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Poésie classique
pieralun : Mat
 Publié le 19/04/15  -  30 commentaires  -  1157 caractères  -  527 lectures    Autres textes du même auteur


Mat



Il faisait grand soleil à cet enterrement.
Un oncle, un grand cousin, qui le savait vraiment ?
Nous étions peu nombreux, un semblant de famille :
Les yeux extravagants d'une trop jeune fille,
Et dix regards gênés par la folle gaieté
Que laisse transpirer la fin d'un bel été.
Bien peu de nous diraient que la douleur fût vraie.
Qu'il fallût observer le bon grain dans l'ivraie
Et nous aurions tous vu ce vieux qui pleurait seul.
Dignement, il restait à l'écart du linceul
Et sous l'humble pudeur qui cachait mal sa peine,
On aurait pu compter chaque jour de semaine,
Le cours lent des saisons, les déserts à venir...
Il s'approcha du mort qu'il restait à bénir
Et, dans un geste empreint d'une tendre justesse,
Déposa près du corps une petite pièce.
Comment imaginer que c'était un roi blanc ?
Qui pouvait deviner, qu'au square, sur un banc,
Dans le doux lendemain d'une ville occitane,
Cet homme irait s'asseoir à l'ombre d'un platane
Puis, avec mille soins, quand tomberait le soir,
Dresserait l'échiquier pour coucher le roi noir ?


 
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   Vincent   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
ce texte est d'une pièce : si j'ose dire

vraiment il est d'une écriture intemporelle ou presque

il est d'un classicisme ...

je n'y trouve rien à redire

la mise en scène est remarquable, et le scènario est troublant

je suis mat

   Anonyme   
3/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Echec et Mat !

Shah Mat : "le Roi est mort, vive le Roi !" s'est écrié Joël Lautier lorsque Vladimir Kramnik devint champion du monde d'échecs en 2000 face à Garry Kasparov.

Voilà ce que je dirais, en apparté, étant un grand amateur d'échecs.

J'imagine aisément ce vieil homme pleurant un vieil ami avec lequel il aurait disputé d'innombrables parties au fil des ans. D'où ce Roi blanc déposé près du corps, en hommage aux parties en question.

Désormais seul, ne reste plus qu'au vieil homme à s'asseoir à l'ombre d'un platane, l'âme en peine, pour dresser, "quand tomberait le soir", l'échiquier avec soin pour "coucher le roi noir", mort de ne plus pouvoir jouer, par manque d'adversaire.

Le tout en prosodie classique : magnifique !

   Anonyme   
19/4/2015
Bonjour pieralun

Toute la difficulté réside dans l'obligation de commettre un commentaire argumenté quand on a strictement rien à dire.
Rares sont les poèmes qui me crochent la cheville et me font tomber face contre terre. Celui-ci en fait partie. C'est beau, c'est lapidaire, c'est imagé, et ça part comme un direct au coeur.
Merci !

   Pimpette   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pieralou

"Il s'approcha du mort qu'il restait à bénir
Et, dans un geste empreint d'une tendre justesse,
Déposa près du corps une petite pièce.
Comment imaginer que c'était un roi blanc ?'

Tu as toujours cette manière simple et claire de traiter un sujet délicat et touchant...c'est ton style et je me demande où tu as pêché cette histoire?
Ou si elle doit tout à ton inspiration?

Bien réussi en tout cas

   Anonyme   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'atmosphère est très bien rendue. Un enterrement avec " un semblant de famille " où le chagrin n'est pas de la partie. Oserais-je dire une formalité, un acte de présence.
" Et dix regards gênés par la folle gaieté
Que laisse transpirer la fin d'un bel été ". On pense à autre chose...
" ce vieux qui pleurait seul " vient tout à coup nous émouvoir en déposant ce roi près du corps de son ami qui le laissera désormais seul sur un banc du square, avec leur jeu d'échecs.

   leni   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une touvaille

Il s'approcha du mort qu'il restait à bénir
Et, dans un geste empreint d'une tendre justesse,
Déposa près du corps une petite pièce

ET
Qui pouvait deviner, qu'au square, sur un banc,
Dans le doux lendemain d'une ville occitane,
Cet homme irait s'asseoir à l'ombre d'un platane
Puis, avec mille soins, quand tomberait le soir,
Dresserait l'échiquier pour coucher le roi noir ?

La voici exprimée en deux temps en tout SENTIMENTAL
en vers joliment ciselés

Merci à toi Pieralun Merci et salut cordial à toi Leni

   Lulu   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup ce poème dont le rythme régulier est fort musical.

Le soleil l'emporte dans des images que vous faites voir de façon claire, ce que j'apprécie fortement. Il n'y a pas vraiment d'ombres, même le vieil homme triste est beau à voir. La peine est rendue avec beaucoup de délicatesse.

Un texte plein de dignité relativement à ce qui est raconté. Une belle composition.

   Francis   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un enterrement qui devient un voyage dans la complicité entre le défunt et son ami d'échiquier. Un contraste bien écrit entre ceux qui assistent aux funérailles du vieux roi par obligation, un peu étrangers à la cérémonie et le vieil ami qui doit couper ce lien d'amitié avec avec son roi blanc. J'aime particulièrement les deux derniers vers :
"Puis, avec mille soins, quand tomberait le soir
Dresserait l'échiquier pour coucher le roi noir ?"

   Luz   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'aime bien les échecs et j'adore ce poème avec la surprise des derniers vers.
Aux échecs on arrive souvent à faire la différence en surprenant son adversaire...
Comme ça à l'air simple la poésie en lisant ce poème, mais combien d'heures à passer pour rendre cette simplicité et cette émotion ?
Merci.
Luz

   Anonyme   
19/4/2015
Salut Pieralun
Tiens, encore des obsèques me suis-je dit en lisant ce poème.
Mais bien narrées. Avec une légère pointe d'humour.

Les rimes suivies, les sonorités et la fluidité du texte leur donnent le ton de circonstance.
On s'apprête à quitter la cérémonie lorsque surgit ce vieux bonhomme avec son roi blanc.
Du coup, le poème prend une saveur nouvelle, jusqu'à la chute qui justifie le titre.

Qui a gagné l'ultime partie ?
Tout fier de l'effet produit, tu laisses au lecteur le soin de supputer.

Merci Pieralun et bravo.

   Damy   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vraiment très ému par cette pièce jouée avec grande justesse. Tout se déroule tranquillement avec pour beau décor la richesse des rimes posées là, naturellement (juste un petit doute sur pièce/justesse, justement) vers le dénouement inattendu du dernier vers où s'allonge avec tendresse toute mon émotion auprès du roi en deuil qui ne saurait survivre.

Ne serions-nous que des pions suivant le cortège si chacun de nos morts ne mettaient en échec notre insouciance au jeu de vivre malgré eux ?

   Automnale   
20/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il faisait grand soleil à cet enterrement... Le ton est, ainsi, donné. Le lecteur n'a plus qu'à se laisser doucement emporter par le fil du récit...

Pieralun possède l'art et la manière, en peu de mots, de décrire les obsèques d'un vieil homme. Dans l'assistance, peu nombreuse, la douleur n'est pas vraiment au rendez-vous. Et pourtant, un homme seul, plein de pudeur, pleure et dépose, près du corps, une petite pièce...

J'ai souri en voyant les yeux extravagants d'une trop jeune fille... J'ai pensé que l'été n'était pas une bonne saison pour mourir ! Et j'ai trouvé tellement jolie l'idée d'apercevoir, sous l'humble pudeur, les déserts à venir...

Et puis, j'ai imaginé cette petite ville occitane, le banc sous les platanes. J'ai partagé la peine du vieil ami qui, désormais seul, dressera le lendemain, avec mille soins, l'échiquier pour coucher le roi noir.

Dans cette histoire, teintée de tant de délicatesse, j'ai vu un homme de couleur, et l'autre pas... Peu importe, sans doute, si j'ai raison ou tort... Mais je trouve que l'amitié, entre les deux hommes, serait (aurait été) encore plus forte.

A quoi bon tenter de trouver un léger détail imparfait (il n'y en a d'ailleurs peut-être pas un seul), tant je demeure sous le charme de ce texte, rare, qui restera gravé dans ma mémoire.

Bravo, Pieralun !

   Cristale   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Pieralun,

Des lignes comme un cortège qui suit un corbillard où quelques voisins, quelques connaissances perdues juste là pour marquer le coup parce que ça se fait, quelques membres de la famille qui papottent tranquillement sur la coiffure de la cousine ou les dents du petit dernier, un enterrement dans la plus grande indifférence, comme il en existe beaucoup , et puis, ce personnage, celui que l'on ne voit pas, celui qui ne parle pas, celui dont les larmes remplissent les rides de son visage, ce personnage seul avec son chagrin :

"Et nous aurions tous vu ce vieux qui pleurait seul.
Dignement, il restait à l'écart du linceul
Et sous l'humble pudeur qui cachait mal sa peine,
On aurait pu compter chaque jour de semaine,"

Et ce geste si magnifiquement évoqué par vos mots :

"Il s'approcha du mort qu'il restait à bénir
Et, dans un geste empreint d'une tendre justesse,
Déposa près du corps une petite pièce.
Comment imaginer que c'était un roi blanc ?"

Ce poème laisse en moi une profonde émotion et la fin est absolument grandiose de tendresse :

"Qui pouvait deviner, qu'au square, sur un banc,
Dans le doux lendemain d'une ville occitane,
Cet homme irait s'asseoir à l'ombre d'un platane
Puis, avec mille soins, quand tomberait le soir,
Dresserait l'échiquier pour coucher le roi noir ?"

Des alexandrins parfaitement maîtrisés, des rimes qui coulent et s'enchaînent en douceur, que dire de plus qui n'a été déjà dit?

Pour tout cela et toute l'émotion que vous avez su partager, je vous dis merci et bravo Pieralun.

Cristale

   jfmoods   
24/4/2015
On peut découper ce poème en quatre parties...

1) vers 1 à 7 : le cadre général de l'évocation est fixé par un narrateur présent et omniscient et marqué par le caractère détaché des principaux protagonistes (antithèse entre nécessité d'un cérémonial funèbre et conditions météorologiques optimales : « enterrement » / « grand soleil », « bel été » propice à la « folle gaieté », énumération figurant l'incertitude du rapport filial : « « Un oncle, un grand cousin » et question insoluble : « qui le savait vraiment ? », marqueurs de quantité moindre : « un semblant », « bien peu », doute légitime véhiculé par le conditionnel présent : « diraient »).

2) vers 8 à 13 : une focalisation soudaine s'effectue sur le « vieux », que le narrateur, poète, attentif à ce qui souffre en ce monde, est plus enclin que les autres à pouvoir remarquer (conditionnel passé : « nous aurions tous vu »). Il décrit d'abord le personnage en position fixe pour mieux s'attarder sur l'extrême réserve de son attitude (« seul », « à l'écart ») et la douleur profonde qui le traverse (litote : « qui cachait mal sa peine », gradation : « chaque jour de semaine / Le cours lent des saisons », hyperbole : « les déserts à venir », points de suspension).

3) vers 14 à 17 : le personnage est alors saisi en mouvement (« s'approcha », « geste », « déposa »), au moment essentiel, à l'instant fort de l'adieu au disparu (expression : « qu'il restait à bénir »). Un effet d'attente est ménagé par le poète : d'abord, par le recours à la mise en incise du complément circonstanciel de manière (« dans un geste empreint d'une tendre justesse »), qui retarde l'apparition de l'objet ; puis, par la polysémie du mot « pièce ». Même avec le titre en tête, le lecteur pense en premier lieu à une pièce... de monnaie et se fourvoie.

4) Les deux questions ouvertes (« Comment... ?», « Qui... ?» ), qui jalonnent la dernière partie du poème, manifestent le fait que seul le regard du poète est apte à saisir le sens profond de ce qui se joue au coeur de cette relation amicale à présent brisée (utilisation du conditionnel présent : « irait », « tomberait », « dresserait », marqueur de temps : « Dans le doux lendemain », marqueurs de lieu : « au square, sur un banc », « une ville occitane », « à l'ombre d'un platane », hyperbole : « avec mille soins », écho : « roi blanc », « roi noir »).

Le plus intéressant, dans ce poème, réside sans doute dans la symbolique de sa conclusion et, partant, de son titre (« Mat »). Par manque de précision sur la position exacte du roi blanc (« déposa »), le lecteur est amené à conclure que la pièce est placée verticalement. Le roi noir se trouvant pour sa part couché, c'est bien, contre toute attente, le survivant qui, faute d'opposant, est symboliquement le véritablement perdant dans cette partie d'échecs que constitue la vie.

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
19/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir pieralun. Belle écriture au service d'une belle histoire où le grand perdant n'est pas celui que l'on pense.
Un poème bien mené avec une chute somme toute logique dans bien des cas mais que l'on n'attend pas pour autant ! Bravo et merci l'artiste...

   Anonyme   
20/4/2015
Bonjour

J'avoue avoir longtemps hésité à mettre un com sous
ce poème classique à l'écriture irréprochable mais qui ne m'inspire
pas grand chose.
Peut-être est-ce du au fait que je ne connais rien aux échecs ?

Je n'aurais pas mis de point après vraie pour une continuation
de trois vers.

Peut-être un poème pour expliquer le fameux mat ?

Je suis trop désorienté par l'incompréhension
pour mettre une appréciation.

   Bidis   
20/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce poème, tout en délicatesse, élégance et pudeur, est aussi plein d'évocations, d'images et de gestes. Personnellement, en tout cas, j'ai vu ce vieil homme mais surtout ces parties d'échecs habituelles, quotidiennes peut-être, avec son vieil ami sur un banc sous les platanes, les soirs d'été. Sans doute parce que cela me rappelle avoir vu quelquefois ce genre de scène et que cela m'attendrissait...
Surtout, j'ai trouvé géniale l'idée de cette dernière partie, cet au revoir poignant, symbolisée dans ce tout dernier Mat... Ah oui, j'ai adoré.

   Myndie   
20/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Pieralun,

En quelques coups de pinceaux, en quelques phrases bien tournées, vous campez avec talent et beaucoup d’élégance cette scène qu’on a sans doute tous vécu, se sentir étranger à des funérailles.
Avec vous, tout semble couler de source.
Et pourtant, quelle finesse d’écriture, quelle joliesse dans ces vers :
« Et sous l’humble pudeur qui cachait mal sa peine
On aurait pu compter chaque jour de semaine
Le cours lent des saisons, les déserts à venir... »,

quelle précision dans cette image qui dit tout
« les yeux extravagants d’une trop jeune fille »

et avec quelle habileté vous portez le coup final !

Je suis doublement admirative :
devant l’originalité de l’histoire que vous nous contez avec simplicité et émotion et aussi devant la grâce de votre plume qui semble maîtriser la prosodie avec une telle aisance qu’on en oublierait presque le travail et la rigueur que cela nécessite.

Merci pour ce beau partage

   Marite   
20/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette atmosphère de deuil, un jour d'été ... je m'y suis retrouvée et l'émotion m'a vraiment serré la gorge. Aussi, lorsque mon regard est arrivé sur
" ce vieux qui pleurait seul.
Dignement, il restait à l'écart du linceul " j'ai compris pourquoi.
Magnifique écriture, dès le premier vers nous sommes happés ... jusqu'au dernier. Ce poème ne s'en ira pas rapidement de nos esprits.

   TheDreamer   
20/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème en rimes suivies.

Selon moi, la forme la plus apte à la musicalité. Peut-être aussi la plus aisée à maitriser (puisqu'elle nécessite moins de gymnastique intellectuelle pour rimer).

Les vers simples respectent les règles de la poésie classique.

J'aime beaucoup la chute.

   papipoete   
21/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour pieralun;pardon pour mon retard; bien souvent lors d'un enterrement, le soleil nous honore de sa présence, pour rassembler peut-être autour du cercueil plus de monde? Avec se " vrais " tristes " et les autres que cette cérémonie occupe un après-midi, comme 2 heures à tuer. Nous entendons des silences éplorés, des chagrins " sincères" et les larmes de ceux dont c'est le métier!
Là parmi la foule, caché par les costumes et robes " du dimanche ", il y a quelqu'un au coeur gros, qui s'approche à son tour du linceul, y dépose une pièce blanche, en silence. C'est une pièce d'échec, que le pauvre déposa auprès de son partenaire; demain, il étalera son jeu tout seul, et battu, posera sa pièce noire, mat...
Une chronique touchante qui doit jalonner les jours de la vie qui passe, sans qu'on s'en aperçoive forcément!
Des alexandrins au vocabulaire simple, comme une évocation au fil des pages d'un journal.

   David   
21/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Pieralun

C'est un peu étrange, les 9 premiers vers du début ne laissent pas présager de ce qui va suivre. Ce que je crois comprendre, c'est que le défunt était plus proche de son camarade de jeu d'échec que de sa propre famille, du coup les échecs, comme on peut l'imaginer d'une vie militaire ou monacale, seraient représentés comme un lien plus fort encore que ceux du sang. Il me semble que ça parle de passion, de ce qu'on fait qui prend le pas sur ce qu'on peut être.

   i-zimbra   
21/4/2015
La devise des joueurs d'échecs en témoigne, ils sont une des familles les plus fortes (même si l'égotisme n'y est pas rare). Gens una sumus : le reste du genre humain devrait y réfléchir.
« ce vieux qui pleurait seul » => « On n'a que l'age auquel on a commencé à jouer aux échecs car après on cesse de vieillir », a dit Capablanca, qui d'ailleurs n'est pas mort de vieillesse (mais pas longtemps après son meilleur "ennemi" et dans le même hôpital)
Le dernier vers décrit un étrange rite funéraire. C'est le roi noir qui reste, pour marquer le deuil. Malgré le doute, on peut penser que le survivant s'en relèvera. Et qu'il jouera à nouveau sur un autre jeu (celui-là ne pourra plus servir), ou rejouera leurs anciennes parties. Et il doit connaître l'épitaphe inscrite sur la tombe de David Janowski, à Hyères : « Nous sommes les pions de la mystérieuse partie d'Echecs jouée par Dieu. Il nous déplace, nous arrête, nous pousse encore, puis nous lance un à un dans la boîte du Néant. »

   Anonyme   
21/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir !
Bof ....je ne mettrai pas un commentaire très pointu ,ni original (d'autre le font mieux que moi )si ce n'est que vous faites échec et mat en jouant sur l'émotion et ça J'aime !
Le soleil éclabousse de rire ....et il est là" Lui "avec sa peine ,sa pudeur pour l'accompagner dans son dernier voyage !

Délicatement plane sa solitude face à l'absence

merci

   deep   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pieralun,
Une belle écriture !
En effet, il émane de ce texte calme, sérénité, mais surtout un grand détachement ce qui peut sembler étrange pour un enterrement, mais le narrateur l’explique cette fois …
Le narrateur est présent « nous étions peu nombreux » et en même temps absent, étranger à cette scène parce qu’étranger à ce mort, ne sachant pas qui était vraiment cet homme, son lien de parenté semble flou « oncle, grand cousin, qui le savait vraiment ? ». D’ailleurs les quelques personnes présentes ne semblent pas le connaître d’avantage et font semblant « un semblant de famille ».
Par charité ? Par pitié ? Pour ne pas froisser sa propre conscience ? Pour se donner bonne conscience.
En tout cas tous font semblant, excepté ce vieux, seul, en retrait.
C’est la douleur de ce vivant, inconnu lui aussi, mais aussi la pudeur de ce vieil homme dans sa souffrance (la pudeur de cette souffrance) qui émeut le narrateur.
Cette émotion, le narrateur la transmet très bien au lecteur « pleurait seul » « dignement » « à l’écart » « humble pudeur » « tendre justesse », l’emploi du conditionnel et de la forme interrogative.
« Comment imaginer »toute la souffrance de cet homme, de celui qui dépose une petite pièce près du corps. Il est lui aussi un roi, une figure d’altesse par ce geste d’hommage sincère et profond en toute discrétion et humilité. Parce qu’il exprime un sentiment pur, non parasité, non souillé par les semblants. Il ne fait pas bonne figure, il est une bonne figure, une pièce maîtresse sur l’échiquier de la vie parce qu’à cet instant-là, il ne triche pas.
Il y a de l’émotion dans ce poème, et c’est peu de le dire. Il est touchant. Tout en douceur et retenu … Beaucoup de pudeur.
un grand bravo Pieralun

   fugace   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très grand poème qui dit en cinq lignes, les dernières, toute l'importance et la sincérité d'une disparition qui touche ce vieux qui pleurait seul.
Quelle belle justesse dans la description de ce semblant de famille!
Merci pour ce magnifique poème.

   Meaban   
25/4/2015
une ville occitane vient comme apaiser ce texte, j'ai vu ce que l'auteur décrit dans une gravité qui s'effiloche pour entrer dans le domaine d'une douceur méridionale pleine de regrets, comme je l'aime cette image des platanes

bravo!

   Pussicat   
28/4/2015
L'histoire d'une amitié qui se joue sur un échiquier, l'histoire d'une longue amitié forgée sur ce banc planté dans un square d'une ville occitane, à l'ombre d'un platane où les deux hommes peut-être se retrouvaient pour jouer aux échecs...
Le titre,"Mat" signifie, peut-être, que cette fois, c'est la mort qui a gagné la partie emportant le Roi blanc.
Le roi noir, le lendemain, ne peut que s'incliner et se coucher.
Ce vieil homme dresse une dernière fois l'échiquier et couche son roi sachant que jamais plus il ne jouera.
Un beau texte sur l'amitié que j'ai pris plaisir à lire.
à bientôt de vous lire

   Anonyme   
5/9/2015
Bonjour PIERALUM

Il est parfois bon de remonter les pages des écrits. Je découvre ce poème si délicat, empreint de pudeur, de recueillement qu'il en dit long sur la sensibilité du poète. Je ne suis pas de cette région, mais que ce poème reflète bien une sépulture en été où la jeune fille a l’esprit bien loin du deuil, et de cet homme âgé dans sa solitude, celle qu’il trompait devant un échiquier avec son ami qu’il conduit à sa dernière demeure!
Vous avez une écriture magnifique pour plonger le lecteur doucement dans l’atmosphère qui conduit à la chute superbe, autant par sa forme (avec mille soins) que par son émotion.

Très sincères félicitations et merci pour cet émouvante lecture

Cordialement

   in-flight   
5/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La première partie dépeint une scène assez ironique:
qui le savait vraiment ?
Bien peu de nous diraient que la douleur fût vraie.

La seconde illustre le témoignage d'une amitié sincère et intense: le vieil homme finit par jouer seul aux échecs sous un platane. On pourrait tout aussi bien penser à un joueur qui ferait acte d'une profonde déférence envers son adversaire.

Comment les deux parties se recoupent? Eh bien je pense que votre intention est de pointer l'hypocrisie qui peut régner lors de l’enterrement d'un membre de la famille: "Un oncle, un grand cousin, qui le savait vraiment ?"
L'amitié quant à elle n'oblige à aucun déplacement pour un décès, on y va de notre propre chef, avec toute la sincérité qui nous habite.

Votre texte propose donc une ouverture: la teneur des relations filiales face à celle des relations choisies.

Merci.


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