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Poésie libre
Proseuse : Grand'tante Augustine
 Publié le 17/06/17  -  14 commentaires  -  2281 caractères  -  157 lectures    Autres textes du même auteur

Portrait de mémoire.


Grand'tante Augustine



Elle était là, droite et fière
Engoncée dans ses bottes de jardin
Enracinée à son siècle, plantée dans son sol
Rivée comme un vieux chêne sage et robuste
Dans mon pays de Bretagne
Pourtant, à l'ordinaire
Si têtu de mer et de grands larges

Elle était là, grande et forte
Coiffée d'un vieux chapeau de paille
Et l'ombre, tête baissée, lui cachait le visage
Sur un chandail aux mailles hors saison
Et usé par des temps, qui sans doute
N'avaient plus d'âge
Les petits jours d'antan du tricot
S'étaient agrandis en trous béants
Son tablier bleu terreux tout en croûte
Ficelé de trois tours à la taille
Sûrement pour qu'on y revienne pas
Les gestes, ici, se devaient d'être utiles
Et ce qui avait été fait le matin
Jusqu'au soir aussi, se devait de tenir
Le temps toujours
Se gagnait et ne se gâchait pas
À s'encombrer de broutilles

Elle était là, comme une certitude
Dans l'encadrement d'un grand portail
Deux solides et hauts battants de bois peints
Je me disais, qu'elle devait être la gardienne
De l'entrée de la terre et que derrière elle
Forcément, tous les mystères enfin commençaient

Le portail était si grand et moi si… toute petite
Elle si plantureuse et moi si… toute légère
Que l'importance du lieu devenait immense
À de telles démesures, le doute me prit
Ferais-je donc aujourd'hui, le poids de l'évènement ?

Mais, elle était là, la main rude et crispée
Sur une poignée de rouille ou peut-être de fer
Et quand enfin, sans un mot
Mais reculant d'un pas, elle laissa libre le passage
C'est le cœur secoué d'émotions
L'instant battant d'essentiels
Que le souffle court… j'entrai

Grand'tante Augustine était horticultrice
Et derrière elle, à perte de vue
Des fleurs, des fleurs et des fleurs encore…
Et des arbres
Et des champs
Et des champs de couleurs
Et des champs de senteurs
Et des chants d'oiseaux…

Elle était là,
Et moi encore et toujours aussi petite
Dans mon cœur d'enfant, j'avais raison
C'était bien la gardienne de la terre
Je le savais… j'en étais sûre !


 
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   Ioledane   
31/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai trouvé émouvant ce portrait, conté avec les yeux pleins d’enchantement d’une petite fille.

Bien aimé la façon dont le sujet et le contexte se dévoilent progressivement : d’abord le portrait de la grand-tante Augustine, puis le lieu où elle se trouve, puis la présence de la petite fille, et enfin l’ouverture sur un merveilleux paradis terrestre.

Les images sont imaginatives et bien trouvées : « enracinée à son siècle », les « mailles hors saison », « Elle était là, comme une certitude » … Je n’ai pas compris celle-ci : « Ficelé de trois tour à la taille / sûrement pour qu' on n’y revienne pas ». Et j’ai moins accroché avec « l’ombre tête baissée ».

Le « pourtant » du premier paragraphe me paraît curieux, je ne vois pas où est l’opposition.

L’arrivée du passé simple aux deux tiers du poème (avec la petite fille) ne m’a pas paru du meilleur effet, pour moi cela fait un peu artificiel, en disharmonie avec le discours de la petite fille ; j’aurais préféré l’emploi du passé composé, plus spontané et moins distancié.

L’ouverture du portail et le dévoilement du métier d’Augustine sont joliment amenés. J’aime un peu moins le dernier paragraphe, le dernier vers notamment manque un peu de ‘puissance’ selon moi pour clôturer le poème, par rapport à d’autres passages beaucoup plus forts.

   papipoete   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Proseuse,
Elle semble tellement impressionnante Grand'tante Augustine avec son tablier ficelé de 3 tours à la taille, dans l'encadrement du grand portail, que même un chien féroce n'osa ici s'aventurer !
NB une prose touchante et simple à lire, où l'auteure une fois n'est pas coutume, peint un personnage avec un langage dénué de ses enluminures habituelles !

   Anonyme   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai bien aimé ce portrait de " Grand'tante Augusine ". Des images vraies, sans emphase, expressives. " Dans mon pays de Bretagne
Pourtant, à l'ordinaire
Si têtu de mer et de grands larges "

" Elle était là, comme une certitude
Dans l'encadrement d'un grand portail
Deux solides et hauts battants de bois peints
Je me disais, qu'elle devait être la gardienne
De l'entrée de la terre et que derrière elle
Forcément, tous les mystères enfin commençaient " mon passage coup de coeur.

   Brume   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Proseuse

Quel beau portrait!
Grand'tante Augustine, femme de la terre, impressionnante, forte, de caractère.

Même vos vers ont cette force qui nous met face à cette sacrée présence.

Par contre la dernière strophe ne me semble pas utile car vous répétez ce que vous nous dîtes déjà tout le long de votre poème.
C'est mieux de finir dans les couleurs de cet immense jardin que j'admire émerveillée.

Des images fortes et pleines de vie comme vous le savez si bien nous offrir.

   Anonyme   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
D'un bout à l'autre, vous m'avez enchanté, un portrait si coloré, si vivant, si tendre sous vos mots.

Vous avez su me la présenter avec beaucoup de chaleur ; tous ces détails sont comme les petites touches d'un tableau qui se fait de plus en plus pittoresque et expressif. Je la vois prendre forme, sa silhouette se dessine peu à peu, ah ! que j'aime :

" Elle était là, grande et forte
Coiffée d'un vieux chapeau de paille
Et l'ombre, tête baissée, lui cachait le visage
Sur un chandail aux mailles hors saison
Et usé par des temps, qui sans doute
N'avaient plus d'âge
Les petits jours d'antan du tricot
S'étaient agrandis en trous béants
Son tablier bleu terreux tout en croûte
Ficelé de trois tours à la taille "

Mais tout votre phrasé, n'est qu'un grand plaisir, j'ai pris le temps de longuement m'attarder à vous lire et vous relire.

Quel personnage, remarquable d'authenticité, vous l'avez magistralement décrite, me la rendant inoubliable, comme elle l'est sans doute à vos yeux.

A vous les derniers mots, pour ce magnifique hommage à votre "Grand'tante Augustine :

" Grand'tante Augustine était horticultrice
Et derrière elle, à perte de vue
Des fleurs, des fleurs et des fleurs encore…
Et des arbres
Et des champs
Et des champs de couleurs
Et des champs de senteurs
Et des chants d'oiseaux…

Elle était là,
Et moi encore et toujours aussi petite
Dans mon cœur d'enfant, j'avais raison
C'était bien la gardienne de la terre
Je le savais… j'en étais sûre ! "

Un Grand Merci pour ce moment délicieux.

   Vincendix   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Proseuse,
Je ne suis pas fan de poésie libre mais j’ai plusieurs bonnes raisons d’aimer ce texte, à commencer par le prénom qui était cher à mon cœur d’enfant. Et puis le jardin, les fleurs, un environnement qui m’est indispensable depuis toujours.
J’aime aussi la structure de ces vers qui permet de comprendre votre attachement à ce souvenir, un récit qui respire l’authenticité, le lecteur découvre Augustine telle que vous l’avez connue.
Vincent

   Anonyme   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Poème plaisant, en vers libres et fluides...
Ce portrait nous fait découvrir une grand-tante attachante, vue par les yeux d'un enfant.
J'aime particulièrement :
"Elle était là,
Et moi encore et toujours aussi petite
Dans mon cœur d'enfant, j'avais raison
C'était bien la gardienne de la terre
Je le savais… j'en étais sûre !"
Merci pour cette belle évocation !

   jfmoods   
18/6/2017
L'histoire, racontée à hauteur d'enfant, prend une tonalité épique par la mise en avant des vigoureux traits de caractère de la figure féminine (adjectifs qualificatifs : "droite et fière", métonymie : "la main rude et crispée") et par le jeu des disproportions. La fillette semble en effet minuscule par rapport à la femme ("grande et forte", "Elle si plantureuse et moi si… toute légère", "moi encore et toujours aussi petite") et dans le décor ("un grand portail", "Deux solides et hauts battants", "Le portail était si grand et moi si… toute petite", "l'importance du lieu devenait immense"). Adossée à l'océan et à l'imaginaire fécond qu'il nourrit ("Dans mon pays de Bretagne /... à l'ordinaire / Si têtu de mer et de grands larges"), Grand'tante Augustine est résolument terrienne, assimilée à un arbre que rien ne semble pouvoir abattre (participes passés : "Engoncée", "Enracinée", "plantée", "Rivée", comparaison : "comme un vieux chêne sage et robuste", anaphore : "Elle était là"). C'est une femme pratique, au demeurant peu encline à la coquetterie ("Coiffée d'un vieux chapeau de paille", "Sur un chandail aux mailles hors saison / Et usé par des temps", "Les petits jours d'antan du tricot / S'étaient agrandis en trous béants / Son tablier bleu terreux tout en croûte / Ficelé de trois tours à la taille", "Le temps toujours / Se gagnait et ne se gâchait pas / À s'encombrer de broutilles"), sans nul doute parce que sa passion pour le végétal occupe toute la place dans sa vie ("Et ce qui avait été fait le matin / Jusqu'au soir"). Des périphrases laudatives sont inventées par l'enfant ("la gardienne / De l'entrée de la terre", "la gardienne de la terre"), confèrant à l'horticultrice un prestige particulier. Au moment clé du récit, le surgissement inattendu du passé simple en lieu et place du passé composé ("le doute me prit", "elle laissa libre le passage", "j'entrai"), précipite le lecteur à l'instant premier du choc : celui de la découverte d'un vaste territoire, enchanté, paradisiaque (présentatif : "C'est... que", métonymies : "le cœur", "mon cœur d'enfant", profondeur de la perception : "à perte de vue", énumération marquant l'exaltation des sens, agrémentée d'un glissement homonymique : "des champs / Et des champs de couleurs / Et des champs de senteurs / Et des chants d'oiseaux").

Merci pour ce partage !

   Michel64   
18/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Proseuse,

J'aime ces récits qui parlent d'une époque révolue, et vous le faites très bien. Je la vois cette Augustine.
"Elle était là, comme une certitude
Dans l'encadrement d'un grand portail"

Je crois que j'aurais préféré une mise en page différente, de la poésie en prose, mais c'est un détail.

J'ai beaucoup aimé, j'aurais même eu envie de partir sur quelque chose de plus long. Comme le début d'un roman.

Merci pour le partage.

Michel

   Cristale   
18/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Proseuse,

Le portrait de Grand'tante Augustine est d'une absolue ressemblance.
Comment puis-je le savoir ? Et bien parce que le tableau que vous peignez avec vos mots est tellement vivant que l'on croirait la connaître cette " gardienne de la terre".

C'est tendre, attachant, votre écriture fluide approche le personnage avec une grande délicatesse et force détails qui rendent la couleur à un passé qui resterait sépia sans votre talent de "gardienne d'images" :)

Plaisir de vous lire, toujours.
Cristale

   plumette   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Proseuse,

j'aime bien les anaphores et ce "elle était là " sied bien à tante Augustine.

Je pourrais la reconnaître tant votre évocation est précise: les bottes, le tablier ficelé de trois tours à la taille, le chapeau, et surtout ce chandail aux "mailles hors saison"

j'aime le contraste entre la Tante Augustine et la petite fille. Je me serais passé du "toute" devant petite et légère car cela se devine par le regard porté par l'enfant sur la Grand' tante.

j'ai été un peu surprise par le passage au passé simple au milieu de la sixième strophe.

je trouve qu'on ressent encore dans vos mots l'émerveillement de l'enfant que vous étiez.

Merci pour ce partage d'un beau souvenir et d'un beau personnage.

Plumette

   Anonyme   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Voilà ce qui s'appelle camper un personnage! Le décor s'efface d'un coup devant la puissance de l'évocation, avant de réapparaître au bon moment pour donner un éclairage et une perspective supplémentaires à cet être surgi du passé qui s'impose avec force dans notre présent.
Le premier paragraphe montre d'emblée que même le côté marin de la Bretagne va s'effacer pour une fois: "Enracinée à son siècle, plantée dans son sol", "Pourtant si têtu de mer et de grand large."
Le point de vue d'une petite fille est un côté très attachant de ce poème, par l'effet de contraste qu'il offre ("Elle était si plantureuse, et moi si... toute petite") et par cette belle conclusion: "C'était bien la gardienne de la terre".
Beaucoup de belles expressions, comme:
"Et l'ombre, tête baissée lui cachait le visage"
"Elle était là, comme une certitude"
" elle devait être la gardienne de l'entrée de la terre"
"la main crispée sur une poignée de rouille ou peut-être de fer"
"L'instant battant d'essentiels"
"des champs de couleurs, des champs de senteurs Et des chants d'oiseaux"

   Louison   
14/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Proseuse,

Je ne jugerai pas le style, je n'en suis pas capable.
Je dirais simplement que j'ai été séduite, par cette petite fille fascinée par sa grand tante.
"Son tablier bleu terreux tout en croûte
Ficelé de trois tours à la taille
Sûrement pour qu'on y revienne pas"
Je la vois Tante Adélaîde devant sa grande porte:
"Elle était là, comme une certitude
Dans l'encadrement d'un grand portail
Deux solides et hauts battants de bois peints
Je me disais, qu'elle devait être la gardienne
De l'entrée de la terre et que derrière elle
Forcément, tous les mystères enfin commençaient", et moi aussi, j'ai envie qu'elle se pousse pour voir ce qu'il y a derrière.

   Bidis   
14/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un personnage campé avec talent. Je lui imagine une voix forte avec un accent chantant du terroir breton et des gestes quelquefois brusques et souvent tendres. En tout cas, je la vois vivre...


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