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Poésie en prose
Pouet : Retour simple
 Publié le 03/06/22  -  13 commentaires  -  1006 caractères  -  307 lectures    Autres textes du même auteur


Retour simple



L'aube tintinnabule, le clocher du village est planté dans la tourbe.
En une fracture ouverte je n'avance que des yeux, aposté comme un os près d'un lambeau de chair.

Sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir, une image délavée par l'oubli et la route.

La ricine de l'espoir a irrigué mes veines, tant cahoté mon souffle quand l'asphyxie guettait.

Ce moment je l'ai lu bien avant de l'écrire. Toi.
Toi, sur ce pas-de-porte, interdite et fébrile –
très brève hésitation, puis radieuse t'élançant pour me couvrir d'amour, de joie et de sanglots.

Pellicule d'existence. Pourquoi les mauvais films ne nous parlent que de bonheur ?

Tout est resté là-bas.
L'encre rouge, le miroir et la main de poupée. Un rêve traduit en mots le condamne au silence.

Et ainsi demeurer, dans le pronominal du verbe apatride.

S'attendre.

Plus rien à retenir, enfin je suis chez moi.


 
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   Vilmon   
22/5/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Ce texte me semble composé de deux parties distinctes avec un styles différent. Les quatre premières lignes sont d'une description insoluble.
Je n'arrive pas à comprendre le sens que l'on veut donner à l'assemblage de ces mots.
À partir de la 5e ligne, le texte est plus compréhensible.
Le style est différent.
Ça ressemble au retour d'un soldat après la guerre.
Selon moi, il faudrait rendre la première section semblable à la seconde.
Vilmon

   Anonyme   
3/6/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Une micro nouvelle teintée de poésie, je suis assez cliente généralement. Mais là, c'est trop composite, comme si le texte avait été écrit en clignant des yeux. Le fade tintinnabule trop entendu qui sonne clochettes de noël par exemple est mis en relation avec l'intéressant "clocher planté dans la tourbe". Ensuite on ne sait pas ce que vient faire la ricine, une plante toxique, accolée à l'espoir. Puis l'amourette sur le pas de porte, mignon, ça rit et ça pleure, mais c'est gâché par l'épouvantable "dans le pronominal du verbe apatride."

Du potentiel dans ce texte mais beaucoup trop dilettante à mon goût.


Anna

   papipoete   
3/6/2022
bonjour Pouet
Mon interprétation...Tu m'as accompagné jusqu'au bout du chemin, me montrant la direction à suivre, sans m'arrêter et rester toujours sur mes gardes.
Je suis enfin arrivé à destination, dans un autre " chez moi ", mais à partir de maintenant, je t'attends...
NB le titre m'égare un peu selon le scénario que j'imagine, et vois bien un exilé laissant ses chers là-bas, pour survivre... ici.
Comme je crains de m'éloigner de votre sujet, je ne noterai pas cette prose...genre auquel j'essaie de me frotter.

   Vincente   
3/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Depuis le superbe vers " Sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir, une image délavée par l'oubli et la route.", j'ai senti une sorte d'évidence à l'écriture, scansion souple, verbe inspiré entre acuité sensorielle et envolée poétique.

Ce passage clé, fort, très incarné, m'a définitivement conquis, convaincu :
"Ce moment je l'ai lu bien avant de l'écrire. Toi.
Toi, sur ce pas-de-porte, interdite et fébrile –
très brève hésitation, puis radieuse t'élançant pour me couvrir d'amour, de joie et de sanglots.
"

C'est donc avec une peu de regret que j'ai dû constater que je n'arrivais pas à "faire quelque chose" des deux derniers vers. M'en passer me conviendrait si je ne sentais dans le "enfin je suis chez moi" final un signe "significatif" d'une intention, d'un message que l'auteur adressait au lecteur, où sourdait comme une délivrance, une acceptation de l'état "apatride" du narrateur, une sorte d'état satisfaisant bien que sans état !?

   Eskisse   
3/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Pouet,

Peut-être que l'homme cabossé qui a frôlé la mort et qui revient chez lui se "fait son cinéma"
Peut-être qu'il espérait voir son souvenir et ses rêves prendre consistance.
On peut imaginer plusieurs versions mais, comme on prend un " aller simple", c'est dans la solitude que l'on effectue le Retour simple.
Un poème dans lequel flottent en douceur les strates du réel et de l'irréalité, des incertitudes de la mémoire.

Beaucoup aimé l'amorce du souvenir:
"Sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir, une image délavée par l'oubli et la route"
Deux lignes me sont restées plus énigmatiques :
"Tout est resté là-bas.
L'encre rouge, le miroir et la main de poupée. "

Un poème cinématographique avec différents champs sous nos yeux (l'aube derrière le clocher, l'homme aposté ), ses gros plans sur le souvenir et sur le rêve.
Et ce verbe pronominal : "s'attendre" sonne comme une recherche d'identité dans ce tourbillon fictionnel un peu comme un Apollinaire : "Un jour je m'attendais moi-même" dans Cortège.

Merci du partage

   Davide   
3/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet,

J’ai adoré suivre ce narrateur apatride (ou amant prodigue ?) dans son drôle de périple. Petite prose enlevée, regorgeant de surprises, l’histoire n’en est pas moins émouvante : une brèche dans l’existence (« une fracture ouverte je n’avance que des yeux ») et voilà qu’un souvenir bien enfoui refait surface, celui d’un amour perdu, perdu de vue, et le désir de remonter (le temps ? l’espace ?) jusqu’à lui, de se délester jusqu'au dénuement.

Qu’il soit réel ou imagé, ce « rebrousse chemin » m’a réjoui d’un bout à l’autre, son inventivité, son impériosité, avec, au bout du « conte » (ou du voyage), l’évidence/la quintessence retrouvée : « Plus rien à retenir, enfin je suis chez moi ». Et si de multiples interprétations sont possibles, à aucun moment je ne me suis senti égaré.

Enfin, je ne peux quitter ce commentaire sans mentionner les passages que j’ai le plus aimés, la toute fin d'abord, et ensuite celui-ci, plus particulièrement : « Sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir, une image délavée par l’oubli et la route. »

   Queribus   
4/6/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Un texte surprenant que le votre; j'ai bien aimé l'écriture moderne emplie de belles images poétiques: "L'aube tintinnabule", "le clocher du village est planté dans la tourbe", "aposté comme un os près d'un lambeau de chair", "sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir...", "la ricine de l'espoir a irrigué mes veines", etc. Toutefois, je n'arrive pas à suivre le fil conducteur de votre pensée (ceci dit ce côté mystérieux peut aussi être considéré comme une qualité); personnellement j'aurais préféré quelque chose de plus évident et qui me parle tout de suite; votre texte est de ceux qui font difficilement l'unanimité et, sans être vraiment déçu, je ne suis pas emballé non plus.

Bien à vous.

   inconnu1   
4/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

De belles images, des mots rares : l'aube tintinnabule... Une ambiance très mélancolique. Je suis parfois désarçonné par certaines images qui peuvent paraître excessives ou peu visuelles (par exemple le 3eme vers). L'aspect mélancolique aurait sans doute gagné avec une poésie plus rythmée donc plus musicale, mais l'ensemble est agréable et exprime bien le sentiment

Bien à vous

   jfmoods   
4/6/2022
Si le rythme du poème est plutôt berceur (majorité de séquences en hexasyllabes et alexandrins), la première phrase du poème met d'emblée en exergue la douloureuse complexité de la relation au monde. À l'aérien suggéré (douce variété des assonances : "tintinnabule") répond la pesanteur (allitérations sourdes en p/b, écho sonore du "t" : "planté dans la tourbe"). La thématique de la guerre et de ses horreurs se déploie alors ("fracture ouverte", "aposté", "os", "lambeau de chair") avec une image surprenante appuyée par la locution restrictive ("je n'avance que des yeux"). Tout passe par le biais d'un regard qui tente, comme séparé du reste du corps, de se réapproprier les contreforts d'un lieu. Il s'agit d'une confrontation avec le passé du locuteur et cette confrontation s'avère particulièrement âpre. En effet, le temps a fait son œuvre ("un si vieux souvenir, une image délavée par l'oubli et la route"), les repères sont désormais brouillés ("je glisse à contresens"). Rien, aucun souffle à présent ne saurait ramener l'individu vers les vestiges de ce paradis perdu ("Sous les ruines du vent"). Si, à l'image d'un phare dans la nuit de l'âme, la perspective de ce retour a permis de traverser les douloureuses épreuves de la guerre ("irrigué mes veines, tant cahoté mon souffle quand l'asphyxie guettait"), elle n'aura finalement conduit qu'à une impasse délétère ("La ricine de l'espoir"). Ce premier mouvement du poème avalise donc l'échec. Aucune réconciliation n'est possible avec le lieu intime.

Le second mouvement du poème va alors se focaliser sur l'être aimé (Toi."), lys dans la vallée, élément central du lieu, s'attarder sur la fantasmatique des retrouvailles ("Ce moment je l'ai lu bien avant de l'écrire."). Vision romantique, mise en scène cinématographique avec topos du réinvestissement affectif immédiat ("sur ce pas de porte, interdite et fébrile - / très brève hésitation, puis radieuse t'élançant pour me couvrir d'amour, de joie et de sanglots."). Cependant, la vie réelle est constituée de récifs : elle n'a rien à voir avec les mirages d'Hollywood ("Pellicule d'existence."). Ne reste donc plus qu'à détricoter la question lancinante qui se pose... Pourquoi les bons films ne nous parlent-ils que du malheur ? Parce que seul le malheur est certain. Dans des circonstances aussi traumatisantes, le réinvestissement amoureux est tout aussi inatteignable que le réinvestissement du lieu.

Ce qui nous amène au troisième et dernier mouvement du poème. La guerre a certes laissé la vie au locuteur mais, à travers les horreurs traversées, elle lui a retiré ce qui en constituait le sel ("Tout est resté là-bas."). Identité fracturée, écriture prisonnière des atrocités et du sang ("L'encre rouge"), image de soi dévastée ("le miroir"), fantasme vain d'une vie de couple retrouvée ("la main de poupée"). L'utopie forgée par le monde intérieur doit à présent être remisée, oubliée, enterrée ("Un rêve traduit en mots le condamne au silence."). Ce qui reste à vivre, c'est l'infinie errance intérieure ("le pronominal du verbe apatride") pour cet homme sans héritage ("Plus rien à retenir"), en déshérence, livré au mouvement continu de sa propre perte et à la perspective lointaine de la mort ("S'attendre").

Au final, si ce retour est simple, c'est qu'il n'est affecté d'aucune richesse, d'aucune profondeur, d'aucune épaisseur affective, d'aucune densité émotionnelle.

Merci pour ce partage !

   StephTask   
4/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai lu le poème plusieurs fois pour essayer de le comprendre et tel le clocher, je suis resté planté dans ma tourbe. Je me suis cassé les dents sur le sens de cette histoire mais peu à peu la musique des mots et une amère mélancolie m’ont envahi.
Comparer l’espoir à un poison est gonflé mais il peut parfois, tel un poison (ou une drogue toxique), prolonger la souffrance. Cela me fait penser à une situation où une personne doit faire face à la disparition d’un proche sans pouvoir faire son deuil, avec ce sentiment étrange qu’elle doit éprouver en attendant la confirmation d’un décès, qui serait en fait l’antidote.
Bizarrement ces vers restent ancrés dans mon esprit et le poison agit.
Je ne peux rester indifférent. Je ne sais pas pourquoi mais j’aime les lire… et les relire.

   Ascar   
5/6/2022
Bonjour Pouet,

A chaque fois que vous publiez un texte, je me précipite pour le lire car je suis sûr d'y trouver de l'originalité et une belle qualité littéraire. C'est encore le cas ici mais je me perds un peu. J'hésite dans la compréhension de ce texte entre un soldat qui meurt et "rentre chez lui" par une dernière pensée ou un soldat survivant qui réellement revient reprendre le cours de sa vie. C'est votre deuxième phrase qui me perturbe "En une fracture ouverte je n'avance que des yeux, aposté comme un os près d'un lambeau de chair." Fracture ouverte ? vient-il d'être blessé à mort ? N'avancer que des yeux est ce imaginer ou cela veut il dire le temps d'arrêt que l'on marque lorsqu'on revoit sa maison après une longue absence ? Ensuite vient "la ricine de l'espoir" comme si l'espoir tuait alors que, communément, il est réputé faire vivre. Plus je répète ma lecture et moins je suis sûr de mon interprétation. Ca reste pour moi, au final, très abscons et je me sens incapable de vous noter.

   Cyrill   
5/6/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Superbes trois premiers vers, entre « planté dans la tourbe », « je n'avance que des yeux, aposté comme un os près d'un lambeau de chair » et « Sous les ruines du vent je glisse à contresens un si vieux souvenir » plein d’assonances et d’allitérations, je ne sais quelle image choisir, je ne choisis pas. Ça commence donc très fort et m’évoque des trucs que je ne saurais dire autrement que moins bien, je ne dis donc rien et je m’incline.
La suite plante deux personnages de façon très cinématographique et mon impression se voit confirmée par la « pellicule d’existence ».
Puis un pas de côté pour réfléchir, avec ce très beau « pronominal du verbe apatride. S'attendre.  »
Certes, certains passages me sont restés obscurs, comme la main de poupée ou l’encre rouge, mais ils évoquent tout de même de la souffrance, et je peux me permettre d’y voir ce que je veux y voir.
Bravo Pouet pour cet opus, extrêmement bien rythmé et équilibré.

   Atom   
5/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Je lis ce type de poème comme je lis un Tzara. Je ne cherche pas forcément une signification mais me laisse juste emporter par les associations de mots.
D'emblée , l'aube qui tintinnabule est plaisante.
L'idée ensuite de n'avancer que des yeux ou encore l'image des ruines du vent sont des ensembles agréables à lire et à imaginer.
Autrement je suis moins fan de la ricine de l'espoir ou le fait de demeurer, dans le pronominal du verbe apatride que je trouve un peu pompeux.
Après relecture, je pense que ce texte raconte quand même une histoire et que l'on est peut-être pas ici dans une démarche si surréaliste. Mais je ne vois pas vraiment de quoi il est question.


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