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Poésie en prose
papipoete : Saint-Étienne-de-Coldre
 Publié le 25/10/21  -  16 commentaires  -  1494 caractères  -  185 lectures    Autres textes du même auteur

Toute seule, à l'orée d'un bois, se dresse la chapelle de Saint-Étienne… si loin de tout qu'il fallait être bien pieux pour y venir prier…


Saint-Étienne-de-Coldre



« Visiteur, parle bas et avance-toi jusqu’à cette oasis de paix, où l’on venait prier entre vivants ; où l’on accompagnait un défunt vers sa dernière demeure,
autrefois… »

Isolée en bord de forêt, la chapelle « vieille dame » tenait toujours debout sur ses murs ; mais son toit de lauzes, tombées par terre, semblait un tas de vieux cheveux prenant la poussière.
Elle put opiner du clocher, quand d’une fringante toiture, l’homme lui rendit tout son charme… elle était si jolie.
Ce lieu saint veillait contre l’œil du Diable, mais hélas n’était point de taille, face à l’assaut de l’ogre-nature ; il allait au fil du temps dévorer son cimetière, l’ensevelir sous un haillon de ronces et de lierre.

« Visiteur, souviens-toi que tu es poussière
et
que tu redeviendras poussière… »

Riche ou modeste sépulture arborent aujourd’hui la même vêture…

Ici, l’imposant sarcophage gravé de lettres entrelacées, paré de nobles blasons comme cette monumentale stèle aux angelots… n’est plus qu’informes blocs noirâtres sous le vert mordeur.

Là, cette pierre tombale, comme éventrée par Dracula, gît de guingois et penche sur ce carré d’herbe nu ; pauvre tombe que ceint une grille de fer forgé rouillé… tel lit-cage qu’un Christ sans main berce au gré des courants d’air, pour l’éternité.

Un calme lugubre flotte sur cet océan de trépassés.
Seuls les mâts des épicéas vigies
geignent en grinçant.


 
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   Queribus   
15/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un bel hommage très habilement conduit à une petite chapelle qui doit être ravie qu'on pense à elle. La forme "prose" n’empêche pas de très belles images romantiques qui se succèdent à chaque phrase
dans une forme grammaticale soignée;la succession de "mini- paragraphes apporte , eu contraire , je pense, un plus par rapport à une forme fixe"En conclusion, l'ensemble me semble une belle réussite, ce qui n'est pas toujours le cas, dans la poésie en prose. En espérant avoir le plaisir de vous lire à nouveau bientôt.

Bien à vous.

   Anonyme   
15/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Une écriture visuelle je trouve, qui m'évoque des images frappantes, ainsi par exemple :
son toit de lauzes tombées par terre semblait un tas de vieux cheveux prenant la poussière.
ou
l’ensevelir sous un haillon de ronces et de lierre.

Cela dit, j'ai le sentiment de devoir briser une gangue pour bien dégager les pépites. Pour revenir aux exemples ci-dessus, le verbe "sembler" me paraît introduire une timidité regrettable dans la comparaison (les lauzes, à première vue, sont des cheveux épars à terre, c'est l'intellect qui reconstitue la réalité de lauzes qui semblent autre chose ; vous me faites ressentir, à moi lectrice, ce travail de l'intellect, et ce n'est pas ce dont j'ai envie à ce moment), et la jolie formule d'ensevelissement sous les ronces que je relève vient comme en redondance de l'explication de l'assaut de l'ogre-nature.
C'est pourquoi je pense que vous avez moyen de reprendre votre poème en prose pour en apurer l'expression, la faire parler plus directement à la lectrice que je suis. Mon avis, rien d'autre.

   Robot   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Saint Etienne de Coldre c'est à quelques kilomètres de chez moi. Je retrouve dans ce texte l'impression que provoque cette chapelle et le paysage qui l'entoure lorsqu'on y va en visite.
A la fois "oasis de paix" quand on y vient par les beaux jours et "cimetière lugubre" surtout par grisaille et brume.
J'aime bien entre autre phrase: "lit-cage qu’un Christ sans main berce au gré des courants d’air, pour l’éternité."

   Anonyme   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé ton beau poème en prose qui évoque avec talent un lieu de prières et de tradition.
Ce lieu même pousse à la réflexion et tu l'approfondis avec talent.
Mais j'ai trouvé ta description assez monocorde, bien qu'elle ne manque pas d'intensité émotionnelle.
On voudrait une chute, un final qui ressorte avec un certain relief, et sur ce point, j'avoue que je reste un peu sur ma faim.
C'est néanmoins une belle lecture.

   EtienneNorvins   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beau 'memento mori' en effet ; une rapide recherche sur Internet (pour l'ignorant des lieux que je suis), et l'on retrouve l'atmosphère calme et mélancolique de cette évocation très musicale, où l'humour (Dracula - de guingois / lit-cage et Christ) tempère l'inéluctable... Comme Sphyria, je regrette juste la chute : le geignement des épicéas qui grincent me semble un peu redondant... Dans cet océan, ce sont les seuls à grincer / geindre : pourquoi pas l'un seulement de ces deux verbes ?
Respectueusement,

   Provencao   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" Un calme lugubre flotte sur cet océan de trépassés.
Seuls les mâts des épicéas vigies
geignent en grinçant. "

j'ai beaucoup aimé papipoete ces vers où vous nous confiez avec force qu'il n'existe pas d'opposition irréductible entre penser ce lieu de prières, pas plus qu'entre "parle bas et avance-toi jusqu'à cette oasis de paix"

Et c'est dans ce bord de forêt isolé , que se trouvent la force de la chapelle et la force de la prière en lieu sacré et par conséquent aussi celui qui prie.

Merci pour cette prose, qui commence à m'apprivoiser...

Au plaisir de vous lire

Cordialement

   Cyrill   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ignorant jusqu’à l’existence de cette chapelle, je me la représente tout à fait dans ces quelques lignes, entre ce qu’elle fut et ce qu’elle est devenue.
J’ai beaucoup aimé les images comme « opiner du clocher », « comme éventrée par Dracula » et « tel lit-cage qu’un Christ sans main », qui m’ont promené dans cette atmosphère particulière, entre le calme et l’inquiétude.
J’avoue avoir un penchant romantique pour les cimetières abandonnés à « l’ogre-nature », j’ai le sentiment qu’on doit y reposer en paix. Mais ta vision est plus sombre et je l’ai appréciée.

   Vincendix   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Papipoete,
Un beau texte et même s'il n'est pas en vers, il a un accent poétique.
Dans les années 90, j'allais dans ce secteur du Jura, j'avais un client à Perrigny et j'ai vu cette église très ancienne, elle ne me semblait pas vétuste?
Comme pour beaucoup de lieux identiques, ils sont abandonnés, trop chers à entretenir et pourtant c'est notre histoire.
Vincent

   Annick   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Peinture d'un vieux cimetière romantique qui oscille entre réalisme et poésie.

La voix du narrateur qui interpelle le visiteur semble provenir des cieux : mi-homme quand il personnifie la chapelle, s'apitoie sur les pauvres tombes, évoque le vert mordeur ou l'ogre nature ; mi-Dieu quand il rappelle au visiteur qu'il n'est que poussière.

J'aime la description des lieux. Le narrateur, avec habileté, révèle l'âme de ce vieux cimetière.

Le dernier paragraphe, avec son champ lexical maritime et cette atmosphère lugubre, résume avec justesse ce qui se dégage de ce lieu si particulier.

   Pouet   
26/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

Je trouve que pour un auteur prétendant ne donner que dans le prosaïsme, ce texte ne manque ni d'idéal, de noblesse, de poésie.

Par exemple ce "opiner du clocher" nous plonge dans une ambiance métaphorique fort à propos, rendant la chose à la fois profonde et plus légère.
Ou encore cette comparaison entre le toit de lauzes tombé à terre et le tas de vieux cheveux... nous donnant à voir, à travers cette personnification, la bâtisse plus proche de nos de nos humaines décrépitudes. Envolée terrestre à la fois irréelle et palpable.
Un autre passage que j'ai particulièrement apprécié, trouvé très juste dans sa description : "tel lit-cage d'un Christ sans main berce au gré des courants d'air (...)"

Bref, j'ai trouvé à cette description beaucoup de charme, point de ronflant, mais au contraire une succession de petits clins d'œil qui, loin de fractionner la vision, semblent démultiplier le regard.

   Luz   
26/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour papipoete,

Excellente description de cette église abandonnée à l'ogre-nature.
Je retrouve des rimes parfois qui s’immiscent dans le texte : cimetière/lierre/poussière - toiture/nature/vêture... Cela rend la lecture particulièrement agréable.
J'adore les trois dernière lignes qui redeviennent poésie libre.
Merci.

Luz

   Cristale   
26/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ou l'art de rendre vie et douceur à ce qui est mort et lugubre en des images poétiques dignes du meilleur des photographes.
De la "lugubrité" de ces lieux émane une force tranquille que rien ne semble pouvoir déranger dans son infinitude.
Forcément, c'est du papipoète avec ce regard qui ne ressemble à aucun autre.

   Ombhre   
27/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Papipoete,

que voilà un beau tableau du temps qui passe, de l'oubli, du retour à la poussière. La prose vous réussit dans cette belle évocation, très romantique finalement, d'un vieux cimetière et de ses morts oubliés par tous, de cette vieille chapelle lentement ensevelie sous les ronces et le lierre.
Mais par la magie des mots, si cette peinture est triste, elle n'est jamais lugubre. Et riches dans leur sarcophage gravé ou pauvres dans leur cercueil éventré (Dracula avait une petite faim :-)) retournent tous à la terre première.

Merci pour ce beau partage.

Ombhre

   emilia   
27/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un lieu consacré à la prière, « oasis de paix », vestige d’un temps d’autrefois, laissé à l’abandon puis restauré « d’une fringante toiture », en hommage à ceux qui sont venus s’y recueillir pour honorer leurs morts de leurs souvenirs, réunissant « riche ou modeste sépulture », pour lequel le narrateur réclame au visiteur du respect en lui rappelant que nous ne sommes tous que « poussière »…, que le temps œuvre en ce sens, entre ronces, mousses et rouille envahissantes, ce qui ne peut qu’étreindre les visiteurs accompagnés par cette belle métaphore que j’aime beaucoup, concluant à merveille cette évocation prégnante du berceau de la naissance devenu dans la mort « lit-cage qu’un Christ sans main berce au gré des courants d’air, pour l’éternité… » ; la dramatisation finale, avec ces « épicéas grinçants et ce calme lugubre » pourrait contredire l’impression initiale d’une « oasis de paix », mais je respecte le ressenti de l’auteur ; merci à vous pour ce plaidoyer vibrant à l’égard d’une vieille chapelle solitaire et isolée qui mérite de ne pas être abandonnée…

   Myo   
28/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Papipoète,

Il est de ces lieux qui possèdent une âme et celui-ci en fait partie.
Malgré l'abandon et l'avancée de la nature sur les pierres, elles restent empreintes de ces émotions à fleur de peau, de ces adieux douloureux, de ces prières silencieuses.

Vous avez su par vos mots redonner vie à ce passé touchant.

   Anonyme   
2/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Conviée par les ombres et lumières que tu as su si bien nimber de poésie, je me suis laissée guider par tes clins d’œil connaisseur sous les ronces et les lierres de l'ancien cimetière offert en pâture à l'ogre-nature.

J'ai retrouvé sans peine mes sensations d'ado, lorsque j'aimais me balader dans ce genre d'endroit paisible, presque oublié des dieux, prêtant vie pour une poignée de secondes à quelques âmes à partir d'un nom gravé, d'une photo clouée sur des croix de vieilles pierres.

Bravo et merci, Papipoète, pour cette belle évocation, aussi sensible que poétique et réelle.


Cat


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