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Poésie classique
pieralun : L’impuissance
 Publié le 10/10/21  -  15 commentaires  -  637 caractères  -  478 lectures    Autres textes du même auteur


L’impuissance



Sur une terre en feu que le vent exténue,
S’enivrant à salir la noirceur de la peau,
Sous la loi d’un soleil où l’ombre est si ténue,
On y vit, sans jamais savoir sous quel drapeau.

On y meurt, et l’enfant au fragile squelette,
Debout, pieds nus poudrés par ce sol sans labour,
Le regard bien trop grand pour sa chétive tête,
Porte un ventre semblable au fruit mûr de l’amour.

Et l’on voudrait briser le ballet de la mouche
Qui tourmente déjà le contour de ses yeux,
Et l’on voudrait glisser un peu d’eau dans sa bouche
Pour verser sur l’horreur un onguent oublieux.


 
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   inconnu1   
25/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime la manière dont vous traitez la pauvreté des enfants africains, la famine, le kwachiokor (cette malnutrition qui donne un gros ventre du fait de l'ascite carentielle). J'apprécie aussi que vous ne faites pas rimer exténue avec nue (c'est tellement fréquent) mais avec atténue (bon deux verbes qui riment ensemble, les puristes n'apprécieront pas).

Cependant si je reste seulement sur du beaucoup, c'est car il existe, me semble t-il, une erreur grammaticale qui remet en cause le caractère classique du poème. Je pense qu'il faut dire "qu'aucune ombre n'atténue" et pas qu'aucune ombre atténue. Du coup, oh malheur, on passe à un vers à 13 pieds. Si j'ai tort, je changerai volontiers mon beaucoup en passionnément.

Bien à vous

   embellie   
27/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je crois que nous recevons ce poème en alexandrins, impeccable dans sa forme, comme un coup de poing. Il nous rappelle une image souvent vue à la télé ou dans la presse, l'image horrible d'humains condamnés à mourir de faim.
Et, lisant le dernier quatrain, chacun ressent un sentiment d'impuissance face aux images insoutenables de cette injustice.
L'auteur n'accuse pas, il fait un constat et exprime simplement le regret de ne pouvoir apporter de solution à ce problème poignant.
Il nous amène à réfléchir également.
Sommes-nous aussi sûrs que nous sommes totalement impuissants ? Ceux qui œuvrent au sein d'ONG ne se posent pas la question. Ils agissent. Qu'ils soient ici grandement remerciés.

   papipoete   
27/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
classique
On ne peut plus dire " je ne savais pas ! " Et comme ces moments de mariage royaux diffusés en direct à la télé, on découvre terminant notre copieux repas, ces enfants squelettiques, au ventre rempli de vide, aux yeux attaqués par les mouches... et l'on reste impuissant, devant notre assiette , le ventre tendu d'avoir trop mangé ! mais l'on ne peut dire " je ne savais pas ! "
NB certes, de ne manger que la moitié de mon repas, ne fera pas combler l'appétit de qui meurt de faim, mais cette impuissance est si coupable !
Chaque vers semble mâchoires d'un infernal étau, qui se resserre et écrase cet enfant comme mort, encore vivant.
Le 8e vers qui rapproche cette vision du bonheur, de porter la vie au ventre de la future mère, est si symbolique !
le 3e quatrain est magnifique ; tout cela en alexandrins au classique sans faute !
papipoète

   Lebarde   
27/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Magnifique.
Superbe poème qui émeut par sa qualité poétique, par l'émotion qui s'en dégage, par l'élégance de l'écriture, par le choix des mots et des images, par la gravité du propos...sur un sujet tellement difficile à traiter.

Vous l'avez fait avec une humanité et une sobriété touchante qui mouillent les yeux ( au moins les miens).
Vous êtes un(e) très grand(e) poète comme il y en a peu ici.

Bravo j'ai tout dit et les qualificatifs me manquent.

En EL
Lebarde sous l'émotion

   poldutor   
1/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Horrible image que celle des enfants victimes de la guerre, ces enfants dénutris dont le ventre est en effet "...semblable au fruit mûr de l’amour." et dont : "Le regard bien trop grand pour sa chétive tête"
Le dernier quatrain est le plus terrible.
merci pour ce moment d'humanité.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Anonyme   
10/10/2021
Bonjour

Un texte d'un très grand et terrible réalisme qui pose la question :
pourquoi certains naissent sous des carrosses et d'autres dans
des poubelles ? On n'aura jamais la réponse.
Une bricole quand même : l'inversion chétive tête passe vraiment mal.
J'aurais plutôt vu si je peux me permettre :

O y meurt, et l'enfant, silhouette furtive
Debout......
Le regard bien trop grand pour sa tête chétive.

Mais des vers magnifiques :

S’enivrant à salir la noirceur de la peau
Porte un ventre semblable au fruit mûr de l’amour.

J'aime moins l'onguent oublieux, je pense qu'il y avait mieux
à écrire pour ce vers ultime.

Un bon texte dans son ensemble.

   Myo   
10/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un écrit que l'on reçoit comme un coup de poing.
Avec cette question, pourquoi tant de disparités, tant de différences et d'injustice entre les hommes? C'est certain nous n'habitons pas tous la même planète et l'endroit de notre naissance influence en beaucoup le cours de notre vie.

Même si le fond est terrible la forme est superbe et les images sont construites avec beaucoup de talent.

Un grand merci du partage.

   Miguel   
11/10/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je vais encore faire le grincheux et redire ce que je dis à chaque fois : avec le compassionnel, on est sûr du jackpot. C'est si facile d'émouvoir. Faire pleurer dans les chaumières, ça marche à tous les coups. Sans doute de tels sujets mériteraient-ils davantage une tonalité de la révolte.
La métaphore du "fruit de l'amour" ne me semble pas heureuse : évoquer du positif pour illustrer du négatif ... Cette ombre si ténue ne me convainc pas trop non plus : on sent bien qu'elle a été mise là un peu en urgence, pour remplacer le "qu'aucune ombre atténue", fautif. Mais l'art et la maîtrise de l'auteur pallient ces inconvénients, et l'ensemble est quand même de bonne tenue.

   Anonyme   
11/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir PIERALUN

Que dire de ce terrible et si beau poème ? Qu’il mérite sans conteste un « passionnément » car j’estime qu’il est travail d’orfèvre.
Et que dire de tous ces mots mis bout à bout ? Sinon qu’ils ne sont rien car seuls nos actes comptent…

« C’est la faim dans le monde qui pourrait occasionner un jour, la fin du monde. » Suayibou Mulamba Diakit

   Provencao   
11/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sous la loi d'un soleil qui cause plus de maux que de joies et de bonheurs. Sur une terre en feu ignorante de tout un chacun, comme si une énorme machine se servait et broyait la noirceur de la peau...

Cela se déroule en marge de ce que nous nommons valeurs humaines, amour, justice, vertu... La brutalité, l'immoralite et l'insolence de certains hommes ne sont donc que l'écho du cynisme universel, aggravé pour verser sur l'horreur un onguent oublieux.

Merci.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Virou64   
11/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai un peu tiqué sur la formulation:
Sur une terre...On y vit...On y meurt...,
Ces deux "y" ne me semblant pas employés de manière très adaptée.
Cette remarque mise à part, j'ai apprécié de très belles formulations...
(que le vent exténue
Sous la loi d'un soleil
ce sol sans labour
Le regard bien trop grand pour sa chétive tête
le ballet de la mouche...)
...dans ce texte poignant qui , effectivement , nous renvoie à un sentiment d'impuissance face à ce genre de scènes ou d'évènements dramatiques.

   Myndie   
11/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pieralun,

c’est drôle, on pourrait dire ce thème souvent évoqué, rebattu même, en littérature comme en poésie, alors pourquoi donc votre poème, en piqûre de rappel, frappe t-il l’esprit avec autant de force et retourne t-il autant les tripes ?
Tout simplement parce que rien ne sert jamais de leçon, aucune prise de conscience ponctuelle n’évite la répétition et rien ne vient jamais à bout de l’indifférence qui gouverne le monde. En dépit de quelques entreprises désespérément humaines, la roue semble éternellement tourner dans le même sens pour certains.
C’est pourquoi votre poème est essentiel, qui porte haut l’indignation autant que le découragement.
Et qu’en termes élégants ces choses là sont dites !

« Sur une terre en feu que le temps exténue,
S’enivrant à salir la noirceur de la peau » 
« Debout, pieds nus poudrés par ce sol sans labour »
« Porte un ventre semblable au fruit mur de l’amour ».

La dernière strophe est à elle seule un condensé d’émotion :
Par la force de cette image qu’on a tous en mémoire.
Par la désespérance, « l’impuissance », qui accable alors qu’on aimerait secourir les misères.
Par son humanité enfin et par sa compassion.

Magnifique.

   Cristale   
13/10/2021
Des images percutantes. Un sujet qui ne peut que révolter et émouvoir,

Je ne suis pas aux côtés de l'enfant pour pouvoir chasser les mouches de ses yeux, ni pour glisser un peu d’eau dans sa bouche. L'es-tu toi le poète ? Es-tu allé dans ces pays lointains pour soulager cette misère ?

Dans ma petite vie bien confortable, je suis impuissante, comme la plupart d'entre-nous sans doute .
Tout ce que je peux faire c'est partager ceci :
https://www.solidarites.org/fr/

L'écriture est soignée, comme toujours, bien que "onguent oublieux" me laisse dubitative.

Mais les enfants...non, pas la misère des enfants du bout du monde résumée en quelques vers écris et lus dans notre confort occidental s'il te plaît.

Je noterais haut pour la versification, le sujet n'emporte pas mon adhésion, je laisse la case blanche pour cette fois.

Cristale
parfois sans concession (tu vois que c'est possible de ma part cher poète)

   Anonyme   
23/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ton poème est très évocateur et les images sont intenses et précises !
J'ai beaucoup aimé ma lecture bien qu'elle soit éprouvante !
Ton écrit est un appel réussi à la compassion et à la solidarité !
On ne peut rester indifférent en le découvrant !

   Eskisse   
11/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pieralun,

Le ton de votre poème est plein de justesse, et la dernière strophe enveloppe l'enfant de notre regard impuissant que ce "Et l'on voudrait" répété, comme un pan de douceur, traduit si bien.
Un souhait qui recourt à la magie, un poème tout en retenue qui ne voile pourtant pas la scène évoquée.


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