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Poésie néo-classique
pieralun : La prière de don Camillo
 Publié le 15/08/14  -  12 commentaires  -  2115 caractères  -  204 lectures    Autres textes du même auteur

Imaginez ces mots prononcés par Fernandel dans la petite église de Brescello…


La prière de don Camillo



Ô mon Père écoutez, Vous qui régnez aux cieux !
Combien lourde est ma robe, et je me sens bien vieux.
Je Vous sais attentif à vos hommes d'église :
Ne laissez pas la mort me faucher par surprise.

Que mon âme soit vôtre ! Il n'est d'autre destin
Et je la veux offrir à Vos arches pieuses.
Mais est-il opportun de laisser en festin,
Aux larves des caveaux, mes chairs tant précieuses ?

Voyez ! les gens d'ici connaissent mes sermons.
Et Vous savez Seigneur que, sortant de ma gorge,
Le souffle de ma voix est comme un feu de forge
Résonnant dans les chœurs et nefs de ces piémonts ;

Vous n'auriez point tendu l'Or des cordes vocales
Sous la pomme d'Adam d'un fidèle curé,
Si Vous deviez savoir son gosier récuré
Jusqu'à l'os par les basses œuvres sépulcrales ?

Elle a bu Votre sang, il n'en est de meilleur !
Ne souffrez pas qu'un ver digère ma poitrine !
Large, au culot puissant d'un tonneau qu'on avine,
Elle garde Vos ceps et Votre vin Seigneur !

Je saurais réciter mille une patenôtres,
Si Vous me permettiez d'amener, en haut lieu,
Cette rotondité, fendue en son milieu,
Sur quoi je m'assiérais au repas des apôtres.

Lorsque l'on sait enfin le si grand embarras
Que vivent nos amis manchots et culs-de-jatte,
Je dis : l’Ascension serait bien spartiate
Si je montais vers Vous sans jambes et sans bras.

Pour toutes ces raisons, faites que la mort vienne
Après avoir dûment sonné le carillon,
Patiemment langui que, dans mon baluchon,
J'aie ordonné mon corps et mon âme et ma peine.

Alors je fixerai, pour la dernière fois,
Ces murs que les vitraux inondent de lumière,
Les yeux de Votre mère et le morceau de bois
D'où Vous me guiderez pour quitter cette Terre.

Puis, si je sais chagrin le petit cimetière,
De ne garder de moi qu'une ombre dans ma bière,
Aux ifs, je léguerai libres mes feu follets,
Aux vers, de mes orteils, quelques bons osselets.


 
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   Anonyme   
28/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Réjouissant !

Très musical avé l'acceng...

Merci de ce texte original, un bel exercice de style avec, en toile de fond, une belle leçon de philosophie et de valeurs "d'honnête homme" !

   margueritec   
29/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé. Dosage parfait d'humour et de poésie pour demander une bonne place après la vie.

Le langage sans fioriture, une supplique usant du langage courant, correspondent à l'image de Fernandel/Don Camillo.

Et dans votre dernière strophe, très belle, (ombre de ma bière, je léguerai mes feux-follets - beau et drôle en même temps) votre dernier vers allège par son humour l'effroi de la mort.

J'imagine aisément les vers de terre s'amusant à une partie d'osselets.

   Anonyme   
16/8/2014
[edit]
Salut Pieralun

S'il est une chose qu'on ne peut pas reprocher à ce poème, c'est de manquer d'imagination.
Mettre en alexandrins l'ultime prière de Don Camillo, il fallait y penser.
Si des milliards de poèmes parlent de roses, d'amours malheureuses ou de rebellitude, je gage que vous n'êtes pas bien nombreux à avoir eu cette idée.

Avec la rigueur dans l'écriture, l'imagination est le marqueur qui permet d'identifier le vrai poète.

S'y ajoute bien sûr sa capacité à faire surgir l'émotion.
Ici tu fais mouche en dessinant un sourire sur le visage du lecteur
Dans le Shpountz, autre film de Fernandel, son benêt de tonton s'indignait qu'il fasse le comique. J'ai oublié les termes exact de la réponse de son égérie, mais elle disait en substance que de faire rire les gens était faire oeuvre de philanthropie.

Merci Pieralun de nous avoir fait sourire avec la prière de ce célèbre ecclésiastique. Et bravo

   Anonyme   
15/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour pieralun... L'incipit est ici très précieux car il permet d'octroyer ce superbe monologue à ce Don Camillo-Fernandel qui a fait le bonheur de notre jeunesse...
Même l'assent est présent à la lecture... Superbe !

Il y a quand même un vers qui me chagrine un peu...

Jusqu'à l'os par les basses œuvres sépulcrales ?

... de par la césure mal placée qui gêne la lecture.

Ce n'est qu'un détail et ce texte est vraiment une belle réussite due à la faconde de Don Camillo soutenue par des alexandrins de grande classe et un humour sans bavures qui permet de traiter d'un sujet toujours délicat, la religion, sans qu'il y ait ici la moindre équivoque...

De la bel ouvrage, Bravo !

   Anonyme   
15/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une supplique sympa, alerte et que l'on entend effectivement prononcer avec force roulements truculence et accent notre Fernandel.
Au passage, le propos n'est pas dénué d'un hédonisme de bon aloi sous-tendu par des alexandrins d'excellente facture.

Cela dit, en dépit du talent indéniable de l'auteur, ce poème ne bouleverse pas la production poétique française et reste dans le registre de l'exercice, superbement réussi certes, mais de l'exercice quand même.

Édition : je viens d'écrire une bêtise et je tiens à m'en excuser. J'ai tenté de m'en expliquer ici : http://www.oniris.be/forum/qu-est-ce-qu-un-exercice-t19392s0.html#forumpost254536. Du coup, j'entends modifier ma notation qui ne reflète pas l'impression de virtuosité que me laisse ce poème.

   leni   
15/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Pieralun

Le ton y est juste Suffit de mettre l'accent à la lecture
J'aime beaucoup ces quatre vers

Vous n'auriez point tendu l'Or des cordes vocales
Sous la pomme d'Adam d'un fidèle curé,
Si Vous deviez savoir son gosier récuré
Jusqu'à l'os par les basses œuvres sépulcrales ?


Je ne vais pas tout citer mais j'ai un faible pour ce vers

Aux ifs, je léguerai libres mes feu follets,
Merci pour cet excellent moment


Salut cordial Leni

   Ellon   
15/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai pris un grand plaisir à te lire pieralun ! Très bien écrit, et amusant. Je trouve l'idée vraiment très originale et l'effet est là. Merci beaucoup :)

PS: moi qui n'aime pas les poèmes trop longs, j'avoue que là...je reste sur ma faim et aurais voulu lire une ou deux strophes de plus :) pour la route !


Ellon

   Anonyme   
15/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

Personnellement et c'est rare avec vous mais je reste
sur ma faim ! Je m'attendais à quelque chose de plus ironique,
de plus persifleur, en résumé de plus amusant.
Et je trouve que les vers de votre poème pèche nettement
par un manque de fluidité, inhabituel.

De beaux vers :

Ne laisser pas la mort me faucher par surprise.
Ces murs que les vitraux inondent de lumière, entre autres

De plus heurtés :

Jusqu'à l'os par les basses œuvres sépulcrales ?

Pour toutes ces raisons, faites que la mort vienne
Après avoir dûment sonné le carillon,
Patiemment langui que, dans mon baluchon,
J'aie ordonné mon corps et mon âme et ma peine.

Je m'excuse mais je n'ai pas retrouvé Don Camillo

   Robot   
15/8/2014
Je n'y reconnais pas, je ne peux pas l'imaginer avec la voix de Fernandel, ni même reconnaître en lui Don Camillo.
Reste un beau texte pieu que chacun appréciera en fonction de sa foi et de ses goûts en poésie et de sa passion pour l'œuvre de Giovanino Guareschi l'écrivain italien créateur de la célèbre figure du curé de Brescello. Vous m'avez donné envie de le relire. Merci !

   Arielle   
16/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Plus que Fernandel ou Don Camillo, c'est la patte de Villon qui me fait des signes dans cette magnifique prière où l'humour s'enchevêtre au tragique.
Les trois derniers quatrains, dignes du grand François, pleins d'émotion abandonnent le ton léger des précédents pour exprimer l'angoisse de cette fin peu glorieuse qui est notre lot à tous, croyants ou pas :

"Aux ifs, je léguerai libres mes feu follets,
Aux vers, de mes orteils, quelques bons osselets." Superbe !

Je n'ajouterai rien concernant la forme qui, comme toujours avec toi, Pieralun, est parfaite et semble couler de source des doigts du maître-artisan ;-)

   Cox   
17/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Etant assez jeune, je connais mal Fernandel, et je ne peux donc juger ce poème que pour lui-même, ce qui n'est pas un mal.

La forme est, pour autant que j'en puisse juger, irréprochable, ce qui est déjà un bon point.
Sur le fond je l'ai trouvé réjouissant mais un peu timoré; on sent un ton que chatouille une certaine impertinence, mais celle-ci reste très timide. J'ai un peu l'impression que votre plume hésite, et je trouve que c'est un peu dommageable au texte. Ce n'est que mon avis, mais je crois que j'aurais plus apprécié le texte si le ton frivole y avait été un peu plus développé.

Une lecture agréable, quoi qu'il en soit !

   Miguel   
28/8/2014
Je ne comprends pas bien ce poème : Don Camillo ne veut pas pourrir, il veut, comme on dit, "échapper à la dégradation du tombeau"et monter au Ciel comme Jésus et Marie ? C''est ce que je crois, mais je n'en suis pas sûr.


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