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Poésie en prose
Pouet : Vers cette clarté d'argile de l'aurore intranquille
 Publié le 19/05/23  -  12 commentaires  -  1988 caractères  -  277 lectures    Autres textes du même auteur


Vers cette clarté d'argile de l'aurore intranquille



Ce qui est gris poursuit comme un cheval sans tête sur les destins de cuir, là où les cœurs tannés filent des barillets en attendant peut-être ; battent aux impasses molles à l'angle de nous-mêmes.

Les immeubles ont des jambes en de frêles fêlures, des fenêtres farouches en guise de regards, de filtres d'insomnie.
Les campagnes ont des plis de compagnies fuyantes, des tremblements hirsutes en carrés de verdure.

Quelque chose remue parmi la foule exsangue, un cliquetis d'absence.
L'amble de la folie tressant les tympans flous de la fuite immuable.

Une ruelle égarée au coup d'œil migrateur nidifie le passage, un pigeon noir picore un mégot de soleil.
Les artères grinçantes en rond de solitude se parent de fumée, de hasards immobiles, d'incandescence morne.
L'inconnu se débat dans des cafés bleutés là où l'autre s'effiloche en miroirs de peau.

Le dos tourné au sens, au contraire du vent, à l'orée du milieu ; boisés, nous avançons.
Nous avons le recul de toutes les falaises, la vision parcellaire de l'horizon désuet et le lit des rivières pour apprendre à rêver.



Nous n'embrassons le ciel qu'en perte verticale.

L'asservissement joyeux, de consistance pâle, l'empreinte au paradis du fossoyeur de traces balbutie ses faubourgs, estampille ses friches.
Nous sommes connectés à nos accoutrements, l'âme se contorsionne sous les paumes gercées d'oripeaux digitaux.

Tressaillements de lierre en racines inversées.
Un ailleurs à portée, réverbère chlorophylle.
Jaillissement futile.
Quelques gravats de songes.
Quand l'espoir s'enraye à l'acier des silences sur le fil bifide de nos gestes oxydés.

En goudron d'hébétude et d'éveil sauvage, sous la bruine indigo de cils qui s'égouttent, la creuse persévérance d'une averse de routes et d'un pas supposé.

Dehors frémit en douce, le rendez-vous est pris avec l'accoutumé.


 
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   Geigei   
6/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
La première phrase annonce la couleur. Je vais lire de l'hermétique, du ludique cérébral.
La prose n'est pas très longue. Tenir bon.

"Les immeubles" et "Les campagnes" sont positionnés l'un sous l'autre. M'appartient-il de comprendre pourquoi ? S'agit-il d'une opposition ? Non, au contraire. Dans les deux cas on trouve un manque de communication. Le "farouches" des fenêtres pourrait remplacer "fuyantes" des compagnies rurales.

"L'amble de la folie tressant les tympans flous de la fuite immuable" est bien cadencé, en 4/6/6. L'amble ? Parce que cette allure n'est pas naturelle au cheval ?

"Les artères grinçantes en rond de solitude se parent de fumée, de hasards immobiles, d'incandescence morne." Cadence en 6/6/6/6/6. Des alexandrins déconstruits ?
Un oxymore à la fin, cela fonctionne toujours.

"à l'orée du milieu" Amusant.

"de consistance pâle, l'empreinte au paradis du fossoyeur de traces balbutie ses faubourgs, estampille ses friches." Là encore, du 6/6/6/6/6.

Je ne suis jamais entré totalement dans la poésie proposée. Un pied dedans, un pied dehors. J'ai vu du travail, mais peu d'empathie envers le lecteur qui, pourtant, compatit volontiers.
Les ingredients : perte de sens, perte de lien, problèmes climatiques et apathie des foules soumises et résignées. Brasser le tout au mixeur indignex.
Bercé par le rythme 6-6, je me suis assoupi après cette chantilly de mots, en pause postprandiale.

   Anonyme   
19/5/2023
En Espace Lecture le rythme de votre poème (rythme oral) m'avait comme hypnotisée, je retrouve ce sentiment à relecture. Si je détaille, voilà comment je scande le tout :
12/6, 12/6 ; 12.

12, 12, 6.
12, 12.

12, 6.
12/6.

12/6, 12.
12/6, 6, 6.
12/12.

6,6,6 ; 2, 4.
12, 12/12.



12.

6, 6, 12/6, 6.
12, 12/6.

12.
6, 6 .
6.
6.
11/11.

11, 11, 12/6.

6, 12.

Pour moi lectrice c'est fatigant, car assez vite je guette cette succession de dodécasyllabes (ou hexasyllabes doublés) et d'hexasyllabes, avec de rares apparitions hendécasyllabiques ; dans ces conditions il m'est difficile de percevoir le sens. Et si je m'applique, si je m'efforce de saisir les mots, l'enchaînement… eh bien, c'est pareil. Je n'ai absolument rien compris au poème, je ne perçois pas d'ambiance générale, les environnements évoqués sont trop disparates (impasses, immeubles, campagnes, foules, ruelles, artères, cafés, vent, falaises, ciel, horizon, paradis…), je ne sais pas à quoi me raccrocher et donc décroche.

   Lariviere   
19/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
salut Pouet,

J'ai beaucoup aimé ce poème.

Les images et le ton sont surréalistes, le fond idem ou comment décrire "l'accoutumé" de façon singulière, profonde, sensitivement intéressante et surtout poétique.

Un poème entre breton et char, bref, j'ai adoré !

Merci pour cette lecture et bonne continuation !

   Eskisse   
19/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Pouet,

Beaucoup aimé aussi.
Un regard âpre sur l'existence émane pour moi de ce paysage.

Je ne vais pas me refaire, je suis férue des associations de réalités éloignées qui fondent la métaphore surréaliste.
Ces associations me procurent un plaisir esthétique certain.
Donc je me suis réjouie de :
" aux impasses molles à l'angle de nous-mêmes"
" L" amble de la folie"
" une ruelle égarée au coup d'oeil migrateur ...nidifie le passage ( verbe qu'emploie Apollinaire dans Cortège)

Le texte est très travaillé : allitération en "f" dans
"Les immeubles ont des jambes en de frêles fêlures, des fenêtres farouches en guise de regards, de filtres d'insomnie."
assonances en "i" juste après. et le rythme n'est pas pour rien dans son côté grisant.

Pourvu que nos destins ne soient pas trop gris ! Une poésie comme ça, ça les rendrait plutôt bigarrés le temps d'une lecture.

   Vincente   
19/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'aime bien être surpris, je suis servi.
Le ressenti irréfléchi est requis pour cette prose poétique, ou ce poème en prose, et dès le premier paragraphe, il est évident que ce ne sera pas évident de s'en écarter, j'avoue alors avoir été un peu perdu et pas assez touché pour être rassuré : heureusement très vite, une première accroche me retient par cette phrase inspirée :
"[les cœurs tannés] battent aux impasses molles à l'angle de nous-même.".

J'aime bien ensuite "les jambes [des immeubles] en de frêles fêlures" et les "fenêtres farouches en guise de regard".

Puis voilà la pure réjouissance d'un vers plein, "très abouti" ! :
"L'amble de la folie tressant les tympans flous de la fuite immuable". "l'amble de la folie" : superbe ! et l'oxymore de "la fuite immuable" très à propos dans la "clarté… [d'une] aurore intranquille".

Voici à mi-texte, la phrase qui expliquerait la genèse particulière de ce poème :
"Le dos tourné au sens, au contraire du vent, à l'orée du milieu ; boisés, nous avançons.". Le sens en appui sur le contre-sens en guise d'ouverture au potentiel exponentiel…

D'ailleurs dans la deuxième partie, la déclinaison devient plus parlante, moins erratique dans l'imagerie. Apparaissent… plus clairement (non tout de même pas !) les inquiétudes qu'entretiennent "l'asservissement joyeux" qui nous conditionne, nous tient et nous retient entre la conscience systématique de La Boétie et celle plus diffuse mais extrêmement prégnante de Pessoa.

L'apparente écriture intuitive se fonderait donc sur une intention déterminée pour exposer en arguments surréalistes la crue difficulté d'exister en espérant "la clarté d'argile" malléable et prometteuse malgré la frilosité de "l'aurore intranquille" pour se réjouir ("frémir en douce") de se satisfaire d'une rassurante et constructive "accoutumé".

Le paradoxe, me semble-t-il, de cette prose, c'est que pour que sa liberté se justifie, elle doit justement proposer de dépasser le simple ressenti pour que son message soit perceptible (on est bien d'accord, il en a un !), or je crains que son adoption ne demande une nécessaire réflexion, pour ne pas dire analyse. Et ça c'est un peu dommage.

   Cyrill   
20/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Pouet,
En première lecture je me laisse bercer par la scansion et l’effet sonore du texte, dont je ressens le sens sans qu’il passe par de l’analyse. Je dirais que c’est presque suffisant pour moi : l’auteur parle à mon inconscient et celui-ci reçoit positivement, j’adhère à ce qu’il provoque en moi.
Des images se forment et je ne sais pourquoi j’ai celle d’un narrateur pris dans le cadre d’une fenêtre citadine et tentant vainement de donner une raison d’être à ce qu’il voit, et s’y projetant. Tentant d’instiller un parfum d’aventure à des vies étriquées, un semblant de motivation à l’absurde.
Le propos se fait plus général avec l’introduction du « nous » dans lequel je me sens compris. Un nous impuissant, asservi et content.
Nous avançons dans un piétinement qui semble limité aux frontières des pixels et du virtuel qui sont peut-être aussi celles de notre propre chair.
Je pourrais faire plein de citations, je m’en tiendrai à :

« Le dos tourné au sens, au contraire du vent, à l'orée du milieu ; boisés, nous avançons ».
« la creuse persévérance d'une averse de routes et d'un pas supposé ».
« Dehors frémit en douce, le rendez-vous est pris avec l’accoutumé ».

Être, ne pas être ou rêver, ou n’être qu’un rêve, voilà que je me trouve devant le dilemme que je voudrais bien fuir tout en creusant ses routes.
Au plaisir d’embarquer encore.

   Myndie   
20/5/2023
Bonjour Pouet,
Quelle richesse dans ce texte ! On est loin des poncifs ! J'ai suivi ta déambulation avec le même enchantement que j'ai suivi Aragon et son « Paysan de Paris ».
Surréalisme, le mot a été lâché, et ici le merveilleux réside dans l'amplification imaginaire des lieux décrits. Quoi de plus efficace pour traduire le ressenti du poète, son émotion, son saisissement ?
Ici se mélangent deux états en apparence contradictoires, la réalité et le rêve, ces « gravats de songes ». Ici les images peuvent paraître obscures ou déconcertantes, elles ont pourtant d'autant plus de puissance poétique.

Et de la poésie, il y en a à profusion :
Dans le travail d'écriture :
« Quelque chose remue parmi la foule exsangue, un cliquetis d'absence.
L'amble de la folie tressant les tympans flous de la fuite immuable. »

Dans les allitérations : 
« Les immeubles ont des jambes en de frêles fêlures, des fenêtres farouches en guise de regards, de filtres d'insomnie. »)

Et bien sûr dans le feu d'artifice des images :
« des tremblements hirsutes en carrés de verdure. »
«un pigeon noir picore un mégot de soleil. »
« Les artères grinçantes en rond de solitude se parent de fumée, de hasards immobiles, d'incandescence morne. »,

ici : « Nous n'embrassons le ciel qu'en perte verticale. » où il m'a semblé voir une référence à Rimbaud (« j'ai embrassé l'aube d'été ») - mais peut-être que j'extrapole,

et ce dernier vers que j'adore « Dehors frémit en douce, le rendez-vous est pris avec l'accoutumé. »
Car cette aurore intranquille, que nous rêvons parfois autre, n'est-elle pas notre quotidien ?

Un « passionnément » sans réserve pour moi !

Myndie,
rimailleuse du matin

   Luz   
20/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Je n’ai pas tout compris, mais j’ai bien aimé.
Je me demande si le poème n’aurait pas été mieux construit avec des vers (12 syllabes) les uns à la suite des autres, comme scandés (un genre de rap).
À part la première strophe qui n’est pas très fluide (à mon avis), le poème est magnifique : « un pigeon noir picore un mégot de soleil », « le lit des rivières pour apprendre à rêver », « Nous n’embrassons le ciel qu’en perte verticale », « sous la bruine indigo de cils qui s’égouttent », etc. De pures merveilles…
Bravo et merci.

   papipoete   
20/5/2023
bonjour Pouet
Mine de rien, vos poèmes s'égrènent dans ces colonnes, au fil des années depuis mars 2013.
Je vous sais " jeunot ", aussi me demandé-je quel âge aviez-vous ? faites partie des " anciens de la maison "
Il arrive que je suivre vos lignes, telle des petits cailloux blancs, et découvre au final un sésame, m'ouvrant les yeux ; bon dieu, mais c'est bien sûr !
NB cette fois-ci, je m'embrouille les neurones dans les lianes de vos vers, mais ne tire pas sur le pianiste ; en effet, par ci par là, une phrase et puis celle-ci accroche mon regard ; ah ouais !
" un pigeon noir picore un mégot de soleil " en est un exemple

   leni   
24/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
c'estsubtil et c'estbeau mon ami pouettu es devenu une superbe plume
Une ruelle égarée au coup d'œil migrateur nidifie le passage, un pigeon noir picore un mégot de soleil.
L
Une ruelle égarée au coup d'œil migrateur nidifie le passage, un pigeon noir picore un mégot de soleil.
Les artères grinçantes en rond de solitude se parent de fumée, de hasards immobiles, d'incandescence morne.es artères grinçantes en rons Quelques gravats de songes.
Quand l'espoir s'enraye à l'acier des silences sur le fil bifide de nos gestes oxydésn'embrassons le ciel qu'en perte verticale.d de solitude . ....Quelques gravats de songes.
Quand l'espoir s'enraye à l'acier des silences sur le fil bifide de nos gestes oxydés

Quelques gravats de songes.
Quand l'espoir s'enraye à l'acier des silences sur le fil bifide de nos gestes oxydés

j'ai allumé mes quinquets j'ai mis
tes mots en surbrillance et j'ai copier coller
la chance pour être un peu de mon époque
MERCI A TOI leni

   Provencao   
25/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Pouet,

"Quelque chose remue parmi la foule exsangue, un cliquetis d'absence.
L'amble de la folie tressant les tympans flous de la fuite immuable."

A ce quelque chose ...ce cliquetis d'absence je me dois ajouter la question : la folie est-elle seulement une fuite immuable ? Je n'ai guère de moyens d’affirmer le contraire, bien que chaque jour l'invincibilité de la vie se valide à nous.

Un poème très sibyllin, d'un obscur choisi que j'aime beaucoup.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eki   
8/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Comme j'ai bien fait de dépasser le titre du poème...je pensais tomber sur un texte à me triturer les neurones. C'est probablement idiot de ma part. Comme quoi, parfois, faut dépasser ce qui entrave !

Quelle belle découverte !

"Nous n'embrassons le ciel qu'en perte verticale"...
J'ai tout lu à l'horizontal mais sans angle mort...

Je ne m'étends pas, je ne sais pas faire...

Je n'ai pas aimé ces expressions qui ne me parlent pas :
"Le fil bifide de nos gestes oxydés"
"En goudron d'hébétude et d'éveil sauvage, sous la bruine indigo de cils qui s'égouttent, la creuse persévérance d'une averse de routes et d'un pas supposé"

Mais je n'ai pas boudé ma lecture.

Eki


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