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Poésie classique
pieralun : La honte
 Publié le 29/09/11  -  16 commentaires  -  748 caractères  -  395 lectures    Autres textes du même auteur

...


La honte



Tous ceux de Ton village étaient venus La voir.
Leurs rires et leurs cris hantaient en ribambelle
Le reflet que livrait le cynique miroir…
Le foulard y couvrait la blafarde séquelle.

Il lui fallait, grand-père, affronter le trottoir !
Côtoyer les murs gris de la sombre ruelle…
Alors tu la voyais, funambule d’un soir,
Rentrer à pas cachés, et le pain sous son aile.

Mais jugeais-tu, comme eux, indigne cet amour ?
Comme eux, as-tu voulu qu’on exhibe au grand jour,
En juste châtiment, la honte pour blessure ?

Puisqu'aujourd'hui t’effleure un certain repentir,
Crois-tu qu’il peut suffire, afin de l’adoucir,
De n’avoir pas tenu l’outil de la tonsure ?


 
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   LeopoldPartisan   
19/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Exercice bien difficile que celui de synthétiser en 14 vers une vie que l'on brise. Déjà qu'il doit bien exister des milliers de poèmes et de sonnets sur ces épurations qui sous nos lattitudes ne furent hélas souvent que l'expression d'une frustration jalouse plutôt que la réelle expression d'une vengeance méritée.

Si les 2 premiers quatrains tournent me semble-t-il un peu trop autour du pot, ce texte m'apporte une véritable émotion dans les tercets et le dernier par l'idée véhiculée et la finesse de l'expression, m'a littéralement transporté.

   Anonyme   
23/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe ! Rien à dire sur l'écriture classique et le respect de la prosodie. Le sujet, la tonsure de la honte comme dans l'après-guerre, ou plutôt la honte de la tonsure est ici sous jacente... Ca sent l'histoire vécue car sinon pourquoi grand-père ? Le lecteur reste un peu sur sa faim du fait qu'on ne saura jamais qui est cette pauvre fille... ou femme mais le plus important n'est pas là...
Ca remue de bien mauvais souvenirs mais il est bon de ne pas oublier comment ont été traitées toutes ces femmes qui avaient accordé leurs faveurs aux occupants pour des raisons diverses mais ne méritaient pas ce genre de traitement... Merci pour ce très beau sonnet !

   Mona79   
27/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est une évocation très triste de ce qui s'est passé en 1945 : pour avoir forniqué avec l'ennemi, des femmes furent tondues et une croix gammée peinte sur leur crâne dénudé. C'était la honte, en effet. Et tant pis pour celles qui s'étaient données par amour...

La prosodie est parfaite. Merci à l'auteur d'avoir écrit ce sonnet : pour mémoire.

   Anonyme   
29/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Juste parce que ça me touche, que c'est dit simplement, que je ne supporte pas qu'on se porte juge d'attitudes personnelles qui ne sont pas pour nuire. Et puis quoi ? Tous étaient parfaits ? Parfois on aime, parfois on sauve sa peau en sacrifiant son honneur, parfois on accuse à tort...

   Anonyme   
29/9/2011
Le second quatrain et le second tercet, fluides et chargés d'émotion, sont à la hauteur du sujet.
Mais on relève dans les autres strophes des tournures alambiquées qui affaiblissent la portée du texte.

"En juste châtiment, la honte pour blessure ?"

"Leurs rires et leurs cris hantaient en ribambelle
Le reflet que livrait le cynique miroir…
Le foulard y couvrait la blafarde séquelle."

On ressent trop ici le besoin d'aller à la rime.

Pour servir au mieux un thème aussi sensible, le propos devrait être, tout au long du poème, simple et fluide comme il l'est déjà dans les seconde et quatrième strophes.

   Miguel   
29/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau poème qui commence de façon bien mystérieuse et qui s'achève de façon bien poignante. La guerre et ses conséquences sont si atroces que même l'amour y peut être puni. Assimilation de la honte à la blessure, évocation de la condamnation à la solitude et à l'ombre, et enfin reproche de la complicité silencieuse font la force de ce poème. J'apprécie aussi les majuscules aux deux déterminants du premier vers, qui séparent nettement et cruellement les deux entités : "elle" et les autres, et le "Ton" qui incrimine le destinataire.
Tout le monde a tendance aujourd'hui à se ranger virtuellement dans le camp des héros. "Si j'avais été là, on aurait vu ce qu'on aurait vu." Mais un certain Mitterrand disait que pour comprendre cette époque, il fallait y avoir eu vingt ans. Qu' aurais-je fait ? D'où je suis aujourd'hui, je pense avec émotion à la femme de ce poème et à toutes ses soeurs d'infortune. Merci à l'auteur.

   brabant   
29/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Pieralun,


Que répondait Georgina Dufoix déjà ? « Responsable mais pas coupable » et d’autres avec elle…

La disparition du thon rouge (je n’en mange pas), la mort du requin blanc… Faut-il se sentir responsable de tout ? Bon, pour Dufoix c’était une autre histoire…

Et ces femmes que vous voulez réhabiliter - pourquoi pas ? – ne ravivez-vous pas leur blessure ? Ne préfèrent-elles pas l’ombre ? Qui est aujourd’hui celle du tombeau. Alors, ne peut-on les y laisser tranquilles, enfin ?


Je vois ici un effet de foule, hypocrite et cruel. Nous faut-il pour autant condamner nos pères ? Encore et sans cesse. Nos pères sont-ils lâches et mauvais ? N’y a-t-il pas d’autres causes à défendre ? A ce titre on pourrait jeter l’anathème sur tous les peuples, en fumant notre pipe, avec notre bonne conscience - nous qui n’avons pas connu la guerre – à chercher aussi de nouveaux sujets d’indignation.


La meilleure réponse à cette culpabilité renouvelée me semble être la pirouette - eh oui tant pis - faite par la gouailleuse Arletty au président du tribunal - il avait du temps à perdre - qui lui reprochait sa liaison avec un bel officier allemand :
« Ben ! Il fallait pas les laisser entrer, Monsieur le Président ! »


Alors, ne refaisons pas, encore et toujours le procès de nos aïeux - ils l’ont quand même gagnée, cette guerre ! – ni de nos ancêtres, de Clovis à De Gaulle en passant par Bonaparte…

L’homme est ainsi fait, d’atroce et de sublime…

Ce combat-là ne lui apporte pas grand-chose !



La majuscule à ‘’Ton’’ - petit adjectif possessif – pour accentuer le ‘ton’ accusateur m’a paru incongrue dans un texte classique. Il me semble qu’un sonnet de ce type ne s’accommode pas d’un tel artifice.

   placebo   
7/10/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
La majuscule au premier "la" et pas au suivant me gêne un peu, tout comme les trois inversions qui font effectivement un peu "pour la rime" : cynique miroir, blafarde séquelle, sombre ruelle.

J'avoue avoir eu besoin de plusieurs lectures pour comprendre (suis un peu lent parfois ^^) au premier quatrain, par exemple, la référence à "ils" n'est pas évidente : allemands ou "justiciers" ?

"puisqu'aujourd'hui t'effleure un certain repentir" je pense que le repentir est venu plus rapidement que ça (en supposant qu'on parle à un grand-père ayant eu une vingtaine d'années en 45) à partir du moment où on en vient à regretter les actions de groupes un peu "stupide" assez rapidement (chez ceux qui ont une conscience en tout cas ^^)
Dans le cas contraire, je m'interroge sur l'événement qui provoque le repentir : l'approche de la mort, ou autre ? Pourquoi maintenant ?

Il y a plein de choses que je ne comprends pas. Pourquoi opposer les rires en ribambelle et le cynique miroir ? Funambule d'un soir, vi, une sorte d'équilibriste, elle donne un numéro, elle traverse la piste du village, mais j'aime pas l'expression. Les deux premiers vers du deuxième quatrain ne me plaisent pas, je ne trouve pas qu'ils apportent grand chose. Le danger ne vient pas vraiment de la nuit, j'ai l'impression, dans cette situation.

La construction, très soignée, encadrée par une ponctuation abondante, m'a un peu gêné en en m'obligeant à détacher nettement chaque morceau de phrase, j'ai l'impression d'un heurt. Ça peut être voulu, en rapport avec le thème, mais j'ai trouvé la sensation déplaisante.

Désolé, mais je n'ai pas vraiment aimé cette poésie.
placebo

   Anonyme   
30/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
D'une façon générale, je ne goûte pas la poésie "engagée". Parce que je ne sais jamais où finit l'expression de l'état de conscience du poète et où risque de commencer son prosélytisme.
Dans le poème de Pieralun, je me retrouve devant cette interrogation. Et comme j'ai aussi, moi-même, mes états de conscience sur ce sujet comme sur bien d'autres, je vais m'interdire de commenter le fond de ce poème.
Reste la forme. Elle est globalement tout à fait conforme aux canons du sonnet classique. Mais il y a des rimes un peu "justes" (voir- miroir - trottoir - soir ; repentir - adoucir).
Au vers n°8, il y a une tonalité peu agréable avec la liaison :
"Rentrérapacaché...". En inversant, c'eut été un peu plus heureux : " A pas cachés, rentrer, et le pain sous son aile."
Dommage.

   Meleagre   
1/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un sujet fort, poignant, qui a été plusieurs fois évoqués ces derniers temps. Oui, ce déferlement de la haine contre celles qui ont "trahi", cette volonté de leur faire honte par une trace d'infamie, est abominable. On n'est plus au temps où on marquait les criminels au fer rouge, mais ce n'en est pas loin.
Pourtant, j'ai l'impression que ce poème ne donne pas toute sa force à ce sujet. Il pouvait y avoir plus de tension, de drame.

J'aime assez les deux quatrains, qui nous font entrer tout de suite dans le vif du sujet, de façon harmonieuse et vive à la fois. J'aime bien, en particulier, le 1er vers (sauf les majuscules), le 4e, et l'expression "funambule d'un soir". J'imagine que l'expression "hantaient en ribambelle" est censée indiquer l'idée de foule, rappeler la foule qui est venue raser cette femme, mais la tournure est assez étrange.
Le premier tercet pose une question avec force : "Mais jugeais-tu, comme eux, indigne cet amour ?" Mais, pour en mesurer la force, il nous manque de savoir qui est ce "grand-père" : le père de la femme qu'on a tondue ? Les deux vers suivants surenchérissent dans le questionnement : as-tu voulu que l'on châtie ta fille en la tondant, pour lui faire honte ? Mais la formulation est un peu alambiquée, avec des compléments dans un ordre inattendu, et une expression un peu étrange : "exhiber la honte pour blessure".
Le dernier tercet semble poser aussi une question forte : est-ce que le fait d'avoir laissé les autres tondre ta fille te rend irresponsable, innocent ? Mais là encore, je trouve la formulation un peu maladroite, pas assez frontale, pas assez convaincante.

Il manque, à mon avis, un je-ne-sais-quoi pour que ce poème soit aussi fort, aussi poignant que cet épisode de l'Histoire, et que les questions qu'il pose.

   David   
8/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pieralun,

"La honte" pour parler de la "tonte des blanches" c'est assez bien trouvé. Il y a aussi dans le poème l'idée qu'un acte peut appartenir aussi bien à son agent direct qu'aux témoins muets, qu'un acte peut-être immobile. Après, être seul en face d'une bande de gens en proie à la violence, ça incite à la circonspection, comme on dit dans les livres. Je me rappelle du vers d'un autre poème qui disait : "la France est un pays de garçon coiffeur", il était plus violent et n'a pas passé la sélection, l'idée a fait son chemin d'elle-même.

   mhelise   
8/5/2012
Commentaire modéré

   Anonyme   
7/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cher Pieralun,

C'est un sujet bien sensible et bien douloureux que celui de cette épuration qui a suivi 1945. Surtout dans ce qui concerne les relations humaines, l'amour, l'estime entre ennemis de l'époque.
Cela me rappelle la belle chanson de Brassens (La Tondue) et "Uranus" de Marcel Aymé. Par association d'idée, Vercors et "le silence de la mer". J'adhère totalement à votre propos surtout que votre poème, fort réussi au plan formel, fait preuve d'une discrétion remarquable dans l'expression de sentiments si forts que la cruauté, la honte, le remord. C'est pour moi de cette manière qu'ils prennent le plus de relief.
Merci.

   jfmoods   
22/1/2015
Si le thème de ce sonnet est d'un abord particulièrement délicat, son développement s'avère remarquablement construit.

Parmi les procédés mis en œuvre...

- la visée généralisante du propos (« Tous ceux »)
- les majuscules, qui fixent d'un côté la responsabilité (« Ton »), de l'autre le marquage de l'ostracisme (« La »)
- la mise à distance de l'allocutaire du comportement général des villageois (« leurs » x 2) et le terme « grand-père » qui semblent manifester le lien de parenté avec la victime
- la métaphore (« cynique miroir ») qui appuie sur l'image du bouc-émissaire
- la périphrase (« blafarde séquelle ») qui matérialise la violence de l'humiliation infligée
- les métonymies (« affronter le trottoir », « côtoyer les murs gris ») qui mettent en exergue la surveillance vindicative et à distance des villageois
- l'incise (« funambule d'un soir ») qui souligne le caractère affolé, fuyant, furtif du déplacement
- l'image suggérée d'un oiseau blessé (« le pain sous son aile »)
- la prise à partie par trois questions fermées
- l'effet de gradation, d'amplification, marqué par le passage de l'imparfait au passé composé, puis au présent dans les questions fermées
- l'anaphore (« comme eux ») qui vise à dénoncer le comportement
- le marqueur exprimant l'évidence de la cause (« Puisque »)
- le rejet du sujet (« un certain repentir ») qui met celui-ci en relief
- les litotes (« t'effleure », « un certain repentir ») qui accentuent le sentiment de culpabilité présumée de l'allocutaire
- la forme interro-négative qui fait mine de dédouaner
- l'utilisation du mot « outil » qui met en évidence le caractère mécanique de l'utilisation de l'objet

Merci pour ce partage !

   cervantes   
23/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Mais bien sûr que la poésie est engagée et doit l'être même dans ses expressions amoureuses ou émotionnelles. J'ai beaucoup apprécié et le sujet et son traitement. Un commentaire tardif qui n'en a que plus de sincérité.

   Anonyme   
19/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte dont la compréhension n'est pas évidente du tout à la première lecture, une fois saisie le sens de l'écrit, il n'est pas simple d'apporter un commentaire car le sujet est épineux, délicat. En période troublée, les réactions le sont aussi, tout est irrationnel.

C'est un texte intéressant, qui posent bon nombre de questions. J'en retiendrai la dernière strophe :

"Puisqu'aujourd'hui t’effleure un certain repentir,
Crois-tu qu’il peut suffire, afin de l’adoucir,
De n’avoir pas tenu l’outil de la tonsure ?"

Même si le "puisqu'aujourd'hui" n'a pas une sonorité agréable à l'oreille, j'aurai presque préféré lire "puisque aujourd'hui", mais de ce fait, le vers devient bancal.

   Bidis   
19/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Heureusement que j'ai compris de quoi il s'agissait grâce à certains des commentaires parce que sinon je serais passée à côté de ce texte que je trouve magnifique et qui fait réfléchir. Je me demande si certaines de ces pauvres femmes ont eu le cran d'exhiber fièrement leur crâne nu ? Aujourd'hui, je suis sûre que c'est ce qui se passerait... En tout cas, ce poème dit bien toute l'abjecte méchanceté humaine. Mais pourquoi ces majuscules à Ton et à La ? J'avoue que je ne comprends toujours pas.


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