De la fenêtre je regarde les paysages défiler. La tête penchée, perdu quelque part Entre tes yeux et mes pensées. J’entends les phrases qui nous séparent, Celles qui ne sont que les ruines De cathédrales de mots épars. Entre tes yeux, au coin de ton regard Dans ce même paysage Dans ce même langage La pupille noire brillante. Identique, Où le monde tremble de s’y refléter Je sens les rivières qui la remontent Et leurs reflets rouge argenté Près des nerfs, entre tes yeux. L’interrogation de ta mémoire L’étrange parfum du manque La déformation de ton attente Il est à peine après minuit Les heures sont lentes Belles et indolentes. Entre tes yeux, perdus quelque part. Dans une ville aux mille membres Offerts aux flammes froides de la nuit. Et aux rires qui m’éparpillent Dans une église Ou un fast-food bondé Les visages se rident Les visages se mirent Millier de fleurs endolories Disposées à bientôt flétrir Dans l’instabilité de l’oubli Je me plonge finalement Dans la courbure solitaire De la pureté d’un nouveau verre. Mais voilà que tu y passes un reflet Ménade j’essuie mes lèvres Et tu te mets à danser Les pieds nuent Sur le zinc du comptoir. Des bracelets à tes chevilles Tintent Scintillent sur mes yeux Sur ta peau blanche mes espoirs Du haut de tes hanches Au long de tes jambes Coulent en caresses illusoires. De la lumière s’échappe en rayon De ta bouche, de tes ongles et de tes cheveux. Elle est chaude et liquide Je la bois je m’enivre Et, aveugle enfin ! Du lieu de sa présence. Je trinque aux étoiles En étincelles sur les trottoirs En fleuves dans ma gorge Et à toute la beauté et à la mélancolie Qui se lient quelque part. Entre tes yeux
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