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Poésie en prose
Pomme_d_Adam : L’hirondelle
 Publié le 11/08/22  -  11 commentaires  -  2440 caractères  -  104 lectures    Autres textes du même auteur

N.P.


L’hirondelle



L’hirondelle est un oiseau.
On lui connaît une beauté fine comparable aux femmes aimées de la littérature.
La cape majestueusement bleue de son plumage s’étend sur son corps solide, svelte et d’un blanc crème presque roux.
Au matin d’une triste journée, il arrive de la voir pointer le bout de son bec.

Sa petite tête rouge penchée sur un destin annonce son installation absolue, inévitable jusqu’au retour de l’hiver.
Alors, peuvent commencer les jours de printemps.
On dit même que les beaux jours ne commencent vraiment qu’avec l’arrivée des hirondelles.
Le printemps ne commence pourtant que très timidement, il fait ses premiers pas, apprend à marcher et grandit au fil des jours, des mois ou bien peut-être des années.
Cependant, l’hirondelle le sent, l’hirondelle le sait.
La chaleur arrive peu à peu, mais graduellement, elle impose son joug.
La chaleur glisse son châle malheureux qu’elle chérit et se languit de faire chatoyer sa langue de feu prométhéenne de la même façon que l’oiseau migratoire.
Le soleil et ses conséquences se propagent comme la peste.
Les bourgeons commencent à éclore de toute part et les fleurs explosent au grand jour des destinées.
Le pollen s’envole dans le seul but sadique d’accélérer la conquête silencieuse de nos journées précieuses.
Les peaux rougissent, brunissent, noircissent au grand jour.
Alors, sublimée de l’éclat du printemps, l’hirondelle annonciatrice des jours heureux, annonciatrice des jours véreux, se distingue de tout.
On la voit mieux, elle nous observe, de son regard perçant, prédateur et malhonnête.
Voletant dans les bassesses aériennes à la recherche de ce qui viendra rompre son jeûne, elle s’abat.
Voulant protéger son bien, l’homme s’affole follement, s’accourt vainement, lutte vigoureusement ; il se perd dans ses luttes, face à cette menace violente.
Bien que ralentie dans son piqué fatal, elle ne se détourne point.
Elle sait sa force.
Le printemps s’est abattu sur l’homme et l’hirondelle aura sa proie.
La tête rouge s’approchant dangereusement de son but flamboie.
Tout à coup, tout le monde la voit, tout le monde l’admire aveuglément.
Les flammèches rouges se perdent dans sa course et enflamment le jour, la nuit, l’aube, le crépuscule.
L’hirondelle s’abat.
L’hirondelle vaincra.
L’hirondelle n’est pas un oiseau.


 
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   Queribus   
30/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un texte curieux, à la fois "scientifique" et poétique sur la description d'un oiseau. Peut-on vraiment appeler cela de la poésie en prose? je suis plutôt dubitatif même si j'ai beaucoup apprécié la description, en particulier le premier et le dernier vers en opposition. Votre écriture ne manque pas d'élégance avec de très belle images poétiques qui se succèdent. J'avoue que je suis très perplexe devant votre"poème"même si j'ai bien aimé son côté novateur..

Bien à vous.

   Anonyme   
31/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
À partir de la tête rouge de l'hirondelle je me suis dit que quelque chose n'allait pas, que le poème ne parlait pas vraiment d'hirondelle ; intriguée, j'ai poursuivi ma lecture, ai persévéré bien que l'écriture terre-à-terre me lassât. Le tout dernier vers fut ma récompense, il "boucle" élégamment avec le début me dis-je.
Mais selon moi votre poème est trop long. Ce n'est que mon impression personnelle de lecture : à plusieurs reprises j'ai failli décrocher, entre les oasis mystérieuses, inquiétantes, comme
Le pollen s’envole dans le seul but sadique d’accélérer la conquête silencieuse de nos journées précieuses.
j'avais l'impression d'avancer dans un désert aride.

Je n'ai pas compris en fin de compte ce que représentait l'hirondelle, mais vraiment ce n'est pas cela qui m'a posé problème. Je pense que vous tenez une base intéressante et qu'en retravaillant et élaguant votre poème vous pourriez obtenir un texte surréaliste à l'ambiance frappante.

   Cyrill   
6/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai apprécié la métaphore hirondelle = rayons de soleil caniculaires voire incendiaires, que l’on découvre en avançant dans la lecture. L’ouverture et la fermeture du poème sont en cela parfaites.
J’ai trouvé cependant le développement trop bavard en détails superflus et/ou qualificatifs, là où des formules lapidaires auraient fait mouche plus efficacement selon moi  :
« perçant, prédateur et malhonnête », par exemple.
« Le pollen s’envole dans le seul but sadique d’accélérer la conquête silencieuse de nos journées précieuses. » , presque un qualificatif pour chaque substantif dans la même phrase, ça dilue beaucoup la puissance du propos.
J’ai trouvé certaines tournures concises et en cela très impactantes, elles donnent de plus du cachet à ce poème :
« annonciatrice des jours heureux, annonciatrice des jours véreux »
« L’hirondelle s’abat.
L’hirondelle vaincra.
L’hirondelle n’est pas un oiseau. »
Merci pour la lecture.

   Provencao   
11/8/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Pomme_d_Adam,

L’utopie du bavardage, vers laquelle votre longue poésie est en marche coexiste avec l'espace sans issue des descriptions signifiantes : il ne s’agit pas, à mon sens, d’une autre palabre , mais seulement de leur avoir sujet l'hirondelle , du nimbe du babil qui les enclave et les articule.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Anonyme   
11/8/2022
Bonjour

A mi chemin entre l'article ornithologique et la tentative poétique métaphorique de la fin où j'ai pensé à un missile nucléaire, ce texte est assez étrange. Je ne sais quoi vraiment en penser...

Anna

   papipoete   
11/8/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour Pomme_d_Adam
Je m'apprêtais à critiquer la première ligne ( devant cette banalité ) quand je la retrouvai au final (... n'est pas un oiseau ), et continuai donc ma lecture.
Cette annonciatrice du Printemps, cette saison qu'on attend avec impatience, serait en fait un augure de bien des maux, un oiseau de malheur ?
NB une chronique quelque peu prosaïque, sur cet oiseau qui mériterait le... martinet, pour le peu de joie, le beaucoup de peine dont elle serait porteuse ?
Votre prose m'embrouille un peu les méninges, et j'ai du mal à trouver le fil d'Ariane, qui me permettrait de ne pas me perdre en chemin...
Une fois encore, pour le travail effectué, je ne serai pas trop sévère.

   senglar   
11/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Pomme_d_Adam,


Que signifie "N.P." ?

Une fois n'est pas coutume et parce que j'ai eu beaucoup de mal avec cette hirondelle qui n'en est pas une je suis allé lire les autres com. avant de rédiger le mien pour constater que les interprétations peuvent être variables mais en fin de compte cohérentes.

Pourquoi ai-je eu de la difficulté ?
- parce que l'hirondelle qui nidifie sur les façades de ma région est bicolore, un oiseau de cinéma en noir et blanc.
Puis j'ai vérifié sur Wiki pour retrouver en plus ce petit jabot rouge.
Pas mes hirondelles ça !
Les miennes sont des pierrots solaires.
Ceci dit le rouge prend ici une valeur symbolique, j'ai cherché du côté du sang, c'est vrai que j'aurais pu chercher du côté du feu.

- parce que vous dites plein de choses contradictoires sur l'hirondelle, noire et meurtrière dans certains vers, blanche et innocente dans d'autres (Tiens je retrouve mon oiseau bicolore).
Donc, réellement, vous privilégiez le symbole.
Mais pourquoi choisir un oiseau annonciateur de bonheur (Tout ce caca à nettoyer sur mes châssis) pour annoncer une catastrophe possiblement imminente (voire récurrente) ? J'espère que vous me l'expliquerez.

- le poème donne tout de même aux femmes une drôle d'allure. Dans la tradition les hirondelles sont plutôt une paire de gendarmes à bicyclette.

- l'hirondelle serait un messager peu fiable. Effectivement 'Une hirondelle ne fait pas le printemps" Mais ce sont les frileux qui disent cela.

- Le soleil semble vouloir concurrencer l'hirondelle. Un soleil pestifère. L'hirondelle serait ainsi un oiseau de mauvais augure. "Elle annonce des jours véreux" (Coup de soleil tout ça Bof) Elle tombe le masque (en avalant des insectes. En fait les bandes d'insectes sont surélevées portées par l'air chaud. Bombance à mi-chemin entre fenêtres de façade et toit, pas du rase-mottes). Qu'a l'homme à protéger ici ?

Tête rouge qui s'abat inexorablement telle flammèche de soleil !
Il me semblait qu'un commentateur avait penché pour les incendies estivaux. Je n'arrive pas à retrouver précisément cela mais je penche aussi pour cette hypothèse.

... Et je m'insurge !
Simple concomitance !
Je n'accepte pas que vous fassiez du tort à cet oiseau admirable tout comme Spielberg a causé un dommage incommensurable à l'admirable requin.
Non mais !...

   Vincente   
11/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai cru m'assoupir dans une douce lecture bucolique et sympathique. Un premier écueil m'a fait buter, ce drôle d'adjectif qui survient comme un cheveux sur la soupe, "malhonnête" qualifiant l'hirondelle ; comment une "hirondelle" pourrait être malhonnête, elle qui semble l'intuition même ; un autre a dû lui emprunter son habit... Le propos s'est alors rebiffé. Puis durcit jusqu'au final que j'avoue ne pas avoir saisi, pas plus l'intention que l'expression. Bizarre ! car j'ai l'impression qu'elle recèle une trouvaille narrative intéressante, dissonante par rapport au début et intrigante donc… mais je reste sur ma soif de la comprendre.

   Corto   
13/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il m'a bien fallu lire le retour de l'auteur pour comprendre ce poème sibyllin au premier abord.
La clef m'étant livrée j'ai pu apprécier ce texte.

Le décryptage des premiers mots et des dernières lignes apparait alors clair:
"L’hirondelle est un oiseau" /
"L’hirondelle s’abat.
L’hirondelle vaincra.
L’hirondelle n’est pas un oiseau".

Le déroulement du texte en nouvelle lecture apparait intéressant, fin dans sa cruauté inéluctable.
"Le printemps s’est abattu sur l’homme et l’hirondelle aura sa proie."

Fin comme la pensée, dur comme la vie qui a déjà perdu.

Bravo.

   Pomme_d_Adam   
14/8/2022

   Yannblev   
21/8/2022
Bonjour Pomme d’Adam.

Il y a du Buffon dans votre poème. La poésie au service d’un petit morceau d’histoire naturelle pourquoi pas ? même si on devra débattre pour savoir si in fine l’hirondelle est ou n’est pas un oiseau. On imagine déjà les extrapolations possibles, pour le coup gageons qu’elles seront assurément poétiques.

merci pour cette évocation soignée.


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