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Pluriels1 : La Sueur des Mots |
Publié le 03/07/13 - 3 commentaires - 9558 caractères - 35 lectures Autres textes du même auteur
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Une marche au désert et des mots dans la tête…
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La Sueur des Mots
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Aux marcheurs de désert par pierres et poussière, par jours et nuits de lune, par plateaux et par dunes.
Captant l'essentielle démesure reconnue de ces lieux découverts, stabilité primordiale, une versifiante parenthèse vient de ce soleil bouillonnant sur les méandres pétrifiés des laves enroulées cordées, plates démences appariées s'écoulant rigides et froides et dures, d'un éclatant pouvoir contraignant le regard à surseoir à sa fixité et, poudre rouge aux soufres jaunes, une lourdeur de terre inquiète va.
Solitude, ô mon amour ! ô mon Rivage sans pareil où le monde renaît autre à chaque pas d'un plus-loin emmenant à plus loin encore plus loin, se promène ici cette terre sereine et violente très immobile, ce pays sans eau où se cache l'herbe possible dans les creux noirs qui mangent l'ombre sèche d'une bouche torturée – orante inanimée – ô Résurrection ! ce silence à cette voix venue de cette profondeur.
Solennités ! votre connaissance en ces lieux devient mon plus fort, mon plus fort sang ainsi recueillant votre noce, votre vent lavant jusqu'à mes péchés inventés pour mieux me plonger en vos aires, nu et léger de votre poids immense d'infinis, votre regard devenant don, mon désir votre mystère et mon attente votre oubliée patience, votre aridité se versant comme fontaine et source à mon corps affamé.
Brûlures, ô mon eau et ma laine, et, argile moulé à mes pas, là feu et plaisir, cette avance en retour ouvre un ardent chemin de prières, et la langue maîtrise à nouveau son ancienne parole, ô Insoupçonnée ! S'inventent d'élogieuses éloquences et se fertilisent des lendemains dans ce Verbe en naissance comme une davantage saveur de la salive, se respire ce pain bénit.
Cette chair révélée, cette force inconnue, baume et couleur, et sel, cette pierre dans la main, frappée de lumière, devient l'or et la clé libérant ces espaces scellés dans leur éternité.
La marche enfante d'autres vagues à ce sable partout présent, poids, préparant son voyage aussi dans le vent à venir d'un horizon lointain, les dunes s'approchent d'un incliné déport sur l'équilibre de leur axe couché, allant vers un lieu inconnu d'un élan immobile, et lent, et roux.
Ô Pesanteurs !
Un nom d'homme devenu le souffle apaisant des sueurs à la peau neuve, la liberté descend sur cette contrainte du temps et se partage entre ce ciel et cette terre, entre ce sang et ce corps, saison mûrie des innocences retrouvées, un premier cri, un premier jour, un recommencement dans le décompte des mouvements, et cette largeur puisée, venant en concordance, étend son égale harmonie en circonférence absolue sur des lointains, insaisissables d'un attirant pluriel.
***
Plus tard, beaucoup plus tard, le songe rejoint l'ombre de la terre, les Pléiades sont porphyrants soupirs, la nuit à ses comètes rêve puis le jour se fragmente aux rayons des étoiles.
L'infini se resserre et devient plus étroite douceur innommable.
Les orange couleurs se métamorphosent d'un sans-cesse échange entre la lumière et ce noir invariant des ténèbres, déversant ses étoiles comme un poids pénétrant. Les yeux et le cœur éclaté montent vers ce pays, descendant lever créateur, se parfument d'émotives sagesses, se réchauffent à ces feux si flagellants dans le froid, plus présent, de cette nuit magistrale.
Ô Panoptiques !
Ô ce désir respirable, ce savoir des questions, venues sans vraies réponses, apportant leur explicable divination, la joie entre dans cette révélation des inexprimables grandeurs et prend tout son sens à chaque cellule de ce corps en attente comme une pureté s'agrandit d'un divin chant, intérieure parole.
Pouvoir de l'homme sur ces fertilités affranchissantes, ce grand cri poussé en silence dans ce silence chantant, ce livre ouvert à l'entour pris presque à la racine de l'âme, nourricière des inquiétudes oubliées.
Notre histoire est une saison du temps.
Nos souvenirs nous font ce que nous sommes et nous sommes ceux que nous voulons être.
Ces temps-là de nos mémoires sont l'hyperbole de notre héritage.
Les éternités sont un piège où notre siècle va sourire de notre songe, et nos affirmations ne sont souvent, sur nos exactitudes, qu'un vide.
Nous sommes de cet âge où des soleils s'enflamment dans nos nuits, où nos angoisses ne sont que des hasards, à nos jours et à nos heures, sans répit sans repos.
Les sommeils deviennent des plongeons géants, et les éveils prodiguent des festins inutiles.
Les sueurs se divisent aux fatigues des peaux et des rides transforment la saison du front sur l'âge infécond de nos irréalités.
Ô cette face comme étrangère, ce visage interrogeant et ce vide lu aux cernes sombres des yeux.
Des yeux ainsi devenus comme une douleur inavouée, mortifiante et voleuse des richesses enfouies dans cet amour et cette joie silencieuse, et tous les matins de secrètes espérances tues à tuer le sens d'une vie.
Les mots commencés, retrouvés ici si transparents, traversent ces lieux, suspendus à cette absence, les plaies se ferment, s'endorment dans l'envoûtement de ces années-lumière apaisantes.
Ô Délivrances !
Les lèvres retournent à leurs anciennes prières, leurs premiers dits, et balbutient la semence fertile de la Parole revenue, plus complète assonance magnifiée, ressuscitée, unique amour entrant au vide d'avant de cet homme comme un enfant soudain livré à cette exubérance chère, les phrases se faisant la racine immatérielle de ce devenir, enrichi sur cet élan à la découverte du soi-même, et, dans cette nuit magique, maintenant et distinctement, une autre grandeur mesurable atteinte.
Avec l'or et le sang, l'un dans le ciel et l'autre dans le cœur, la voix se découvre un liant hommage – ô Finalités ! – et un aveu.
Une impuissance se partage et s'apprend, et s'acceptent les limites de ces impossibilités sur ce désert respiré comme un final atteint.
Nulles autres portes fermées ne sont plus une envie vitale à les franchir, les interrogations restent comme telles et deviennent compléments,
La force vient de ce savoir appris.
S'aimer, comme on est, est alors naître.
Le sommeil n'est plus qu'une récompense et la paisible signature de ces simplicités épousées.
Les étoiles somnolentes avancent, d'un total lent basculement, et tout se ferme soudain avec les yeux.
***
Une lueur baigne en délice le creux profond des paupières closes.
Rester comme une pierre supplémentaire à cette terre s'éveillant.
Ne pas s'ouvrir encore à cette lumière et à cette aurore commencée, ne pas s'ouvrir encore à cette transhumance, garder tous les parfums de la nuit et du songe, laisser lentement se verser cette chaleur, presque cependant absente mais davantage anabase dans le corps.
D'abord saluer cette luxuriante continuité d'une prière intérieure, se faire un plaisir d'être là seulement à jouir de cette attente et, de cette connaissance des secondes à venir, prendre bénédiction.
Être un peu plus la terre et le vent, et la roche aussi – poids vivant – comme un peu du tout de ce monde.
Prendre forces et vie de cette aube.
Ouvrir en second les yeux, d'un seul coup, et tout capturer d'un regard, le ciel, le désert, les roches, le sable, les pierres et l'ombre – surtout l'ombre pour sa lumière – et boire le silencieux des couleurs.
Être noce et porter au plus haut de la vue infinie le désir de la main, caresser l'horizon, sans avidité, sachant que tout viendra de cette vie, et que les virulences ne peuvent rebondir fraîches qu'à cette douceur.
Ce désert irriguant et la chair et le cœur, ce pays n'étant qu'un cri pénétrant et voisin des désirs attendus,
Ô Ferveurs !
Ô Immobilités !
Purifié, lent, plus grand de cette petitesse acceptée, infatigable reprendre la route supérieure, la révélante odeur des sables chauds déjà comme une trace accompagnatrice, les ombres devenant recherchées, la lumière parfois comme un bain éminent, la fragilité comme une force nouvelle.
S'en aller nouveau baptisé vers cet autre monde étranger – son pays – mais garder – flot d'images – comme un immortel présent ces laves enroulées, cordées, plates pour la future sueur des mots.
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LeopoldPartisan
23/6/2013
a aimé ce texte
Bien
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J'apprécie tout particulièrement les longs poèmes qui s'articulent sur un thème qu'on ne peut couvrir en quelques vers. Ici c'est une longue marche face à une nature impitoyable en l’occurrence, le désert. J'aime le découpage aussi où la gradation de l'effort et en parallèle avec la dureté des éléments. Il y a aussi un côté initiatique qui est ma fois fort bien rendu. Cela a même réveillé en moi, le souvenir des romans de Frison-Roche consacrés au Sahara (la montagne aux écritures et le rendez-vous d'Essendilène) par ces côtés poésie magnifiée et hallucinée. Mon bémol la surexploitation du "ô" qui après 3 m'a ennuyé voire même exaspéré. Dommage, ce texte n'en a vraiment pas besoin.
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brabant
3/7/2013
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Bonjour Pluriels1,
Je ne partage pas forcément la thèse défendue par ce chant dont je dois cependant avouer qu'il témoigne d'un bel élan. J'ai sursauté à plusieurs reprises : je n'aurais pas écrit ceci, je ne suis pas d'accord avec cette idée-là, ni encore avec ces développements. Si je peux admettre qu'il peut être tentant de se joindre à cet envol et son orant et ses tenants, je ne suis néanmoins pas de cette philosophie peut-être trop assujettie même si l'homme y joue tout son rôle à sa propre mesure, sans doute composé-je moins, revendiquant mon originalité, jouant du pungi des charmeurs de serpents et de la surdité plutôt que du tam-tam assourdissant à sa manière et par là propre à toutes les communions.
Merci et Bravo en tout cas pour le travail :)
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David
17/7/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Pluriels1,
Elle sera ample, la parenthèse du 3ème vers, si c'est bien une image du poème lui-même. J'ai bien aimé cette écriture rassérénante, très vite des vers comme :
"où le monde renaît autre à chaque pas d'un plus-loin emmenant à plus loin encore plus loin"
J'ai bien aimé, le texte n'est pas un joli passage de roman, il "ose" tripler les répétitions, jouer les inversions poétiques ou à l'anglaise, faire d'un verbe un nom, troubler les formules, bref, il est tout à fait dans la poésie à mon goût.
Ça parle de "noce" quelques fois, sans majuscule, il y en a par contre à "Verbe" et à "Parole", outre leur usage en début de phrase. Le ton peut flirter avec le prêche... dans le désert, non c'est plutôt un ton poétique, on le voit plus simplement avec les nombreux "ô... !", celui de l'émerveillement, de l'émotion qui gonfle la poitrine.
J'ai trouvé la langue très belle, très singulière (sans mauvais jeu de mot avec le pseudo, je veux dire que c'est une langue qu'on a fait sienne, ce que toute langue devrait donner à chacun) et la ballade bien sympathique.
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