déjà le décalage entre la vie des villes qui entraient dans la modernité et celle des villages attachés encore aux traditions.
C'est bien sur la vision idyllique qui vient à la mémoire. Seuls les bons jours sont retenus pour nous offrir une évocation d'une jeunesse qui a pourtant réellement existé.

   Damy   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'avais 5 ans à l'époque et vécus jusqu'à mes 15 ans à la ferme.
Les "sœurs en cornette" m'on rappelé le curé — ou Monsieur l'abbé — qui donnait le résultat de la composition de catéchisme, perché sur la chaire devant l'assemblée des fidèles (l'église était pleine, les hommes sur les bancs à droite et les femmes avec leur fichu à gauche.

Papipoete, vous évoquez avec une grande habileté et une belle délicatesse les temps probablement les plus heureux de ma vie et cela m'émeut profondément.

Merci.

   Provencao   
27/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Bel ami papipoete,

Un délice ce poème...

Les souvenirs lointains de l’absence deviennent pour le nostalgique la pièce d’une seconde vie, d’une vie poétique et songeuse, d’une vie fantomale qui s'offre en marge de la première… une vie onirique ce conte qui est irréelle comme un rêve.
Merveilleux bonheur recouvré en vos vers.

J'aime cette nostalgie irisée en petite lueur intérieure d’où naît un écho de nulle part ailleurs.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cyrill   
27/12/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Papipo,
Né citadin, je n’ai pas connu cette ruralité qu’on pourrait croire venue du 19e siècle. Chaque quatrain convoque une photo sépia et dentelée, comme l’une sur l’autre. Il me manque cependant la déambulation du locuteur sur le chemin de l’école. Je n’ai pas ce lien dans ma lecture. De jolies scènes néanmoins, rendus par des octosyllabes bien ficelés pour la plupart.
« M’emplissait de contemplation » me fait tiquer, tout comme « à la corde, aux billes, / Aux gendarmes et aux voleurs. », des formules qui me paraissent un peu cherche-métrique.
Je salue en revanche « L’École de la République / Ouvrait notre premier cahier… » : tout un programme, mais il semble qu’il ait commencé dans cette histoire naturelle rencontrée et racontée en chemin par le petit élève curieux.
Bonne continuation et merci pour la lecture.

   Cornelius   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Un retour en arrière qui fait du bien en nous rappelant les meilleurs moments de notre jeunesse.
Je me souviens en particulier d'avoir passé un séjour dans un centre de vacances au Grau du Roi tenu par des soeurs à cornette. Cela vous marque pour la vie et je me souviens très bien de la mère supérieure dont la qualité principale n'était pas la tendresse. Et pourtant malgré le harcèlement des moustiques et cette peau de vache encornée cette colonie de vacances m'a laissé un bon souvenir.
Merci donc pour ce poème.

   Ramana   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je naissais en 1955, dans le cadre que vous évoquez si bien. C'était, comme on dit, "la France d'avant", avec tous ses petits artisans, cette activité "bon enfant" dans les campagnes, avec les femmes au lavoir qui passaient en revue les faits divers et les cas individuels des absents, bien sûr !
Juste cette petite remarque : "Sous l'oeil de l'instituteur" n'a que sept syllabes.

   Jemabi   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Vu à travers les yeux d'un enfant, ce tableau flirte avec l'art naïf d'un douanier Rousseau, par exemple. Il s'en dégage un doux parfum passéiste, évocateur et communicatif, car tout adulte porte en lui la nostalgie de l'enfant qu'il était, quelle que soit la génération dont il est issu. Ici, cette nostalgie se double de celle des petits métiers disparus ou en voie de disparition. "Sur le chemin de l'école" chantait Gérard Lenorman. On s'arrêterait avec plaisir sur le chemin de votre école à vous.

   Marite   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bien charmant ce poème qui déroule les souvenirs qui ont marqué l'enfance de nombre d'entre nous qui sommes encore présents. Tant de choix de vie offerts aux yeux et à l'imaginaire des enfants, complément indispensable au "savoir" dispensé à l'école et qui forgeait les individualités.
Tiens, pas de sabotier chez toi Pierre ? Mes premiers sabots pour aller à l'école, juste à la taille de mes pieds encore petits ... une fierté !
Le mot "grolle" m'était inconnu, je suppose que c'était l'équivalent des "galoches" ?
Des vers courts, sans lourdeur, étaient tout à fait appropriés pour ce thème.

   Cristale   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour papipoète,

Un retour arrière dessiné de bons souvenirs d'une vie révolue.
Les images nous présentent des personnes exerçant des métiers d'autrefois, du temps où les femmes usaient la peau de leurs mains dans les eaux savonneuses des lavoirs.

J'aime bien ce tableau :

"À vélo les sœurs en cornette
S’en allaient prodiguer leurs soins,
Quand attablés à la buvette
Face au cloître on faisait l’appoint."

L'octosyllabe, même si l'un d'eux a trébuché, sied parfaitement à ces scènes de vie un peu à la manière cinématographique de Pagnol.

Merci pour ce zoom arrière.

   Francois   
27/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème très agréable, évoquant une France rurale des années 50, et qui a aujourd'hui disparu....
Les strophes, en octosyllabes, dont très visuelles : on voit le ferrailleur, le marbrier, les sœurs en cornette, les femmes l'avant leur linge en chantant...
C'est un petit film, un peu à la Jacques Tati, et un enfant qui regarde, fasciné, avant de rentrer à l'école.
Merci pour cette belle et nostalgique évocation !

   Annick   
28/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour papipoete,

Le poème me fait penser à une rue de village animée avec de part et d'autre les activités des différents corps de métiers. Les descriptions vivantes des scènes quotidiennes et des personnages emblématiques ancrent le lecteur dans un monde simple et authentique de la ruralité d'autrefois. La dernière strophe avec l'École de la République représente la transmission de tous ces savoirs et savoir-faire. Elle ouvre sur le futur comme une apothéose.

J'ai beaucoup aimé la simplicité des mots allant de pair avec authenticité. C'est un sujet que j'apprécie. Je lis également des romans de terroir comme "Marie sans terre" de Yves Jacob, ancrés dans la grande Histoire, la ruralité, où les valeurs comme celles du travail, du courage, sont mises en avant.

Merci.


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