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Poésie classique
pieralun : Bleu tchadri
 Publié le 18/09/21  -  13 commentaires  -  748 caractères  -  576 lectures    Autres textes du même auteur

Afghane…


Bleu tchadri



De coton bleu vêtue, allant à petits pas,
Si bleu qu’il sert de ciel au-dessus de sa tête,
Soumise à tous les cris, comme une aimable bête,
Elle semble fouler les pierres du trépas.

Ses gestes flous et lents, juste pour n’être pas,
Craignent l’œil venimeux de l’homme analphabète :
Lui ne sait que la loi certaine du prophète
Où quelques grains de peau sont d’iniques appâts.

Elle pense aux enfants dont l’émail étincelle,
Leurs rires à l’école, et la fierté de celle
Qui sur la soie aimait le ballet des ciseaux.

Le frisson dans son cou peut rêver de caresse,
L’écho des voix d’hier appeler leur maîtresse,
L’aube d’un vaste hiver a fait fuir les oiseaux.


 
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   Myo   
6/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Merci de l'avoir écrit celui-ci ...
Je pense que toutes les femmes qui vivent dans un état de droits ont ces derniers temps le cœur serré pour leurs sœurs Afghanes et n'osent imaginer la vie qui sera désormais la leur.

Il est difficile de concevoir qu'une société aussi rétrograde soit encore d'actualité à notre époque.

Un sonnet Italien, d'une forme qui me semble parfaite, pesant de toute cette chape de violence et d'autoritarisme.
"..allant à petits pas" " comme une aimable bête" ... et ce dernier vers, terrible.

Merci

En EL Myo

   GiL   
7/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Cette poignante évocation de la condition féminine afghane est d'autant plus saisissante que l'expression est retenue :
[Elle semble fouler les pierres du trépas. ]
[Ses gestes flous et lents, juste pour n’être pas, ]

L'embellie des vingt dernières années, les espoirs mis dans l'enfance, l'essor de la culture ne sont déjà plus qu'un souvenir chez cette enseignante qui replonge dans l'obscurantisme :
[L’aube d’un vaste hiver a fait fuir les oiseaux. ]
Avec cette chute (quelle belle image !), mon vers préféré est :
[Elle pense aux enfants dont l’émail étincelle, ]

Je ne m'étendrai pas sur la forme qui, selon moi, est parfaite.
Un émouvant poème qui m'a beaucoup touché. Merci.
GiL, en EL

   papipoete   
10/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
classique
un poème d'actualité pourrait-on dire, mais ce semblant de liberté durant 20 ans, à nouveau s'est envolé, comme le bonheur de travailler en particulier enseigner... pour une femme afghane !
La voilà de retour en prison, au-dehors, sous son tchadri complétement libre de ne plus rien faire ; ne plus parler ; entendre ces écoliers qui n'écouteront plus leur maîtresse...
NB chaque vers appuie sur le silence que cette femme doit respecter, un pleur, battre des cils pourrait faire du bruit ? Et à petits pas, cette silhouette se déplace comme un pantin sans pied, qu'un fouet pourrait chasser dans le caniveau.
N'être plus rien, moins chère qu'une Kalasnikov et attendre que vienne le coucher, quand " barbe-bleue " d'elle s'emparera...
j'ai nanti l'héroïne du rang de " institutrice ", mais elle put être tailleur taillant la soie...
Un cri d'une immense douleur, sans la moindre larme ( interdit sans doute ! ) et l'auteur jamais ne prononce ces injures, qu'on a envie d'hurler à la face de ces " enfants du prophète ! "
je ne citerai pas un passage particulier ; chacun est remarquable ! le dernier vers oui, est d'une si grande intensité !
un sonnet aux alexandrins parfaits, comme chérissant la femme au " bleu tchadri ... "
papipoète

   Anonyme   
18/9/2021
Bonjour

Un poème d'actualité, bien sûr, mais qui ne doit pas faire oublier
les quelques imperfections.
Bien écrit même si j'ai déjà lu mieux de l'auteur. Toujours ces problèmes récurrents de rimes que les divers auteurs de la forme
classique n'arrivent pas à rendre naturelles.
A petits pas, ça va mais on commence à trembler avec trépas et
juste pour n'être pas. Appâts est bien placé même si je trouve que
l'adjectif iniques s'accorde mal avec le mot suivant.

Un joli premier tercet mais l'énumération du second dont les
3 vers commencent par un article n'est pas du meilleur cru.

J'aime bien l'oeil venimeux de l'homme analphabète.

Au final, un sonnet qui se lit sans déplaisir même s'il manque
de fluidité par endroit et possède trop de facilités à d'autres.

   assagui   
18/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il n'est même point de chuchotement ici.
Juste, dans un silence majuscule, le souffle d'un grand poète.
Un sublime dernier vers qui, à lui seul, telle une fresque, nous dit tout.
Que la puissance de ce texte traverse toutes les frontières et surtout celle de l'obscurantisme!

   Miguel   
18/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne comprends pas la métaphore "fouler les pierres du trépas" ni l'expression "juste pour n'être pas". Pour le reste, j'adhère au contenu, et à la forme, qui le rend à merveille. De beaux vers, mélodieux et rythmés, de belles images (à parts celles que je ne comprends pas) et un mode mineur plein de mélancolie.

   Donaldo75   
18/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour pieralun,

J'ai beaucoup aimé ce sonnet que je trouve très bien composé; les deux quatrains s'écoulent avec douceur à la lecture et la rime leur donne de la tonalité. Les tercets confirment cette promesse au lecteur et délivrent le message que je trouve pacifique et tout en finesse, bien amené par les deux derniers vers de chaque quatrain.

C'est de la poésie fine qui ne parlent pas des petites fleurs dans les prés ou des souvenirs d'antan de quand nous étions jeunes mais d'un sujet important et surtout d'actualité.

Bravo !

   Robot   
18/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sans récrimination et beaucoup mieux qu'un réquisitoire ce poème tout en sensibilité est un bel hommage aux femmes afghanes, mais aussi à toutes les femmes qui subissent le joug de l'oppression étatique et domestique.

Je retiens tout mais je souligne la qualité évocatrice de quelques vers émouvants.
"Ses gestes flous et lents, juste pour n’être pas,"

"Où quelques grains de peau sont d’iniques appâts."

"L’aube d’un vaste hiver a fait fuir les oiseaux."

J'use rarement du "passionnément" pour ne pas en faire une appréciation banale, mais je le considère ici pleinement justifié.

   Provencao   
19/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
" Le frisson dans son cou peut rêver de caresse,
L’écho des voix d’hier appeler leur maîtresse,
L’aube d’un vaste hiver a fait fuir les oiseaux. "

J'ai beaucoup aimé "cet écho des voix" en ce silence ample, criard et résonnant plus chargé de sens que n'importe quels mots, et qui ne les evincent pas non plus. Vide dantesque, sinistre et terrifiant remarquablement posé en vos mots choisis.

Une dure réalité de l'actualité.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
19/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'attends toujours la publication d'un poème de Pieralun avec grande impatience et j'avoue, car je le sais d'avance, que je ne suis jamais déçue.

Evoquer l'actualité en poésie c'est marcher sur un fil mais ici la délicatesse des vers mérite les éloges reçus auxquels je m'associe.

"Ses gestes flous et lents, juste pour n’être pas,
Craignent l’œil venimeux de l’homme analphabète :"

Et le monde entier regarde sans rien faire !

Je pourrais parler détails techniques mais je n'en ai pas envie en ce dimanche matin.

Bravo et merci Pieralun.
Cristale

   Anonyme   
20/9/2021
Commentaire rétabli pour illustrer ma demande auprès des orgas et de la modération.

Bonjour Pieralun,
L’air du temps est toujours porteur lorsqu’il s’agit d’évoquer les tragédies modernes. Cela doit-il m’anesthésier et empêcher toute critique ?
Même si je lis toujours vos textes avec un certain plaisir, je dois dire que je trouve bien des défauts à celui-ci.

Et puisque vous avez choisi une versification classique, il est normal de commencer par le jugement de la forme :
- Je me pose toujours la question de savoir pourquoi un auteur fait des inversions, et la réponse est trop souvent qu’on fait appel à ce chausse-pied pour mieux enfiler un vers. Même si certaines inversions ne sont pas franchement rédhibitoires (« De coton bleu vêtue, allant à petits pas, ») il faut tout de même noter que la version plus euphonique (« Vêtue de coton bleu, allant à petits pas, ») créerait deux fautes de prosodie. Je parle d’euphonie car le mot important du premier hémistiche est le mot bleu et non pas le mot vêtue, celui-ci entre parenthèses me paraissant très fade pour exprimer la prison de cet habit. Mot bleu d’ailleurs repris au vers suivant pour appuyer l’image du ciel factice. Et donc, la tonique sur le mot bleu sera plus puissante si elle se trouve à la césure plutôt qu’à la quatrième syllabe, raison suffisante et supplémentaire pour préférer une autre version. Toujours l’impact de la forme pour appuyer le fond... Je m’attendais d’ailleurs à voir la coquetterie se prolonger : « De coton bleu vêtue, à petits pas allant, » mais je comprends que vous n’ayez pas voulu donner à votre texte un petit air de La Fontaine.

- Une autre inversion est plus indigeste : « juste pour n’être pas, ». Là on est carrément dans l’anastrophe, que Molière avait porté jusqu’à l’ironie : « D'amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux »

- J’aime la métaphore du deuxième vers : « Si bleu qu’il sert de ciel au-dessus de sa tête » mais pas le trop explicite « qu’il sert » qui tue la métaphore, est inutile pour la compréhension et donc s’apparente à une cheville.

- Je n’aime pas la figure de style : « Elle pense aux enfants dont l’émail étincelle, » une synecdoque de la matière, que je trouve mal ajustée au propos, trop superficielle dans l’image froide annexe de matière minérale à laquelle elle renvoie.

- Par contre j'aime beaucoup l'idée que cette femme est peut-être en train de marcher sur les pierres qui demain serviront à la lapider.

Sur l’axe sémantique je relève quelques approximations dans le lexique choisi, qui affaiblissent le message :
- Je regrette que vous focalisiez notre attention sur l’œil venimeux de l'homme analphabète, lequel, s’il est un relais incontestable du fondamentalisme, n’en est pas le principal idéologue ni responsable. Cela me parait une erreur d'aiguillage. Si tel était le cas on aurait peu d'arguments pour les combattre. Peut-on reprocher à un analphabète son obscurantisme ? Pourquoi ne pas pointer ne serait-ce que le petit doigt sur les chefs talibans, ceux qui loin d'être analphabètes prophétisent un monde soumis à la charia et entraînent derrière eux précisément tous ces analphabètes dont vous parlez et dont ils ne souhaitent surtout pas éveiller l’esprit critique, proies faciles à convaincre et à amadouer.

- Les grains de peaux considérés comme d'iniques appâts... Il me semble là encore que l'idée pourrait être mieux exprimée. Ce ne sont pas les appâts qui sont iniques, mais plutôt le jugement qui est rendu contre eux et la punition qui l'accompagne. Aux yeux des talibans, les appâts sont plutôt coupables, damnables.
Les deux tercets sont mieux rédigés dans les idées qu'ils véhiculent, mais l'ensemble du poème souffre à mes yeux de maladresses formelles et sémantiques qui empêchent une totale adhésion.
Bellini

   EtienneNorvins   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
Comme d'autres commentateurs, ce texte me gêne un peu aux entournures. D'un côté, il faut saluer la dénonciation de cette abomination, mais de l'autre, je m'interroge sur le choix d'un sonnet, qui plus est régulier, pour cela...
Cela semble contraindre à des acrobaties qui tombent un peu à plat ("Qui sur la soie aimait le ballet des ciseaux") ou font risquer le contresens ("Si bleu qu’il sert de ciel au-dessus de sa tête" - ce méchant bleu délavé pourrait donc être un ciel au lieu de l'occulter ???), et jusqu'à des images qui flirtent avec certains clichés orientalistes ("quelques grains de peau sont d’iniques appâts" / "Le frisson dans son cou peut rêver de caresse").
Je regrette donc que tout ne soit pas maintenu au niveau d'intensité du 5ème vers, en effet poignant par sa justesse et sa simplicité...
Respectueusement,

   Virou64   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau sonnet, harmonieux, rigoureux dans sa construction, sans failles "techniques" me semble-t-il.
Les vers 4 et 14, sont les plus forts pour moi, traduisant parfaitement le sentiment d'insécurité, la crainte de l'avenir et la perte d'espoir qui doit accabler les Afghanes depuis le retour des Talibans.
Merci pour ce partage.


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