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Poésie libre
Proseuse : Gris d’eau et fleurs de rouille
 Publié le 24/10/22  -  11 commentaires  -  2316 caractères  -  204 lectures    Autres textes du même auteur

L’été, le temps monte haut, puis, il dégringole et c’est l’automne…


Gris d’eau et fleurs de rouille



Sans marches, le temps dégringole
Et le ciel s’en va… s’en va
S’enfuit à vau-l’eau

Ici, en bas,
Les ombres poussent les murs
Le vent, lui, s’amuse,
S’accroche aux branches,
S’agrippe aux toits,
Fronce et tord de rire les baleines
De nos valeureux parapluies.
Il envole et friponne
Les feuilles mortes,
Les torchons, les jupons,
Vrille les pelles
Et déracine les jardiniers.
Puis, l’air de rien
Quitte l’endroit
Et d’une facétie, d'une pirouette,
Plus loin fait le poirier !

Il lui faut à ce vent,
Pour garder son plaisir et sa joie de vivre,
Éprouver sans cesse
Tout le bon sens de son vertige
Jusqu’à rendre fou le coq en fer-blanc,
Faire encor grincer ses flancs-rouilles
Et battre à contre-cœur
Ses ailes de pacotille.

Les chenaux quant à eux
À la croisée des hauts-chemins
Pleurent sans plus trop savoir pourquoi
Sinon qu’ils sont sans doute bien là pour ça…
Et l’eau de pluie rigole, s’affole et puis,
Toute chiffonnée, s’engouffre
Dans le gosier des gouttières…
Boyaux de zinc
Qui goulûment avalent tout cul sec.

Les nuages, sans gêne, éclaboussent partout
Dés-escaladant n’importe comment les façades,
Trempant au passage chaque esprit de fenêtre
Jusqu’à submerger les ombres
Qui finissaient pourtant de raser les murs
Si bien poussés tout à l’heure.
Partout c’est la bousculade, la débandade
Tout se dépêche et tout fuit
Même les heures bleues se pressent
Hors cadran solaire
Pour se liquéfier, là-bas,
En brasse coulée
Dans des caniveaux crasseux.

Tout ça pour ça !

Pour qu’à la fin de l’histoire
Ce petit bout du jour se jette,
Ô déveine, eau de peine,
Dans une bouche d’égout !

Et moi, l’âme mouillée,
Le regard pantois
Et le cœur tout empatouillé
Je ne suis plus…
Qu’un buvard derrière la vitre
Qui boit jusqu’à plus soif
L’envers du décor.

Par l’entonnoir de ce mauvais temps
Je noie un instant de mélancolie
Dans l’ivresse de ces fabuleux
Petits jours d’automne
Si joliment gris d’eau,
Si parfaitement rouille de feu !


 
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   Vincent   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Proseuse

Ca tombe bien.. je suis normand...et je me suis mis depuis peu à l'aquarelle …

ce qui sous entend que je connais bien l'ambiance…

mais votre texte lui le montre si bien avec toutes ses images délavées de mots qui s'envolent

c'est merveilleusement beau

Merci

   Anonyme   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Proseuse

Moi, j’aime énormément cette poésie, c’est frais, alerte, vivifiant et enlevé, et plusieurs images sont vraiment très joliment exprimées. Les couleurs des nuages, la facétie de la pluie, le jeu du vent, des éléments et des tournures que j’affectionne particulièrement, moi qui fuis la chaleur. Et nous avons tant besoin d’eau. J’aime aussi la construction que vous avez choisie, elle fait un peu comme une cataracte d’eau dans le caniveau. Un poème propice à la mélancolie, certes, mais aussi à prendre son temps pour réfléchir à comment nous allons appréhender l’hiver.

Une belle réussite que j’ai grave kiffée et quel bonheur de découvrir une auteure que je ne connaissais pas encore.

Anna de la Bruine

   papipoete   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
bonjour Proseuse
Comme l'hirondelle annonce le Printemps, ton apparition dans ces colonnes est gage de bonheur, par tes mots posés si délicatement.
La première strophe me fait sourire, songeant que comme le vent, je dégringole et tombe à plat...
Chaque ligne déclenche un sourire, comme tord de rire les baleines de parapluie, et l'on n'a pas une seconde de répit, avec cette avalanche des éléments que sont le vent, l'eau vagabonde ou en furie ; l'automne est bien là, les chenaux peuvent en témoigner, regorgent d'émotions que la gouttière leur crie. Et ça continue, encore et encore...
NB quand tu montres le bout du nez, pointant sur le papier ta plume friponne, tu nous entraînes sur l'eau des nuages, comme à bord d'un radeau lors d'un rafting, où l'on s'éclate de rires et d'émotions fortes ; le tout en des termes si poétiques comme dans la quatrième strophe " ...les boyaux de zinc qui goulument avalent tout cul-sec "
Le final ferait sourire les grincheux face au ciel chagrin ; comme ce texte est charmant !
Une remarque vénielle, sur les majuscules en reprise de ligne, qui ne sont pas obligatoires, contrairement aux vers " à pieds "

   Lebarde   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Proseuse

Evidemment l'été ne peut rivaliser avec une telle évocation et l'automne n'a pas besoin de mélancolie, de feuilles mortes, d'arbres mordorés et de brume dans les vallons labourés dont on se gargarise habituellement, pour imposer sa présence.
La pluie, le vent avec une mise en scène subtile et efficace suffisent pour décrire et enchanter.

Evidemment l'écriture est vivante et presque guillerette, évidement l'expression est fluide et les images particulièrement réalistes et observées, évidemment le choix des mots est étudié...Evidemment..

Je relève parmi d'autres ces passages très réussis:

"Les ombres poussent les murs"
ou
"Jusqu’à rendre fou le coq en fer-blanc,

ou encore
"Et l’eau de pluie rigole, s’affole et puis,
Toute chiffonnée, s’engouffre
Dans le gosier des gouttières…
Boyaux de zinc"
Qui goulûment avalent tout cul sec" (diablement évocateur)

et puis encore,

"Je ne suis plus…
Qu’un buvard derrière la vitre
Qui boit jusqu’à plus soif
L’envers du décor. ( quelle belle image!)

Evidemment il faut du métier et du travail mais aussi un don particulier que vous possédez à coup sûr, pour écrire un tel poème qui sert à merveille la poésie libre.

Evidement je m'incline, j'admire, je m'enthousiasme et j'envie l'auteure pour son talent d'écriture.

Evidemment je dis bravo.

Lebarde

   Lotier   
24/10/2022
Ah ce monde ainsi réenchanté, que j'aime ! Il a un petit air de villanelle et de Mary Poppins. Ce n'est pas seulement l'eau qui dévale, qui déborde, c'est la poésie qui jaillit ! Merci infiniment.

   Luz   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est un poème rapide, fougueux, jaillissant comme la pluie et le vent.
La poésie dégringole, s'envole, virevolte..
Bravo !

Luz

   wancyrs   
25/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Proseuse,

On est happé par le flux de ce récit et on ne s'arrête que lorsque suivant la pensée de la narratrice on se colle à la vitre avec elle, derrière cette vitre. J'aime l'automne ; deux automnes déjà hors du Québec et la magie des couleurs me manque : le silence du bois perturbé seulement par le bruit du vent, cette odeur de mort véhiculée par les feuilles qui agonisent (pas que j'aime la mort, mais...), ce frisson qui nous parcours dont nous ne savons s'il faut l'attribuer au froid ou à la beauté de la nature... Je déplore que dans votre texte vous ne parlez que du vent et d'eaux, mais c'est un choix qui vous regarde, vous et vous seule :

Merci pour le partage !

   fried   
25/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me suis laissé emporter par cette lecture pleine de la fraîcheur vivifiante de l'automne. Oui le vent est bien joueur en cette saison, les témoins que nous sommes en prennent plein les yeux même en restant derrière une fenêtre embuée.

   Proseuse   
26/10/2022

   Anonyme   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pour mon premier commentaire en poésie, j'ai de la chance de tomber sur bijou pareil, cette eau qui "submerge les ombres" coule de source en cette saison. Les mots et les couleurs sont vraiment choisi avec belle opportunité. Une très jolie oeuvre poétique sur la pluie et le vent. Bravo !

   Eki   
10/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je fouille dans les catacombes d'Oniris et j'y ressors de bien jolis trésors...
Le titre a lui seul : poétique...
Le ton joyeux, les mots ébouriffés, la pluie qui chante et les nuages qui sont aussi de la fête...

Tout est beau, délicat et très imagé...


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