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Poésie contemporaine
Quidonc : Les sirènes
 Publié le 08/11/17  -  10 commentaires  -  2042 caractères  -  262 lectures    Autres textes du même auteur

Quitter l'enfance se fait parfois de manière brutale et impromptue. La honte d'un désir que l'on ne comprend pas laisse souvent des cicatrices.


Les sirènes



Aux jours chauds de l’été des vendanges en Provence,
Nous allions nous baigner sur les bord de l’Hérault.
Descendant la rivière tant riches d’insouciance,
De notre imaginaire nous étions les héros.
En chasseur de trésor ou en Indien sagace
Nous dérivions sur nos rêves de grands espaces.

Un bel après-midi, nous partions à la pêche,
Nous étions Tom Sawyer et Huckleberry Finn,
Nous laissant emporter par les courants d’eau fraîche,
Nous aurions pu, bénis, descendre jusqu’en Chine.

Du fleuve paresseux bruissaient des cantilènes,
En direction du sud au son de tambourins.
Aussi blondes que blés cabotaient des sirènes,
La chevelure fleurie flottant au bas des reins.
Évadées des légendes des contrées nordiques,
Baignaient leurs mélopées sur de lentes rythmiques.

Elles ondoyaient ainsi cachées dans une crique,
À l’abri des regards qui flânaient de la terre,
Pinçant leur instrument libéraient leur musique,
Dans des odeurs d’encens enrobées de mystère,
Indolentes et lascives s’exposaient dévêtues
Et arquaient leur nature aux yeux d’Hélios ému.

Charmeuses elles chantaient d’étranges prophéties,
Des couplets inspirés par Dylan ou les Doors.
Le chant clair des Ligie, Molpé, Thelxiépie
Nous attirait gamins vers la petite mort.

En percevant les chants qu’elles disputaient aux Muses,
S’allaita notre errance à ces misses hippies,
Et approchant de l’ode que les nymphes pépient,
Tout bascula soudain dans nos âmes confuses.

Mus par l’effet trouble d’émotions inconnues,
Le cœur écarquillé d’entrevoir des corps nus,
Prisonniers de ce piège que tendait Belzébuth,
Potiches pétrifiées nous restâmes plantés là.

En m’excusant les yeux, ma gauche se souvint
De ma dextre honteuse recueillant mon chagrin,
Se fana mon enfance dans le creux de la main,
Glissa mon innocence dans l’ombre de mes draps.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
8/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Quidonc,
Ce texte est fort long, mais on comprend à la conclusion, que le poète préparait le terrain, avant de livrer au lecteur ce souvenir de sa " première fois " .
NB je ne suis pas sûr que cette descente de la rivière où se baignaient des sirènes, soit véritable ou le fruit d'un rêve ; mais cela n'a pas d'importance à mon avis, puisque l'une ou l'autre de ces visions put exister !
La 4e strophe est ma préférée, mais plein d'autres images ont accroché mon regard comme à la 6e strophe !
La conclusion qui put faire rosir, est fort élégamment amenée, en est que plus attendrissante !
Je salue le travail de l'auteur pour toutes les agréables assonances, qui parent son poème .

   Anonyme   
8/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau tableau de ces " sirènes " "Indolentes et lascives " à l'époque de Peace and Love, peut-être du côté de St Guilhem (?).

Tout en poésie et sensibilité, ce texte offre une chute amusante et représentative des choses de la vie.

   silver   
10/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Quidonc,

J’ai trouvé votre poème particulièrement touchant. L’évocation de l’enfance est très belle en son innocence et son incomparable liberté, vécue de surcroit en une belle et complice amitié.
La peinture des sirènes est particulièrement bien réussie, en quelques touches à la fois subtiles et concises, vous dépeignez le piège tendu, la séduction du chant, l’émouvante et redoutable beauté terrassant l’enfance surprise, incapable de fuir.
La dernière strophe est particulièrement puissante et émouvante, on y trouve le deuil de la perte brutale de l’enfance mais plus que cela encore, le trouble et la honte d’une enfance victime d’une séduction surgie de facon précoce et inattendue

Merci pour ce partage

   Anonyme   
8/11/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je me suis ni ennuyé, ni perdu dans ce texte long,
il est superbement écrit, et peu à peu me voilà
à immerger dans l'univers de ce moment si particulier.

Aucun mot n'est de trop, j'ai été complètement absorbé,
par la narration de cette "aventure", d'un bout à l'autre,
le phrasé riche, élégant, captive.

Sous les images, se forment des paysages, des personnages
émouvants, touchants, l'enfance a ses couleurs, ses odeurs,
ses péripéties, tout cela argumenté agréablement vers
l'émotion voulue, l'enfance involontairement peu à peu
n'est plus.

C'est passage de la vie, étrangement fort, saisissant.
Vous êtes arrivés avec maestria, par votre dernière strophe,
à me faire ressentir votre "chagrin".

   Zoe-Pivers   
8/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Quidonc,
C'est vrai qu'il est émouvant votre poème, cette façon de dire avec pudeur, ce mélange de rêve et de réalité, l'incrustation des sons dans le mouvement des images, l'évolution de l'enfance et des émotions, jusqu'au vertige et l'intime chute : dichotomie des sens.
C'est ainsi que je l'ai lu et j'ai beaucoup aimé.

" Nous étions Tom Sawyer et Huckleberry Finn"
...
" Charmeuses elles chantaient d’étranges prophéties,
Des couplets inspirés par Dylan ou les Doors. "
C'est sûr qu'il y a un grand pas entre les deux :)
Pourquoi parlez-vous de cicatrices ?
Merci
Zoé

   Anonyme   
8/11/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Bonsoir,

J'ai lu ce texte et je l'ai déjà commenté en EL, je pense que je garde totalement ma première impression.

Le sujet ne me parle pas du tout, les termes utilisés pour définir ce que l'auteur veut dire ne me convainquent pas plus.

Je ne suis pas fan de la poésie voyeuse qui parle de sexe et d'enfants. Je trouve qu'il y a d'autres sujets bien plus intéressants à aborder, et bien d'autres manières de le faire.
De plus, comme je l'ai déjà dit je suis fortement dérangée par l'utilisation du terme Petite Mort.

Pour moi ça manque encore de profondeur et de sens.

Une prochaine fois je suppose...
Merci et bonne continuation.

   Quidonc   
5/12/2017
Modéré : commentaire de l'auteur sous son texte (si besoin ouvrir un sujet dans « Discussion sur les récits »)

http://www.oniris.be/forum/remerciement-pour-les-sirenes-t24873s0.html#forumpost333513

   silver   
9/11/2017
Modéré : réponse à l'auteur sous son texte (si besoin ouvrir un sujet dans « Discussion sur les récits »)

   MissNeko   
12/11/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Que j aime votre poème !!
Le fond :
Beaucoup d émotions et de délicatesse dans vos vers pour décrire les premiers émois sexuels d un jeune garçon. Votre plume transpire la pudeur alors que le sujet peut être "glissant".
J'ai aimé la comparaison de la sirène ( au sens mythologique) qui attire le marin qui va trouver la mort sur les récifs et la sirène ( belle femme attirante) qui attire par sa beauté provoquant la petite mort ( l orgasme). Bravo !!!
Quant à la forme : le rythme que vous avez réussi à créer avec l'agencement des vers est un régal : lent, doux il se fait l écho de ce que vous avez voulu décrire.
Je ne saurais dire qu'elle partie j ai préfèré car j ai tout apprécié ! Un vrai coup de cœur pour vos mots qui m ont touchée
Bravo et merci

   Ithaque   
27/11/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Vous préparez le lecteur par un procédé, me semble- t- il, pictural : en effet, un tableau un peu "à la Poussin", nous présente ces pop- naïades toutes à leur célébration de la Vie. Cette approche, encore fantasmée sous la plume, amène au dernier quatrain, mon préféré.
Permettez moi une plaisanterie dont l'intention est élogieuse: Ce dernier quatrain, quelle signature!
Merci, en vous lisant j'ai "réminiscé "Blowin' in the wind..
Ithaque


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