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Poésie libre
Pluriels1 : Bande sonore pour les bêtes du bon Dieu
 Publié le 27/03/14  -  6 commentaires  -  3701 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

… métro, boulot…


Bande sonore pour les bêtes du bon Dieu



Une ville-cathédrale pleine d'énigmes et de fureurs,
poutrelles déchirées dans l'enchevêtre moisi des murs brisés,
angle droit des briques sous marinades de graffitis,
ruelles en arcades et en chicanes brutes comme des cicatrices,
élévations des toits aux voussures grises et tavelées du zinc,
doigts des cheminées rougis à briser la toile dirigée des antennes,
parlantes devantures où glissent à la traîne des mains d'enfants,
et, là,
des hommes à l'aube blanche


ddà cliqueter,
ddddidà emballer,
dddidddiddà courir,
ddddddddidiiddà frapper,
ddddiddidiidddddddà creuser,
dddiddidiidddddddiddddà souder,

en rêve collectif pour le tournis frontal

ddà pétrir,
dddddià pointer,
ddddidddidà pelleter,
dddiiddddiiddddà scier,
ddddddddddidddddiià marteler,
dddddddiiddddddiidddddà laminer,

des hommes gratte-sueurs à l'heure des usines-suceuses

ddà tailler,
dddddià visser,
ddddiddiddà servir,
dddddddidiidddà soulever,
ddddddddiiddddddiià façonner,
dddddidiiddddddiidddddà tronçonner,


les gestes en conversation
de loin
et leurs cigarettes en paroles
de près.

Une ville sous l'étreinte du métal au devenir des hommes,
des fleuves de fumées quotidiennes,

et des sueurs de jour,
et des sueurs de nuit,

sueurs des efforts en tenaille des reins usés,
sueurs des cœurs fertiles aux vendanges de l'acier,
sueurs des fronts pour l'ahan dur des rides en grimaces,
sueurs des regards à l'enterrement des espérances,
sueurs des cous sous la pluie grasse des galets mécaniques,
sueurs des ventres envahis d'une armée de fatigues,
sueurs des yeux brûlés dans les brouillards des acides,
sueurs des paupières parmi les étincelles flashantes,
sueurs des muscles dans la complainte des poussières,
sueurs des bouches salivant aux mâchoires des machines,
sueurs des tempes sous le marteau broyant des pilons,
sueurs des dos en cassure lacérés au manège des meules.


Les petits enfants du bon Dieu,
les petits oiseaux du matin sous les horloges du temps,
les bêtes du bon Dieu,
dans l'usine-caverne à refaire le jour,
un certain soleil déjà vieux comme un reflet dans leurs têtes,
à ras bords des gueulards au creuset des fusions,
sublimant le titane pour l'adjoindre à leurs veines,
des aiguilles inconnues injectant le venin des cancers,


et la vie comme un fil noir secrètement cassé sur la chaîne,
et la vie sur la pierre à limer sa pulpe de l'intérieur,
et la vie dans leurs tempes à sucer les artères de l'heure,
et la vie contre l'oreille à s'enfuir en vapeurs grinçantes,
et la vie sous l'étau à claquer ses tuyaux aux ongles des lampes,
et la vie comme un saut soudainement passé.


Les gestes en conversation
de loin
et leurs cigarettes en paroles
de près.


 
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   Robot   
14/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'avais entamé la lecture avec intérêt et je trouvais la première partie du poème fort intéressante...
Et puis j'ai franchi les deux vers des sueurs de jour et de la nuit.
C'est la que je me suis mis à transpirer dégoulinant et je me suis demandé si ma fièvre ne venait pas des "sueurs" suintant en début de vers qui se seraient à mon avis heureusement passé de leurs répétition.
Je me suis rétabli sur le paragraphe suivant avant de me perdre au milieu de cette avalanche de "et la vie" qui là aussi m'apparait un exercice de style bien artificiel.
Une fois "sueur, et une fois "et la vie" sur les vers de début de paragraphe suffisait à la compréhension de tout le chapitre.
La petite conclusion heureusement m' a bien plu.
Très partagé je suis sur ce texte entre ces divers passages qui m'ont parfois emballé et pour d'autres franchement pas exalté.

   Anonyme   
27/3/2014
Originaire de Charleroi et ayant fréquenté les aciéries, haut-fourneaux et trains de laminoirs, l'auteur m'a permis de revoir ces images puissantes d'ouvriers venant au travail le matin et l'ambiance de ce genre d'usines. Il ne manquait que l'odeur, les odeurs.
Le destin des hommes à l'ère industrielle. En rotation 3 X 8...

Mais "point trop n'en faut...".

Il est évident que l'auteur a voulu traduire le poids du travail et la fraternité de ces destins sans autre choix que leurs sueurs communes et leur conversations silencieuses.
Il le fait ici de façon très -trop- généreuse et assez dispersée.

Le titre évoque les sons, ils ne sont pas évoqués dans le texte exceptées les "conversations et les paroles". Or, ces sons omniprésents et extrêmement puissants sont des éléments vraiment importants de l'ambiance qui règne dans ces lieux.

Ensuite, le passage des verbes en escalier lasse vraiment en troisième "palier".

Les litanies "sueurs" et "vie" sont exagérémment expressives et comme suggéré auraient gagné à éviter la répétition.

Un évocation "gratuite", basée sur l'association de mots plutôt que sur une image forte : "sueurs des bouches salivant aux mâchoires des machines".

Le paragraphe "les enfants du Bon Dieu" aurait pu être accompagné d'un verbe, il n'y en a pas et l'on reste sur sa faim : que pensent-ils, que ressentent-ils ces enfants selon l'auteur ?

Un texte à laminer, ciseler ?. La base est là. Les souvenirs réveillés.
A entendre.

   LeopoldPartisan   
27/3/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
là mon très cher pluriel, vous m'avez littéralement bluffé. C'est peut être la première fois que jadore l'un de vos poèmes. C'est d'une observation rare, c'est dans le détail et le ressenti complètement hallucinant. L'empathie est dans le mot, dans la forme sans jamais le dire. En cela vous rejoignez les grands américains de Steinbek à King.

Vous m'avez complètement transporté dans une véritable poésie du 21ème siècle. Ici votre écriture c'est épurée comme rarement, elle s'est mise à diapason du monde, sans flioriture ni figure de style que souvent personnellement, je vous reproche.

   Anonyme   
27/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
un poème génial!
c'est vivace, il y a du bruit et des images, la villes, les travailleurs, les enfants. un beau décor décrit avec des couleurs, de la fumée, des briques et des usines.
et la 2nde strophe en forme d'escalier est dans la cohérence de l'esprit du poème, elle offre pas seulement de l'esthétisme mais une forte impression visuelle sur des hommes en plein travail, et ça bouge, il y a du mouvement, de la vie. et pourtant croyez-moi que les calligraphies dans un poème n'est pas ce qui me touche le plus, pour moi c'est sans importance, mais là vous avez réussi l'exploit à m'emporter tellement il y a de la puissance et que ces mots et cette calligraphie se fondent entre eux, ils ne font qu'un dans l'histoire qu'ils me racontent.

en revanche petite déception à la 6ème strophe avec cette répétition du mot "sueurs" que je trouve redondante, c'est trop long. et c'est pareil pour la répétition "Et la vie", ça devient très vite lassant, dommage car avec ces répétitions j'ai l'impression que vous avez tellement envie de nous montrer la vie urbaine en photo que vous en faîtes des tonnes.

Une belle évocation:
"Les petits enfants du bon Dieu," je sais pas pourquoi du bon Dieu mais une chose est sûr je les vois jouer, je les vois courir, des enfants simples et pleine de joie.
un magnifique poème qui m'a offert une belle sensation visuelle et plus rare, la sensation auditive.

   Anonyme   
27/3/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Vous réussissez à nous faire suer. Et c'est là tout le talent de votre texte.
Cette ambiance que nous ne percevons plus, trop enfermé dans notre unicité. Jusqu'au petit detail, avec ces mains d'enfants sur les vitrines, vous nous ramenez à une bien triste réalité avec brio.
J'ai adoré votre texte.
Bravo.

   Anonyme   
27/3/2014
Bonjours Pluriels1

Les amateurs de figures de style seront comblés par ce texte

Il est en effet presque exclusivement fondé sur deux d'entre elles : l'énumération et l'anaphore

L'énumération de propositions sans verbe forme l'essentiel du discours
s'y greffent trois paragraphes en diagonale (autre figure de style) où ce sont des verbes que vous énumérez.
Et deux autres où vous recourez à l'anaphore.
« et la vie... »
« sueurs des... »

Je n'ai rien contre les figures de style lorsqu'elles sont employées avec modération

Mais trop c'est trop et votre acharnement stylistique à de quoi indisposer un lecteur qui sur un tel sujet se serait plutôt attendu une écriture simple, épurée, sans vaine fioriture.

C'est vraiment dommage car le sujet en valait carrément la peine.


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