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Poésie libre
Proseuse : Le petit pas d'âme
 Publié le 10/02/23  -  9 commentaires  -  1714 caractères  -  226 lectures    Autres textes du même auteur

Qu’on ait 5 ans, 10 ans, 30 ans, 60 ans ou même plus, quand on perd sa mère, une toute petite voix d’enfant chuchote en nous… «  Dis, elle est où ma maman ? »


Le petit pas d'âme



Le glas sonne le bourdon
Et les cloches ma peine,
Je me réveille
Dans un silence de cathédrale
La rue est vide de sens
Et mes pensées… giratoires.
Dans une flaque de larmes
Sous un ciel gris-requiem
–Je suis au point zéro –
Il me faut faire un pas
Comme un tour de cœur,
Un petit pas d'âme
Une enjambée vers l’inconnu
Pour marcher à côté de moi
Pour marcher à côté de toi…

Attraper un bout d'horizon
Y panser les herbes folles
Les pavés et les fleurs sauvages,
Il faudra bien aussi, c'est sûr,
Réveiller le soleil
Des jours de deuil
Dé-sidérer le silence !

Mais, dis ?…
Dis-moi, comment on fait ça ?
Aide-moi !

Et puis, demain… demain,
Armé d'un brin de bonheur
D’un rien de patience
Repeindre la rue
Et le champ des possibles,
Écrire… écrire encore
Partout et par cœur,
Avancer, surtout avancer
Dans tous les sens…
Jusqu'à ces lignes de Vie
Petit chemin intemporel
Plein de sourires
De fleurs de mémoire,
Fulgurances de lumières,
Vibrations de couleurs…
Qui enfin, tout en pensées à cueillir,
Rendront peu à peu l’idée
D’une douce présence
À l’absence…


 
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   Marite   
31/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un immense désarroi perceptible à la première lecture de ces vers libres, très courts mais bien adaptés à la situation. Pour ne pas perdre l'équilibre après ce coup du sort que peut être la perte d'une mère, les petites respirations, les petites pensées surgissent et se multiplient ... c'est à elles que l'on peut s'accrocher pour ne pas sombrer. La dernière strophe, empreinte de volonté et d'espoir, clos superbement de long poème.

   Lebarde   
2/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Des souvenirs nombreux qu'elle laisse, précis, colorés, lumineux qu'on ne pourra oublier, et puis un avenir qu'il faudra bien se fabriquer sans elle:
"Mais, dis ? ...
Dis-moi, comment on fait ça ?
Aide-moi !"

"... peu à peu l’idée
D’ une douce présence
A l’absence ..."

Un bien joli poème, plein de délicatesse, de poésie et d'émotion qui me touche d'autant plus que ma mère, très âgée, vient de disparaitre et que, comme le dit si bien l'auteur(e)
"Le glas sonne le bourdon
Et les cloches ma peine
Je me réveille
Dans un silence de cathédrale
La rue est vide de sens
Et mes pensées .. giratoires."

je me sens concerné.

Tout est beau et touchant dans ce poème.
Merci de l'avoir écrit.

En EL

Lebarde

   Tomoe   
10/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un de mes poemes préférés sur le deuil est Demain à l' aube de V.H.
Sauf qu'il y exprime sa résignation , pas son acceptation , encore moins une envie de se reconstruire après .
Dans votre poème vous utiliser le mot de sidération ( dé sidérer le silence ) qui est mot pour mot la première étape du deuil .
Mais vous, l ' acceptation vous l ' envisagez : il faudra bien réveiller le soleil ( au symbole du masculin)

Demander au défunt d'aider à faire son deuil, moi je trouve que c'est encore vouloir se maintenir dans le deuil, comme si on pouvait se sentir coupable de se dé deuilliser

Je connais ça, mon petit frère est parti . mais moi je dors au bord de son absence, au bord de son silence . J'écris aussi là dessus . Je pense qu'il n ' y a pas de douce présence à l ' absence . Juste que le chagrin perd peu à peu sa force de douleur et qu'on a peur qu'il soit remplacé par l'oubli . Mais non . Ce n ' est pas la peine de s'efforcer à maintenir en soi la présence à coups de souvenirs

C'est comme vous dites avancer , toujours avancer . Mais non, pas dans tous les sens comme vous dites parce que ça c'est une fuite en avant . Chercher partout de quoi faire diversion au chagrin. Pas terrible je trouve parce que se cacher le chagrin et du chagrin c' est pire, enfin je crois

   papipoete   
10/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Proseuse
Il me faut absorber ma peine, garder en moi cette douleur immense, que le clocher du village me rappelle par tous ses coups de cloches ; puis, décrochant un bout d'horizon, me résoudre à faire face !
Demain, je devrai être grande, relever le défi d'affronter la vie, sans toi Maman... Un jour, le coq tout là-haut me fera signe, et donnera le LA à ses cloches, clochettes dorénavant.
" dis, tu me diras maman, comment on fait ? si je ne me trompe pas ? "
NB quand notre poétesse réapparait, il faut s'attendre à lire du " beau ", comme mûri en fut de chêne et jamais je ne suis déçu ; content déjà, de te revoir alors qu'une grande pause tu pris... pour revenir nous montrer ta broderie nouvelle.
Tous ces petits pas qui mènent vers la guérison d'un coeur si gros, jouent avec les mots, de bout en bout, mais d'entrée avec ce réquiem des " dames du clocher "
Un texte si fin et en même temps, si naturel qu'un enfant de 5 ans put écrire, ou en dessiner les images en couleurs, à l'attention de celle qu'il aimait tant !
Très content de te lire...

   Eskisse   
10/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Proseuse,

Le titre, repris dans le poème, est très beau.

J'ai trouvé que la forme choisie collait bien au propos: des vers courts qui s'égrènent comme on distille les jours de deuil et qui par conséquent " disent" le silence.

J'ai aimé les formules : " Sous un ciel gris-requiem" , "réveiller le soleil" ou encore " partout et par coeur", il y en a tant et ce passage aussi :
Réveiller le soleil
Des jours de deuil
Dé-sidérer le silence !
qui exprime bien en des sortes d'injonctions faites à soi-même et résignées ( "il faudra bien") tout ce qui pesait ou pèse encore sur la personne endeuillée.

Le verbe " falloir" d'ailleurs est très présent dans le poème comme si ce qui est nécessaire devenait essentiel à cette forme de survie.

Un poème émouvant. Merci.

   Pouet   
10/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

j'ai bien aimé lire ce texte d'une belle sensibilité, l'ensemble est réellement touchant.

J'émets simplement une menue réserve concernant l'exergue.
Perdre sa mère à 5 ou à 60 ans n'a d'une part pas la même teneur, la même résonance ni les mêmes "conséquences", n'est pas du même "ordre des choses" dans le sens de l'ordre des choses et d'autre part l'enfant pouvant aussi et à l'inverse avoir des réactions "particulières "ou "maladroites" face à cela - le décès d'une mère ou d'un père ou les deux - du point de vue d'un adulte.
Je ne sais pas trop si ce que je dis a un réel intérêt pour le poème, mais bon, je dis quoi.
Le narrateur du présent texte semble d'âge mûr, capable de réflexion, d'introspection, pouvant poser des mots. L'enfant de cinq ou même dix ans ne saurait faire, du moins pas "extérieurement". Enfin ce n'est que mon avis, ce que j'ai pu "en voir", sans doute mal exprimé, et pratiquement mon unique "bémol" (est-ce que cela parle du fond finalement, je ne sais pas) concernant ce texte fort bien écrit et parlant au cœur. Et bien évidemment nous demeurons des éternels "enfants", mais en "conscience", dans le sens idéalisé du terme.
Tout ceci n'étant je le précise pas à prendre comme un reproche, juste une simple observation ou divagation si cela vous sied mieux. En tout cas une marque d'intérêt.

PS : un très beau titre.

Au plaisir.

   Myndie   
11/2/2023
Bonjour Proseuse,

Voilà un poème très expressif dans lequel je me retrouve totalement (comme beaucoup d'entre nous j'imagine). J'ai l'impression de vivre vos pensées, votre peine, votre angoisse, enfin vos émotions, de l'intérieur.
Effectivement, comment ne pas perdre pied après la perte de sa mère, de son phare ? Comment ne pas céder aux égarements de la détresse ? Comment voir plus loin ? Comme vous, j'ai beaucoup écrit sur ce deuil ; c'est ce qui aide à avancer. Mais vous le dites beaucoup plus joliment que moi :
« Ecrire...écrire encore
Partout et par cœur,
Avancer, surtout avancer »
Mon commentaire est-il trop personnel pour être subjectif ? Il ne l'est pas si j'ajoute que j'y vois une belle écriture, délicate et sensible, qui s'attache à faire fleurir de jolies images :
« la rue est vide de sens
et mes pensées...giratoires »
« Repeindre la rue
et le champ des possibles »,

qui joue avec les double sens :
« Le glas sonne le bourdon
et les cloches ma peine »,


et qui nous offre un final émouvant et plein de délicatesse.
Coïncidence curieuse, je suis en train de lire « Respire » de Joyce Carol Oates, qui décrit la dérive bouleversante d'une jeune femme devenue brutalement veuve, sa descente vers la folie douce, éperdue de chagrin et de peur, incapable de se projeter sans lui.
A deuil différent, même allégorie de l'affliction. J'aime ce roman et j'aime votre poème. Beaucoup.

Myndie

   Luz   
11/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Proseuse,

J'ai beaucoup aimé ces vers de douleur.
C'est une période si difficile à vivre ; vivre avec l'absence dont on ne peut jamais se remettre complètement.
Les "fleurs de mémoire" bordent sans cesse notre chemin.
Merci pour ce si beau poème.

Luz

   Proseuse   
14/2/2023


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