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Poésie contemporaine
poldutor : L'attente
 Publié le 07/08/21  -  6 commentaires  -  1422 caractères  -  138 lectures    Autres textes du même auteur

Seule une femme amoureuse peut vivre ces tourments.


L'attente



Il avait en partant embrassé Maria
Bientôt il reviendrait riche de ses captures
Barbu et fatigué mûri par l’aventure
Il pourrait de nouveau la serrer dans ses bras.

S'embarquèrent fringants du bonheur plein les yeux
Vers les bancs de l’Islande où nage la morue
Au lever du soleil, dans la lumière crue
Ils mettaient leur espoir à la grâce de Dieu.

Mais le ciel et la mer par Neptune excités
S'unirent un beau soir et firent du fracas
Des feux de Saint-Elme brillaient en haut des mâts
Les éclairs cinglants se mirent à crépiter.

Le vaisseau secoué dansait sur les rouleaux
Son gouvernail brisé, ses voiles entamées
En faisaient un débris que la mer affamée
Eut tôt fait d'engloutir : monstrueux cachalot.

Sans fin sur les hauteurs la Maria guettait,
Le jour, la nuit souvent avec un grand courage
Elle espérait parfois ce n'était qu'un mirage
Une nef au lointain que les flots ballottaient.

Longtemps elle a honni cet océan sauvage
Qui lui ôta celui qu’elle attendit en vain
Son amour adoré qui jamais ne revint
La condamnant à vie dans un cruel veuvage.

Disparue maintenant, sur sa tombe on peut lire :
Ici gît Maria fidèle fiancée
Qui espéra toujours sans jamais se lasser
Le retour de l’aimé, ce qui la fit mourir.


 
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   papipoete   
27/7/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
contemporain
Son marin de mari était parti pour une campagne de pèche, comme celles qu'il avait menées depuis longtemps. Sa femme l'attendrait, comme d'habitude, et il repartirait de même.
Hélas, le bateau pris dans une tempête coula, emportant l'équipage, avec lui cet homme que son épouse attendra...jusqu'à son tour, en mourir de chagrin.
NB un sujet souvent versifié, souvent joué au cinéma, mais qu'on croit découvrir à chaque drame évoqué !
Tout naufrage maritime est une catastrophe, et celui du sous-marin Koursk fit bien des veuves, des mères éplorées !
la 4e strophe est ma préférée !
dans la 6e, " elle/a honni " est dommageable ; pourquoi pas " elle honnît " ?
vous indiquez forme " contemporaine ", mais à lire quelques lignes, je crois voir un texte s'approchant, à quelques retouches près du " néo-classique "
un poème agréable cependant !
papipoète

   Corto   
7/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le thème du courageux marin parti au loin et qui ne reviendra pas, laissant au port une fiancée éplorée, a été très souvent traité.
Pourquoi s'impose-t-il ainsi dans l'inspiration de nombreux poètes ? Parce qu'il valorise une vision fantasmée de la séparation dramatique où la femme est vouée à un destin qu'elle est censée assumer selon une vision très datée ?
Malgré tout ce poème m'a paru bien écrit et emporte le lecteur dans un imaginaire captivant.
Merci pour ce partage.

   Lebarde   
7/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour poludor

J'ai compris que votre poème a connu un chemin chaotique avant sa parution mettant à la trappe le commentaire que j'avais écrit en EL.

Avec l'aide de marimay je vous le livre sans modification aucune:

"La folle attente d’un retour dont elle sait très bien qu’il n’arrivera pas .
Le sort de ces femmes de marins qui passent leur vie dans l’espoir de retrouver pour un temps leur bien aimé jusqu’au jour où l’espoir devient vain.
Sujet bien banal, bien triste tellement bien raconté avec des mots et des phrases simples, sans emphase ni grandiloquence.
L’épitaphe gravée sur la tombe évoque sobrement ce que fut la vie de Maria, laborieuse, résignée que seule « l’attente » ( sans espoir) lui a permis de supporter.

Beau poème, touchant que d’aucuns trouveront prosaïque et vieillot dans son thème et dans sa forme mais que m’importe j’aime bien."

Bravo

Lebarde

   Anonyme   
12/8/2021
Le vers sixième m'a l'air du pastiche du célèbre vers de Nerval, ce qui me plaît moyennement dans le ton général du poème reprenant un thème de mazurka et de tristes ballades. D'ailleurs, la morue ne nage pas, puisqu'elle est ce que d'ignobles personnes font sécher ces pauvres cabillauds. Pareillement, monstrueux cachalot me paraît là pour la blague, un peu gratuitement, et m'éloigne des notes peinées de l'attente.
Le dix-neuvième vers m'est une licence poétique que j'accepte peu dans ce langage oralisant ; au vingt-quatrième, je verrais mieux à à dans.

Ce qui ne fonctionne pas pour moi à la lecture est l'éparpillement du récit et des focalisations ; cela pourrait fonctionner dans un poème beaucoup plus long à mes yeux, mais ici, on voit à peine certaines choses sans s'y plonger. Un épique naufrage est survolé, l'attente jusqu'à la mort n'envahit pas les vers de larmes, et l'on est un peu dans un Parnasse sentimental et potache sans être invité par les mots dans une lecture à hauteur humaine.

   Davide   
13/8/2021
Bonjour poldutor,

Une chose essentielle m’empêche d’apprécier ce poème, ou plutôt, m’empêche de le goûter : sa littéralité. Ces strophes superposées les unes aux autres manquent de style, d’images, elles ne donnent pas grand-chose à ressentir, en particulier de "l’attente" de Maria. Et quand bien même l’on sent le soin apporté à l’écriture et à la cohérence narrative, comparer la mer à un "monstrueux cachalot" (sic), parler de "bonheur plein les yeux", de "lumière crue", de "mer affamée" ou "d’océan sauvage" ne suffit décidément pas à donner une réelle densité à ce poème-océan, dramatique d’abord, car le sujet est grave, transpirant de pathétique, mais poétique aussi, et surtout.

En plus de quelques vers boiteux, mais ce n’est pas bien grave en contemporain, j’ai trouvé regrettables certaines lourdeurs et imprécisions, par exemple :

"Qui lui ôta celui qu’elle attendit en vain
Son amour adoré qui jamais ne revint
"
Ces deux vers se répètent inutilement.

"Qui espéra toujours sans jamais se lasser
Le retour de l’aimé, ce qui la fit mourir
"
Focusser en final sur la vertueuse fidélité de Maria m’apparaît discutable, car j’avoue avoir du mal à l’imaginer ne "jamais se lasser". Elle est morte de trop d’espoir. N'est-ce pas contraire au dicton, ça ? ;)

Pour finir sur un point positif, je trouve de bel augure ce premier quatrain, parfaitement écrit et qui se passe bien d’images, il plante le décor et laisse entendre le triste dénouement…

   Robot   
16/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Renouveler le thème de la Belle qui attend le retour de son marin amoureux n'était pas gagné d'avance.
Je trouve que c'est plutôt réussi. Le récit est constitué comme une sorte de fable tragique dont bien sûr la conclusion était attendue mais qui réussi cependant à capter l'attention du lecteur.


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