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Poésie libre
Pluriels1 : Poème des chuchotements
 Publié le 26/02/14  -  7 commentaires  -  1842 caractères  -  124 lectures    Autres textes du même auteur


Poème des chuchotements



Corps dévêtu, brasier libéré de l'autre peau
dure des vêtements, et plus de lumière ainsi
à parfiler, comme un jeu, les duvets t'habillant
de velours au délicat semis des soies bercées
où mes jumelles mains vont claires se noyer
dans le chant éclos des frissons à ta bouche.

Un je-t'adore sur les pas d'un je-t'aime,
presque comme un baiser dit du bout des lèvres,
et le tiède du ventre, à l'arc noué de l'étreinte,
à manger ardemment l'or de mes silences,
se touche d'une joue d'un possible repos
sur le coton des mots comme chuchotements.

J'attends. Te respirer est là un suffisant
choix. Patience. Rester couché presque à dormir
et vivre de cet instant, sur cette nudité
où tu te partages entre nos deux chaleurs,
se prononce, parmi le bruit de l'heure au mur
et celui de ton sang, du régulier du mien.

Il n'y a chez nous deux qu'un murmure accolé
où buissonnent nos mains aux duos de nos peaux.
Il n'y a de l'un vers l'autre qu'une douceur
où notre parole s'apporte du meilleur du sensible.
Une vraie vie à tout comprendre de l'autre
où, lents d'un verbe échangé, s'apprend le cri.

Lin du lit conforme alors à tous les désirs.
Un même espace et lieu entrouvert au plus nu
de nos regards communs. À nos mots chuchotés
s'emmêle, en plein élan, le vif des paupières
dans le temps confondu de nos yeux agrandis
pour tout prendre de l'autre et surtout lui donner.

Et parle la lumière aux contours des ombres
qui nous doublent aux murs d'un si transparent jeu,
prière amoureuse à son plus lentement don
peu à peu, aussi cri des membres que du cœur,
s'achevant hosanna sur un dernier soupir
d'emblée comme un lien où nos plis donnent le la.


 
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   David   
8/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Un Roméo sous le balcon de sa Juliette, sans drame shakespearien, mais comme l'anglais qui racontait les deux italiens, c'est déplacé, comme raconté dans une autre langue, ou plutôt dans notre langue mais aux limites, aux confins de ses tons multiples. Pas de surenchère sur le sentiment, pas de "je t'aime plus que tous" ou de "tu es la plus belle", pas besoin de "plus" pour le montrer. L'émotion plus sauvage l'emporte sur le sentiment, plus domestique, et ce serviteur le lui rend bien.

   senglar   
26/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pluriels1,


Curieux poème - ou curieuse atmosphère - qui hésite entre le charnel et le mystique où le narrateur retient l'embrasement des sens. Le feu couve ici sous la cendre, qui est intense et menace à tout instant de devenir un brasier incontrôlable. Certaines formulations sibyllines entretiennent cette couvaison. Le couple ici n'a pas fait le choix de l'un ou l'autre extrêmes. Il est dans le suspens, craint de cramer dans son lit de lin seul au feu de la crémation "s'achevant hosanna sur un dernier soupir".

Le lecteur pourra préférer des ébats plus francs à ces "chuchotements" mais c'est un choix d'auteur qu'il lui convient de respecter, cependant exclusif. Peut-il en effet raisonnablement en faire sa propre antichambre ?

brabant

   Robot   
26/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le crayon est entré dans la chambre. Tel l'enregistreur vidéo il révèle. Le poète nous fait voyeur de ses ébats, donne à voir et à entendre l'érotisme intime entre gestes et chuchotements sans vulgarité dans le suggestif poétique. Un texte très travaillé, construit, et déconstruit en puzzle parfois, ambigüe aussi quelquefois dans l'expression mais qui retient le lecteur.

   MissNode   
26/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
En vrac...
Je trouve le titre somptueux, il m'a vraiment invitée à la lecture.

J'ai trouvé la lecture parfois laborieuse... un rejet que je trouve maladroit :
J'attends. Te respirer est là un suffisant
choix. Patience. Rester couché presque à dormir

Un autre passage dont la tournure négative m'a semblé alourdir mon cheminement de lecture, d'autant que le passage reste d'une grande douceur :
Il n'y a chez nous deux qu'un murmure accolé
(...)
Il n'y a de l'un vers l'autre qu'une douceur


Je me suis du coup demandé si la lecture ne serait pas plus fluide en prose poétique.

J'ai aimé plusieurs passages, pour la poésie et l'univers ouaté qu'ils suggèrent. Mes préférés :
où buissonnent nos mains aux duos de nos peaux
où, lents d'un verbe échangé, s'apprend le cri.
A nos mots chuchotés ... et surtout lui donner.
Et parle la lumière aux contours des ombres


Globalement, c'est un texte qui mérite d'être un peu fignolé (épuré ?) pour en faire un beau moment de bout en bout. C'est mon ressenti.

   Anonyme   
27/2/2014
Bonjour Pluriels

Évoquer l'intime par des chuchotements, à mi chemin entre l'érotisme et le pudique est une bonne idée.

Mais le texte est difficile à lire. Le découpage en vers est artificiel (grosso modo ils ont la même longueur et donnent la désagréable impression d'être des alexandrins ratés)
L'écriture, sans raison apparente, donne dans les travers du mauvais classique :
"qui nous doublent aux murs d'un si transparent jeu,
prière amoureuse à son plus lentement don"
ici les inversions arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans même l'alibi de la rime.

S'il m'est permis de vous donner un conseil, je vous suggère de réécrire votre texte sous forme de prose poétique et de veiller à sa fluidité afin que rien ne vienne gâcher l'émotion inspirée par ces chuchotements.

   LeopoldPartisan   
27/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
comme beaucoup de confrères et consoeurs, le titre est une invitation au lâcher prise... Et le texte finalement pas du tout du tout.

Comment dire... Votre texte est un petit manuel de ce qu'il faudrait faire... mais surtout sans le dire. Plus vous détailler l'action plus on passe à côté du propos alors que l'on devrait y être à fond.

Curieux non ? surtout que l'effort est louable. Dommage que vous ne sachiez pratiquer la transmission de penser. Où alors comme chez les fourmis, les abeilles etc... transformer vos mots en phéromones que nous comprendrions et surtout apprécierions, tout émoustillé que nous serions...

   Anonyme   
15/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai pour ma part beaucoup apprécié le côté déluré et libéré du texte. Formellement ce choix évoque très bien ce que peuvent ressentir deux personnes dévêtues, ensemble, inspirées l'une envers l'autre... Aucune mièvrerie non plus, ce qui n'est pas si fréquent de nos jours...


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