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Poésie libre
Pouet : Les cicatrices de Kibuye
 Publié le 08/04/16  -  23 commentaires  -  1650 caractères  -  299 lectures    Autres textes du même auteur

Avril 1994.


Les cicatrices de Kibuye




Grand-père me parlait avec nostalgie
De l'époque sertie
D'un souvenir d'émeraude.

Quand nous n'étions qu'un peuple,
Les Banyarwanda.

Mais rien ne doit durer,
Ni les Rites, ni les Hommes.
Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps.

..................................................

Un avion est tombé,
Juvénal a brûlé.

Alors TCHAC TCHAC on a coupé.



Partout la solitude,
La folie de la foule
Et la brume carmin des gorges lacérées.



Nous étions habitués à manier la machette,
Outil du quotidien pour l'entretien des champs.

Nous étions habitués à manier la machette.

Je m'appelle Hatari,
Hutu de dix-sept ans.

On se pressait à l'aube sur le terrain de foot
Où hier je jouais avec des Tutsis.
Cernés entre verdure et chapelet de boue,

On affûtait nos cœurs
Quand palpitaient nos lames.

Tout le monde attendait.

Lorsque retentissaient les trois coups de sifflet,
Nous nous mettions en route.

La chasse était ouverte.



Partout la désuétude,
Des lambeaux d'espérance
Et la rouille poisseuse des larmes acérées.



Les rives du lac Kivu s'étaient parées de rose,
Ses eaux se mélangeaient à la brûlure du sang.

Femmes, vieillards, enfants,
Aucune différence.

Voisins, anciens amis,
Pas la moindre importance.



Alors TCHAC TCHAC on a coupé.

On a coupé.


 
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   StayinOliv   
16/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Poème poétique sur le massacre du Rwanda où vous réussissez à ne pas tomber dans le pathos et où l'esprit poétique, à travers vos images et métaphores, est bien présent. J'ai également bien aimé le rythme de votre poème avec ses vers courts mais pleins de sens, qui n'en disent pas plus que nécessaire et laisse une belle part à la suggestion. Bravo !

   Lulu   
21/3/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

je trouve ce témoignage poignant. Le titre ne me disait rien a priori..., ne le comprenant pas, mais j'ai compris de quoi il s'agirait quand j'ai lu la date de présentation : Avril 1994. Une période bien sombre que l'on ne peut oublier.

Les mots sont forts de par leur simplicité. Il s'agit d'un récit sans détour, plein d'humanité.

Dans le texte, cependant, je ne vois pas l'intérêt de répéter "Nous étions habitués à manier la machette". Le vers est si fort en lui-même qu'on l'a saisi dès la première fois. Le répéter n'apporte rien.

   Mourmansk   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup aimé la simplicité de ce texte. Il est d'une beauté simple.
On est loin du pathos.

Les vers sont très expressifs:
"Alors TCHAC TCHAC on a coupé.
On a coupé."

Je n'ai relevé aucune fausse note.

Merci.

   Francis   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai aimé la forme pour les mots simples, la pudeur, le rythme des vers. Je suis très sensible au sujet traité car je l'ai étudié dans une approche historique. "Un avion est tombé", tout était préparé et le massacre interethnique pouvait commencer. La machette s'abat sur le cousin, le voisin, l'enfant, le vieillard... Aujourd'hui, j'encadre avec mon fils une association: Skolidarité qui construit des écoles, des latrines... dans le nord Kivu près de Bukavu. La région (surtout les villages) est encore terrorisée par des bandes armées qui ont fui le Rwanda voisin. Vous pouvez consulter nos actions sur internet site skolidarité.
Merci pour le partage.

   Anonyme   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet... Un texte très sobre pour évoquer une période très sombre de la région des Grands lacs... Comment peut-on en arriver à ces extrémités ? Ce poème n'apporte pas la réponse, moi non plus ! En Avril 96 j'ai eu l'occasion de faire un stage à Lyon avec deux Rwandais, un Tutsi et un Hutu mais personne n'a osé soulever cette question d'autant qu'ils avaient l'air plutôt en bons termes...
Aujourd'hui c'est au Burundi que les tensions semblent exacerbées.
Espérons que ça ne se reproduise pas... là ou ailleurs !

Le... Alors TCHAC TCHAC on a coupé.

On a coupé.

... fait froid dans le dos !

Merci pour ce texte qui nous rappelle ce que l'homme peut parfois devenir...

   Anonyme   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Pour moi, ce texte aurait plus de force en étant moins long. Autant la fin à partir des rives du lac Kivu est parfaite à mon avis, autant pour moi le début est magnifique jusqu'au vers
Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps.
, autant je pense que vous pourriez avec grand profit réduire cette partie :
Nous étions habitués à manier la machette,
(...)
Et la rouille poisseuse des larmes acérées.

Alors, je suis d'accord, il y a fort peu de redondance, et vous devez tenir à tout parce que chaque strophe apporte quelque chose, mais je pense vraiment qu'en réduisant encore vous apporteriez un contraste d'autant plus saisissant entre la sérénité des premiers vers et l'horreur des derniers.

Cela dit, je trouve que tel quel le texte est déjà sacrément costaud ! De la belle ouvrage, même si j'aurais (c'est ma marotte) une restriction vis-à-vis de la disposition en centré, trop "esthétisante" à mon goût pour le sujet. Mais enfin c'est mon goût.

   papipoete   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Pouet ;
Quand la paix régnait sur les rives du grand lac, les machettes coupaient, l'herbe, les branches . Aujourd'hui, les hommes coupent, coupent, mais du sang jaillit sous le fer autrefois outil .
Reviendra-t-il le temps, de couper,couper et se réunir autour d'un feu où nous serons à nouveau, frères...
Texte à poser sous toutes les latitudes, citadines, paysannes ?

   Pimpette   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Poésie et tragédie mêlée!
On est vraiment remué...

le TCHAC TCHAC on a coupé est une vraie trouvaille...L'auteur crée et c'est ça qui donne toute sa qualité au texte..

.Pouet, je peux mettre tes mots sur mon blog?C'st exacrement ce que nous aimons....triste mais beau!

"Partout la solitude,
La folie de la foule
Et la brume carmin des gorges lacérées

   Anonyme   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir

Même sur ce génocide vous parvenez à mettre de belles images ,
"De l'époque sertie
D'un souvenir d'émeraude. "
Ca c'était avant ...
D'autres tout aussi belle qui hérissent le poil d'émotion !

"Les rives du lac Kivu s'étaient parées de rose,
Ses eaux se mélangeaient à la brûlure du sang."

Un texte qui touche .
Merci

   lala   
8/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Pouet,

Quel bonheur de retrouver ce texte que j'ai découvert en EL et que je n'ai pas pris le temps de commenter au moment où je l'ai lu.
Il est sobre et intense.
J'aime les nombreuses figures de style qui accentuent le caractère poétique de la narration. Elles se glissent entre les mots avec naturel :

"Partout la solitude,
La folie de la foule"

"On affûtait nos cœurs
Quand palpitaient nos lames."

"Et la rouille poisseuse des larmes acérées."

Le TCHAC TCHAC continue de retentir après le point final.

   Teneris   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne suis en règle générale guère friand des poèmes à connotation politique, mais je dois admettre que celui-ci m'a énormément touché. La fluidité de son écriture, la douceur de vivre qu'il esquisse en contraste avec la barbarie, l'innocence de son point de vue nous plongent au plus profond de l'horreur d'une manière particulièrement humaine. La douleur se montre à nu, sans artifice, presque sans haine, dans l'intime et terrifiante sincérité de cet abominable évènement.

   leni   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut Pouet
Superbement structuré ET dire que biologiquement les races n'existent pas Il suffit de donner une appartenance et le tour est joué
C'est Pierre contre Paul Et alors la prière de Pierre contredit celle de Paul ET le Père Noêl en a ras le bol ET Pouet nous décrit le décors
de ces imbécillités avec son talent de peintre en situation Des images fortes Admiratif!

Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps.

Et la brume carmin des gorges lacérées.


On affûtait nos cœurs
Quand palpitaient nos lames.

là chapeau !
Et la fin:un coup de machette!

C'est Pouet un de tes plus beaux textes

MERCI à Toi Salut cordial Léni

   troupi   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut Pouet.

Je connais pas mal de tes poèmes mais celui-là me parait au-dessus du lot.
Pour décrire cette horreur tu as été particulièrement inspiré et efficace.
On trouve toujours dans ton écriture des images assez surprenantes, c'est ce qui fait ton style et je suis conquis à chaque fois mais ici encore plus.

"Mais rien ne doit durer,
Ni les Rites, ni les Hommes.
Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps."
Superbe et tellement bien observé.

"Alors TCHAC TCHAC on a coupé." très efficace.

"On affûtait nos cœurs
Quand palpitaient nos lames."
Ça c'est du Pouet ! ç'aurait été tellement plus évident de dire : "On affûtait nos lames quand palpitaient nos cœurs."

Je vais pas tout recopier la suite est à l'avenant.
Vraiment bravo pour ce poème témoin.

   Anonyme   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Vous prenez le lecteur par les sentiments, et il y a donc peu de risque qu'on vous tacle sur le fond. Le risque encouru par tous serait néanmoins d'oublier cette sombre page de l'Histoire des hommes. Vous faites bien d'y revenir, et de cette manière. Les 'tchac tchac' effrayants qui viennent tailladés la lecture font basculer littéralement l'anodin dans l'horrible. Peut-être auriez vous pu condenser l'ensemble pour imprimer encore plus de force. J'ai aimé en tous cas vous lire.

   Kodiak   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le sujet est difficile, je dirais même périlleux, mais il est traité avec pas mal d'originalité et même de classe, je trouve. J'apprécie l'absence de jugement, de bonne morale et de sentimentalisme. Par contre je ne suis pas sûr que la complexité des causes du génocide rwandais soit entièrement rendue ici.

Le tchac tchac rappelle évidemment le "bang bang" de la chanson de Cher reprise par Sheila dans les années 60, pas 100% original donc mais c'est une bonne idée quand même.

Ce qui est certain, c'est que l'auteur a le sens de la formule et de la dramatisation. En quelques mots à peine beaucoup de choses sont dites ou évoquées. On sent un réel talent.

   LeopoldPartisan   
9/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
à cette lecture, nonobstant le génocide de 1994, c'est le cargo culte de gainsbourg qui m'est venu à l'esprit et en particulier le tchac tchac associé au CRAP! des BANG! des VLOP! et des ZIP! SHEBAM! POW! BLOP! WIZZ! de comic strip : lorsque les papous abattent à la sarbacane l'avion de Melody Nelson.
Pour moi c'est une sacrée référence que cette association.
Bravo

   emilia   
10/4/2016
Un poème à la fois bouleversant et révoltant qui donne la parole à un jeune adolescent Hutu (d’où la force du témoignage) en évoquant dans un premier temps les souvenirs nostalgiques de son grand-père et l’union d’un peuple que rien apparemment ne prédisposait à vivre de telles atrocités exterminatrices d’une ampleur effrayante et incontrôlable qui attestent d’un déchaînement de violence et de folie humaine pour perpétrer un tel génocide systématique très habilement suggéré par la formule lapidaire : « Alors TCHAC TCHAC, on a coupé… », d’autant plus sidérante qu’aucune logique ne peut expliquer ce terrible drame aux rouages complexes qui ont conduit à cette tragédie sinistre en marquant à jamais ce lieu naturel pourtant paradisiaque d’une cicatrice indélébile et dont la poésie souligne encore davantage toute l’absurdité : « Les rives du lac Kivu s’étaient parées de rose… », quand le tranchant des lames rejoint celui des larmes en se substituant les unes aux autres avec une efficacité très expressive d’un crescendo vers l’horreur absolue…

   Lylah   
11/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Le verbe précis, l'image ciselée, le propos sobre et percutant.
Et le talent de dire l'indicible...

"Partout la désuétude,
Des lambeaux d'espérance
Et la rouille poisseuse des larmes acérées.


Les rives du lac Kivu s'étaient parées de rose,
Ses eaux se mélangeaient à la brûlure du sang."

Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Chapeau bas.

   Ioledane   
13/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien
"Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps" ... Belle image.
"Partout la désuétude,
Des lambeaux d'espérance" :
Bien trouvé également, je n'aurais pas mis de virgule.
En quelques touches sobres, ce texte rend compte d'atrocités innommables dont subsiste surtout la question sous-jacente : Pourquoi ?

   Anonyme   
13/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Pouet !

Déjà, j'aime beaucoup le titre de votre poésie !

Ensuite, pour de multiples raisons toutes personnelles, votre titre et le sujet de l'oeuvre me touchent grandement.

Pour ce qui est de l'oeuvre en soi, je ressors quelques vraiment jolies choses, très poétiquement évocatrices :

...l'époque sertie
D'un souvenir d'émeraude

Et la brume carmin des gorges lacérées.

Des lambeaux d'espérance
Et la rouille poisseuse des larmes acérées.

Ses eaux se mélangeaient à la brûlure du sang.


Un joli enchaînement aussi que celui-ci, pour la simplicité des mots et la force des images :

Un avion est tombé,
Juvénal a brûlé.


Et je me permets de regretter (mais je le fais en rimes) le néanmoins évident :
Et le bonheur s'effrite entre les doigts du Temps.

Je pense que tout l'intérêt de votre poésie réside dans le rythme que nous impose sa lecture.
Le Tchac tchac (dont je ne suis pas spécialement férue dans l'absolu mais que je comprends) donne un ton, comme dans les galères (?) et emporte de manière très à propos la lecture. C'est assez paradoxal comme la musicalité est agréable à l'oreille par opposition au sujet qui est évoqué. Vous mesurez également bien les sonorités, la fluidité de vos propos. J'aime particulièrement Mais rien ne doit durer, Ni les Rites, ni les Hommes. et Partout la désuétude, Des lambeaux d'espérance Et la rouille poisseuse des larmes acérées.

L'ensemble permet de s’immerger dans le sujet sans se faire happer par le pathos et la rime facile. C'est une manière assez intelligente de traiter le sujet, contemplatif de l'intérieur. Pas de prise de position, pas de jugement, et une neutralité pudique.

J'ai apprécié, merci beaucoup.
De la poésie qui fait réfléchir, que demande donc le peuple ?!?

Au plaisir de vous lire !

   Curwwod   
14/4/2016
Peu enthousiasmé par la poésie dite libre, je ne m'étais pas arrêté sur ce poème au titre pourtant prometteur. J'y reviens et demeure heureusement impressionné par la force qui s'en dégage. En dehors de la cruauté du sujet, la composition en opposition, le ton absent de pathos qui donne l'impression d'un prodigieux détachement de la part du personnage mis en scène et donc renforce par contraste l'atrocité des actes, la brièveté impitoyable des phases successives de ce drame, l'abominable sonorité de l'onomatopée TCHAC TCHAC derrière laquelle on ne peut imaginer que l'horreur glacent le lecteur d'effroi. Un superbe travail de mémoire qui constitue pour moi un sommet dans cette catégorie de poésie.

   bolderire   
19/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Joli et poignant poème, j'ai aimé ta façon de ne pas surdéterminer.
Bravo!

   Brume   
12/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet,

Et bien j'en ai la chair de poule.
Le "TCHAC TCHAC on a coupé" et d'une terrible sobriété, tant il fait écho avec une telle facilité.

Sobre, pudique, et je suis submergée par l'horreur par un poème qui conte avec simplicité sans avoir besoin d'ajouter du trash, du morbide, du pathos.


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