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Poésie libre
Provencao : Le chant
 Publié le 05/04/24  -  10 commentaires  -  1016 caractères  -  142 lectures    Autres textes du même auteur

Pas à pas dans l'étourdissement infime…


Le chant



Elle bâille
dans une alcôve, soupir
s'étonne confusément de ce qui l'entoure

L'éclat du papier peint
les portraits que l'on trouve
dans tous les hôtels
les armoires qui n'en sont pas.

Le clair-obscur et, entre les brise-bises
ce faisceau de lumière qui glisse
et où s'agite intact
l'enchantement de l'enfance
au sortir d'un délire fiévreux qui
s'apparentait fort
à la mort

Elle bâille
le reflet aux coins de la pièce
s'isole

Le temps s'écoule
serein
le lit encore titube

Quelques débris de souvenirs
sans allégeance

Une douleur écorchée
sitôt révélée
masquée

Un étourdissement infime
l'odelette enjôle son front
le joyau de son rythme
dans la seule symphonie de son souvenir !

Le soupir est pur

Elle entend
les pétarades d'une mobylette sur le pavé
et dans le mutisme revenu
la féerie du chant.


 
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   Pouet   
5/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

un réveil, un éveil au jour, à la conscience peut-être, à ce qui nous entoure, à ce qui nous fait être.
C'est l'éclat du papier peint de cet hôtel confus qui révèle la mémoire.
Il y a les pas de l'enfance qui nous suivent jusque dans les songes débordant sur le réel.
Comme un petit décalage, un moment d'égarement dans le passé, puis un son commun nous ramène à l'existence.
Il faut bien se lever du souvenir.
Ivre de lumière malgré l'obscurité.
Et le "lit titube"... Merci.

   Robot   
5/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Comme un retour à la conscience, une chambre de malade ou peu à peu une femme sort de la confusion des sens. C'est ce que m'évoque ces vers qui exprime bien le réveil, le rétablissement progressif, peut être au sortir d'un coma.

   ALDO   
5/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
BraVo

Je l'ai lu plusieurs fois.

C'est une transition de phase, je crois.

Une transition équilibrée, le silence et le chant...
équilibre de la lumière,
équilibre de la douceur et de la douleur, de l'oubli et du souvenir.
équilibre du trivial et du rêve...

Bravo

   papipoete   
5/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Provençao
je la regarde dans son petit lit blanc :
- eh bien, tu reviens de loin !
Elle baille, et découvre cet univers le siens, qu'elle ne reconnait pas...
Elle baille, ouvre peu à peu tel calendrier de l'avent, les petites fenêtres qui recèlent une nouvelle curiosité
Elle baille, et... cette pétarade de mobylette... elle semble dire
- c'est moi ?
Elle chantonne un air qui lui revient aux accents du Printemps.
NB un poème dont le style ne s'invente pas ; il ne peut être que de cette auteure aux accents du Midi, " du Provençao ! "
On interprète ce qui nous plaît, et vos lignes pourraient me qualifier, quand gamin sortant d'une grave opération chirurgicale, où l'on répara mes deux pieds... une botte plâtrée jusqu'aux genoux, qui me semblait plus lourde qu'enclume, je râlai à Maman que je savais à mes côtés
- tu peux m'enlever mes godasses ?
la 3e strophe " le clair-obscur...
est mon passage préféré dans ce poème, qui me ramène au temps de mes éveils au sortir du curare...
Très heureux pour l'auteure, de la voir à nouveau publiée... si cela pouvait me porter chance... ???

   Jemabi   
5/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une sensibilité toute en retenue traverse ce texte qui nous fait partager un entre-deux. C'est comme si la jeune femme revenait d'un long sommeil et redécouvrait peu à peu la vie alentour. Les mots choisis participent à nous faire ressentir, dans une délicate progression, la découverte de ce nouveau décor annonciateur d'un nouveau jour et, peut-être, d'un nouveau destin.

   Yannblev   
5/4/2024
Bonjour Provencao

Le poème de l’auteur doit provoquer la poésie du lecteur… SA propre poésie à l’instant T. Il transpose les impressions et sensations évoquées dans l’imaginaire et le décorum intime du lecteur qui les interprète alors dans cet espace personnel .
Ici l’essentiel des commentaires le prouve, chacun imaginant ce qu’il veut et ressent peut-être dans cette évocation de la phase de vie ordinaire et récurrente qu’est le réveil: L’enfance et ses rêves dans un petit lit blanc? sorti de léthargie d’un malade ? tout est en effet imaginable… allez je l’avoue, à la première lecture j’ai songé un moment à un réveil brumeux, dans un lieu anonyme et suspect : une sorte d’émergence après une cuite carabinée ? en relisant plusieurs fois et bien que moi-même abstinent je me dis encore : pourquoi pas ?

Comme toujours le poème est réussi quand on s’approprie sa poésie. Ici, ça le fait et la mise en forme saccadée convient particulièrement à l’évocation proposée d’une reprise de corps balbutiante

   Cristale   
6/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le temps suspendu entre éveil et sommeil laisse le lecteur en apnée en déroulant ces vers pétris d'un bruyant silence...entre l'ombre et la lumière qui tapissent les murs de cette chambre...
J'aime cette légèreté poétique d'une ambiance pesante, la peinture au couteau d'un quotidien souffrant sait se faire fine aquarelle sous la plume de l'auteur.
Merci Provencao !

   Eki   
7/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quelques égarements poétiques dans ce chant qui nous entraîne vers cette symphonie fragile...

Je ressens la pureté, quelque chose qui s'abîme à peine, un sursaut bienfaiteur, un souffle salvateur...

Sérénité et douceur...

   Damy   
12/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Re-bonjour, Provencao,

J'aime beaucoup les brise-bises. Beaucoup de douceur, de tendresse dans cette résurrection.
Je crois que tout est dit dans l'odelette enjôle son front, comme si elle lissait ses rides qu'avait creusées la douleur écorchée.

Belle émotion.
Merci

   Rosaura   
6/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Provencao,

Un joli poème qui souligne avec douceur l éveil d un long sommeil. Quelque chose de touchant où l on se reapproprie les sons, les infimes mouvements dans une pièce, la lumière comme une nouvelle première fois.
Vous rendez très bien ce goutte à goutte de captation fragile installée soudainement en convalescence et puis un jeu sur les sonorités :" le soupir pur," la caresse d'une "odelette" , (j'aime bien ce mot. Je ne sais pas pourquoi, il me fait penser à de la dentelle.) "Les pétarades" d'une mobylette au dehors mais qui nous parviennent comme un son ouaté un peu diffus. Toute cette scène est formulée sous le signe du chant. Un nouveau départ. Une ode à la vie.


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