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Poésie contemporaine
Pouet : Un pont d'érable vert
 Publié le 19/06/17  -  17 commentaires  -  2944 caractères  -  246 lectures    Autres textes du même auteur


Un pont d'érable vert



Nous n’avions pas encore l’expérience requise
Ni les veines gonflées pour saigner dans la vie ;
L’aventure partout, telle une terre promise,
S’offrait à nos regards dévorés par l’envie.

Nous nous réunissions le dimanche matin
Ou bien le mercredi quand il pleuvait très fort,
En ce temps nous n’étions qu’une bande de gamins :
Des apprentis de l’être en quête de mauvais sorts.

Nous cachions nos sandales pour courir pieds nus
Parmi les hautes herbes de la voie ferrée
Qui croisait l’aérien de nos tendres battues
En une intersection d’Éden et de plaies.

Souvent on s’amusait à jeter des cailloux
À l’abri des regards sur les trains qui passaient.
Ensemble on préférait s’écorcher les genoux
Plutôt que de choyer nos pantalons épais.

Alors nous empruntions ce pont d’érable vert
Qui enjambait le fleuve de nos contradictions,
Sur des planches fendues nous marchions à l’envers
Pour ne pas effrayer notre destination.

Chaque brin de lumière, chaque halo de prairie
Suspendait à nos cils l’apparence du Monde.
Nous éludions nos peines en accusant la pluie
Quand coulaient sur nos joues quelques larmes fécondes.

D’un buisson dégarni nous faisions un maquis,
D’une flaque de boue un profond marécage.
On sculptait des couteaux car nous avions appris
Que comme le pain frais les rêves se partagent.

Nous traversions parfois le jardin du pasteur
Parce qu’il entretenait de jolis framboisiers,
Sereins nous nous gavions car on connaissait l’heure
Où le valet du ciel mentait aux ouvriers.

Je me souviens aussi de cette vieille nappe
Qui seule se balançait sur un fil de fer
Découpée par nos soins pour transformer en capes
Ce triste bout d’étoffe aux couleurs printanières.

Ainsi grimés d’orgueil, de paix et de justice,
L’air déterminé, nous scrutions l’horizon,
En attendant, les mains sur nos colts factices,
La charge imminente d’un troupeau de bisons.

Nous pouvions tour à tour traquer le dinosaure,
Endosser le costume de vulgaires hors-la-loi,
Nous muer en pirates pour une chasse au trésor
Ou bien s’improviser mousquetaires du roi…

La Nature n’était pas qu’un grand terrain de jeu
Mais l’écrin vallonné des naissantes passions,
Si d’une fille du village l’un tombait amoureux,
Nous tenions des colloques sur la reproduction.

Assis au pied d’un arbre ou sur un rocher plat
En fixant les nuages nous discutions des heures,
Alternant les sanglots et les rires aux éclats,
Ivres de poésie nous échangions nos cœurs.

Le crépuscule venait toujours un peu trop tôt
Et c’est la tête basse et la mine sévère,
Avançant côte à côte sans prononcer un mot
Que nous réempruntions ce pont d’érable vert.


 
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   Proseuse   
9/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Un très beau voyage dans vos souvenirs ! j' ai beaucoup aimé ... quoi dire de plus que de prendre tout et vous féliciter !
Que voulez-vous, il est des commentaires où un grand merci suffit !
à vous relire bientôt , je n' en doute pas !

   framato   
11/6/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Un texte un peu trop long et un peu inégal, mais avec quelques moments vraiment bons.
Je vais commencer par les points de faiblesse:
Le sens au détriment de la rime : exemple, vers 8 : le gamins cherchent en fait les mauvais plans, les mauvais coups, mais les mauvais sorts est un à peu près cherche rime.
Le rythme parfois bancal, le manque de fluidité :exemple, en une intersection d'Eden et de plaies, qui seule se balançait sur un fil de fer, nous cachions nos sandales pour courir pieds nus, qui seule, se balançait sur un fil de fer, n attendant, les mains sur nos colts factices : tous ces vers ont une lecture un peu heurtée, la plupart du temps en raison d'un collision de trop de consonne.

Les plus : un thème sympa et bien traité, qui me fait penser à la chanson de la byciclette, quand nous allions sur les chemins etc... bref une belle nostalgie.
De très belles strophes :

D’un buisson dégarni nous faisions un maquis,
D’une flaque de boue un profond marécage.
On sculptait des couteaux car nous avions appris
Que comme le pain frais les rêves se partagent.

La Nature n’était pas qu’un grand terrain de jeu
Mais l’écrin vallonné des naissantes passions,
Si d’une fille du village l’un tombait amoureux,
Nous tenions des colloques sur la reproduction (que je trouve vraiment très drôle, bien joué.

Au final pas mal du tout, un rien long cependant et trop inégal. L'impression finale est moyenne, avec un plus pour le thème et pour les quelques belles joliesses.

Merci pour ce moment passé à vous lire sans déplaisir

   Brume   
11/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour
Depuis le titre jusqu'au dernier vers j'ai vraiment apprécié suivre les aventures de ces gamins qui s'amusent intensément. Ils sont souffle de vie et de liberté.
Une joie pour le lecteur de vivre chaque moment de l'enfance s'accaparant ce que le monde lui offre pour en faire un superbe terrain de jeux, un lieu de confidences et de complicité.

Un poème qui réchauffe le coeur.

   Anonyme   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Pouet,

Ce poème, long, mais si court à la fois, comme seul sait l'être le sentier de l'enfance, est un de tes meilleurs.

Du Pouet rubis sur l'ongle, sur ce pont d'érable vert.

Tout y est dit. Les écorchures, les anicroches, les bleus, les bosses d'une bande de moineaux piaillant jouant le va-tout de leur vie le cœur droit et sincère.

Il y a une telle poésie, dans tes strophes, qu'elle enlumine d'un halo tendre les séquences de ton film souvenir, comme le sépia donne une teinte délicieusement rétro à tout ce qu'il touche.

Te lisant, j'entends les rires, les cris et le bruit des cailloux lancés en cachette sur les trains de passage.

Il y a plus qu'une simple nostalgie qui pointe du nez, il y a des tonnes de tendresse et d'amour pour ce temps béni des quatre cent coups de l'innocence.

Pour le plaisir, je cite cette strophe.
Il y en a tant d'autres...

« Alors nous empruntions ce pont d’érable vert
Qui enjambait le fleuve de nos contradictions,
Sur des planches fendues nous marchions à l’envers
Pour ne pas effrayer notre destination. »

et encore celle-ci :

« Chaque brin de lumière, chaque halo de prairie
Suspendait à nos cils l’apparence du Monde.
Nous éludions nos peines en accusant la pluie
Quand coulaient sur nos joues quelques larmes fécondes. »

Le bonheur de te lire a été grand.
Mon merci est à la hauteur

Cat

PS : qu'est ce qui différencie la Poésie Contemporaine de la Poésie Libre ?

   luciole   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Globalement j'ai plutôt aimé. Le thème me parle. J'ai tout de suite pensé à une chanson que j'adore : "Kentucky avenue" par Tom Waits, sur l'enfance aussi, les 400 coups. Je dois dire que j'ai trouvé cette petite bande un peu sage : où sont les grosses conneries, les premières clopes, le docteur, etc ?
Cependant de bons passages m'ont plu.
Est-on à cet âge ivre de poésie ? Pas sûr puisque tous les enfants sont poètes sans le savoir. ( Sauf Minou Drouet dixit Cocteau)
Les rêves qu'on partage comme le bon pain, ça pour le coup c'est vraiment poétique
Bien aimé le valet du ciel aussi
En tout cas j'ai pris plaisir à lire ce poème

   Vincendix   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,
Je me retrouve dans ces quatrains, que de lieux communs !
Tout est résumé, la sensation de liberté au milieu d’une nature généreuse, les jeux simples mais qui nous suffisaient, les rapines dans les jardins et les vergers, les genoux écorchés, les premiers émois…
C’est la « guerre des boutons » et « jeux interdits »…
Vincent

   belaid63   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Le crépuscule venait toujours un peu trop tôt"
ce vers me parle beaucoup et tout le texte en entier
au plaisir de te relire

   widjet   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a un parfum de "Stand by me" (de S. King) dans ce long texte. J'aime bien le thème (celui de l'enfance), mais une fois n'est pas coutume, j'aurai aimé que cette histoire (pour moi, c'en est une, de celle qu'on raconte au coin du feu), ces réminescences de l'enfance ne soient pas rimées. A tort ou à raison, cette contrainte de la rime m'a semblé brider l'auteur et paradoxalement sa liberté (sans pour autant nuire à son inspiration, je suis pas certain d'être clair, désolé)

Ce qui m'a gêné aussi, c'est l'absence de choix ou plutôt les choix multiples au niveau du style. Là encore, je sais pas trop comment l'expliquer, et je peux (comme souvent) me tromper, mais j'ai senti que Pouet hésitait peut-être sur la forme à adopter et pour le coup à pris le parti de faire des mélanges.

Je vais essayer de m'expliquer :

Chaque strophe contient ce mixte (volontaire je pense) de simplicité avec :

1) une quasi absence d'image ("Nous n’avions pas encore l’expérience requise", la seconde strophe en intégralité, les 3 vers de la troisième et quatrième strophe etc...).

Cet aspect premier degré est alterné par :

2) d'autres vers, ou tournures plus recherchés, des envolées plus poétiques ("En une intersection d’Éden et de plaies.", "Que comme le pain frais les rêves se partagent, "Pour ne pas effrayer notre destination", "le valet du ciel..." etc...) comme pour se rattraper ou s'excuser (comme si l'auteur n'assumait pas, c'est comme ça que je l'ai senti) du côté plus "terre à terre" des précédents.

Au final, j'ai été un peu embarrassé par cette approche bancale.

Cela reste une lecture empreinte à la nostalgie touchante, un poil forcée (on a droit à toute la palette relative à l'enfance : les genoux écorchés, les jeux, le chapardage, l'imagination avec les héros incarnés...) mais agréable dans son ensemble.

W

   Anonyme   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle que fut sa façon de se dérouler, l'époque de l'enfance grave des souvenirs indélébiles.
Elle est exprimée ici avec humour, tendresse, et un peu de nostalgie.

"Ni les veines gonflées pour saigner dans la vie " Voilà une belle image pour signifier l'insouciance de cet âge.
Il y en a bien d'autres, éloquentes, dans ce texte.
entre autres:
" l’heure Où le valet du ciel mentait aux ouvriers. " suave...

" Nous éludions nos peines en accusant la pluie
Quand coulaient sur nos joues quelques larmes fécondes. "

   papipoete   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Pouet,
Je ne sais pas si vous êtes aussi " vieux " que moi, mais si vous aviez vécu par ici, nous aurions pu jouer ensembles ! J'ai pratiqué tout ce que vous évoquez, et comme le frère de Maxime Le Forestier, je vous aurais appris d'autres tours pendables ; nous ne jetions pas de cailloux sur les trains, mais déposions sur les rails des petits graviers de silex, ah quand le train roulait dessus !
Mais à travers ce récits de " gentils garnements ", on découvre des vers si touchants " des couteaux ...comme le pain frais les rêves se partagent " .
NB il n'y a qu'un domaine où vous sembliez en avance sur moi, celui des filles où j'étais si novice, préférant chasser les rats à la fronde, plutôt que pécher auprès d'une jolie souris ...
Les assonances de vos quatrains pourraient faire pâlir plus d'une rime riche !

   David   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet,

Le poème m'a fait penser à un film qui s'appelle "Stand by me", c'est aussi une histoire poétique d'une petite bande d'enfants, et il y a aussi une voie ferrée d'ailleurs. Le premier vers finit sur du vocabulaire de recherche d'emploi : "l'expérience requise" je n'aurais pas imaginer ça dans un poème, mais ça ne me déplait pas. Des passages font vraiment ressortir l'exaltation comme :

"Alors nous empruntions ce pont d’érable vert
Qui enjambait le fleuve de nos contradictions,
Sur des planches fendues nous marchions à l’envers
Pour ne pas effrayer notre destination."

Ce dernier vers est génial ! Un autre moment aussi est très beau :

"On sculptait des couteaux car nous avions appris
Que comme le pain frais les rêves se partagent."

C'est, encore, génial d'associer le couteau au partage !

Plus loin, à nouveau des vers se démarqueront à ma lecture :

"La Nature n’était pas qu’un grand terrain de jeu
Mais l’écrin vallonné des naissantes passions,
Si d’une fille du village l’un tombait amoureux,
Nous tenions des colloques sur la reproduction. "

Il est drôle mais sensible aussi.

Il y a des passages moins chantant tout du long, mais c'est aussi un espèce de conte qui se déroule, comme un genre d'histoire à la veillée, mais aps un récit avec une intrigue ou un suspens, juste quelques mots sur des moments de vie assez anecdotiques en apparence. Ce "pont d'érable vert" qui fait titre évoque aussi la profondeur, ou l'altitude plutôt d'ailleurs, que sont ces instants pour leurs protagonistes : ils sont devant le "grand pont vers l'âge adulte" mais ils en cherchent un autre, ils s'en inventent un autre même, et c'est très bien raconté.

   madawaza   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour POUET
Te souviens-tu que nous avons joué ensemble.
Tu visais mieux les trains qui passaient,
Tu étais plus habile sur les planches fendues,
Je te dirigeais dans le maquis et t'aidais à traverser les marécages
Nous rechargions nos colts à balles de Buffalo Bill.
Le dinosaure avait été touché par le mousquetaire,
Nos discutions des heures et nos rires se lisent aujourd'hui dans nos écrits...
Te souviens-tu ?

   Dynamot   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Sereins nous nous gavions car on connaissait l’heure
Où le valet du ciel mentait aux ouvriers."
En vous lisant , vous confirmez que la poésie se trouve entre terre et ciel...L'enfance est un terrain de jeu qui s'affirme et clame !
En vous lisant je me suis senti fils et fille de l’humanité...j'ai des souvenirs identiques à vos allégories...
J'applaudis !

   Donaldo75   
20/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

C'est un long poème qui pourtant se lit facilement, sans avoir l'impression de répétition ou redite, comme une tranche de vie racontée dans un documentaire de la Nouvelle Vague.

Le rythme est régulier, les mots coulent de source, on imagine bien cette bande de gamins emprunter le pont d'érable vert pour vivre leur vie d'enfants.

C'est réussi. La nostalgie te va bien.

Merci pour la lecture,

Donaldo

   Anonyme   
20/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
L'enfance, je ne l'ai pas quittée depuis très longtemps, pourtant, cette poésie me procure une certaine nostalgie. J'ai toujours vécu en ville mais l'imagination des enfants est présente en chacun de nous, campagnard ou urbain. Je me revoie encore, jouant dans le sable du petit parc près de chez moi, à m'inventer des aventures avec mes copains.
Il n'y a pas grand chose à rajouter à part que cette poésie est magnifique! Merci Pouet pour ce texte!

   Robot   
25/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Du Pouet qui paraît brut de décoffrage, mais dont je suis certain qu'il a demandé beaucoup de travail pour ramener à la surface sensible ces souvenirs d'enfance. Quatorze tableautins finement découpés.

Le "nous" demeure tout au long pour rappeler cette mémoire d'un passé collectif collective. Un seul petit je pour rappeler que le narrateur est plus intimement partie prenante des souvenirs évoqués.

   Cristale   
27/6/2017
Bonjour Pouet,

Je me permets de venir par ici à cause d'un cruel dilemme avec moi-même concernant votre pont d'érable vert que je ne parviens pas à traverser sans basculer d'un côté ou de l'autre.

Peut-être est-ce dû au fait qu'il s'agisse d'histoires de garçons dans lesquelles je ne puis m'identifier, moi la fille qui a grandi en ville entourée de ses poupées bien sages dans sa chambre rose :)

Votre texte est bien écrit mais vous me connaissez, ce côté prosaïque rimé me laisse sur ma faim de poésie et de lyrisme. Voilà pourquoi je n'ai pas commenté plus tôt à mon grand regret. C'est dur à dire parce que j'ai de l'estime pour l'auteur, que je n'aimerais pas lui faire de la peine et que ce n'est pas mon truc d'attribuer des com négatifs, d'autant plus que beaucoup ont apprécié ces souvenirs d'enfance pourtant charmants.

J'ai lu de vous plus de poésie dans vos mots mais j'ai l'impression que vous retenez vos émotions et ne désirez pas que l'on aperçoive ce côté sensible qui pourtant submerge vos entre-lignes.

À bientôt de vous lire dans un autre registre, peut-être :)
Cristale


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