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Poésie contemporaine
PierreP : La mot vida
 Publié le 14/06/24  -  9 commentaires  -  3955 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur

La vie d'un mot, de sa naissance à sa mort.


La mot vida



Le livre de la vie
S’ouvrit, là, devant moi,
Comme s’ouvrent les yeux
D’un enfant. Lentement.
Je saluai l’embellie,
Littéraire agora,
Puis j’allumai le feu
En un mot commençant.

Je n’étais au départ
Qu’une pensée de l’être,
Une image, une idée
Perdue dans un cerveau.
Un peu d’encre plus tard,
Je devins une lettre
Aux courbes ciselées
Alliant grâce et stylo.

Allant crier mon art
À toutes les fenêtres
Et, la page tournée,
Le criant de nouveau,
À l’encrier, mon art !
Plongeant, pour disparaître
En la mère alphabet,
Avalée par les flots,

Je devins l’encre noire.
Là, je me vis renaître
Et, bien accompagnée,
Alors, je devins mot.
À trop faire d’histoires
Dans tout le périmètre,
Posé sur un carnet,
Je devins petit mot.

À peine prononcé,
Susurré à l’oreille,
Je devins mot d’aimé
Puis, je devins merveille.
Je devins mot d’enfant,
Simple comme bonjour,
Léger comme le vent
Mot, sans rien d’autre autour

Que les mots doux, soufflés
Par papa, par maman.
Quelques mots démodés
Comme « Je t’aime tant ».
Mais les mots du moment
Sont déjà mots d’hier,
Perdus dans tout ce temps
Que l’on prend, que l’on perd.

Soudain, le mot se lève
Et ouvre de grands yeux.
Fini pour lui, le rêve.
Le mot d’ado se meut.
Il maudit ces dix mots :
Bonheur, parents, envie,
Heureux, futur, joie, beau,
Espoir, adulte et vie.

Mots de l’an, mot de l’âge
Voici l’adolescence.
Un mot d’elle et, volage,
Le mot fuit son essence.
Le mot fuit son modèle
Et le mot se construit.
Mot à mot se rebelle
Et soudain, un mot dit !

Le mot de trop, malheur !
C’est le mot qui fait mal.
Mot d’ici, mot d’ailleurs,
Mot s’évade, en cavale.
De la libre pensée
Il se fait l’étendard
Et libre au mot d’errer,
En marge et sans buvard.

Avant de modérer
Quelque peu ses propos,
Il lui faudra trouver,
De l’émotion, les mots.
Des mots doux, à son tour,
Il se fera l’écho.
En quelques mots d’amour
Sortis de son chapeau,

Séduira l’auditeur
En trouvant le bon mot.
Mot composé, mot cœur,
S’unir, pour le plus beau
En un mot, composer,
Là où les mots se croisent,
Une ode à l’encrier.
Oser les belles phrases.

Oser le trait d’union
Et se dire deux mots :
Famille et horizon.
Un chapitre nouveau…
Finis, les mots solos
Qui ne riment à rien.
Bonjour aux mots duo,
À tous les mots coquins.

Les mots qu’on dit à deux
Valent tous les empires
Quand c’est avec les yeux
Qu’on veut bien se les dire.
On écrit des ballades,
On chante des refrains.
Rivières et cascades,
Plages de sable fin.

On vit des aventures.
La vie nous tend les bras.
On parle du futur
Mais il est déjà là.
Le papier a jauni
Et l’encre se fait rare.
Tous les mots qu’on oublie
Se perdent dans le noir.

Déjà sonnent les heures
Sombres des mots de dos.
Le destin est moqueur.
La vie nous fait la peau.
Tous les beaux mots d’amour
Deviennent mots d’amer.
Ils perdent leurs atours,
Mettent genoux à terre.

C’est le temps du chagrin.
C’est le mot solitaire.
C’est le mot de la fin
Qu’on grave dans la pierre.
Et l’encre s’effaça.
On cessa de me lire.
C’est la vie qui veut ça.
Un jour, il faut mourir.

En un mot finissant,
Je fis là mes adieux
Au feu, à l’agora,
Aux îles aux trésors.
Doucement, lentement,
Comme on ferme les yeux,
Se ferma devant moi
Le livre de la mort.


 
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   Robot   
24/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'a parcouru avec grand plaisir cette évolution de la vie du mot. Tout un cheminement empli d'images et d'expressions métaphoriques qui enrichissent les paragraphes de ce poème. Je ne saurais choisir entre les passages car ce texte est un tout que je prends globalement avec une certaine gourmandise.

   poldutor   
26/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
Belle performance avec le mot "mot" répété (sauf erreur de ma part), 47 fois ! (sans lasser), 17 strophes pour l'illustrer ! Cela ne m'a pas rebuté !
J'ai aimé :

"Je n’étais au départ
Qu’une pensée de l’être,
Une image, une idée
Perdue dans un cerveau.
Un peu d’encre plus tard,
Je devins une lettre"...

À la 7ᵉ strophe, amusant jeu de mot et allitération en m :
"Le mot d’ado se meut.
Il maudit ces dix mots ".

À la 8ᵉ jeux de mots amusants...

La 13ᵉ est magnifique
"Les mots qu’on dit à deux
Valent tous les empires
Quand c’est avec les yeux
Qu’on veut bien se les dire.

et rappelle la chanson de Christophe

"...Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux..."

Du point de vue technique, des sixains faciles à lire et de bonnes rimes.
J'ai vraiment aimé.
Bravo.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Polza   
29/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J’ai trouvé l’idée de départ très originale. Le parcours de ce mot me fait dire que non seulement l’idée est bonne, mais qu’en plus, elle est bien développée.

Je me suis attaché à ce mot tout au long de ma lecture, ce n’était plus un simple mot, mais le personnage central d’une histoire qu’il me racontait, la sienne, de sa naissance à sa mort.

Le mot est décliné à toutes les sauces avec parfois des jeux de mots, le sujet s’y prête à merveille. Peut-être, je dis bien peut-être, le mot mot aurait pu être parfois remplacé par un autre, pour éviter la surabondance. Exemple « Le mot de trop, malheur ! C’est le mot qui fait mal » « C’est celui qui fait mal ».

Je trouve que ce qui fait la force de ce poème, c’est d’avoir réussi à faire vivre ce mot. J’ai considéré ce mot avec tendresse, j’ai ri et pleuré avec lui, comme s’il s’agissait d’un être cher. Je terminerai mon commentaire en un seul mot : bravo !

Polza en EL

   Donaldo75   
4/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai trouvé ce poème un peu long, impression renforcée par sa spatialisation sur la page où il s’étire comme un papyrus. Cependant, au-delà de son titre intéressant et de sa thématique, j’ai eu plaisir à le lire et le relire car il est dense. La poésie se décline différemment selon les strophes et pourtant sa tonalité perdure grâce à cette personnalisation du locuteur.

« Que les mots doux, soufflés
Par papa, par maman.
Quelques mots démodés
Comme « Je t’aime tant ».
Mais les mots du moment
Sont déjà mots d’hier,
Perdus dans tout ce temps
Que l’on prend, que l’on perd. »

J’aime beaucoup cette strophe. Elle symbolise à mon goût ce que ce poème a conféré à ma lecture, autant en termes d’impact que de souffle poétique.

   Provencao   
14/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour PierreP et Bienvenue

J'ai bien aimé cet écho et ce souffle poétique devant ce livre de la vie s’alliant à une belle reflexion sur la mot vida.

Belle recherche en vos vers de la lucidité du merveilleux et de la vérité.

Mon passage préféré :

"Je n’étais au départ
Qu’une pensée de l’être,
Une image, une idée
Perdue dans un cerveau.
Un peu d’encre plus tard,
Je devins une lettre
Aux courbes ciselées
Alliant grâce et stylo."

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Yannblev   
14/6/2024
Bonjour PierreP,

L’exercice est copieux. Le rythme soutenu des hexamètres et la qualité du verbe invitent à poursuivre une lecture qu’on a (que j’ai eu) cependant l’idée de lâcher, ici et là après la 4e strophe, avant la fin. C’est à mon sens que j’ai eu, au déroulé, l’impression fugace de quelques strophes de remplissage. Il me semble qu’il y a peut-être beaucoup trop de mot pour évoquer foncièrement LE MOT, phonème es-qualité. On a (j’ai) finalement du mal à savoir de quel(s) mot(s) on parle au bout du compte et du décompte.

Reste quand même un travail assez réussi et une écriture qui sait parfaitement manier et marier les mots.

Merci du partage.

   papipoete   
14/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour PierreP
voici donc votre première parution oniriene, qui à n'en point douter verra bien d'autres, sous votre pseudo s'accumuler !
votre texte me fait penser à un cours de français, en classe au lycée
- MOT, parlez-nous du mot MOT, sous toutes ses coutures ; vous avez 2 heures !
et le poète d'une plume inspirée, conjugue le thème depuis le premier babil, langage d'enfant, paroles d'ado et celles d'adulte, ceux du serment d'aimer, les mots bleus, chagrin, désespoir et ceux qu'on nous inflige ronces orties, de douleur, d'adieux...
NB le résultat de votre dissertation, provoque tous nos sens ; on sourit, on opine du chef, on rosit, on frémit, on succombe !
qu'en nombreuses lignes, votre plume inspire votre savoir-faire, talentueusement et choisir un passage préféré, est bien délicat tant il y a profusion d'images bien choisies !
" mots de l'an, mot de l'âge, voici l'adolescence... " me rappelle...
Bravo pour ce joli jeu de mots...

   cervantes   
14/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Long (par le nombre de strophes) et "petit" (par le style choisi -6 pieds!-) poème à la fois maniant la difficulté technique, l'émotion et les belles images.
Dans cet écrit, chacun peut choisir ses strophes préférées un peu comme les souvenirs. Il y a en effet matière entre les strophes que je qualifierais de techniques

Ex : Je devins l’encre noire.
Là, je me vis renaître
Et, bien accompagnée,
Alors, je devins mot.
À trop faire d’histoires
Dans tout le périmètre,
Posé sur un carnet,
Je devins petit mot.

et celle que je qualifierais d'émouvantes
Ex :Ons vit des aventures.
La vie nous tend les bras.
On parle du futur
Mais il est déjà là.
Le papier a jauni
Et l’encre se fait rare.
Tous les mots qu’on oublie
Se perdent dans le noir.

Ce poème est vraiment original et m'a comblé. Personnellement, j'aurais préferé plus de concision (retrirer 2 ou 3 strophes) pour que l'émotion et la progression dramatique soient maintenues du début à la fin. Mais j'ai beaucoup aimé, bravo!

   JYP   
16/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Est-ce un peu long ? Peut-être. Pourtant, malgré une endurance en général limitée, mon intérêt n’a pas flanché jusqu’à la fin. J’aime bien ce défi des vers courts qui donnent une belle musicalité. Sujet original, humour, quelques strophes délicieuses : du plaisir ! Merci


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