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Poésie libre
Pouet : Asato
 Publié le 13/11/19  -  18 commentaires  -  1388 caractères  -  383 lectures    Autres textes du même auteur


Asato




« Le ciel grillagé a strié mon armure.

La parole bleuie par des lèvres de brume
s'effrite puis se pose sur l'herbe endolorie.
– Dernier baiser d'écorce –

Cela fait bien longtemps,
je n'entends plus le monde.

J'ai nié le combat sans poser mon cimier,
saccageant le silence de mes poings de murmures.

Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
tambourinent encore sur mon dos argenté.
– Les songes en écorchures –

J'ai des fleurs funambules au fil de mes paupières
assis face au parterre des pantins de passage
sur les sentiers criards d'une joie carcérale.

Comme un barreau de plus.

Du primaire primate vous n'avez pas l'étoffe,
je n'ai rien en commun avec vos primautés.
Mornes hominidés, en vos rires simiesques
j'esquisse le cliquetis de ces chaînes rouillées.

Car à bien des égards vous partagez ma cage.

Alors venez nombreux,
venez comme au spectacle.
C'est le dessin raté d'un autre paysage
dans le cœur de l'enfant aux blessures animales.

Ici, voyez mon œil.
Une lueur vous confond, un éclat vous ternit,
vous vous reconnaissez et ressentez l'osmose...

Non.

Vous ne voyez rien.

Et pour l'indifférence il est déjà trop tard. »


 
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   troupi   
13/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Émouvant, il n'y a pas grand-chose à rajouter à un texte d'une telle teneur.
Bien qu'ayant écrit sur l'incarcération des grands singes je ne connaissais pas Asato.
C'est "dos argenté" qui m'a mis sur la piste, cette marque des grands mâles dominants chez les gorilles.
Il faudra encore beaucoup de textes comme celui-là pour fermer ces lieux, prisons indignes, avilissantes des deux cotés de la grille.

   ANIMAL   
13/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très bel hommage à tous ces condamnés à perpétuité qui n'ont commis d'autre crime que de naître animaux et sont tombés aux mains des pires geôliers de la planète : les humains. Les seules créatures qui enferment d'autres êtres pour les regarder vivre et mourir, avec, suprême cruauté, le prétexte de les sauver de l'extinction qu'ils perpètrent eux-mêmes. Vile hypocrisie.

J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un guerrier tombé au combat, et il y a quelque chose de cela sauf que ce guerrier là n'a même pas eu l'occasion de combattre. Il ne lui reste que le souvenir de sa liberté et le repli sur lui-même.

"Cela fait bien longtemps,
je n'entends plus le monde."

"Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
tambourinent encore sur mon dos argenté."

A quoi songent les animaux en cage, même si elle est dorée ? La tristesse et la solitude se lisent dans leur regard... pour qui veut la voir.

Bravo pour ce poème criant de vérité.

   Vincente   
14/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La rencontre que ce poème m'a proposé s'est produire en deux expériences, assez distinctes…, quoi que !?
Espérant découvrir le personnage qui se réaliserait sous le nom du titre, j'ai lu une première fois. Lecture authentique dans la virginité de mon petit matin, ce nom Asato sensé m'aiguiller s'est échappé ; nom perdu en errance dans ce qui apparaissait pourtant comme une cage, qu'à cela ne tienne ! je m'en suis passé.

J'ai suivi, ou plutôt, je suis entré dans la tête murée d'un prisonnier anonymé dans ce prénom qui ne m'évoquait rien de particulier. Si sa cage ne semblait pas en dur, grillage du ciel, "herbe endolorie", "cliquetis de ces chaînes rouillées", son esprit était bien contraint à se savoir dans un lieu à l'ironique "joie carcérale". J'ai donc pu "participer" aux affres émotionnels d'un enfermé dans quelque prison de fortune plantée dans la nature aux lieux de quelque conflit ou prise d'otage, ou… ; tant de cas d'enfermements sommaires mais outrageants s'égrénant dans notre monde en conflits. J'ai cru apprendre par la chute, ce que l'auteur me contait ici-bas.
Je suis resté bien atterré, non par le sujet soucieux ni l'écriture de qualité, mais découvrait ainsi que l'auteur s'investissait aussi lui-même dans la situation dans lequel il faisait parler son sujet, comme pour "s'associer" à la désespérance de son narrateur prisonnier.
Comme ceci, j'ai trouvé que le poème était très métaphorique, presque trop d'ailleurs puisque la lecture devaient se faire surtout au second degré, et puis sans la moindre petite orientation introductive ! Mais l'imagination y œuvrait avec brio, le lieu contraint offrait au poète des vers très inspirés :

"Le ciel grillagé a strié mon armure.

La parole bleuie par des lèvres de brume
s'effrite puis se pose sur l'herbe endolorie.
– Dernier baiser d'écorce – "

"saccageant le silence de mes poings de murmures."

"– Les songes en écorchures –"

"Comme un barreau de plus
"

Même les "pantins de passage" avaient pris corps dans celui des gardiens et autres visiteurs.
Dans cette version le désabusement du détenu était total, dans ma suivante, il ne le sera pas moins, et les raisons à l'origine, la bêtise humaine, y sont également communes.

Deuxième version donc (après une petite recherche sur le net), celle que l'auteur a mise entre ces guillemets – en fin et début de poème, l'intention étant bien de ne pas "s'immiscer" dans la "pensée" du détenu, pour en faire une retranscription quasi littérale, elle se présente sous forme d'une citation [ j'ai trouvé cette intention très décisive pour donner chair à l'évocation (oh je viens de faire une faute de frappe qui m'a fait écrire "l'avocation", un lapsus gestuel très à propos !) ]" –, il est question d'un gorille enfermé dans un zoo de notre pays. Il se trouve être un des emblèmes du lieu.
Le regard envahi d'empathie du poète envers la bête, l'œil du narrateur, de la bête donc, est celui de l'écrivant qui s'assimile entièrement à lui (Pouet le gorille poète !), lui offrant sa capacité à s'exprimer par des mots. La strophe suivante l'évoque sans réserve :

" Ici, voyez mon œil.
Une lueur vous confond, un éclat vous ternit,
vous vous reconnaissez et ressentez l'osmose...
"

Par contre le dernier vers ne m'est pas apparu bien clair, je me demande s'il est bien pertinent d'affirmer que "Et pour l'indifférence il est déjà trop tard.". Pour moi, l'on peut comprendre au moins de trois manières cette affirmation : "il est déjà trop tard parce que de toute façon l'animal est bien là, déjà enfermé depuis un bout de temps, sa vie brisée" ou "si vous restez indifférent, vous visiteur, après l'avoir vu enfermé, alors vous êtes irrécupérable d'un point de vue éthique" ou "ce sont des êtres qui nous ressemblent, mais si vous vous valorisez de vous être échappé de cette condition de "primaire primate", alors vous êtes égaré dans vos "primautés". Cette fin donc ne me semble pas à la hauteur ou à la grandeur de l'expression de tout le reste du texte, car la puissance d'évocation et la tenue du style sont vraiment au rendez-vous pour aider à un meilleur destin de la cause en question.

Édit : Ma lecture "virginale" d'hier m'avait beaucoup plu, ce matin, j'ai eu l'envie de me reprendre une petite dose du plaisir qu'elle m'avait offert. Sa "connaissance", faite alors par ce que j'en avais ressenti mais aussi par ce que mes collègues oniriens en avaient perçu, demeurant en arrière-plan, je l'ai relu simplement, sans tenter d'en considérer les teneurs. J'ai trouvé l'écriture très riche, dans son imagerie pleine de singularité, ta patte dans tout son talent assurément, et dans sa construction formelle et narrative. Sur ces plans, très larges, je noterais aujourd'hui sans hésiter un "passionnément ↑". Hier, le trouble que m'a causé cette question d'identification du personnage narrateur, dont j'ai dû aller quérir la piste sur le net, était un brin pénalisante pour adopter le poème dans son ensemble.
La question, complexe, qui a pu déranger Davide ou Lebarde, concernant le fait "zoo", est importante. Ici, je ne pense pas que tu aies fait un réquisitoire anti-parc zoologique, mais tu t'es juste placé dans la tête d'un animal en cage, avec cette extrapolation essentielle qui grandit ton récit, ce parallèle de l'homme dans sa "cage civilisationnelle".

   Anonyme   
13/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Superbe poésie pour illustrer la détresse de ce primate prisonnier, loin de sa terre. Juste pou satisfaire la curiosité de '' mornes hominidés.''

Des images fortes tout au long de ce texte.
" Le ciel grillagé a strié mon armure.''
" assis face au parterre des pantins de passage
sur les sentiers criards d'une joie carcérale.''
'' Une lueur vous confond, un éclat vous ternit,
vous vous reconnaissez et ressentez l'osmose...'' entre autres.


J'ai beaucoup aimé la richesse du traitement de cette situation.

   Davide   
13/11/2019
Bonjour Pouet,

Le regard du narrateur fusionne avec celui d'un animal en captivité, le gorille Asato.

Je ne suis pas favorable à l'exploitation animale, bien au contraire, mais le problème de ce poème, c'est qu'il se focusse sur les ressentis d'un animal en oubliant tout ce qu'il y a derrière.

Tout d'abord, il faut savoir qu'Asato est né dans un parc zoologique, il n'a donc pas connu la "liberté", pourtant suggérée par certaines images : "Le ciel grillagé a strié mon armure".
En outre, le zoo de Beauval où il séjourne s'engage à la réintroduction de gorilles dans la nature africaine, même ceux nés en captivité. Dans leur milieu naturel, ces animaux sont, hélas, de plus en plus victimes du braconnage et de la déforestation, de la destruction de leur milieu naturel. La préoccupation du parc zoologique est aussi de recueillir les petits gorilles, orphelins, de les soigner, de les nourrir...
Le côté "attraction pour les touristes" - que je n'aime pourtant pas, moi non plus ! - leur est un financement précieux.

En fin de compte, c'est le mot "Asato" qui me dérange, le titre, car il contextualise mal à propos ce réquisitoire contre l'exploitation animale. J'ai beaucoup aimé le ton de l'accusation, son incarnation, sa teneur, sa pudeur, mais je n'ai pas aimé les circonstances de sa démonstration.

   Lebarde   
13/11/2019
Bonjour Pouet

Votre poésie libre de belle facture, avec son développement énigmatique qui invite à rechercher qui peut bien être cet ASATO, est très bien construite et son écriture travaillée n’est pas mise en cause.
Je sais qu’il faut trouver un sujet à un texte, et pourquoi pas celui que vous avez choisi cependant :
Aussi noble que soit la cause à défendre et celle-là est noble sans aucun doute, à trop en faire ou en dire, on risque de la desservir.
Bien sûr on peut se poser la question sur l’utilité des parcs zoologiques et sur le bien être ses animaux qui y sont « enfermés », mais évoquer sans cesse sur un ton réprobateur et culpabilisant pour les visiteurs, le souvenir de leur liberté dans une jungle ou nature sauvages qu’ils regretteraient à coup sûr ;
Je reste circonspect.
Encore faudrait il que ces animaux des zoos l’aient connue cette jungle.
En effet on sait, ( je crois que c’est la loi) que tous ou presque sont nés depuis plusieurs générations dans un zoo, même si on ne peut totalement exclure que certains aient été capturés par des braconniers sans scrupules alimentant des filières crapuleuses à dénoncer et d’autres sauvés d’une mort certaine s’ils étaient restés dans la nature , à la suite de blessures ou d’abandons. Alors.

Sans vouloir provoquer, pourquoi ne pas tenir le même raisonnement pour le chat qui se prélasse sur son coussin près du radiateur ou pour le chien qui se promène au bout d’une laisse dans le jardin public et pour tant d’autres espèces animales domestiquées de longue date ou pas du tout, qui ont l’air de se satisfaire de leur sort de semi-captifs :
Peut-être qu’eux aussi pensent à la liberté de leurs ancêtres qui, dans un environnement naturel plein de vicissitudes devaient aussi lutter pour survivre !

J’arrête là mes propos qui pourraient devenir excessifs, absurdes, voire délirants et m’attirer la foudre des défenseurs des animaux sauvages dont je fais partie par ailleurs, bien évidemment!!


Lebarde
qui ne se sent pas autorisé à donner une appréciation après une telle harangue !!!

   Anonyme   
13/11/2019
Guère de poésie dans cette complainte de l'animal.
Le thème de la victimisation, déjà récurrent lorsqu'il concerne l'homme,
est lourd, ici. Le texte prêterait presque à sourire lors de quelques envolées puériles. Je ne noterai pas.

   leni   
13/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
un gorille au dos argenté n'appartient qu' à ses geoliers

Le ciel grillagé a strié mon armure.
Et je suis

J'ai des fleurs funambules au fil de mes paupières
assis face au parterre des pantins de passage
sur les sentiers criards d'une joie carcérale.

Du primaire primate vous n'avez pas l'étoffe,
je n'ai rien en commun avec vos primautés.
Mornes hominidés, en vos rires simiesques
j'esquisse le cliquetis de ces chaînes rouillées.

Venez me voir

Alors venez nombreux,
venez comme au spectacle.

Pauvre Asato
L'homme a toujours la possibilité de justifier son comportement
Par ex C'est pour sauver l'espèce

A dire vrai l'homme est venu sur la terre pour établir sa dominance
Dominance entre l'un et l'autre Entre groupes
Entre nations Entre groupes de nations

OUI l'homme est un fouteur de merde
Depuis le néolithique depuis qu'il a fait des réserves D'autres hommes convoitaient sa réserve d'écureuil
Les gorilles argentés avaient leur geôliers En fait on est toujours le dos argenté de quelqu'un
Les méthodes pour dominer à travers l'histoire ont été très imagina
tives
Le ciel grillagé il dessinait des barres sur le dos argenté de Mesmer dans sa cage en bambou C'était en Indochine

Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
tambourinent encore sur mon dos argenté.

Les uns vont décimer les autres La prières des uns contredit celles
des autres
Si j'étais Père Noël Camarade Pouet j'en aurais ras le bol
Merci pour ta réflexion superbe Notre époque a ses penseurs mais la plupart sont des penseurs intermittents Quel spectacle
Je me suis régalé de tontexte LENI

   Luz   
13/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique !
La première partie est d'une très grande force poétique ; par exemple ce passage :
"Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
tambourinent encore sur mon dos argenté.
– Les songes en écorchures –"
me fait penser au film "Gorilles dans la brume" ; évocation de la vie de Dian Fossey qui est morte pour leur sauvegarde.
Cette expression : "Car à bien des égards vous partagez ma cage." est très vraie, je trouve. J'ai visité un jour le zoo "La vallée des singes" vers Poitiers et je n'oublierai jamais le regard dur, perçant, intelligent et triste du gorille sur sa petite île. Comme si j'avais croisé un ami et que je ne pouvais rien faire...
C'est un poème qu'il fallait écrire.
Merci.

Luz

   Robot   
14/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un texte libre qui m'a laissé sans voix.
Le sujet bien sûr en lui même qui prend aux tripes, mais surtout ce superbe agencement de vers libre aux images, métaphores et expressions à couper le souffle tellement la poésie se trouve prégnante, fluide et relevée.

Je ne peux rien exprimer de plus, subjugué par un véritable talent.

Un grand bravo poète !

   papipoete   
14/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Pouet
vous qui venez me voir, contempler mon impressionnant dos argenté, il vous en faut du courage... je pourrais casser les barreaux de ma cage où rien ne manque ( feuilles, bananes et perchoir où m'accrocher et songer à mon royaume d'émeraude ! )
vous qui me regardez avec des mimiques ridicules, ne plongez pas dans l'abîme de mes yeux, vous pourriez vous noyer dans mon chagrin...
NB Asato, je ne connais pas mais Diane Fossey nous fit découvrir ces grands singes, dont le royaume vert n'était plus protégé ; les braconniers savaient le chemin qui mène à vous... pour faire un orphelin, pour amputer des mains qui feraient " so chic " dans un salon de verre !
Bien sûr, l'auteur ne narre pas l'histoire mais poétise en belles envolées ses " mots pour le dire ", et l'on comprend quand-même que ces vers illustrent une tragédie !
le final de la " visite " est particulièrement triste, et l'on se sent un peu coupable d'être homme, pseudo-cousin de ce colosse aux pieds d'argile...

   Hiraeth   
14/11/2019
Mes impressions sont très contrastées, aussi préféré-je ne pas mettre d'appréciation.

Malgré la catégorie "Poésie libre", mon oreille a apprécié la musique du texte, qui le plus souvent peut s'entendre comme une alternance entre hexasyllabes et alexandrins non rimés (au prix d'entorses à la métrique classique mais tout de même, on peut se débrouiller pour percevoir douze vers césurés), avec un balancement intéressant à chaque fois entre une parole noble, majestueuse et puissante à la gloire du grand singe, et une parole plus de l'ordre du commentaire et de la fulgurance poétique, qui évoque la disgrâce de cet emprisonnement, de ce spectacle obscène et appauvri, et touche ou frappe parfois par sa simplicité...

Mais la simplicité, justement, pose problème dans ce texte. Le mot "funambule" apparaît dedans et je m'en servirais pour décrire le poète qui joue avec l'hermétisme : c'est impressionnant, on peut rester ébahi à retenir son souffle, mais il y a aussi le risque que l'auteur chute et que le spectacle tombe à l'eau. Ce n'est qu'un avis personnel, mais la condition de la réussite poétique de l'hermétisme est pour moi le lyrisme ou le registre épique, absents ici. J'ai donc eu l'impression que l'auteur se laissait trop porter par la recherche du beau vers, ou du vers étrange, du vers antithétique, sans qu'il n'y ait vraiment de réalité derrière. Le poème au final m'a laissé un goût de vide voire d'inexactitude parfois. Dommage.

Et si je puis me permettre un dernier commentaire sur le fond et l'intention du texte : c'est bien de critiquer ainsi l'exploitation des belles bêtes qu'on voit dans les zoos, mais il ne faut pas oublier celle, encore plus infâme, des bêtes moins belles et moins exotiques (du coup, hélas, moins dignes d'attention) qui finissent dans vos assiettes.

   emilia   
14/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le « ciel grillagé » annonce dès l’entame la privation de liberté, « la parole bleuie/l’herbe endolorie/le dernier baiser d’écorce/poings de murmures/songes en écorchures/comme un barreau de plus/le cliquetis des chaînes rouillées complètent le tableau « carcéral » Selon le point de vue du narrateur, le spectateur extérieur et l’animal à l’intérieur partagent la cage « à bien des égards » : une façon peut-être de rappeler que tous nos actes nous engagent et que défendre la cause animale, c’est aussi défendre celle de l’humanité… ; merci à vous pour ce partage sensible et l’originalité recherchée de votre écriture…

   STEPHANIE90   
14/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Pouet,

je ne sais pas vraiment apprécier à sa juste valeur votre poésie aujourd'hui.
D'un coté certain, il y a des vers qui me parlent et que je trouve vraiment beaux :
"Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
tambourinent encore sur mon dos argenté.
– Les songes en écorchures –

J'ai des fleurs funambules au fil de mes paupières
assis face au parterre des pantins de passage
sur les sentiers criards d'une joie carcérale."

D'un autre coté, il y a ces huit premiers vers dans lesquels je n'arrive pas vraiment à entrer. Mais vous n'êtes pas responsable de mon incompréhension simiesque aujourd'hui, lol !
Je suis moins fan du ton accusateur aux vers suivants même si je le comprend ; j'ai écrit il y a peu sur un sujet quasi similaire et il n'est pas simple de ne pas crier son engagement et son ressenti.

J'apprécie malgré tout cette comparaison du singe au genre humain, il permet la réflexion sur un sujet de société bien plus large. La protection et défense des animaux, de leurs milieux, la défense de leurs intérêt, le profit fait sur leur dos... Vaste sujet bien délicat donc félicitation pour avoir fait "le singe" dans ces vers et pour "l'auto-jugement" finale...

Merci pour la lecture,
Stéphanie

   Donaldo75   
15/11/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

Rien à dire, c'est du beau travail ! Je ne suis pas trop fan du genre mais je lui reconnais du style, surtout au vu du thème. Je me souviens de ce gorille quand je suis venu visiter le parc zoologique de Beauval; ce poème donne à mes souvenirs un tout autre éclairage, même si je ne suis pas fan de l'idée d'enfermer des animaux (mais je ne vais pas faire l'hypocrite alors qu'en visitant ce parc, je contribue à son activité).

Concernant la forme - je n'ergoterai pas sur le fond comme j'ai pu le lire sur certains commentaires car pinailler pour pinailler me gonfle au plus haut point - j'aime bien le début qui a de l'allure et du souffle, ensuite je trouve que le poème tombe dans le ton moralisateur et perd de sa dynamique.

A bientôt,

Donaldo

   BernardG   
18/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé votre travail.

Le premier vers est finalement tellement juste....que le gorille soit ou non né en captivité ! Quand c'est grillagé, c'est grillagé et ça strie !

Les travaux de Jane Goodal montrent que les animaux qu'elle côtoyait (chimpanzés en l'occurrence) éprouvaient un ressenti dans telle ou telle situation ainsi que des émotions et qu'il était presque simpliste de faire une différence tranchée entre les singes et les humains.
Et pourquoi un gorille même né en captivité n'aurait-il pas conscience de sa captivité ?.....et pourquoi ne s'interrogerait-il pas sur ces pantins qui défilent en étalant leur ignorance crasse et en rigolant ?

Un p'tit bémol amical quand même...Ces 2 vers (bien tournés par ailleurs) relèvent de l'impossible
"Les sanglots émeraude d'une forêt de nuages
Tambourinent encore sur mon os argenté"
mais il suffit de remplacer Asato par un titre plus générique et hop le tour est joué ☺

Merci pour le partage (je note ah ah ah ah )

Bernard.G

   Gouelan   
21/11/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Un cri tu au fond d'une belle âme.
Tant que l'homme ne verra pas au fond de cet œil l'osmose qui nous lie au règne animal et végétal, il continuera de tuer.
Chacun de vos vers résonnent en cri d'alarme, en cri sanglant, lacéré, grillagé. Un cri étouffé, blessé, face à tant d'indifférence.
Sous le regard d'Asato l'homme est dévoilé et il nous révolte.

Votre écriture nous donne à voir ce qu'on fait semblant d'entendre.

   genstyle   
12/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'y vois du cirque à la Genet
Le héros de V Hugo, la victime des comprachicos!!
C'est sordide, provocateur, fin, japanisant au début, il y a définitivement de la force, de l'audace, il faut qu'on nous tire au piège, qu'on se sente prit voyeur…
Et on l'est!! A la merci, aux croisées de nos Indifférences.


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