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Poésie classique
pieralun : Jardin des pissenlits
 Publié le 12/01/13  -  14 commentaires  -  1482 caractères  -  335 lectures    Autres textes du même auteur

Est-il métier plus triste que de déraciner les pissenlits ?


Jardin des pissenlits



Il emprunte au matin le carré des chemins,
Un regard pour le ciel, quand l'aube est délicate,
Afin d'y présager les brumeux lendemains
Et le crachin d'ici mouillant la pierre plate.

Partout ces blocs de marbre, et toujours les sentiers
Qui se croisent ainsi que les branches se croisent
Sur les croix, dont le fer rouille sur les graviers,
Où d'immuables christs d'un air penché se toisent.

Il faut voir ce caveau quand ont séché les pleurs
Et que, pour espacer son vibrant témoignage,
Le vivant laisse au mort d'impérissables fleurs
Dissimulant l'oubli sous un vif habillage ;

Et ces bourgeois en or sur le granit soyeux,
Si chaudement blottis au cœur d'un mausolée,
Qui, comme ils ont toujours regardé ses aïeux,
L'ignorent, l'œil distrait, du fond de leur allée.

Ici, le gris du ciel semble encore plus gris,
L'averse oblique et froide imprègne mieux la terre,
Goutte à goutte écurant les squelettes aigris
De voir leurs os rongés par le ver légataire.

Et lui, le cœur glacé, de même que ces corps
Qu'il voit danser la nuit sous les astres livides,
Doit indéfiniment nettoyer les abords
Étrangement fleuris de tous ces tombeaux vides.

Il jardine alentour de chers ensevelis,
Empoigne son outil avec le même rite,
Plante les dents de fer au cœur des pissenlits
Épargnant avec soin la moindre marguerite.


 
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   Pimpette   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'adore!
C'est drôle et tendre!
Avec une pirouette pissenlidière qui fait ma joie!

"ET ces bourgeois en or sur le granit soyeux"!!!...C'est tout un style ce genre de trouvaille!

...je n'ai pas bcp de temps pour les blablas mais le coeur y est...

   Damy   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'hésite sur
la virgule après "délicate"
"regardé ses aïeux" ou "regardé LEURS aïeux" ?
J'ai bien aimé l'assonance sinistre crôa crôa crôa et je goûte particulièrement les 2 derniers vers.

Sinon c'est toujours un grand plaisir pour moi de lire du classique fluide et parfaitement maitrisé où le travail d'écriture est imperceptible au profit du sens.

Et l'ambiance y est terriblement vivante...

   David   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pieralun,

La fin est très jolie, cette succession du pissenlit et de la marguerite, autant "mauvaise herbe" l'un que l'autre, il me semble, ça pousse facilement sur la terre libre. Mais la qualité première à mon goût, c'est l’œil du poète qui parle de son sujet en évoquant ce qui se trouve juste à côté, comme s'il n'était réellement midi qu'à 14 heures, pour imiter l'expression convenue. Ainsi, le cimetière devient ce "jardin des pissenlits".

J'ai accroché au "tse" de "granit soyeux", entre les deux mots. L'adjectif se joint mal à son nom, je trouve, surtout dans une lecture en vers de cette facture.

   Edelweiss07   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un classique que je savoure à la lecture, pourtant le thème n'a rien d'appétissant, mais pourtant ô combien bien abordé et si joliment poétisé... Hormis dans le 4e quatrain, où j'aurais mis "Qui, comme ils ont toujours regardé leurs aïeux", je n'ai rien à redire.
Une poésie à lire et à relire... Bravo et merci pour cet agréable moment de lecture.

Bonne soirée.

   Miguel   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour un rêveur épris de cimetières comme moi, ce poème sonne de façon très familière. Les vers sont harmonieux, le ton à la fois mélancolique et ironique, l'univers des cimetiètes bien rendu. Seul le mot 'moindre', à la fin, me semble faible.
Je pense aussi avec émotion au 'Fossoyeut' de l'ami Brassens.

   Anonyme   
13/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut pieralun. Le titre m'a fait penser à cette vieille et peu poétique expression, "manger(ou sucer) les pissenlits par la racine", menus d'hypothétiques repas inconcevables en ce lieu où le jardinier les traque quotidiennement...
Une balade bien menée où le côté cérémonieux et tristounet est compensé par un certain humour...
Mis à part le "Qui, comme...etc." du vers quinze, ça coule agréablement au niveau lecture.
Un bon poème en conclusion...

   Mona79   
13/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai toujours aimé me promener dans les cimetières dont les hôtes sont tellement silencieux qu'ils nous imprègnent de leur paix.
Cette paix est si bien exprimée dans ce poème et j'ai pris plaisir (mais si !) à m'y attarder, non pour "sucer les pissenlits par la racine", comme nous le suggère Alexandre avec sa verve coutumière, mais il est évident que le titre nous interpelle et l'humour sous-jacent se devine sans peine. Ce qui donne de la légéreté à un sujet qui se veut habituellement morose.

   wancyrs   
14/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le même tempo que celui du fossoyeur et pauvre Martin de Georges Brassens se dégage de ce texte. On ne peut pas dire qu'on aime cette atmosphère, mais les images sont si bien tracées qu'on ne peut qu'admirer l’œuvre ainsi constituée.

J'aime bien l'idée de ces christs qui se toisent ; ça ressort le contraste entre l'enseignement de ce maitre de la parole et ce que les Hommes en font...

   Artexflow   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une très grande réussite, ce poème qui surprend, de superbes images, une très grande maîtrise de la technique, on visualise la scène parfaitement et je vous remercie pour cela.

Très beau titre, très beau tout, non, franchement, il n'y a quasiment rien à dire, enfin, si j'avais quelque chose à dire, vous auriez pu le lire plus haut :)

Bravo et grand merci.

   batoding   
17/1/2013
Commentaire modéré

   brabant   
18/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pieralun,


Comme toujours chez Pieralun de la très très belle ouvrage, l'oeil est impeccable (j'allais écrire "impitoyable" et ce deuxième terme eût convenu aussi. Tendrement et ironiquement impitoyable). J'ai cru déambuler dans le cimetière où reposent mes parents et mes grands-parents et mes arrière-grands-parents, avec ses tombes cossues et son carré des indigents, mes tombes à moi qui se sont embourgeoisées au fil des générations (toutes... embourgeoisées. Honneur à la Mémoire !) et les tombes qui se sont faites coquettes au gré de la mode.

Mais surtout, riant de toutes ses dents, immortel et triomphant entre les caveaux, j'ai vu rire le pissenlit se moquant du trident, offrant ses étamines au vent pour raconter encore les histoires et les frivolités des morts, et son lait, peu rancunier, à qui cassait sa tige pour déposer un coeur sur une tombe oubliée.

Mais... laissons la parole à Pieralun...
- quand d'immuables christs d'un air penché se toisent"
- que se dissimule "l'oubli sous un vif habillage"
- tandis que toujours des "bourgeois en or" au "granit soyeux" nous "ignorent" "au coeur d'un mausolée" comme ils ont ignoré nos "aïeux"
- alors que "le gris du ciel semble encore plus gris"
et que "L'averse oblique et froide imprègne mieux la terre"

La note comique n'est pas oubliée avec le "ver légataire" ni romantique avec la "marguerite".
Foin ici du notaire ! Laissons la parole au poète et à ses "chers ensevelis" ici célébrés religieusement mais sans curé !

:)))

   Charivari   
21/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Magnifique.
Le choix du classique confère au texte une ampleur, une certaine majesté. La manière dont se déploie le poème m'a fait penser à Victor Hugo, c'est pas peu dire...

Au niveau du fond, j'ai pensé à deux chansons, "le pauvre fossoyeur" de Brassens et "la rouille" de Leforestier.

Au niveau des images, j'ai particulièrement apprécié : "le carré des chemins", "L'averse oblique et froide", "les dents de fer au coeur des pissenlits", moins sans doute le vers légataire, ou "qui se croisent (...) se croisent / Sur les croix" (trop lourd comme effet, à mon avis)

   KIE   
27/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un "Jardin" vraiment superbe.
Mais avez-vous essayé les options suivantes ?
Vers 7 (un verset, une versette ?) :
"Dont le fer crucial rouillant sur les graviers"
Pour éviter le "Sur les croix" décidément un peu lourd.
Vers 14 :
Qui - mais c'était ainsi déjà pour ses aïeux -,
L'ignorent l'oeil..."
En effet, regarder c'est porter son attention sur un objet qu'on ne peut par conséquent ignorer d'un oeil distrait, même poétiquement.
Vers 23 & 24 :
"Indéfiniment doit nettoyer les abords
Fleuris étrangement de tous ces tombeaux vides."

Ce ne sont là que des suggestions, pas forcément avisées, et probablement trouverez-vous mieux.

Tout ça pour ne pas me voir obligé de tenir pour parfait et donc exceptionnel un texte excellent.

   Anonyme   
30/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
"le ver légataire" ne semble là que pour la rime.

"Étrangement fleuris de tous ces tombeaux vides."
Est un très élégant vers qui transforme une lecture fade en une lecture assez agréable.

Mais je dois bien dire que le poème est trop long pour ce qu'il a à dire et que sa densité est trop faible pour réellement me plaire.

   leni   
1/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Pieralun
J'avais lu plusieurs fois ton poème sans le commenter Il m'a fait sourire par le détachement de la description Ce cimetière est devenu un jardin où il vaut mieux être marguerite que pissenlit Le propos volontairement reste en surface Mais l'humour contenu est bien là comme à l'accoutumée J'aime beaucoup :les impérissables fleurs...et les bourgeois en or ...ET je jardine alentour... Excellent moment Merci à toi Leni


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