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Poésie classique
pieralun : Dialogue
 Publié le 27/09/24  -  12 commentaires  -  1039 caractères  -  297 lectures    Autres textes du même auteur


Dialogue



Écoute sagement ce souvenir qui traîne
Mon Cœur ; pardonne-lui de s’immiscer un peu.
S’il voile le présent d’une petite peine,
C’est donc qu’il était doux et piquant au milieu.

Pour Elle, tu battais, tumultueux ou pire,
Moi je n’avais pour ciel que son tiède abandon.
Puis, souviens-toi, le temps ouvre son vaste empire
Aux mots qu’on ne dit plus, aux failles du pardon.

Les cris le plus souvent appelaient le silence,
Les fêtes précédaient le long désert du soir
Où je restais sonné par la folle cadence
De ton palpitement qui cognait dans le noir.

Et pourtant ces moments aujourd’hui me ravivent ;
Même si ce passé reste lourd de chagrin,
Ne préfères-tu pas, aux heures qui se suivent,
Exhumer des enfers le plaisir souverain ?

Aux vertus du déni, mon Cœur, cesse de croire,
L’âge bien assez tôt rangera les douleurs,
Car lorsque cet amour aura fui ma mémoire,
Nous serons sous la pierre où se fanent les fleurs.


 
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   poldutor   
15/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
Un poème empreint de la nostalgie de celle qui a fui, de celle dont le souvenir vient encore hanter l'homme vieilli. Cet homme sans aigreur s'adresse à son Cœur, et en fait le témoin des moments de folie amoureuse, les moments de désespoir, dans de beaux vers :
"Écoute sagement ce souvenir qui traîne"

"S’il voile le présent d’une petite peine,
C’est donc qu’il était doux..."

"Puis, souviens-toi, le temps ouvre son vaste empire
Aux mots qu’on ne dit plus..."

"Les cris le plus souvent appelaient le silence"

"Même si ce passé reste lourd de chagrin,
Ne préfères-tu pas, aux heures qui se suivent,
Exhumer des enfers le plaisir souverain ?"

et le dernier quatrain qui montre l'immuabilité du souvenir qui s'éteindra avec la vie.
C'est très beau !
Cordialement.
poldutor en E.L

   papipoete   
18/9/2024
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classique
Alors que je viens d'aller partager la peine d'une amie, meurtrie par la mort de son mari, je tombe sur ce texte qui parle de ce coeur qui bat, s'affole ou n'est pas loin de tressaillir, quand trop lourd est le poids des jours...
NB lui et soi forment une équipe, où je me prends parfois à " dialoguer ". Dis, mon coeur tiendras-tu ? Oh mon coeur, je ne t'entends plus !
la troisième strophe où vos mots se font touches de couleurs, sur un immaculé vélin, sonnent à mes oreilles bien tendrement .
des alexandrins à l'unisson d'une forme Classique, sans faute !
papipoète

   fanny   
27/9/2024
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aime beaucoup
Un poème d'amour comme vous avez le don d'en écrire, avec au bord des lèvres ce profond mélange de passion et de réalisme qui dépeint les sentiments dans certaines de leurs turbulences.

De chaque strophe je retiens ces quelques feuilles d'automne dont les battements du cœur ne couvrent pas l'expression de la lucidité : "C'est donc qu'il était doux et piquant au milieu - Les failles du pardon - Les fêtes précedaient le long désert du soir - Exhumer des enfers le plaisir souverain - L'âge bien assez tôt rangera les douleurs".

Les flammes d'un bleu acier qui brûlent encore se reflètent dans le miroir de votre plus ancien et magnifique poème "la clarté de ton rire".

   Boutet   
27/9/2024
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Ce joli poème classique nous redit qu'il ne faut garder que les bons instants de la vie. Tout le reste doit être jeté aux oubliettes. Qui n'a pas dans son souvenir l'un de ces instants qui marquent à jamais et refond surface quand on s'y attend le moins. Belle expression dans ce poème clôt par un très beau dernier vers.

   Provencao   
27/9/2024
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Bonjour pieralun,

"Pour Elle, tu battais, tumultueux ou pire,
Moi je n’avais pour ciel que son tiède abandon.
Puis, souviens-toi, le temps ouvre son vaste empire
Aux mots qu’on ne dit plus, aux failles du pardon."

Sublime ce" Pour Elle", où vous nous invitez en ces vers à nous confier à ce mot souvenir, qui n'est jamais uniquement le souvenir de quelque chose, mais aussi et surtout le souvenir de cette Elle.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
27/9/2024
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et
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Bonjour pieralun, ça faisait longtemps !

Je dois te transmettre un message de la part de ton Coeur, oui le tien, il te parle :

« Je t’écoute, dis-moi, raconte-moi ce souvenir qui me fait palpiter parfois dans son sel d’amertume parfois sous son doux goût de miel.
Je battais pour Elle, je le sais bien, mais vois-tu aujourd’hui je bats, et me bats, pour toi qui sais si bien me faire danser sous ta plume complice de tous nos émois. Le temps s’est agrandi de l’ouvrage des saisons et ces mots que tu ne dis plus, je les entends bouillonner dans ton sang qui me nourrit comme l’encre nourrit ton poème.
À travers ta poitrine, les cris me secouaient mais, aujourd’hui, j’écoute le bruit de tes silences, le murmure de tes souvenirs pour lesquels je vibre dans ta nuit. Écris, écris-moi encore des quatrains, ceux-là dont le rythme pareil aux douze coups de minuit apaisent ma cadence.
Laisse-moi croire aux vertus de ta poésie qui met du baume sur nos blessures. Et rime, rime encore tant est douce la musique de tes vers.
Laisse-moi me balancer sur tes mots et, même si ta mémoire s’enfuit, je te promets de garder à jamais les frémissements de cet amour perdu et de les emporter avec nous sous les fleurs. Et, puisque nous sommes unis à la vie à la mort dans la même prosodie, je t’en prie, quand l’heure du grand voyage sera venue, pour épitaphe grave ton merveilleux "Dialogue" sur notre pierre."


Signé :
"Ton Coeur »

Message transmis à pieralun le vendredi 27 octobre 2027 à 13h25.

   Ramana   
27/9/2024
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Même passée la mort, existe t'il, quelque part un état, une instance immatérielle, où se gravent les souvenirs pour ne plus jamais disparaître ; et pourraient t'ils tous s'inscrire, immortels qu'ils seraient alors, au titre d'un héritage commun de l'espèce humaine ? Leur ensemble serait-il constitutif de ce que nous nommons "la matrice", de sorte que nous nous nourrissons des émotions, des pensées de nos ancêtres ainsi que de celles de nos contemporains ? Quelle responsabilité aurions nous dans cette affaire ! Le "karma" est-il en définitive un truc collectif ?

   Lebarde   
27/9/2024
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- "Dialogue" au présent…à l’écoute…ton Cœur,
Qui connait tes chagrins et saura te comprendre,
Ton Amour disparu ne peut plus les entendre,
Lui seul se souviendra des failles du bonheur,
De tous les noirs moments gravés dans ta mémoire,
Pour Elle, tu voudrais les glisser sous l’armoire -

Vous étiez parti loin, mais alors quel retour !
Des souvenirs offerts venus du Pacifique ?
Ce joli poème est superbe et magnifique,
Votre cœur m’a touché. Merci cher troubadour.

   jfmoods   
28/9/2024
"Il y a bien quelques soirs
Où la mémoire recrée
Ta petite robe noire
Et ton grain de beauté
Celui sur ta poitrine
Comme un astre égaré
Quand la nuit de morphine
Devient l'aube dorée" ("La mémoire"_Benjamin Biolay)


Le lecteur est en droit de s'interroger quand il s'arrête sur quelques indices qui fixent le souvenir d'une histoire amoureuse ("ce passé [...] lourd de chagrin", "enfers", "les douleurs"). À cette aune, la "petite peine" du vers 3 apparaît bien comme un euphémisme qui relativise d'abord les faits pour mieux amener - pour mieux justifier - le basculement vers l'évocation du couple.

En vérité, ce poème s'apparente plus à une plaidoirie qu'à un dialogue proprement dit. Il s'agit d'un argumentaire qui vise à fléchir l'Autre (imparfait de l'habitude : "tu battais, tumultueux ou pire"), à l'amadouer, à lui faire oublier ses griefs (formes impératives : "Écoute sagement", "souviens-toi, le temps ouvre son vaste empire/Aux mots qu’on ne dit plus, aux failles du pardon", "Aux vertus du déni [...], cesse de croire"). Car le coeur se protège, nous protège, mettant systématiquement à distance les naufrages traversés au cours de l'existence.

Le troisième quatrain, point central du texte, présente alors une relation faite de bas et de hauts (jeu antithétique : "cris"/"silence", "fêtes"/"long désert du soir"), à l'intensité particulièrement marquée (enjambement significatif : "la folle cadence/De ton palpitement qui cognait dans le noir").

Le temps de la passion amoureuse est propre à la jeunesse et le poète, vieillissant, qui, la maturité aidant, a vécu depuis des relations plus apaisées, vient y puiser comme à une fontaine de jouvence ("Et pourtant ces moments aujourd'hui me ravivent"). La question qui s'étend sur les vers 15 et 16 ("Ne préfères-tu pas, aux heures qui se suivent,/Exhumer des enfers le plaisir souverain ?") n'impose évidemment qu'une réponse. Dans un temps présent devenu plat, l'intensité vécue demeure ce diamant brut qui nous accompagnera jusqu'à la fin du voyage.

Merci pour ce partage !

   BlaseSaintLuc   
29/9/2024
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très aboutie
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Ce texte, qui explore le souvenir d'un amour passé et la relation complexe entre le cœur et la mémoire, est empreint d'une belle mélancolie.

quatrains rimés qui rappellent la forme classique de la poésie .
La régularité des alexandrins donne un certain équilibre au poème.

Si le poème est riche en métaphores et en émotion, il y a parfois une certaine surcharge d’images ou de réflexions. Un certain équilibre pourrait être trouvé entre les moments de simplicité et ceux où le langage devient plus élaboré. Par exemple, "Les cris le plus souvent appelaient le silence" est une belle image en soi, mais elle aurait plus d’impact si elle n'était pas noyée dans des vers plus longs et plus complexes.
Les transitions entre certaines strophes semblent un peu abruptes, notamment entre la troisième et la quatrième, où le retour sur les "moments qui ravivent" aurait pu être mieux introduit.

   Catelena   
1/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je me suis laissée griser par cette mélopée douce-amère qui flirte avec le souvenir sur un ton de mélancolie délicieusement surannée.

C'est beau.
Beau, parce que triste, mais beau aussi par la sincérité poignante qui sourd entre vos mots.

Il y a, plus fort que tout, le sentiment d'irrémédiable qui émerge avec toute son incapacité, rageant mais à la fois résignée, à changer les lignes de la destinée. « Ne préfères-tu pas, aux heures qui se suivent,
Exhumer des enfers le plaisir souverain ? »

Ne quittez pas encore votre plume, Pieralun. Elle a de beaux textes encore devant elle.


Cat

   MarieL   
10/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
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aime beaucoup
Un très beau poème aux images bien choisies et aux émotions toujours présentes.

J'ai apprécié la variété des formules et des évocations.

Le final est tout à fait superbe

J'ai juste regretté le mot "sonné" qui me semble un peu familier.


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