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Poésie en prose
Paris : Kamikaze rose bonbon
 Publié le 07/08/23  -  5 commentaires  -  4325 caractères  -  84 lectures    Autres textes du même auteur

Une réflexion sur la Création…


Kamikaze rose bonbon



Retour du kamikaze rose bonbon casse noix. Des pétales de roses étoilées se mirent dans les opprobres du lac. Caniveaux gloutons avaleurs d'air. Aérophagie planante. Les planeurs sont portés par les vents immuables du destin. On se concentre un peu. Échauffement, moulinets de brasero. Ça va venir. Ça vient. Je casse l’Ostie du monde sur un rocher et chacun repart avec un morceau dans sa poche. Prenez et buvez-en tous. La table est servie. Asseyez-vous. Écoutez : nous vivons les dernières secondes de ce monde, la trotteuse gravit le dernier radian sur le cadran de la montre. Tout va partir dans un feu d'artifices et après plus rien, un trou noir sans début et sans fin. Des tonnes d'aluminium anodisé vont s'embraser dans le ciel et disparaître dans des flammes orange qui ne laisseront derrière elles qu'une cendre légère volatile qu'on collectera dans des urnes de bronze en forme de bouddha. Des statues de granit gigantesques, hautes comme des montagnes, les seins drapés de marbre, videront ces urnes dans un océan spatial sans pesanteur et la poudre grise flottera au-dessus de l'abîme comme des nappes d'encens dans une cathédrale. Et il est là, sous son œil, plus grand encore. Nous serons ensuqués comme de l'avoine en transit dans l'estomac d'un cheval malade, ballottés entre les gaz et les flots gastriques, attendant d'être digérés et de ressortir à l'autre bout de l'animal et de l'humanité, noirs comme neige. Mystère de la nature. L'animal a vomi. Nous sommes accrochés à l'herbe sèche d’un champ, figés comme des nains de jardin, sans poil et comme lisses et cirés, à moitié ingérés que nous avons été. Retour de la chlamydia rose bubon crasse poix. Lâche la manche de mon kimono blanc ! C'est moi qui pose les mains et prends le kumikata, mais les éléments à dure poigne me saisissent et m'envoient au tapis, sur le dos, tandis que vêtu d'un pagne, me fixe, de ses yeux lointains et insondables, maître Kano. Il n'est qu'un homme sur une photo, il n'est qu'une photo. J'ai travaillé les techniques ancestrales des guerriers japonais, mais ça n'est pas suffisant, ma faiblesse constitutionnelle n'est pas compensable. Je ne peux que m'asseoir au sommet de la montagne et attendre. Attendre quoi ? D'être pourvu. Nous attendons d'être pourvus. La richesse et la foi croissent symétriquement grimpant comme des plantes autour de l'homme, miroir à double face. Qui suis-je ? Qui êtes-vous ? Nous connaissons-nous ? Qui sont-ils ? Qui sont-ce ? Approcher votre main de l'onde, toucher l'onde, créer une nouvelle onde. Radio thérapeutique parasites rampant dans nos oreilles. On nous a à peine esquissés, croqués, nous attendons le grand coloriste avec ses pinceaux et ses crayons qui va nous dessiner un visage et souffler un peu de peinture ocre sur nos joues. Les reines de l'espace tapent au ralenti sur le cul des urnes pansues pour en extraire l'ultime poudre. Le bout de la queue d'un loup, plus large que les ténèbres, touche une horloge cosmique qui tombe à la renverse dans le puits sans fond de l'espace, ses mécanismes s'interpénètrent dans sa chute et nous gratifient de quelques secondes supplémentaires. C'est le temps suffisant pour décider de secourir un enfant coincé dans l'incendie de son immeuble en se jetant à travers des portes en flamme ; ou encore pour saisir la main du bébé qui a perdu pied dans son bain. Le cerf a dit : « Celui qui accueille un petit en mon nom, m’accueille moi, et celui qui m'accueille, accueille aussi celui qui m'a envoyé. » Je tombe sur ma face, l'esprit brisé, comme la vague vient se déchirer sur le roc et exploser en milliers de gouttelettes. Nappes blanches ; blancheur mystérieuse. J'ai dansé autour du feu et mâchonné des machin-choses et des bidules-chouette coucou suisse jusqu'à l'hypnose, j'ai invoqué les pluies et les taureaux et les déesses avaleuses d'homme, je me suis rué vers l'aurifère et perdu dans le pétrolifère, j'ai fait juter des petites chattes et, pauvre et affamé, j'ai goûté à leurs soupes populaires amères. J'ai couru sur les grèves et bu l'eau de mer au goulot jusqu'à en être malade. Je me suis repu de tout ce que la Terre pouvait me donner. Nous lançons le seau tout au fond du puits de la Création pour en extraire jusqu'à la dernière goutte. Fous que nous sommes ! Toute cette eau a-t-elle jamais apaisé notre soif ?


 
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   fanny   
25/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ha il faut que je commente ? C'est pas possible, j'ai pas le temps, en plus je n'arrive pas à me concentrer, tous ces prouts de cheval malade comment voulez-vous que ça m'oxygène le cerveau, je passe sur l'odeur du vomit, enfin bon, de toutes manières vu la situation, on n'est pas à ça près.

C'est le genre de feu d'artifice que j'adore, la fin du monde grandiloquente et baroque à souhait, le pessimisme rose bonbon servit par une écriture puissante et une énergie débordante où l'imaginaire et le réalisme se côtoient de façon presque inédite.
Très beau bouquet final.

   papipoete   
7/8/2023
bonjour Paris
Je commente toute parution, à de très rares exceptions ; j'ai lu votre longue pérégrination sur ce qui fut, est, puis sera.
je dois avouer que tant et tant de phrases embuent ma réflexion, et je me perd dans le dédale de votre rose bonbon.
NB il y a sûrement matière à flatter un lectorat particulier ?
Aussi, ne noté-je point mais je pose un bémol majeur ;
beaucoup trop long récit, à mon avis.

   Myndie   
7/8/2023
Bonjour Paris,
ça décoiffe ici ! S'il fallait y voir la patte d'un peintre, je dirais que c'est du George GROSZ (Explosion) pour le côté expressionniste, mâtiné de Dali pour le côté surréaliste.

La prose, sans doute moins musicale que le poème en vers, est ici idéale pour traduire en mode logorrhée l'explosion du monde, la foultitude des idées et le déferlement des visions.
C'est une prose poétique sans rime, heurtée, aux soubresauts qui secouent le lecteur ; son rythme inimitable, son galop de cheval fou sont la représentation désordonnée du « feu d'artifice » final
Rien ne doit passer inaperçu de la désintégration violente d'un monde qui vole en éclats, ni sa folie, ni ses scènes écoeurantes, ni ses odeurs nauséabondes.

A la fois grotesque et terrifiant, votre texte regorge de détails morbides et réalistes.
Et comme souvent ce qui dérange fascine, moi j'adore.

Myndie

   jeanphi   
7/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime un peu
Bonjour,

Ce poème est à observer comme un tableau impressionniste.
S'y mêlent des évocations qui émanent d'associations libres au milieu de ce combat d'arts martiaux.
J'ai d'abord cru que le kamikaze était un dieu, puis j'ai compris qu'il s'agit encore plus que de votre narrateur, d'un petit peu de tout ce qui fait ce rien dont vous alimentez le texte à grand renfort d'éléments étrangers les uns aux autres, une espèce de masse inconsistante, peut-être une projection des angoisses même de l'auteur. Vous me direz si je me trompe.
Cette nausée ne manque bien sûr de prendre le lecteur, je regretterais d'avoir à dire que c'est en cela que le poème atteint son but. Heureusement une écriture experte porte cette turpitude à un état de conscience élevée.

   Marite   
7/8/2023
Difficile ce texte ... j'ai pourtant essayé à plusieurs reprises mais sans succès aussi il me reste l'impression d'être complètement déphasée par rapport à ce genre d'écriture. Seule la conclusion m'interpelle :
" Nous lançons le seau tout au fond du puits de la Création pour en extraire jusqu'à la dernière goutte. Fous que nous sommes ! Toute cette eau a-t-elle jamais apaisé notre soif ?"


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