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Poésie libre
Quidonc : Invasion
 Publié le 30/04/22  -  8 commentaires  -  706 caractères  -  175 lectures    Autres textes du même auteur


Invasion



Une femme chante
Comme le soleil se lève
Où le regard porte

Les gosses s’amusent
Des hommes vaquent aux champs
La terre est fertile

Proche une ombre sombre
Bourdonne dans les campagnes
Qui sème sa haine

Sur chancres racistes
Obtuse elle s’encolère
Le clairon appelle

Gloire honneur horreur
Croassent les croix de bois
Croissent les charniers

Quant les rats pullulent
Le sang fermente la boue
Obscures semailles

Décors éventrés
Des corps hier encor beaux
La mort crie famine

Le diable sourit
Qui empourpre l’horizon
Chantaient les oiseaux


 
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   chVlu   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une lecture fluide de cet objet poétique où je vois des vers construits comme des poupées russes. Des sens les uns dans les autres, une dimension descriptive, un dimension poétique, une dimension politique. L'auteur que je suis parfois étant toujours dans le lecteur de ce texte s'y régale, retrouvant ce jeux des mots qu'il apprécie tant.

Je rajouterais que j'ai trouvé dans ce texte plusieurs lectures puisant leur sujet dans les actualités récentes l'une de politique internationale, les autres franco françaises, mais une aussi une pensée humaniste universelle. Que du plaisir !

Ma strophe préférée :
"Gloire honneur horreur
Croassent les croix de bois
Croissent les charniers"

des sens qui foisonnent comme comme un champignon nucléaire : enivrant !

un vrai plaisir de lecture

   papipoete   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour Quidonc
Façon " haïkus ", voici des vers qui font mal au coeur, autant que les images qui s'y rattachent chaque jour, au journal télévisé !
L'Ukraine vient à l'esprit, mais là où la guerre était ( Syrie, Mali et ailleurs ) elle ne s'est pas arrêtée...
NB vos tercets n'ont pas besoin de dessins, nos yeux les tracent au fil de vos vers, et vous avez su les habiller sans montrer qui en étaient les barbares ; le soldat obéit à son führer, à son tsar sans discuter, mais en meute...
La dernière strophe est la plus remarquable, en effet l'horreur fait au moins un heureux... toujours le même !
5/7/5 comme une marche au pas ; 5/7/5 comme des coups qui ne s'arrêtent pas...

   Miguel   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un thème qui évoque la triste actualité mais qui revêt aussi une dimension intemporelle : ces choses là sont hélas de tous temps. La forme extrême-orientale des haïkus, avec sa connotation de "zénitude", rend bien d'abord cette atmosphère de paix et de prospérité, et ensuite crée un décalage efficace avec ce que le poème raconte de la guerre. Comme dans un film (je pense par exemple à la séquence finale dans "Salo" de Pasolini), une musique douce pour accompagner des scènes atroces.
La poésie a des choses à dire: elle les dit.
PS : J'aurais bien vu ce texte en poésie contemporaine plutôt qu'en libre : la forme impeccable des haïkus relève de la versification ; dans sa littérature d'origine, c'est même de la poésie classique.

   Robot   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte dont l'écriture et le thème ne m'ont pas laissé indifférent, notamment dans le rapport que l'on peut faire avec l'actualité de ces premiers mois de 2022.
Les verts courts en forme de haïkus créent des images réalistes mais néanmoins poétiques dans leur intensité; comme une succession de diapositives qui, aprés les deux premières strophes sereines, nous plongent dans l'horreur de la folie humaine. Même si je trouve la strophe finale moins réussie.

   Pouet   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

j'ai beaucoup aimé la façon de poser les mots ; un poème qui dit bien ce qu'il a à dire tout en créant une ambiance, une ambiance assez pesante, presque poisseuse, collant bien à la teneur du propos. Le style d'écriture, s'apparentant au haïku, est ici très efficace.
Un poème adroit qui s'adresse.

   Anonyme   
30/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je suis rarement convaincue par les poèmes qui se présentent en suite de haïkus pour raconter une histoire par petites touches, mais là je trouve que cela fonctionne bien, grâce notamment à des formules à mon avis frappantes comme
Croassent les croix de bois
Croissent les charniers
ou le tout simple
La terre est fertile

Le dernier haïku est selon moi parfait, une clôture de toute beauté !

Deux bémols toutefois.
1) Je ne puis m'empêcher de penser qu'adopter exactement la même forme pour raconter la paix, puis l'horreur de la guerre, affadit le propos, gomme quelque peu le contraste entre les deux situations.
2) Des corps hier encor beaux
Je ne sais pas si le jeu de mots encor beaux/en corbeaux est volontaire (les cadavres dévorés par les corbeaux), en tout cas il m'a crevé les yeux et, vu le sujet, je le trouve malvenu dans la mesure où il me semble introduire une note burlesque.

   Donaldo75   
9/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Quidonc,

Je trouve ce poème très réussi ; le format donne l’impression d’enchainer les photographies dans un album poétique. La lecture est de ce fait influencée par ledit format et le cerveau construit peu à peu la tonalité du poème. Et ce qui est fort dans le cas présent, c’est que chaque tercet – haïku ou senryu – reste autoporteur de sa propre tonalité et expose du sens à sa seule lecture. Ainsi, revenir en arrière dans la lecture permet de regarder la seule photographie et de se dire qu’elle fait encore plus sens dans le tableau global, de mieux comprendre ou interpréter le poème tout en conservant la poésie. Le cerveau droit est fortement sollicité et le gauche a de la matière pour aller chercher une explication rationnelle à ce qui s’enchaine sous les yeux du lecteur.

Bravo !

   Anonyme   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Quidonc,

Un poème composé de haïkus, ça me semble assez rare pour le souligner surtout quand le travail de couture est aussi soigné et qu’il forme une unité cohérente. Des mots simples mais puissant, un tableau noir pour le monde qui évoque le spectre omniprésent de la guerre et de sa compagne la faucheuse.

Une vraie réussite

PS : Si cela n’a pas été déjà fait, je vous signale juste la petite erreur du « quant » au lieu de « quand » » au vers 16.

Anna


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